Traducteur: TheCounterspell
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Vinor a failli s’étouffer de surprise, beaucoup d’élèves fixaient M’Rook comme s’ils voyaient une bête magique pour la première fois de leur vie.
“Oui, il le peut.” Ironhelm a corrigé Vinor. “Moins deux cents points pour avoir menti à un professeur.” Le reste des anneaux de Vinor sont devenus gris.
“Comment pouvez-vous croire à une bête stupide au lieu d’un élève ? Êtes-vous seulement humain ? De quel côté êtes-vous ?” Vinor gémit, sautant au loin après avoir entendu un grognement juste à côté de sa tête.
“Qui appelles-tu stupide ?” M’Rook était si proche que Vinor pouvait sentir son haleine âcre. Ses lèvres étaient retroussées, révélant des crocs de la taille d’une petite dague.
“Moins cinq cents points pour avoir offensé nos protecteurs.” L’uniforme de Vinor est passé du blanc au gris, perdant toutes ses propriétés magiques.
“Écoutez, bande d’idiots.” La voix du professeur Ironhelm a rugi.
“Pour les trois prochains jours, nous sommes des invités dans cette forêt. Les bêtes magiques sont nos logeurs, nos protecteurs et notre première ligne de défense. Quiconque ose attaquer un autre élève ou leur manquer de respect verra tous ses points annulés.
“Il est temps pour vous d’apprendre que si une bête magique vit assez longtemps, elle développe une sagesse mystique. Elles peuvent parler, raisonner et lire, tout comme nous, les humains. Avant d’ouvrir vos bouches coincées, rappelez-vous où vous êtes si vous voulez vivre.
“S’ils refusent de nous protéger à cause de votre comportement, je serai heureux de sacrifier un ou deux idiots pour sauver tous les autres. C’est clair ?”
Les élèves de quatrième et cinquième année regardèrent autour d’eux, voyant finalement que la ville n’avait pas d’angles morts. On pouvait voir des bêtes magiques planer dans le ciel, patrouiller dans les rues, et même les sentir en creusant des tunnels sous terre.
Contrairement à l’académie, chacun de leurs mouvements était surveillé, chaque mot était entendu. Maintenant, ils savaient aussi que les bêtes magiques pouvaient parler, faisant d’eux un système de sécurité vivant avec des sens aiguisés.
Lith s’éloigna après avoir salué poliment M’Rook, commençant à s’occuper de Phloria et du reste du groupe.
– “S’ils vivent assez longtemps. C’est une bonne blague.” Lith riait intérieurement de la mascarade que les bêtes magiques avaient mise en place pour les humains.
“Ouais, même Nok pouvait parler et il n’était qu’un petit Byk.” Solus sourit en se souvenant de leur petit ami. –
Pendant ce temps, la curiosité du professeur Ironhelm avait été piquée au vif.
“Pourquoi n’êtes-vous pas intervenu ? Si je n’avais pas arrêté ce glaçon…”
“Il ne se serait rien passé.” M’Rook l’a coupé court. “Ce lourdaud n’était une menace que pour lui-même. Je l’aurais tué si j’étais vous. C’est une pomme pourrie. Il n’apportera que du mal à votre meute.”
Les mots de Ry ont fait surgir une autre question.
“Pourquoi tu appelles le gros ‘mufle’ et l’autre ‘jeune loup’ ?”
“Le grand est l’un de vous, le petit est l’un de nous.” M’Rook a reniflé comme si quelqu’un lui avait demandé si l’eau était mouillée.
“L’un de nous ?” Ironhelm était de plus en plus confus.
“Le mufle est un humain. Il voit de la nourriture, il veut de la nourriture. Il voit des femmes, il veut des femmes. Il voit des choses, il veut des choses. Peu importe s’il en a besoin, il les prend avec violence. C’est la nature humaine.
Nous ne mangeons pas à moins d’avoir faim, nous avons un compagnon pour la vie, nous n’avons pas besoin de babioles inutiles. Il est l’un des nôtres.”
Le professeur Ironhelm s’est senti légèrement offensé par les paroles de M’Rook. Ça ressemblaient beaucoup à du racisme. Son problème était qu’il ne pouvait pas les contredire. Sans loi et sans ordre, le monde des hommes mettrait quelques jours tout au plus à plonger dans le chaos, tandis que les bêtes magiques vivaient selon des règles non écrites auxquelles chacune d’entre elles adhérait.
***
Lith était stupéfait par le nombre total de personnes que le Griffon Blanc accueillait. Les trois premières années étaient composées d’au moins mille étudiants, ce qui le faisait douter que la ville minière puisse tous les accueillir.
– “Mince, je suis ici depuis moins de cinq minutes et je suis déjà perdu. Je déteste les endroits bondés. Ils me donnent mal à la tête.” pensa Lith.
“Il faut qu’on trouve un professeur et vite !”
“Ou tu pourrais les appeler et leur demander où ils sont”. Solus a suggéré, faisant ricaner Lith.
“Ma douce et innocente Solus. Si après avoir réalisé ce travail monumental, Linjos a laissé les communications ouvertes, il est trop idiot pour être directeur.”
Comme Lith l’avait prédit, l’amulette de communication était morte comme un clou.
“Lith, ravi de te rencontrer à nouveau. J’aurais aimé que nos circonstances soient meilleures.” Lith s’est retourné et a croisé le regard du colonel Varegrave.
“Colonel, c’est une surprise inattendue. L’armée est aussi impliquée ?” répondit Lith en lui faisant une petite révérence.
“Oui, bien sûr. Nous ne pouvons prendre aucun risque. Je suppose que tu sais déjà tout.” Lith a hoché la tête, lui demandant de l’aide pour retrouver ses coéquipiers.
“Pas de problème.” Le colonel toucha son oreillette de communication, demandant des informations. En attendant la réponse, Lith et lui ont parlé de la situation actuelle.
“Est-ce que le Petit Monde peut être utilisé ici ?”
“Malheureusement, non.” Varegrave soupira. “Il fonctionne avec des principes similaires aux réseaux de l’académie, il est juste plus puissant. Ces créatures seraient à peine ralenties, alors que nous serions impuissants.
Suis-moi, le spectacle est sur le point de commencer.”
Varegrave a conduit Lith à la périphérie de la ville où les étudiants et les professeurs attendaient toujours. Soudain, la terre se mit à trembler et un plateau rocheux de quatre mètres de haut émergea du sol.
Linjos avait choisi un endroit qui permettait à toutes les personnes présentes d’avoir une vue dégagée et d’écouter sa voix amplifiée par la magie.
“Mes chers élèves, ceci sera notre maison pour les jours à venir. Les règles ici sont les mêmes que celles de l’académie, mais sans les leçons. Du moins pour les étudiants de quatrième et cinquième année.” À ces mots, la plupart de la foule a éclaté en gémissements, que Linjos a ignorés.
“Vous devez garder vos mains et vos esprits occupés pour éviter que le stress de notre situation actuelle ne vous ronge de l’intérieur. Pour cette raison, les étudiants de quatrième et cinquième année ont deux choix : aider les professeurs à enseigner les bases de la magie à leurs juniors, ou extraire des cristaux magiques.
Les deux entreprises seront récompensées par des cristaux magiques ou des points en fonction de vos contributions. Je vous ai attribué votre logement en fonction de votre statut social et de votre âge, mais ne vous méprenez pas.
Je l’ai fait uniquement pour empêcher les aînés de harceler les jeunes étudiants. Toutes les maisons sont identiques et ont le même confort.” De nouveaux gémissements emplirent l’air, de nombreux élèves crachèrent sur le sol, dégoûtés par les paroles de Linjos.
Ils avaient espéré pouvoir s’amuser aux dépens des roturiers.
“Comme le professeur Ironhelm l’a déjà souligné, n’oubliez pas que nous sommes des invités ici. Permettez-moi de vous présenter à notre Seigneur.”
Scarlett le Scorpicore a plongé des cieux, juste à côté de Linjos, son atterrissage fut aussi doux qu’une plume.
“Je serai brève, humains.” Sa voix était dure mais féminine, permettant aux élèves de comprendre qu’il s’agissait d’une femelle.
“Respectez mes règles et vous ne remarquerez même pas notre présence. Mes règles sont simples. Un : faire ce que dit Linjos. Deux : ne jamais faire de mal à un petit, humain ou autre, en ma présence.” L’une des raisons pour lesquelles la Scorpicore avait décidé d’aider l’académie était que, ayant perdu plusieurs de ses enfants avant de se transformer en Scorpicore, Scarlett avait un faible pour les enfants.
L’autre raison était que, selon les dires de Linjos, les morts-vivants avaient trop de capacités qui lui rappelaient les Abominations. Elle voulait profiter de cette occasion pour vérifier si le soi-disant dieu de la mort et son mystérieux ennemi étaient d’une certaine manière liés.
“Troisièmement : respectez mes sous-fifres. Ils risquent leur vie pour vous, ceux qui n’apprécient pas leur sacrifice peuvent aussi bien mourir pour ce qui m’importe. Si l’un d’entre vous a besoin d’aide, quelle qu’en soit la raison, vous pouvez vous adresser à l’une des bêtes magiques qui entourent la ville ou à mes seconds.”
Un autre monstre est descendu des cieux sur le côté gauche de Scarlett.
C’était un loup géant avec deux cornes incurvées sortant de son front, juste devant les oreilles. Des ailes de plumes semblables à celles d’un aigle sortaient de son dos et sa queue semblait être faite de flammes dansantes.
– “Ryman ?” – Lith était choqué par l’arrivée de son ami.
“C’est Protecteur. Il mènera mes troupes au combat puisque je suis obligé de maintenir tous les réseaux de protection toute seule.” C’était en fait un mensonge. Beaucoup avaient contribué à la sécurisation de la zone. Scarlett disaient cela car elle savait que les humains ont besoin d’être impressionnés pour obtenir leur respect.
De plus, il serait plus facile de trouver les traîtres puisqu’elle venait de se faire une cible, en prétendant que ses énergies étaient toutes dirigées vers les réseaux.
Une deuxième créature apparut, cette fois-ci sortant lentement du sol.
C’était une énorme masse d’ombres aussi grande qu’une petite maison, qui ne cessait de se métamorphoser jusqu’à ressembler à un ours. Ses seuls signes distinctifs étaient ses yeux rouges brillants et son squelette massif que l’on pouvait apercevoir de temps en temps sous les ténèbres changeantes qui composaient son corps.
“Voici Kalla le Wraith, notre expert résident dans le domaine des morts-vivants. Elle va sécuriser le périmètre au cas où les choses tourneraient mal. Au revoir.”
– “Kalla ?” Sa nouvelle apparence avait choqué Lith, qui craignait maintenant le pire.
“C’est une évolution ou elle est devenue un mort-vivant ?”
“Une évolution.” Solus a répondu. “Elle a maintenant un noyau de mana bleu, pas un noyau de sang. Mais à en juger par les yeux rouges et la fumée noire qui sort de son corps, je dirais qu’elle est d’une certaine manière liée à eux.”-
Les trois Monstres disparurent aussi vite qu’ils étaient arrivés, laissant à nouveau le centre de la scène à Linjos. D’un claquement de mains, plusieurs tableaux se matérialisèrent de l’air. Chacun d’entre eux était une énorme liste de noms par ordre alphabétique.
A côté de chaque nom, il y avait un numéro associé à l’une des maisons indiquées sur la carte. À sa grande surprise, Lith découvrit que son logement était marqué comme celui d’une ancienne famille noble.
Le couple Ernas avait menacé le pauvre directeur, chacun à sa manière, le laissant toujours se demander s’il devait trouver les cris d’Orion ou les insinuations subtiles de Jirni plus menaçants.
Ayant affronté et perdu contre les deux dans le passé, il n’avait fait aucune objection à leur demande de garder ensemble les cinq jeunes malgré leur statut social différent. Lorsque l’Archimage Deirus a également insisté pour que Linjos s’accommode de cette situation, il n’a pas pu faire grand-chose.
Réunir trois membres d’une vieille famille noble, bien qu’elle n’en ait que le nom, un membre d’une jeune famille noble et un roturier était quelque chose qu’il n’aurait jamais permis si ce n’était pour leur excellente relation.
Les heures passèrent jusqu’à ce que le soir arrive. Lith travaillait dans les mines, préférant éviter les nobles et les enfants. Quylla et Yurial ont choisi d’aider les professeurs à enseigner les bases de la magie.
Quylla envisageait de poursuivre une carrière académique. Tous les dangers qu’elle traversait lui faisaient comprendre à quel point elle aimait sa vie paisible au sein de l’académie, loin des effusions de sang et des combats. Ces choses lui donnaient l’impression de ne pas être à sa place.
La situation de Yurial était différente. Après avoir dîné avec sa fiancé, son esprit était en pagaille.
– ” Libéa est devenue encore plus arrogante et coincée que dans mon souvenir. Remercions les dieux que je ne l’ai pas présentée à Lith ou Quylla, sinon nous nous serions disputés jusqu’à son départ. J’aimerais qu’il y ait un moyen de sortir de cet engagement.”- Il pensait.
L’idée de passer sa vie avec une fille qu’il supportait à peine, obligé de chercher son bonheur dans les bras d’une maîtresse qu’il serait obligé de cacher au reste du monde, le rendait malheureux.
Yurial avait toujours su à quel point son existence serait en cage, mais maintenant qu’il pouvait voir ses barreaux de près, il ne pouvait éviter de chercher une échappatoire. Entre passer sa journée seul dans une mine sombre et éduquer des jeunes, il choisit la seconde option.
– “J’ai besoin de profiter du soleil autant que possible. De plus, ce sera un bon entraînement pour le jour où j’aurai des enfants à moi. “- Il soupira.
Friya est aussi allée dans les mines. Le raffinage des cristaux exigeait de la concentration et de l’isolement, ce qui lui permettait d’avoir un répit dans ses luttes constantes avec ses démons intérieurs. Elle était une noble, mais ne se sentait pas comme telle. Elle avait une famille, mais ce n’était pas la sienne.
Sa vie changeait trop vite et pour la première fois de sa vie, son avenir était flou. Abandonner la maison Ernas serait un acte méprisable après toutes les attentions qu’Orion avait déversées sur elle, traitant Friya comme si elle était la sienne.
Cela signifierait aussi abandonner Quylla, la chose la plus proche d’une famille qu’elle avait encore. Maintenant, avec la menace du dieu de la mort, elle ne savait pas si elle devait avoir plus peur de son avenir ou de son présent.
Phloria a suivi Lith dans les mines, passant la plupart de son temps à l’observer. Contrairement aux autres, il ne semblait pas avoir peur. Même l’ombre de Balkor ne semblait pas capable d’éteindre l’avidité dans ses yeux dès qu’il rencontrait un cristal de haute qualité.
Elle trouvait cela superficiel et insensible de sa part, mais incroyablement apaisant pour son cœur.
– “C’est tellement stupide de ma part, mais je ne sais pas quoi faire d’autre. Mes mains tremblent trop à l’idée de ce qui va se passer dans deux nuits pour manipuler un cristal. Enseigner est également inutile.
Je n’ai pas envie de me prendre d’affection pour des gens qui pourraient mourir d’ici peu. Je voulais juste passer tranquillement le reste de mon temps à l’académie en essayant de ne pas penser à la mort. Et pourtant, elle vient me chercher à la place.” –
Phloria se sentait au bord des larmes, alors elle s’est assise juste à côté de Lith, posant sa tête sur son épaule. Les battements réguliers de son cœur étaient comme une berceuse à ses oreilles, ses mains ont cessé de trembler, la peur s’est estompée.
“Ça te dérange si je reste comme ça ?”
“Non, je t’en prie.” Lith parvint à embrasser le sommet de sa tête sans avoir besoin d’arrêter le processus de coupe, la faisant glousser.
“A ce stade, tu devrais poser le cristal et me prendre dans tes bras, espèce d’idiot.”
Lith était sur le point de plaisanter sur le fait qu’il ne se serait jamais attendu à ce qu’elle soit une petite amie très exigeante lorsque ses oreilles perçurent quelque chose.
“Tu entends ça ?” Il a demandé, se crispant soudainement.
Phloria a essayé d’écouter. Ils n’étaient pas très profonds dans la mine mais il y avait quand même beaucoup d’échos.
“Non, quoi ?”
“Des cris.”