Traducteur : Ych
Éditeur : Ombrya
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“C’est bon, Nico, dépêche-toi !” Je chuchotai, regardant par-dessus mon épaule au cas où quelqu’un passerait par là. Deux garçons adolescents recroquevillés devant une porte d’entrée ne peuvent qu’être synonymes d’ennuis.
“Reste sur tes gardes, Grey. J’y suis presque.” Mon compagnon aux cheveux sombres siffla tout en se concentrant sur la poignée de porte.
Je regardai Nico, douteux, alors qu’il tâtonnait avec l’épingle qu’il avait volée à une des filles plus âgées. “Tu es sûr de pouvoir l’ouvrir ?”
“Crocheter des serrures,” dit-il, serrant les dents, “est bien plus dur que ce que ce gars dans l’allée nous a fait croire.”
Soudainement, la serrure cliqueta, et nos yeux se sont illuminés. “Tu l’as fait !” Je m’exclamai en un chuchotement bruyant.
“Incline-toi face à mes pouvoirs !” Nico tenait l’épingle à cheveux colorée haut dans les airs.
Je lui donnai un coup dans l’épaule et je posai mon doigt sur mes lèvres. Nico fourra l’épingle dans sa poche zippée et acquiesça, puis nous avons marché sur la pointe des pieds, jusqu’à l’intérieur, passant discrètement par la porte en bois.
“Tu t’es bien assuré que les propriétaires seraient partis pour la journée, hein ?” Je demandai encore une fois, scannant la maison méticuleusement meublée.
“J’ai observé cet endroit la semaine dernière. Ce couple s’en va toutes les semaines à cette heure-ci, et ne revient pas avant au moins une heure. Nous avons bien assez de temps pour attraper quelques trucs et nous en aller.” Nico répondit, cherchant déjà des objets de valeur, que nous pourrions fourrer dans notre sac.
Lâchant un long soupir, je me convainquis que c’était nécessaire. Voler quelqu’un, peu importe leur richesse, n’était pas facile pour moi, mais j’avais entendu la conversation entre la directrice de l’orphelinat et ces personnes du gouvernement. Je n’avais discerné que quelques commentaires, mais il semblait que notre orphelinat était en danger, car nous n’avions pas assez d’argent.
“Ça devrait suffire.” Nico dit en acquiesçant, regardant le butin volé dans notre sac à dos.
Regardant par-dessus son épaule, je demandai, “Et maintenant quoi ? Comment va-t-on obtenir de l’argent contre ça ? On ne peut pas juste offrir ces bijoux à la Directrice Wilbeck.”
“J’ai pris de l’avance.” Il ricana. “J’ai trouvé un gars prêt à payer en cash pour tout ce qu’on lui donne d’intéressant.”
“Et ce “gars” est OK pour marchander avec des gamins de 12 ans ?”
“Il ne pose pas de questions, je fais de même. C’est aussi simple que ça.” Nico haussa les épaules en sortant avec moi par la porte.
En prenant la route vers l’extrémité de la ville, on s’était mélangés à la foule de personnes marchant sur le trottoir fissuré. Gardant nos têtes basses et notre allure rapide, nous avions viré à gauche dans une allée. Serpentant à travers les tas de déchets et les boîtes empilées d’on ne sait quoi, nous nous étions arrêtés devant une porte rouge décolorée, protégée derrière une deuxième porte métallique.
“Nous y sommes.” Nico me dit, faisant un mouvement pour le sac. Je le fis tomber de mes épaules et lui donna, il toqua ensuite à la porte dans un rythme étrange.
Plaquant ses cheveux noirs en arrière et gonflant son torse, il toussa un petit peu, et plissa ses yeux pour apparaître plus intimidant enfin, aussi intimidant que puisse être un maigre enfant de douze ans.
Après quelques secondes, un vieil homme longiligne dans un costard usé ouvra la porte rouge. Il nous toisa de derrière la porte métallique d’un œil scrutateur.
“Ah, l’enfant plutôt persistant, je vois que tu as ramené un ami.” Il dit, ne faisant aucun mouvement pour ouvrir la porte.
Nico toussa encore et approfondit sa voix. “J’ai ramené des objets par lesquels tu pourrais être intéressé.” La voix inhabituellement grave de mon ami ne sonnait pas faux, étonnamment. Il défit le cordon du sac, pour laisser le maigre homme aux yeux plissés jeter un coup d’œil aux bijoux que l’on venait de voler.
Levant un sourcil, l’homme déverrouilla la serrure de la porte, l’entrouvrant avec un grincement perçant. Il scanna les environs, puis se pencha pour examiner le contenu du sac. “Pas mauvais comme collection. Peut-être l’avez-vous dérobée à votre mère ?”
“Aucune question, tu te souviens ?” Nico rappela, resserrant le cordon pour fermer le sac. “Maintenant, pouvons-nous rentrer et discuter du prix ?”
Le maigre homme regarda autour une fois de plus, de la suspicion dans les yeux, mais après un moment, il nous laissa rentrer. “Fermez la porte derrière vous.”
En entrant dans la délicate boutique, une épaisse couche de fumée nous accueillit. De l’autre côté de la pièce, deux hommes, chacun une cigarette entre les doigts, crachait des nuages de fumée. Tandis que le dense nuage gris couvrait la plupart de leurs visages, je pouvais au moins distinguer leurs formes. Un des hommes était costaud, les muscles clairement affichés sous son débardeur. Le deuxième était bien plus rond, mais avec des membres fermes et épais, montrant qu’il n’était pas moins faible que le premier.
“Venez, les gosses. Dépêchons-nous d’en finir.” Le maigre homme dit en grattant ses joues mal rasées.
Nico et moi échangeâmes un regard, puis il se dirigea vers le comptoir. Je restai plus loin, observant les différents livres et gadgets rangés sur les étagères. Mon regard tomba sur un livre fin en lambeaux. Des quelques mots que je pus distinguer du dos du livre, cela semblait être un vieux manuel d’instructions sur le ki. Le retirant délicatement de l’étagère, je vis que la moitié de la couverture de devant avait été arrachée.
Mon premier instinct fut de le reposer ; après tout, l’orphelinat avait des livres en bien meilleur état sur le développement de base de l’usage du ki. Au contraire, mes doigts semblaient agir de leur plein gré, tout en tournant les pages. À l’intérieur étaient des photos et diagrammes d’une personne dans différentes poses avec des flèches et d’autres lignes autour de la figure. Je voulais le ramener avec moi, et fus à moitié tenté de demander le prix, mais je me retins. Ce livre était un luxe alors qu’on allait avoir besoin d’argent pour sauver notre maison.
J’ai continué d’essayer de déchiffrer les vagues instructions, mais j’ai rapidement perdu la motivation. Mon regard ne faisant que retourner vers les deux hommes jouant aux cartes sur la table pliante. Ils ne faisaient que jeter des coups d’œil à Nico, alors que, le tenant et lui parlaient affaires. Je me suis replongé dans le vieux livre, jetant un œil à la scène de derrière les pages. Je n’étais pas sûr de ce qu’ils manigançaient, mais je ne voulais pas rester assez longtemps pour le découvrir.
Heureusement, Nico finalisa sa transaction peu après et s’approcha de moi, laissant apparaître un sourire bref avant de retourner à son visage stoïque.
“Tu as trouvé quelque chose d’intéressant ?” Il demanda, examinant le livre dans ma main.
“C’est rien.” Je dis, remettant le livre fin et sans couverture sur l’étagère.
“Tu peux le prendre si tu veux,” le maigre tenant du magasin me dit, appuyant son coude sur le comptoir. “Personne ne sait comment le lire et il accumule juste la poussière, ici.”
“Vraiment ?” Je demandai, mes soupçons se montrant sur mon visage.
Il révéla une dentition anormalement blanche en quelque chose se rapprochant d’un sourire en acquiesçant.
Sans un autre mot, je fourrai rapidement le livre dans le sac et lui murmura un remerciement, Nico et moi sortîmes de la boutique, et mon ami dézippa sa veste et me montra la liasse de billets froissés.
“Tu vois, je t’avais dit que tout allait s’arranger.” Il rayonnait.
“Je suppose.” Je répondis, toujours sceptique de toute cette entreprise. Je me sentais mal pour le couple qu’on avait volé, mais je me confortais du fait qu’on ne leur avait pas pris tant de leurs bijoux que ça. Nico m’avait expliqué que ne prendre que quelques biens pourrait les rendre soupçonneux, ils seraient hésitants d’appeler les autorités pour le vol. Après tout, le couple était déjà retraité depuis un bon moment, donc les policiers jugeraient que le couple a oublié ou juste égaré leurs biens.
Je soufflai de soulagement lorsqu’on commença à se diriger vers l’orphelinat. Plus on s’éloignait de la scène de crime, mieux je me sentais.
“Pourquoi est-ce que je suis venu, Nico ?” Je demandai, esquivant les personnes tout en continuant de descendre la rue. “J’ai l’impression que tu as tout fait tout seul.”
“Hey, tu as eu un livre gratuit grâce à ça, non ?” Nico me bouscula avec son épaule. “De toute manière, c’est plus mar — ”
“On est suivis.” Je chuchotai, le coupant. Je gardai mon regard droit devant. J’avais senti deux paires d’yeux pratiquement perçant un trou dans mon dos presque aussitôt après qu’on ait quitté le magasin, mais je n’avais pas voulu en arriver à cette conclusion. Mais je jetai un coup d’œil à l’un des deux gars, et je le reconnus instantanément comme l’un des fumeurs de la boutique.
Ils étaient toujours derrière nous après deux virages, et je n’avais plus aucun doute.
“Par là.” Ordonna Nico, d’un ton discret.
Alors qu’on atteignait les périphéries de la ville, on prit à droite dans une allée, sautant par-dessus une poubelle pour arriver de l’autre côté de la barrière fermée.
J’atterris avec agilité sur mes deux pieds, et Nico agrippa la barrière pour ne pas perdre son équilibre et finalement rouler de l’autre côté. On courut dans cette vieille allée, qui sentait une mixture de crottes de rat et d’œufs pourris, et était assombri par les grands bâtiments de chaque côté. Cachés derrière un, particulièrement large, tas de déchets, on a attendu.
Peu après deux paires de pas se sont fait entendre, devenant plus fort, alors qu’ils s’approchaient.
“Les p’tits rats nous facilitent la tâche.” Une voix rauque ricana.
“Une tombe convenable pour eux.” Vint la graveleuse réponse.
Nico sortit sa tête pour jeter un œil. “C’est les hommes du magasin.” Il jura en rentrant rapidement sa tête derrière la pile de déchets.
“Je sais.” Je scannai déjà l’endroit pour trouver quoi que ce soit pouvant me faire office d’arme.
“Ils sont soit là pour ramener l’argent au patron du magasin, soit ils vont voler ça pour eux-mêmes.” Nico serra un peu plus l’argent dans sa veste.
Soudainement, une figure sombre bondit de l’autre côté de la pile de déchets derrière laquelle on se cachait, lançant une ombre géante sur nous.
“Surprise !” S’exclama le voyou au torse proéminent, avec un sourire sinistre.
“Cours !” Je criai à Nico, le poussant.
Il ne perdit pas une seconde sur une réplique et courut dans l’étroite allée.
L’homme musclé balança son énorme main, et je fis un pas en arrière hors du danger. Une rafale d’air de la force de son coup chatouilla mon nez, alors que je frappai sur ses côtes, avec la planche cassée que je venais de ramasser.
L’homme robuste tituba, plus de surprise que de douleur. Je saisis l’opportunité de foncer vers Nico, qui se faisait poursuivre par le compagnon rond du voyou robuste. Mais avant que j’y arrive, l’homme frappa Nico, l’envoyant au sol et lui coupant le souffle.
Nico haleta, et le crétin au corps de citrouille leva sa jambe au-dessus du corps de mon ami.
“Par ici, gros porc !” J’ai rugi, espérant que ma provocation le ferait se retourner.
“Qu’est-ce que tu as dit ?” Gronda le voyou, se tournant pour me faire face.
Je passai rapidement devant le gros voyou juste au moment où il se ruait vers moi, ses doigts boudinés griffant l’air.
Il aurait pu m’attraper, mais son compagnon baraqué lui était tombé dessus par inadvertance un instant après, et j’entendis les deux hommes grogner derrière moi. Mon esprit , réfléchissant aux moyens possibles pour s’échapper de cette situation qui semblait sans espoir, et mes yeux balayaient de droite à gauche. Puis je remarquai un long clou plié, dépassant du mur de briques d’un bâtiment à côté, à environ trois mètres du sol.
Maudissant tout bas, je feintai à ma droite juste avant que la brute de muscles ne m’attrape. L’éludant sans même regarder derrière moi, je sautai en l’air, espérant atteindre le clou.
Alors que mon corps s’élançait dans les airs, le monde tout autour de moi semblait se taire. C’était comme si le monde était ralenti, et je pouvais entendre les battements erratiques de mon cœur, comme si tous les autres bruits avaient été étouffés.
Derrière moi, je sentis des mains m’agrippant, prêtes à me tirer au sol, mais j’étais étonnamment calme. Ma vision périphérique se stabilisa, comme si je pouvais voir tout autour de moi en une fois. Le voyou musclé avait trébuché et s’était écrasé contre le sol juste derrière moi. Je calai un orteil dans une fissure profonde de l’une des briques inférieures l’utilisant comme levier. Je jaillis encore plus haut, attrapant le clou rouillé. Il était rugueux et froid au toucher, alors que je l’arrachais entre mon index et mon majeur. Je l’avais. Ce n’était pas vraiment une arme, mais c’était déjà quelque chose. Alors que je libérai ce clou d’une brique fissurée, je m’écartai du mur avec mon pied pour accélérer vers le gros voyou qui n’avait évité de trébucher que de très peu et qui n’était qu’à quelques secondes de m’attraper. Je vis son expression passer de la surprise à une concentration effrayante. Son épaule droite remua, et je réalisai clairement qu’il allait intercepter mon attaque d’une façon ou d’une autre.
J’ai alors utilisé ma main libre pour dévier son bras droit qui arquait vers moi. Au même instant, j’enfonçai le clou directement dans son œil. Je sentis la sensation du fer perçant à travers un tissu mou, voyant son visage se repasser de la concentration à la surprise, puis se tordre d’agonie.
À la suite de son hurlement perçant, le monde reprit son cours habituel. J’atterris sans grâce dans une pile de vieilles boîtes tandis que mon adversaire se griffait frénétiquement le visage, trop peureux d’approcher le clou enfoncé dans son œil gauche.
“Bouge-toi.” Je pressai, tirant un Nico étourdi sur ses pieds. Je regardai derrière une dernière fois, et je vis le voyou baraqué accourir au secours de son ami. Nous nous sommes précipités hors de l’allée et nous avons couru. Couru pour nos vies.
À bout de souffle et transpirant de chaque pore de notre corps, je m’écroulai proche de Nico derrière une épicerie juste à l’extérieur de la ville.
Nous nous sommes adossés contre le mur, trop fatigué pour s’inquiéter du nombre d’alcooliques ou de SDF qui auraient vomi ou urinés ici. Nico arracha sa veste et souleva son t-shirt pour se rafraîchir.
“Pour ça! C’est pour ça que tu es venu,” il haleta, claquant ma cuisse. “Oh mec, tu aurais dû te voir, Grey ! Tu volais comme ces rois combattant dans des duels !”
Je secouai la tête, toujours en essayant de reprendre mon souffle. “Je ne sais pas ce que j’ai fait. Tout a juste commencé à bouger vraiment au ralenti.”
“Je savais que tu l’avais en toi. Tu te souviens le jour où Pavia avait fait tomber toute cette vaisselle à côté de toi ?”
“Ouais, pourquoi ?”
“Tu les as rattrapées. Tu as chopé trois assiettes et deux bols, Grey !” Nico s’exclama. “Et tu ne faisais même pas attention.”
“J’avoue, c’était un rattrapage impressionnant, mais ça n’a rien à voir avec un combat.” J’argumentai, m’appuyant un peu plus contre le mur.
“Tu finiras par t’en rendre compte.” Il répondit, semblant trop exténué pour se disputer. “Maintenant, allons-y. Je ne veux pas terminer avec des corvées supplémentaires pour être rentré après le coucher du soleil.”
Nous sommes arrivés à la maison à deux étages servant d’orphelinat juste un peu avant le dîner. Assez de temps pour se laver et être à temps pour ne pas sembler suspect. Nico ouvrit lentement la porte de derrière, grimaçant au grincement de la vieille charnière.
Laissant les lumières éteintes, on traversa le couloir sombre sur la pointe des pieds, mais juste avant d’atteindre nos chambres, la voix claire de la directrice de l’orphelinat résonna du salon.
“Grey, Nico. Pouvez-vous venir par ici un instant ?” Dit-elle d’une voix discrète, mais d’une sévérité effrayante.
Nico et moi échangeâmes un regard, la peur évidente sur nos deux visages. Nico lança rapidement sa veste et son sac à cordon dans sa chambre avant de refermer la porte.
“Tu penses qu’elle sait déjà ?” Je chuchotai.
“Je dirais normalement que c’est impossible, mais là, c’est de la Sorcière qu’on parle.” Nico répondit, son attitude habituellement confiante emplie de crainte.
Nous sommes arrivés dans le salon très éclairé, nos vêtements et nos visages sales, ainsi que nos cheveux ébouriffés.
Sur le divan, sa posture parfaitement droite, était assise notre directrice Wilbeck, la vieille femme qu’on appelait tous la Sorcière. Debout près d’elle se tenait une jeune fille, d’environ notre âge, avec une chevelure d’un brun poussiéreux tombant au niveau de ses épaules et un teint crémeux. Elle portait une robe luxueuse rouge que même l’argent que nous venions d’obtenir n’aurait pu financer.
La directrice nous regarda, un sourcil levé, mais ne questionna pas notre état. Nous approchions prudemment, et lorsque la fille aux cheveux bruns leva son regard pour rencontrer le mien, je tremblai à ses yeux froids et dépourvus d’émotions.
“Grey. Nico.” La directrice fit approcher la fille gentiment. “Je voulais vous faire rencontrer Cecilia. Vous trois avez le même âge, donc j’espérais que vous pourriez lui faire visiter et devenir amis.”
Point de vue d’ARTHUR LEYWIN
Mes yeux se sont ouverts comme si je venais de cligner des yeux, mais j’avais l’impression d’avoir dormi pendant des jours. Je me suis assis dans mon lit, un mélange de sentiments pesant sur mes épaules.
Pourquoi ce souvenir me revenait-il après si longtemps ? Mes entrailles se tordaient de culpabilité à la pensée de Nico et Cecilia.
Tout va bien ? demanda Sylvie depuis le pied de mon lit, où elle était recroquevillée dans sa forme miniature.
“Oui, je vais bien”, ai-je menti en passant mes doigts dans mes cheveux. Ils étaient maintenant longs et en désordre, dépassant mon menton.
Le rêve était si réel. J’avais l’impression d’être de retour sur Terre, de revivre ma vie antérieure.
Je suis resté allongé, étourdi et incapable de sortir du lit, jusqu’à ce que quelqu’un frappe à ma porte.
“Entrez”, ai-je répondu, m’attendant à ce que ce soit mes parents ou ma sœur. Au lieu de cela, l’homme qui est entré semblait avoir une vingtaine d’années, habillé de vêtements noirs sous la fine armure de cuir utilisée par les éclaireurs. Il a incliné la tête dans un salut respectueux avant de transmettre son message.
“Monsieur, le lieu de la rencontre avec le messager alacryen a été décidé. Le Commandant Virion m’a demandé de vous dire de vous préparer à rencontrer le messager avec lui et le Seigneur Aldir.”
“Compris. Je serai dehors dans dix minutes”, ai-je répondu en balançant mes jambes sur le bord du lit.
“Dois-je envoyer une servante pour vous aider à vous préparer ?” a-t-il demandé.
J’ai secoué la tête. “Pas besoin.”
“Très bien.” L’homme est parti après un autre salut, refermant la porte derrière lui.
Je me suis rapidement lavée et j’ai attaché mes cheveux en arrière au sommet de ma tête, laissant ma frange tomber juste devant mon front. Je m’habillai d’une fine tunique blanche garnie d’or pour compléter le manteau sombre que je portai par-dessus. Correctement vêtu, avec mes cheveux soigneusement tirés en arrière, j’avais l’air d’un noble très fringant. Mon rêve était encore frais dans ma mémoire, et il avait apporté avec lui un flot de souvenirs de cette vie. Ici, même les vêtements étaient très différents. Les pantalons de ce monde étaient incroyablement serrés, mais je devais admettre qu’ils offraient une grande mobilité et une grande liberté lors des combats.
“Une apparence élégante pour quelqu’un qui s’apprête à faire la guerre”, a remarqué Virion lorsque je me suis approché de lui et d’Aldir.
“Merci.” J’ai fait un clin d’œil, en lissant ma manche. Les vêtements d’Aldir brillaient presque, avec tout l’or et les pierres précieuses qui les décoraient, mais Virion portait une simple robe noire, car il était toujours en deuil après le meurtre de la directrice Cynthia.
Cela ne faisait que quelques jours, mais Virion semblait avoir vieilli d’un siècle.
D’après la signature de la pointe en métal noir trouvée dans la poitrine de Cynthia, il était évident que l’assassinat avait été commis par quelqu’un qui possédait les pouvoirs du clan vritra. Il était peu probable qu’un membre du clan ait commis l’attaque, cela aurait mis en péril l’accord de non-participation des Asuras pendant la guerre, mais cela ne signifiait pas qu’un de leurs descendants n’aurait pas pu le faire.
La question qui me rongeait l’esprit — et celui de Virion — était de savoir comment ils l’avaient fait. Selon les gardes et l’infirmière qui s’occupait d’elle, personne n’avait vu quelqu’un sortir ou entrer à l’étage où était logée la directrice Goodsky. La porte, qui avait été fermée et verrouillée, n’avait pas non plus été trafiquée. Tout restait un mystère, sauf un fait : d’une manière ou d’une autre, le Clan Vritra était impliqué.
“Les navires sont à environ un jour de nos côtes, Arthur. Es-tu prêt à rencontrer ce représentant ?” demanda Virion.
“Je le suis. Mais, toi, es-tu prêt ?” J’ai répondu, sincèrement inquiet. “Tu ne vas pas tuer le messager, n’est-ce pas ?”
Avec un léger sourire, le grand-père de Tessia a secoué la tête.
Aldir s’est dirigé vers la porte de téléportation lumineuse. “Bien, alors partons.”