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Auteur : Yoo Ryeo Han
Traductrice : Moonkissed
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Cale tenait un sac deux fois plus grand que celui d’hier alors qu’il remontait vers le sommet des bidonvilles. Les deux frères et sœurs étaient là pour l’accueillir une fois de plus.
Les enfants se turent en regardant Cale. Cale sourit et sortit deux petits sacs qu’il poussa vers les enfants.
« Prenez-les. »
La jeune fille s’approcha lentement de lui. Cale fronça les sourcils en regardant la jeune fille aux cheveux grisonnants s’approcher de lui. Elle avait une main sur le côté et boitait jusqu’à lui.
« Hé. »
Cale poussa les deux sacs vers le jeune garçon.
« Viens ici et prends-les. »
Le jeune garçon se précipita et pris les sacs avant de repartir en courant. Comparé à la chevelure rouge vif de Cale, le garçon avait des cheveux rouges foncés qui tremblaient lorsqu’il courait.
Cale se retourna alors et se dirigea vers l’arbre mangeur d’hommes.
« Wow.
– Ce n’est pas du pain. C’est de la viande et du gâteau. »
Il pouvait entendre les frères et sœurs parler de la nourriture, mais il s’en fichait. Il continua à marcher vers le territoire de l’arbre mangeur d’hommes.
Oooooooooooooong-
« …C’est un peu effrayant. »
L’arbre noir sans feuilles semblait bouger ses branches pour accueillir Cale. Ce sentiment inquiétant rendit Cale nerveux, mais il versa tout de même le contenu du sac dans le trou situé sous l’arbre.
Le pain disparut rapidement.
« …Encore, plus.
– …Ça me rend fou. »
La réponse qu’il avait lue dans le roman était apparue. C’était la voix d’une fille faible. Oui, la personne qui était morte de faim était une prêtresse qui servait un dieu. Cependant, contrairement aux prêtresses actuelles des temples ou des églises, les anciennes prêtresses étaient des chamanes. La majorité d’entre elles pouvaient être considérées comme des personnes dotées de superpouvoirs ou de forces naturelles sous leur commandement.
Cale attrapa rapidement le sac et commença à bouger.
‘Cale, viens dans mon bureau ce soir.’
C’est ce que son père, Deruth, avait dit à Cale lorsqu’il était allé chercher de l’argent de poche. C’est pourquoi il devait partir d’ici avant le soir au plus tard.
Moitié.
Il était venu ici avec l’intention de s’occuper de la moitié de la gourmandise de l’arbre aujourd’hui. Il redescendit la colline pour aller chercher du pain. Il vit les deux frères et sœurs le regarder avec du gâteau sur les lèvres.
« Tsk. »
Cale fronça les sourcils et claqua la langue en passant devant les deux frères et sœurs.
Cale se dirigea ensuite vers la rue où il y avait beaucoup de boulangeries. Ce matin, il avait déjà vidé le stock de la boulangerie où il s’était rendu hier, il leur faudrait donc un peu de temps pour se réapprovisionner. C’est pourquoi il devait chercher une autre boulangerie. C’est à ce moment-là qu’il se rendit compte de la situation.
« J-jeune maître. »
La voix d’une femme fit tourner la tête de Cale. Une femme d’âge moyen souriait maladroitement en montrant sa boutique. Sa main tremblait et elle était pleine de peur, mais elle avait encore un peu d’assurance.
« Nous avons beaucoup de pain. »
Cale se mit à sourire. Voilà une femme qui savait faire des affaires. Les autres vendeurs jetaient des coups d’œil en regardant ce qui se passait.
Cale lui lança une pièce d’or et la femme s’empressa de la ramasser.
« Donne-moi tout ce que vous avez. Emballez-le vite. »
À cet instant, le sourire de la femme d’âge moyen s’élargit. Elle entra immédiatement dans le magasin et en ressortit avec un grand sac rempli de pain. Elle avait déjà tout emballé à l’avance.
« Voilà, jeune maître. »
‘Wow. C’est vraiment une bonne marchande.’
C’était quelqu’un qui savait comment gagner de l’argent.
« Je peux aussi en préparer d’autres. »
Cale appréciait encore plus cette femme. Cependant, à cet instant…
« Jeune maître ! Nous pouvons faire encore plus de pain que ça ! »
Un vieil homme de l’autre côté de la rue leva la main et se précipita. Il portait un uniforme de boulanger. Cale apprécia sa tenue et lui jeta une pièce d’or.
« Je me rendrai ensuite dans ta boutique. Préparez le sac.
– Merci beaucoup ! »
Cale était étonné par ces vendeurs. Ils avaient encore peur de lui à cause de son identité de rebut de la famille du Comte, mais ils n’avaient aucun problème à s’approcher de lui pour se faire de l’argent facile. C’était probablement parce qu’ils savaient que Cale ne frappait personne qui n’était pas un gangster, mais il comprenait toujours pourquoi le territoire de Henituse se portait si bien.
Le fait que Cale ait dépensé une pièce d’or pour acheter un sac de pain hier s’était déjà répandu comme une traînée de poudre. 1 million de gallons. Les autres avaient été stupéfaits de voir le bénéfice de la semaine et leurs yeux s’étaient mis à briller.
‘Je peux faire le tour de ces trois endroits demain pour acheter du pain.’
Comme il avait donné à chacun d’eux une pièce d’or, il devrait pouvoir obtenir un autre sac demain. Cale était heureux que les choses se passent si bien.
Cependant, quelqu’un l’observait de loin.
« Hmm. »
Il s’agissait du chef cuisinier, Beacrox, qui, tout comme son père, avait un bandage autour du cou et observait Cale depuis un coin de rue. Il regardait Cale acheter le sac de pain et quelques herbes médicinales avant de retourner dans les taudis.
« …Est-il devenu fou ? »
Cale semblait être devenu fou depuis hier.
Beacrox ne s’était jamais intéressé à Cale, même lorsque son père avait dit que Cale était un enfant intéressant, mais, plus il en voyait, plus il commençait à être d’accord. Il avait l’impression qu’il serait tout aussi amusant de regarder Cale que de regarder le voyou aux cheveux noirs. Les yeux de Beacrox se mirent à briller.
Billos, le propriétaire du salon de thé avec la plus belle vue, prit une gorgée de son thé alors qu’il recevait le rapport de son subordonné.
« Le jeune maître Cale va et vient dans les bidonvilles ?
– Oui, Billos-nim.
– Je vois.
– Nous avons également reçu une communication de la capitale.
– C’est vrai ? »
Les yeux ronds de Billos, difficiles à voir à cause de sa graisse, s’ouvrirent largement. Le subordonné tressaillit un instant avant de poursuivre son rapport.
« Oui. Il est mentionné que la couronne va bientôt rassembler des gens. C’est pourquoi ils souhaitent que Billos-nim revienne et se mette au travail. »
Clank.
Billos posa la tasse de thé sur la table et fit un signe du menton.
« Tu peux partir maintenant. »
Le subordonné s’enfonça rapidement dans l’ombre et disparut. Billos fixa l’endroit où se tenait son subordonné, le coin de ses lèvres se tordant vers le haut.
« Pensent-ils que je vais encore leur servir de chien et surveiller la maison ? »
Son regard se dirigea vers la fenêtre. Il avait l’impression que son regard pouvait atteindre la capitale lointaine.
« Ça, ce n’est pas du pain. Ce n’est pas du pain.
– Et ? »
Voyant la jeune fille qui marmonnait ‘n’est pas du pain’ encore et encore en tenant les herbes médicinales dans sa main, Cale se contenta de renifler en retournant vers l’arbre mangeur d’hommes. Cependant, le jeune garçon se mit en travers de son chemin.
« Tu ne peux pas mourir. »
C’était le jeune garçon qui disait qu’il ne pouvait pas mourir maintenant. Cale ne fronça même pas les sourcils et passa devant le jeune garçon.
Cale, non, Kim Rok Soo.
Il était orphelin et n’avait rien à son nom. C’est la raison pour laquelle beaucoup de gens montraient beaucoup de sympathie à l’égard du pauvre Kim Rok Soo.
‘Il n’y a pas de raison de montrer de la sympathie pour les nécessiteux.’
C’est ce qu’il entendait tout le temps lorsqu’il était plus jeune.
‘Jeune mendiant.’
‘Pauvre orphelin.’
‘Il n’y a pas besoin de raison pour être compatissant.’
Il y a eu une époque où il prenait cela au pied de la lettre, mais il avait commencé à en comprendre la véritable signification en grandissant.
Il n’y a pas de raison logique aux choses que votre cœur vous pousse à faire. On n’a pas besoin de raison.
« Tellement ennuyeux. »
Cale détestait voir de jeunes enfants blessés. Cependant, il ne pensait pas à soigner la jeune fille ni à la consoler. Il fronça les sourcils en direction de la jeune fille qui boitait vers lui et du jeune garçon à côté d’elle alors qu’il leur répondait.
« Je ne mourrai pas. »
Les frères et sœurs cessèrent finalement de le suivre une fois qu’il avait dit cela. Cale était malheureux à l’idée d’avoir fait quelque chose qu’il détestait le plus. Il détestait les gens qui se mêlaient des affaires des autres sans qu’on le leur demande, mais c’était justement ce qu’il avait fait en donnant les herbes médicinales à la jeune fille.
Oooooooooooong.
-Encore, encore.
« Oui. Mange tout. »
Cale jeta le sac entier dans l’arbre mangeur d’hommes sans se soucier de la façon dont il atterrissait. Il n’avait pas peur. Le pain disparut instantanément dans l’obscurité qui était maintenant trop claire pour être appelée obscurité. Cale pouvait maintenant voir une nouvelle lumière grise. Cependant, il n’y voyait que du gris.
‘Je suppose que l’argent que j’ai dépensé a porté ses fruits.’
Cale versa l’autre sac de pain dans le trou et rentra chez lui. Il ne voyait plus ses frères et sœurs, mais c’était mieux ainsi pour Cale.
Cependant, il aperçut les deux chats en difficulté sur le chemin du retour et tressaillit.
‘Ce sont les chats d’hier. Ils ne devraient pas se souvenir de moi, n’est-ce pas ?’
Fourrure argentée et yeux dorés, fourrure rouge foncé et yeux dorés. Les deux chats n’avaient même pas miaulé en fixant Cale. Cale ne voulait pas faire d’esclandre et se contenta de détourner le regard en rentrant chez lui.
Il entendit alors quelque chose de la part de son père qui le fit presque s’évanouir.
« … Pourriez-vous s’il vous plaît dire cela une fois de plus.
– Oui. Cale. »
Basen se tenait également à côté de Cale. L’histoire de la famille Henituse, qui n’était pas mentionnée dans le roman, se déroulait sous les yeux de Cale.
« Tu iras à la capitale en tant que représentant de notre famille. »
Cale sentait venir un mal de tête.
« À l’origine, Basen devait y aller. Cependant, tu es le premier né de notre famille. »
Cale ouvrit et ferma la bouche à plusieurs reprises en regardant le comte Deruth assis avec un doux sourire. Aller rendre visite à la couronne à un tel moment. Cale pensait rapidement au contenu de ‘La naissance d’un héros’ tandis que Deruth continuait à parler.
« La couronne organise un grand événement, et les familles nobles de chaque territoire ont été invitées à se rassembler. C’est la première fois que tu vas rendre visite à la couronne, mais Basen se rend à des événements similaires depuis deux ans. Cependant, j’espère que tu y iras cette fois-ci. »
Un grand événement organisé par la couronne. Cela a fit penser Cale à un seul incident.
L’incident terroriste de la Place.
Une organisation secrète avait commis un acte terroriste lorsque de nombreux citoyens de la capitale étaient rassemblés au même endroit. Notre héros Choi Han est celui qui parvint à bloquer la moitié de leur complot. C’est la quatrième fois que Choi Han et l’organisation secrète entraient en contact.
En conséquence, Choi Han fut en mesure de sauver un grand nombre de citoyens sur la place et se lia avec le prince héritier. Ils se lièrent rapidement d’amitié.
Cale eut soudain des frissons.
Comme le roman décrivait l’événement du point de vue de Choi Han, il ne parlait pas beaucoup du rassemblement des nobles. Tout ce qu’il mentionnait, c’est que Choi Han avait gagné quelques membres du parti avant et après l’incident, ainsi que le soutien du prince héritier.
Mais il devait se rendre sur les lieux de l’attaque terroriste ?
Bien sûr, il ne savait pas si les nobles se réuniraient également sur la place. Cale commença à se rappeler les informations contenues dans “La naissance d’un héros”.
[Des tonnes de personnes étaient rassemblées sur la place. L’estrade était encore vide. Elle était destinée à la famille royale qui allait bientôt arriver. Choi Han pouvait apercevoir d’autres personnes qui semblaient occuper des postes importants. Cependant, le plus important pour Choi Han était le fait que de nombreux citoyens, jeunes, vieux, hommes et femmes, étaient rassemblés ici. Le cœur de Choi Han se mit à battre plus vite.
Il ne voulait plus jamais voir un groupe d’innocents mourir].
Les nobles feraient-ils partie des personnes qui semblaient occuper des postes importants ?
Cale se tourna vers Basen alors que son père continuait de parler. Basen se tenait là, stoïque, regardant son père sans accorder un seul regard à Cale.
‘Deruth a dit que Basen se rendait normalement à ce genre d’événements. Dois-je lui dire d’y aller ?’
La bouche de Cale ne cessait de s’ouvrir et de se fermer. Il ne voulait pas se rendre dans une zone dangereuse. Cependant, il ne pouvait se résoudre à prononcer le nom de Basen.
Une relation qui n’était ni bonne ni mauvaise. C’était la relation entre le Cale original et Basen. Basen trouvait Cale difficile, mais c’était tout.
L’esprit de Cale commença à se compliquer. Cale aurait-il participé à l’histoire ? Il était impossible que Deruth envoie cette ordure à la capitale. Alors pourquoi essayait-il de l’envoyer ? Cale se demandait s’il avait fait quelque chose de mal pour que cela se produise.
« Tu partiras dans cinq jours. »
Cinq jours plus tard. En entendant Deruth dire cela, Cale sut que le Cale du roman n’était pas allé à la capitale.
Dans le roman, il avait été réduit en bouillie par Choi Han quatre jours plus tard et transporté dans la propriété du comte. Il était impossible qu’il se rende à la capitale dans cet état.
« Cale. Avant que Basen ne commence à le faire, tu avais participé à toutes ces cérémonies. Repense à ces moments et fais un voyage détendu.
– Père. »
Deruth regarda Cale qui l’appelait. Basen se tourna lentement vers son frère aîné.
« Je suis un peu anxieux à cause de ce développement soudain. Je ne suis pas allé à l’un d’entre eux depuis deux ans. Je ne comprends pas pourquoi je devrais soudain y aller. S’il vous plaît, laissez-moi y réfléchir. »
Deruth accepta et dit à ses deux fils qu’ils pouvaient partir. Les frères quittèrent rapidement le bureau. Cale était occupé à réfléchir à toutes sortes de choses. Si Cale faisait une crise et provoquait une scène, Deruth enverrait probablement Basen, mais cela lui laisserait un goût amer dans la bouche.
C’est à ce moment-là qu’il se rendit compte de la situation.
« Hyung-nim. »
Cale pouvait entendre la voix de son jeune frère, Basen. Cale tourna la tête. Il pouvait voir Basen marcher stoïquement sans le regarder. Le jeune Basen, âgé de 15 ans, parlait toujours ainsi sans jamais le regarder dans les yeux.
« Hyung-nim, il n’y a aucune raison que tu ne puisses pas partir. »
Haaah. Cale poussa un soupir.
Basen ne regarda même pas Cale lorsqu’il quitta le bureau pour se rendre dans sa propre chambre. Cale fixa Basen pendant un long moment.
« …Ce n’est pas censé se passer comme ça. »
Cale avait été poussé hors de la place de successeur. Cale ne pouvait s’empêcher d’agir comme une ordure, même lorsque son jeune frère se comportait comme le successeur de la famille depuis deux ans.
Il était la risée de la famille.
C’est pourquoi il y avait de nombreuses raisons pour qu’il ne soit pas le représentant de la famille à la convocation de la couronne. Cependant, Basen disait qu’il n’y avait aucune raison de ne pas se rendre à l’événement.
Basen disait qu’il y avait suffisamment de raisons pour que Cale y aille en tant que représentant de la famille.
‘Les choses vont se compliquer comme ça.’
Cale commença à froncer les sourcils. Il n’aimait pas la façon dont les choses se déroulaient.
Mais l’autre problème était…
‘Cela vaut la peine d’essayer.’
Il pensait que cela valait la peine de passer par les événements qui allaient se produire.
La raison en était que les chances que Cale revienne sans mourir ou être blessé étaient assez élevées.
‘Cela me compliquera la tâche si Basen meurt sans avoir pu prendre la place de comte.’
Pour que Cale puisse mener une vie paisible, Basen devait survivre. Il restait encore leur plus jeune sœur, Lily, mais elle était trop jeune. De plus, Cale devait quitter la ville Western après avoir pris l’ancien pouvoir situé sur l’arbre mangeur d’hommes afin de prendre d’autres anciens pouvoirs situés en dehors du territoire Henituse.
La balance à l’intérieur de l’esprit de Cale commença à s’incliner.
Il commença à fixer le majordome adjoint Hans qui se dirigeait vers lui. L’expression de Hans était intense, mais pas sombre. Il semblait amer, mais son regard était clair.
« Jeune maître, la demande que votre invité a formulée…
– Hans. »
Cale le coupa alors qu’il disait quelque chose d’autre.
« Amène cet invité ici.
– Excusez-moi ? »
Cale n’allait pas se laisser faire. S’il devait bouger, autant le faire de la manière la plus confortable pour lui et la plus bénéfique pour lui.
« Ah, s’il ne veut pas venir, dis-lui simplement ceci. »
En se basant sur l’expression de Hans, Cale était certain que le problème de Choi Han avait été réglé correctement. Dans le roman, le comte Deruth avait organisé des funérailles en bonne et due forme pour les villageois et s’était occupé de tout, même après que Choi Han ait réduit Cale en bouillie. Cela n’aurait pas dû changer du tout.
« Paiement.
– Pardon ?
– Dites-lui de venir parce j’ai trouvé un moyen qu’il me rembourse. »