Supreme Magus chapitre 422

Le retour à Kaduria ne fut pas long. Au cours de ses voyages, Lith avait pris soin de mémoriser des points de repère à intervalles fixes. Ils lui permettaient de franchir des dizaines de kilomètres en un clin d’œil.

Cela nécessitait une énorme dépense de mana, mais rien qu’une simple utilisation d’Invigoration ne puisse réparer. Tout en utilisant sa technique de respiration, Lith remarqua que les ruines de la cité perdue étaient exactement comme il les avait laissées, mais qu’elles semblaient différentes.

Le général de brigade Vorgh avait désactivé la barrière, laissant l’énergie du monde circuler à nouveau à travers la terre. Il n’y avait toujours pas d’herbe, pas même d’insectes ou de petits animaux venus reconquérir Kaduria.

Pourtant, en regardant les débris, Lith sentit un sentiment de paix se répandre dans son être. Comme s’il avait guéri une vilaine cicatrice qui défigurait cet endroit depuis trop longtemps.

Il sortit son communicateur militaire et appela son supérieur.

“Ranger Verhen au rapport à la base. Je suis déjà de retour à Kaduria. Je vais me reposer un peu, puis je reprendrai ma route vers le sud. Je me dirige vers la ville d’Othre.”

“Bien reçu.” Aucun hologramme n’apparut et la voix de Kamila était détachée et professionnelle. Certains de ses collègues pensaient que les choses avaient déjà tourné au vinaigre entre eux.

“Gardez le canal ouvert pendant que je marque votre position.” dit-elle tandis que l’amulette émettait quelques pings.

“Nous avons terminé. Votre prochain rapport est prévu pour midi, à moins qu’il ne se passe quelque chose d’important. Terminé.”

Lith décolla immédiatement, atteignant une altitude qui lui permettait de scruter des kilomètres dans toutes les directions. Ses premiers jours de voyage furent calmes et ennuyeux. Chaque fois qu’il remarquait des êtres vivants grâce à Vision de Vie, il devait vérifier qu’il ne s’agissait pas de tribus de monstres déchus.

La province était encore stérile à cause des effets à long terme de l’Étoile noire, mais plus il s’éloignait de Kaduria, plus il y avait de ressources naturelles disponibles. Assez pour qu’un petit groupe de n’importe quelle race déchue augmente ses effectifs et devienne une menace.

La plupart de ses observations n’étaient que des animaux, des humains errants ou des bêtes magiques. Les vagabonds n’étaient souvent que des fous. Des gens qui avaient tout perdu et n’avaient nulle part où retourner.

Ils hurlaient à l’arrivée de Lith, exigeant qu’on les laisse tranquilles avant même qu’il puisse leur offrir de l’aide. Parfois, il rencontrait des caravanes de marchands qui s’étaient égarés après avoir été attaqués par des bandits ou des monstres. Dans ce cas, Lith leur indiquait le chemin à suivre et se lançait à la poursuite de leurs agresseurs.

Sans la protection des mages, les humains et les monstres n’étaient que des agneaux conduits à l’abattoir. Lith tuait les monstres en un claquement de doigts. Quant aux humains, il les traquait un moment pour s’assurer qu’ils ne faisaient pas partie d’un groupe plus important ou pour trouver leur cachette.

Le crime organisé était une mauvaise herbe pour laquelle le Royaume n’avait aucune tolérance. Entre les repérages et ses enquêtes, la vitesse de déplacement de Lith ralentit considérablement. Les geysers de mana se faisaient rares, l’obligeant à dormir sur les arbres ou à ne pas dormir du tout.

‘Bon sang ! Je comprends maintenant pourquoi un Ranger est obligé de changer de service après chaque mission. Ce travail est aussi ennuyeux que dangereux.’ Pensa Lith lors de son quatrième jour de voyage, alors qu’il déjeunait dans un coin de forêt.

Il avait sous-estimé son travail et en payait maintenant les conséquences. Sans les geysers de mana, Solus n’était qu’une voix dans sa tête. Il avait beaucoup de bonne nourriture avec lui, mais cela ne lui apportait aucun réconfort.

Il devait constamment rester sur ses gardes. Son entraînement et sa paranoïa l’avaient poussé à tout manger si vite qu’il pouvait à peine goûter ses repas. Jusqu’à ce jour, il avait toujours eu un toit au-dessus de sa tête, une table où s’asseoir et des gens autour de lui.

Des gens qu’il aurait pu mépriser ou dont il se serait désintéressé, mais les rejoindre ou les éviter avait toujours été son propre choix. Aujourd’hui, il n’y avait que le silence et l’isolement. Il était tenté d’ignorer son devoir et de se précipiter vers la ville la plus proche.

Il commençait à espérer rencontrer des monstres, juste pour rompre la monotonie de son existence.

‘Même sans geyser de mana, je peux te donner un endroit où te reposer.’  Proposa Solus à la fin du cinquième jour, alors que le soleil se couchait.

‘Merci, mais l’idée qu’à chaque seconde de mon sommeil, tu te saignes littéralement pour moi me donnerait des cauchemars.’ Déclina Lith

Lith chérissait chaque moment passé à parler avec sa famille et avec Kamila sur son amulette civile. Ils étaient son seul lien avec un semblant de vie normale. Dès qu’une de leurs runes de contact s’allumait, il s’élevait dans le ciel, impossible de le prendre par surprise.

Toute créature volante assez stupide ou malchanceuse pour perturber leurs conversations serait traitée avec un préjudice extrême. Qu’il s’agisse de monstres volants ou d’oiseaux migrateurs, ils seraient tous transformés en viande hachée avant même de pouvoir s’approcher de lui.

Sept jours après avoir quitté Bélius, il put enfin atteindre la ville d’Othre.

‘Mince, je n’aurais jamais pensé que chasser du menu fretin prendrait autant de temps. La présence de Kaduria a permis de garder le cap, sinon je n’aurais jamais pu l’atteindre aussi rapidement. Sept jours et pas un seul geyser de mana, c’est bien ma veine.’ Pensa-t-il en s’approchant des hauts murs de la ville.

‘Allez, ce n’était qu’une longue semaine infernale sans salle de bain et sans sommeil.’ S’esclaffa Solus. ‘La bonne nouvelle, c’est que nous sommes à nouveau en avance sur le calendrier. Tu pourra bénéficier d’une nouvelle permission et visiter la ville avec ta petite amie. Qu’est-ce qui pourrait mal tourner ?’

***

Pays libre de Lamarth. Au-delà des frontières orientales de l’Empire des Gorgones.

Quatre années se sont écoulées depuis la destruction du laboratoire du Maître situé sous le Désert de Sang. La perte de tant d’équipements et de spécimens avait été un revers majeur, mais en même temps une bénédiction déguisée.

À l’insu des Gardiens, et même de Leegaain, l’une des matrices avait espionné les événements survenus pendant l’attaque, permettant au Maître de recueillir une grande quantité d’informations sur la façon dont un Gardien pouvait faire appel à l’énergie du monde et d’assister au combat entre Salaark et leur plus puissante Abomination Eldritch.

Les données recueillies avaient finalement révélé au Maître un aperçu de la véritable nature du Gardien. C’était la raison pour laquelle il avait envoyé Gremus, le ver de roche, étudier et collecter le cristal violet de l’orc.

Grâce à ce cristal, le Maître serait capable de conjurer et de manipuler l’énergie du monde tout comme un Gardien, accédant ainsi à une source d’énergie illimitée pour ses expériences et ses serviteurs.

Malheureusement, après ce coup de chance, tout s’est dégradé. Toutes les informations sur la folie d’Arthan étaient devenues inaccessibles, même pour ceux qui avaient les autorisations les plus élevées. Avec la mort de Gadorf le wyvern, ils avaient perdu l’une de leurs principales sources de revenus.

A cause de Balkor, les Gardiens avaient trouvé un moyen de repérer plus facilement les Abominations Eldritch et s’en servaient pour suivre les activités du Maître, ce qui les obligeait à agir avec encore plus de prudence et à n’utiliser leurs serviteurs les plus puissants qu’en cas de stricte nécessité.

Ces événements combinés avaient mis leurs recherches dans une impasse. Pour couronner le tout, le cristal était perdu et Jarok, l’un de ses alliés les plus compétents, avait disparu.

“Le cristal est le vrai problème. Verhen l’a peut-être, mais peut-être pas. Je ne peux pas donner un coup de pied dans le nid de frelons des Royals juste à cause d’un soupçon. Pas maintenant qu’il est devenu un Grand Mage. Espérons que Jarok n’a pas rendu les choses encore plus compliquées. La furtivité et les interrogatoires sont ses spécialités, après tout.” Dit le Maître avec un petit rire.

“Maître, j’apporte de graves nouvelles.” Xenagrosh, l’Eldritch spécialisé dans la traque des Warpads se présenta devant eux.

“Le cristal est-il brisé ? Ce n’est pas grave. J’ai déjà localisé un spécimen de moindre importance qui pourrait encore faire l’affaire.” Le Maître haussa les épaules.

“Non. Il n’y a aucune trace du cristal. Ce que j’ai trouvé, c’est la preuve que Jarok a été tué.”

“Cet idiot !” Rugit le maitre. “Je lui ai dit de se méfier du corps et de ces maudits monstres évolués.”

“Encore une erreur. Il a été tué par un seul ennemi, et un Eldritch en plus.” Les quatre yeux rouges de Xenagrosh se réduisirent à des fentes ardentes pendant qu’il faisait son rapport. “Je crains que nous n’ayons un concurrent.”