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Auteur : Yoo Ryeo Han
Traductrice : Moonkissed
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Le silence régnait dans la salle de réception des invités.
Antonio regarda ses poings serrés avant de les desserrer lentement. Il pouvait voir sa paume vide.
Il s’était rendu compte de quelque chose à propos de lui-même au cours de cette discussion.
Pourquoi pensait-il que Cale Henituse cherchait à obtenir quelque chose pour lui ou à profiter de lui alors qu’il n’avait fait que demander à bavarder ?
Antonio avait l’impression qu’un masque se trouvait dans sa paume vide. Le nom de ce masque était “noble”. Lui aussi portait un faux masque de noble.
Il commença à parler.
« Qu’entendez-vous par “ouvrir les portes” ? »
La nervosité d’Antonio se manifesta lorsqu’il posa la question.
‘Ouvrir les portes de l’Empire quand le royaume le demande.’
C’était une proclamation assez dangereuse si on la comprenait mal. Elle pouvait être interprétée comme la levée de l’épée du royaume de Roan contre l’Empire.
« Jeune maître Antonio. »
Cependant, Cale se contenta de répondre par une question.
« Êtes-vous inquiet que son altesse le prince héritier veuille faire la guerre à l’Empire ? »
C’était effectivement le cas.
Le prince héritier pourrait vouloir entrer en guerre contre l’Empire ou une autre nation étrangère. C’est ce qui inquiétait Antonio.
Antonio pouvait voir que le coin de la lèvre de Cale s’était légèrement relevé.
« Je pensais avoir été très clair. »
Cale répéta ses mots une fois de plus.
« Quand le royaume le demande. »
Pas le prince héritier, mais le royaume.
Il y avait une grande différence entre les deux.
Cependant, Antonio ne s’en était pas rendu compte jusqu’à présent. Cale ajouta après avoir réalisé qu’Antonio avait compris.
« La famille Gyerre qui travaille pour le royaume devrait savoir ce que je veux dire, n’est-ce pas ? »
‘Travaille pour le royaume’.
Ces mots étaient restés dans l’esprit d’Antonio. Son expression devint sérieuse au même moment.
Une situation où tout le royaume de Roan voudrait qu’ils ouvrent les portes à l’Empire.
Cela signifierait que l’Empire avait fait quelque chose de terrible que le royaume de Roan ne pouvait pas simplement balayer du revers de la main.
Le royaume signifiait que la couronne, les nobles et les citoyens le voulaient tous.
‘…Qu’a fait l’Empire ?’
La maison Gyerre était responsable de la région sud-ouest, la plus proche de l’Empire. Bien qu’il soit l’héritier de la famille, Antonio n’arrivait pas à comprendre ce que l’Empire avait pu faire pour provoquer une telle situation.
Il appela Cale après avoir réalisé que son manque d’information était un problème plus sérieux.
« Jeune maître Cale…
– Débrouillez-vous tout seul. »
Antonio ne pouvait pas demander ce que l’Empire avait fait après avoir entendu la réponse de Cale qui traçait la ligne.
Il ne pouvait rien dire à ce sujet.
Avec sa faiblesse entre les mains de Cale, il devait faire tout ce qu’on lui demandait sans poser de questions. De plus, il était normal que la maison Gyerre se débrouille toute seule s’il s’agissait de quelque chose que l’Empire avait fait et qui était en rapport avec le royaume.
Il fallait donc qu’il enquête par lui-même, ou bien il y avait une autre option.
« …Je vais demander à son altesse, le prince héritier. »
Il devait dépasser le niveau du duc pour demander.
Antonio regarda Cale, qui accepta sa réponse comme une évidence et décida d’enquêter furtivement sur l’Empire et de passer en revue les manœuvres défensives de la région sud-ouest une fois de plus.
C’était la réponse que Cale voulait.
Il voulait qu’Antonio se méfie.
Il voulait aussi qu’Antonio enquête furtivement sur l’Empire. De plus, Antonio s’intéresserait au déroulement des événements dans le royaume sans rechercher uniquement le pouvoir.
Il serait bénéfique pour Cale qu’un noble détenant le pouvoir dans une région du royaume adopte un tel comportement. Cale se redressa sur la chaise et établit un contact visuel avec Antonio.
« J’espère que vous prendrez la bonne décision après y avoir réfléchi. »
Cale ne voulait plus parler.
Toutes les demandes étaient meilleures si elles étaient présentées de manière brève.
Bien sûr, il n’oublia pas de menacer Antonio au passage.
« Ces documents sont tous des copies. J’ai les originaux, alors j’espère que vous prendrez votre décision sans oublier que votre faiblesse est toujours entre mes mains.
– Ha. »
Antonio poussa un soupir et sourit.
Cette action fit froncer les sourcils à Cale. Antonio souriait après avoir été menacé.
‘…C’est bizarre.’
Il pensait qu’Antonio l’avait compris, mais au lieu de froncer les sourcils, Antonio souriait.
‘Pourquoi sourit-il ?’
Antonio était soulagé tandis que Cale était confus.
‘Tout ce qu’a dit grand-mère n’est pas toujours correct.’
Un noble qui utilisait sa faiblesse pour demander quelque chose au nom du royaume était un “vrai noble”. Antonio avait l’impression que quelque chose s’était éclairci dans son esprit après avoir rencontré un tel “vrai noble”.
« Vous êtes un noble, jeune maître Cale.
– Bien sûr ? »
Mais Cale pouvait voir qu’Antonio l’avait bien compris.
‘Je suppose que je réponds à ses critères.’
Le fait qu’Antonio l’ait qualifié de noble signifiait qu’il avait une très bonne impression de lui.
‘Le prince héritier s’occupera du reste.’
Le prince héritier saurait comment garder Antonio sous contrôle dès que Cale lui aurait remis les documents.
Cale était satisfait que les choses se soient déroulées comme prévu.
Cependant, il y avait eu quelque chose qui s’était déroulé un peu différemment de ce à quoi il s’attendait.
« Je sais que vous êtes occupé, alors je vais partir maintenant. »
Cale entendit la voix d’Antonio alors qu’il s’apprêtait à sortir de la salle de réception des invités.
« Merci beaucoup, jeune maître Cale.
– …Excusez-moi ? »
Cale se retourna, choqué.
« Je vous remercie pour beaucoup de choses. »
Le souriant Antonio semblait dégager un sentiment de vitalité. Cale commença à se sentir bizarre après avoir vu Antonio heureux, contrairement à ses attentes.
‘…Aurais-je dû le menacer comme il se doit et prendre quelque chose dans la foulée ?’
Il n’avait pas demandé de biens matériels à la maison Gyerre afin d’agir comme un noble digne de ce nom. Il se sentait un peu déçu, cependant, Cale força un sourire à Antonio avant de sortir de la salle de réception des invités.
Il avait pratiquement terminé ses tâches de la journée.
Cependant, il lui restait encore une tâche à accomplir.
Mais c’était pour demain. Il ne pourrait pas la faire avant minuit.
La plus grande chambre d’amis. Cale s’appuya sur le lit confortable et regarda l’appareil de communication vidéo.
– Je l’ai connecté !
Wiiiiiiiiiiing.
L’écran s’alluma et Raon s’envola vers le coin où On et Hong étaient assis. Il y avait beaucoup de nourriture devant les trois enfants.
Cale observa Raon qui mâchait tranquillement de la viande avant de tourner son regard vers l’écran.
– Jeune maître Cale.
Il était naturellement en train de parler au prince héritier Alberu.
Sa dernière tâche consistait à faire un rapport au prince héritier. Il était toujours nécessaire de faire un rapport après avoir créé un désordre.
Le prince héritier Alberu fronçait les sourcils.
Cale comprit qu’Alberu trouverait irrespectueux qu’il s’appuie sur le lit. Qui ne serait pas fâché de voir quelqu’un se détendre sur un lit alors qu’il avait travaillé frénétiquement jusqu’à présent ?
Cale, qui s’était rempli l’estomac de nourriture, se sentait mal pour Alberu.
C’est pourquoi il commença à parler en premier.
« Votre Altesse… »
Mais Alberu lui coupa la parole. Alberu fronçait les sourcils en commençant à parler, presque à l’agonie.
– Tu n’es vraiment pas l’étoile du royaume, mais la lumière du royaume.
‘…Qu’est-ce que…’
L’expression de Cale se raidit.
Alberu s’en moqua et utilisa sa langue pour la première fois depuis longtemps.
– Avec une lumière comme la tienne, notre royaume de Roan n’a même pas peur de l’obscurité. Tu n’es pas seulement une étoile, mais l’étoile la plus brillante de notre royaume.
‘…Pourquoi agit-il ainsi ?’
Il commençait à s’agacer, même s’il était rassasié et détendu.
« Votre Altesse, dois-je m’asseoir ? »
Cale essaya d’arrêter de s’appuyer sur le lit et de s’asseoir.
– Non, ce n’est pas nécessaire. J’en ai entendu parler.
Alberu ne semblait plus souffrir et il se mit à sourire. On aurait pu croire qu’il était en train de profiter d’un beau champ de fleurs ou quelque chose comme ça.
Pourtant, Alberu avait l’impression d’être dans un endroit encore plus beau qu’un champ de fleurs.
– Tu as craché du sang et failli t’évanouir en essayant de capturer des trafiquants d’êtres humains sur le territoire de Gyerre ?
« …C’est en partie vrai. »
Il n’avait pas craché du sang et n’avait pas failli s’évanouir.
– Tu as fait preuve d’un grand charisme pour capturer les trafiquants d’êtres humains, détruire leurs bâtiments avec le bouclier argenté et sauver les citoyens emprisonnés ?
« …Je suppose que oui… »
C’était effectivement ce qui s’était passé.
Cependant, il semble que ce soit un peu exagéré.
– Tu as fait semblant d’être ivre et as observé les trafiquants d’êtres humains à travers la fenêtre d’un restaurant avant de les affronter en toute confiance avec un seul chevalier à tes côtés ?
« …Pourriez-vous arrêter, s’il vous plaît ? »
Cale commença à froncer les sourcils tandis qu’Alberu se mit à sourire. Alberu semblait se sentir bien, même si son visage semblait fatigué.
Cale réalisa alors qu’il n’était pas nécessaire d’entrer dans les détails de l’événement d’aujourd’hui avec Alberu.
« Il semble que vous ayez déjà entendu parler de la plupart des événements, votre altesse. »
Il savait que l’un des informateurs de la couronne se trouvait sur le territoire de Gyerre.
Le prince héritier était une personne méticuleuse après tout.
Cependant, il ne s’attendait pas à ce qu’il reçoive autant d’informations aussi rapidement.
– Oui. Mon informateur m’a parlé des rumeurs qui se répandent sur le territoire.
La version exagérée dont Alberu avait parlé était celle qui se répandait rapidement dans le territoire de Gyerre. Le Domaine du Duc n’avait aucun moyen d’empêcher les rumeurs de se propager.
Alberu en était arrivé à une conclusion après avoir entendu les rumeurs.
– Un bon taré.
Alberu n’appréciait pas de voir Cale sourire à ses paroles.
Les autres informations qu’il avait reçues disaient qu’il n’avait pas craché beaucoup de sang, mais qu’il n’en restait qu’un peu.
C’était donc pour cela qu’il s’était allongé pour récupérer.
Il aurait ensuite pu se reposer et lui faire son rapport au matin, mais il était inutilement convenable et avait attendu minuit passé pour le faire.
C’était pour cela qu’Alberu trouvait que Cale était le plus facile à travailler, même s’il ne l’aimait pas.
C’était parce que Cale lui ressemblait.
– Qu’est-ce que tu dois rapporter ?
Il n’était pas du genre cruel à s’en prendre à une personne en voie de guérison. De plus, ce bâtard était celui qui irait bientôt à la salle des ventes du Royaume de Caro à sa place.
« Ce n’est qu’un bref rapport. Je vous enverrai bientôt les documents, mais la guilde marchande qui a commercé avec la maison Chryshi est de l’Empire, et il y a aussi des preuves que la maison Chryshi a engagé une guilde d’assassins pour kidnapper un enfant dans le passé. »
Alberu sentit soudain venir un mal de tête.
– C’est un rapport court ?
« Oui, votre Altesse. La maison Gyerre vous contactera bientôt. J’ai mis la chaîne sur eux pour que vous puissiez les utiliser à votre guise. »
– …Je me sens soudain fatigué.
Cale pouvait voir qu’Alberu débordait d’énergie, contrairement à ce qu’il avait dit. En y réfléchissant, le prince héritier semblait être le plus heureux lorsqu’il pouvait utiliser les gens à son avantage.
– Je vais m’accrocher fermement aux chaînes.
« Oui, votre Altesse. Je suis sûr que la sage étoile de notre royaume sera capable de gérer correctement tous les problèmes qui se présenteront. »
Cale se sentit bizarre après avoir terminé sa phrase. Il comprit bientôt pourquoi il se sentait ainsi.
C’était parce qu’Alberu n’avait pas raccroché alors qu’il avait fini son rapport et qu’il avait commencé à le flatter. Cale se raidit en se demandant si Alberu avait encore quelque chose à dire.
‘Il va me mettre au travail ?’
La satisfaction qu’il avait ressentie en confiant la question du territoire de Gyerre au prince héritier disparut lentement.
C’est alors qu’il entendit la voix d’Alberu.
– Dors bien.
Clic.
Alberu raccrocha.
Le prince héritier avait l’air d’être forcé de manger quelque chose qu’il n’aimait pas lorsqu’il raccrocha.
‘Quelque chose ne va pas.’
Cale repoussa rapidement l’appareil de communication vidéo.
Il adressa ensuite une demande à Raon avant de s’allonger.
« Raon.
– Qu’y a-t-il, humain ? Dors bien comme l’a dit le prince héritier !
– Je le ferai. Ignore les appels du prince héritier pendant un moment.
– D’accord ! »
Cale regarda les pattes avant de Raon qui tiraient la couverture jusqu’à son cou avant de décider de ne plus répondre aux appels du prince héritier pendant un moment.
Il raffermit ensuite sa résolution une fois de plus.
‘Cette année, non, d’ici la fin de l’année prochaine, occupons-nous du Nord et de l’Empire pour que je puisse me détendre dans la villa.’
Cale s’endormit avec un désir aussi simple. Les enfants âgés de neuf ans en moyenne le laissèrent tranquille et bavardèrent tranquillement à côté.
« Nous n’avons vu que le désert la dernière fois que nous sommes allés au royaume de Caro ! Cette fois-ci, nous pourrons tout voir !
– J’aime vraiment voyager ! »
On termina tranquillement de manger une part de gâteau tout en écoutant ses jeunes frères discuter. Raon et Hong ne pouvaient pas cacher leur excitation à l’idée de leur prochaine destination.
« Notre maison, c’est bien, mais voyager, c’est bien aussi !
– Je suis d’accord ! C’est amusant de voyager ensemble comme ça !
– Oui ! Je suis également curieux de découvrir le continent oriental ! Voyageons partout ! Nous sommes grands et puissants, alors nous pouvons le faire ! »
Ils disaient des choses qui auraient fait s’évanouir Cale sous le choc. On jeta un coup d’œil vers Cale endormi avant de secouer la tête. Cependant, elle se taisait car elle voulait que les désirs de ses jeunes frères deviennent réalité.
Hong et Raon commencèrent à discuter de leurs projets de voyage autour du monde, tandis qu’On restait assise en silence.
Cette nuit-là, Cale fit un cauchemar.
* * *
« Jeune maître-nim, vous n’avez pas l’air bien.
– J’ai fait un cauchemar. »
Cale frissonna en se remémorant son terrible cauchemar.
Il avait rêvé qu’il voyageait à travers le monde avec plusieurs personnes ressemblant à des bagages. La Vitalité du Cœur ne pouvait pas guérir les dommages mentaux, aussi Cale était-il pâle pour la première fois depuis longtemps.
« Jeune maître-nim. »
La personne venue voir Cale commença prudemment à parler en regardant Cale pâle.
« La capitale du Royaume de Paerun était un cauchemar. »
Il s’agissait de Billos, de la guilde marchande Flynn. Il put voir Cale sourire un instant à son commentaire avant de reprendre son expression stoïque habituelle.
La ville de Bago, la capitale du Royaume de Paerun. L’endroit où se trouvait le lac des Larmes de Dieu.
Ce lac était toujours en feu et les citoyens du Royaume de Paerun parlaient de la rage ou de la volonté des dieux.
Bien que personne n’ait été blessé ou n’ait subi de dommages à cause de l’incendie, la peur et l’incertitude continuaient à se développer dans l’esprit des citoyens.
Billos était à moitié certain que le groupe de Cale était responsable de l’incendie.
« Le feu n’est toujours pas éteint ? »
La réponse de Cale lui donna une certitude totale.
Le jeune maître Cale Henituse avait encore fait quelque chose d’important !
« Jeune maître-nim, qu’avez-vous fait ?
– Pourquoi demandes-tu cela ? »
Billos commençait à être frustré par le comportement décontracté de Cale.
« Le nord est un désordre, un désordre. C’est un désordre total !
– Bien.
– Ho, mon Dieu. »
Billos soupira pour la première fois devant Cale. Cale l’ignora et monta dans la voiture.
« Billos, allons tout de suite au royaume de Caro. »
Il devait se rendre à l’hôtel des ventes afin d’acheter une personne plutôt qu’un objet.
Il devait également obtenir de l’argent au passage.