Supreme Magus chapitre 423

L’association des mages (Partie 1)

“Un concurrent ?” Le Maître n’en croyait pas ses oreilles. Ces deux seuls mots pouvaient signifier que des décennies de dur labeur étaient en jeu. Si un autre Eldritch était impliqué dans la disparition du cristal violet, il s’agissait peut-être d’un coup monté de l’intérieur depuis le début.

Cela aurait expliqué beaucoup de choses. Les abominations étaient inconstantes et avides par nature, la seule chose qu’elles respectaient était le pouvoir. Les Eldritchs étaient la somme de leurs meilleurs et de leurs pires traits de caractère.

Si une Abomination commençait à croire que le Maître ne pourrait pas tenir sa promesse, elle n’hésiterait pas une seconde à la trahir.

“Je croyais que tous les Eldritchs vivant sur le continent de Galen étaient de notre côté.” Dit le Maître.

“Il pourrait s’agir d’un ancien qui vient de sortir de son sommeil.” Répondit Xenagrosh.

“Ou peut-être un jeune qui a évolué récemment. La seule chose que je sais, c’est que l’odeur était celle d’un Eldritch rusé. Il avait déformé son odeur en la mélangeant à plusieurs autres, mais mes sens ne sont pas facilement trompés. Sinon, je l’aurais confondue avec celle d’un humain.”

“Ne précipitons pas notre jugement.” Continua le Maître avec son sang-froid habituel. “Ce n’est peut-être pas un concurrent. Après tout, un cristal violet est une source de nourriture presque inépuisable pour une Abomination.”

“Il permet à vos semblables de se cacher à la vue de tous sans avoir à récolter de l’énergie sur des êtres vivants. Dans le meilleur des cas, ses actions permettront aux Gardiens de nous lâcher. Ils ne peuvent pas faire la différence entre un Eldritch rebelle et un des nôtres.”

“Dans le pire des cas, il nous ruinera tous. Nous ne savons pas ce qu’il a appris de Jarok, ni ce qu’il fera de ce savoir.” L’avertissement de Xenagrosh était trop inquiétant pour être ignoré.

Le Maître ne pouvait que soupirer et planifier la chasse à ce nouveau joueur qui menaçait de faire basculer leur échiquier déjà bien fragile.

***

La cité d’Othre.

Lith atteignit les portes massives faites de bois et d’acier alors que le soleil commençait à se coucher. Othre était la plus grande ville commerciale de la région de Kellar, également connue sous le nom d’Entrepôt.

L’approvisionnement en nourriture était un problème majeur pour les villes dépourvues de Portes Warp. En raison du climat rigoureux du Nord, les colonies pouvaient rester isolées pendant des semaines au cours des mois d’hiver. Les blizzards étaient si puissants que même les mages capables de voler restaient bloqués chez eux.

La saison froide approchait et les marchands venaient de tout le royaume du Griffon pour vendre les réserves de nourriture dont ils disposaient à un prix bien supérieur à leur valeur marchande. Chaque année, la peur engendrait la crise, ce qui permettait à quelques-uns de s’enrichir aux dépens du plus grand nombre.

Le choix du moment était essentiel, car pour éviter la panique et les émeutes, le gouverneur local avait le pouvoir de fixer un prix plafond. Si un marchand vendait trop tôt, il saturait le marché et gagnait peu ; s’il vendait trop tard, les prix fixés aboutissaient au même résultat.

“Où se trouve l’hôtel le plus proche ?” Demanda Lith à l’un des gardes qui vérifiaient l’arrivée des chariots et prenaient note de toute la nourriture entrant dans Othre.

Le regard agacé du garde disparut dès que ses yeux rencontrèrent ceux de Lith. Le Ranger en face de lui était bien plus grand, plus agacé et plus en colère que le garde. Grâce à la magie des ténèbres, Lith ne puait pas et la magie de l’eau lui avait permis de rester propre.

Pourtant, après une semaine sans une seule seconde de détente, pendant laquelle il avait été contraint de faire ses besoins derrière des buissons, Lith tuerait volontiers quiconque se dresserait entre lui et une salle de bain.

“Allez tout droit, puis tournez à gauche sur la Route du roi. Vous ne pouvez pas la rater, monsieur.” La femme s’écarta, son instinct de survie faisant son œuvre.

“Un conseil, monsieur, en raison de l’hiver, la magie dimensionnelle est interdite à l’intérieur de la ville. Avant d’entrer, vous devez prendre tout ce dont vous avez besoin.” Sa garde allait durer des heures et elle ne voulait pas revoir Lith.

Lith maudit intérieurement tous les habitants du nord et leur haine de la magie dimensionnelle. Il sortit quelques pièces, l’épe Gardien et ses deux amulettes de communication.

‘Je comprends maintenant pourquoi l’uniforme est livré avec une ceinture utilitaire.’ pensa-t-il avec colère.

Alors qu’il se dirigeait vers l’hôtel, Lith signala son arrivée à son administratrice.

“Je suis désolé, monsieur.” Dit une enfant qui le heurta en jouant avec son frère.

“Je ne suis pas désolé.” Répondis Lith en lui attrapant le bras et en lui déboîtant l’épaule pour récupérer sa besace qu’elle venait de lui voler. Les cris désespérés de la jeune fille attirèrent l’attention de plusieurs personnes qui le fixèrent avec colère.

“C’était quoi ce bruit ?” Demanda Kamila.

“Un accident. Terminé.” Répondit Lith, impatient d’arrêter de parler avec son administratrice et d’entrer en contact avec sa petite amie.

“Ce n’est qu’une enfant !” hurla une femme en colère. “Putain de Rangers ! Ils devraient rester dans la nature avec les bêtes, là où ils doivent être.” Ajouta un homme, tandis que plusieurs voix indignées se joignaient au chœur.

Lith ne ralentit même pas son allure.

‘Je devrais peut-être les voler et voir si leur charité s’étend à leur propre argent ou se limite au mien.’ Pensa-t-il avec colère.

Ce n’est qu’une enfant. Elle avait peut-être faim. Le bruit de la balle résonnait dans l’esprit de Solus. Elle s’en voulait terriblement de ce qui s’était passé.

‘Elle aurait pu simplement supplier. J’aurais refusé, tu m’aurais harcelé et je lui aurais donné quelques pièces de cuivre. Elle a joué avec le feu et s’est brûlée.’

Un caillou heurte l’arrière de la tête de Lith et le fait se retourner. Une petite foule s’était rassemblée autour des deux enfants et le regardait avec défiance. Entre l’armure du Marcheur de peau et son physique amélioré, Lith avait à peine remarqué le coup.

Pourtant, il avait été assez fort pour faire saigner un homme normal.

“Qui a lancé ça ?” Demanda-t-il d’une voix décontractée et ne reçut d’autre réponse que des doigts d’honneur.

“Tous coupables, alors.” D’un geste de la main et d’un sort de terre, la foule tomba à genoux en se tenant la tête de douleur. Chacun d’entre eux avait été frappé par une petite pierre, qui le lui rendait bien.

“Vous êtes tous en état d’arrestation pour agression et diffamation d’un officier. Un autre geste de la main fit s’enfoncer leurs bras et leurs jambes dans le sol. “Si et quand je prendrai la peine de signaler cela à un gendarme, ils vous libéreront. Bonne journée.”

Au moment où Lith leur rendit la monnaie de leur pièce, les deux gamins et leurs complices cachés dans les ruelles avoisinantes dévalisèrent toutes les personnes présentes.

‘Était-ce vraiment nécessaire ?’ Solus avait espéré qu’après Kamila, après avoir été seul si longtemps dans la nature, Lith se serait adouci envers les gens.

‘Justice poétique.’ Répondit Lith. ‘Vois le bon côté des choses. La jeune fille a maintenant plus d’argent qu’il n’en faut pour faire réparer son épaule.’

Il atteignit l’hôtel Chant du Cygne en moins d’une minute. C’était un bâtiment en pierre de deux étages avec un toit en pente et une bannière représentant un cygne assis près d’une jeune fille qui jouait de la harpe.

La porte s’ouvrait sur une salle commune dont le sol était en bois dur.

Des tapis colorés étaient disposés sous les tables en bois qui occupaient la majeure partie de l’espace. Une immense cheminée diffusait lumière et chaleur pour les clients qui prenaient leur repas ou se reposaient de leurs activités quotidiennes.


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