Traducteur: Ych
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Pour que tout concorde, la seule chose sur laquelle ils devaient mentir était la quantité de mana restant dans le réacteur.
Une fois que Lith fut allé à la rencontre de son invité, il fut surpris de voir que la constable Griffon était venue les voir en personne.
Non seulement parce que l’envoi d’un membre de la famille royale indiquait clairement à quel point les événements de Kulah étaient considérés comme sérieux par les hautes sphères de l’armée, mais aussi parce qu’un gendarme signifiait davantage un interrogatoire qu’un rapport.
Lith n’était pas inquiet. Phloria savait quoi dire car ils en avaient discuté lorsqu’il était allé lui rendre visite la veille, et même si Quylla était encore sur les dents sur la façon de réagir à sa nature, elle venait de lui prouver à quel point elle tenait à lui.
Le majordome conduisit Lith au salon de thé réservé aux invités de marque, où l’attendaient Jirni, Orion, Phloria et la constable. Ce n’était pas le salon de thé que la famille utilisait habituellement, son mobilier était plus formel et les sièges plus espacés entre eux.
De confortables canapés et chaises rouges rembourrés étaient disposés autour d’une table basse elliptique en chêne blanc. Un doux tapis blanc et argenté recouvrait le sol, empêchant les chaises en mouvement de faire du bruit et étouffant tous les sons que les serviteurs pouvaient faire en servant les invités afin que rien ne vienne perturber la conversation.
Le mur est était constitué d’une paroi en verre qui permettait au soleil du matin d’illuminer la pièce et de faire briller comme des joyaux les nombreux ornements argentés disséminés dans la pièce. Sur le mur ouest, il y avait une immense cheminée surmontée d’un immense miroir au cadre doré qui couvrait la majeure partie du mur.
Dame Tyris était exactement comme Lith s’en souvenait, le temps ne semblait pas avoir d’effet sur son apparence. Trouver toute la famille réunie pour le rapport était assez étrange, mais Lith espérait que c’était juste la déférence qu’une vieille lignée était censée montrer à un membre de la famille royale.
Tyris Griffon portait l’uniforme d’un constable royal et mesurait 1,76 mètre. C’était une femme d’une vingtaine d’années, ou du moins c’est ce qu’il semblait. Il y avait quelque chose en elle qui la faisait paraître jeune et ancienne à la fois.
Elle avait des cheveux dorés et brillants, tressés en une natte assez longue pour être torsadée et nouée au-dessus de sa tête, comme une couronne. Ses yeux argentés étincelaient comme des étoiles sous la lumière du soleil matinal.
La plupart des hommes trouvaient sa beauté enivrante, mais pour Lith, elle était troublante. Un tel degré de perfection dans ses formes, dans la symétrie de ses traits, était tout simplement trop beau pour être vrai.
Il lui fit une profonde révérence dès que leurs yeux se croisèrent, profitant de l’occasion pour cacher ses soupçons et arborer son habituel visage impassible. À la grande surprise de tous, dame Tyris se leva à son arrivée et lui tendit la main.
“Ranger Verhen, j’avais entendu dire que tes blessures étaient assez graves. Je suis heureuse de voir que tu te remets si bien.” dit-elle avec un sourire éblouissant.
Au moment où Lith lui serra la main, Tyris utilisa Mère-Terre, sa version de l’Invigoration, pour scanner les deux hybrides en même temps. Mogar semblait s’intéresser à Solus autant qu’elle s’intéressait à Lith, il était donc temps d’accorder au Désespoir de Menadion l’attention qu’il méritait.
L’esprit de l’hybride noir était un puzzle éclaté et incomplet, dont les pièces luttaient pour s’emboîter les unes dans les autres sans se désagréger. Certaines fissures avaient disparu, les vides entre les espaces étaient maintenant remplis par des morceaux petits mais grandissants, montrant le processus de guérison que Lith était encore en train de subir.
L’esprit de l’hybride blanc, au contraire, était entier, mais avec de multiples fissures qui semblaient avoir grandi avec le temps. Tout comme Mogar l’avait dit à ses Gardiens, la perte de mémoire de Solus couplée à l’absence de corps physique l’avait empêchée d’avoir un semblant de normalité dans sa vie et avait profondément affecté son état mental.
‘Intéressant.’ pense Tyris. ‘Son corps a encore évolué après les événements de Kulah. Sa deuxième force vitale est maintenant plus distincte et le mur qui la sépare de la force vitale humaine semble s’être aminci, contrairement à ce qui s’est passé pour mes enfants.
‘Normalement, plus un hybride se renforce, plus leurs forces vitales s’éloignent l’une de l’autre, jusqu’à ce que l’une d’entre elles doive être sacrifiée pour permettre à l’autre de s’épanouir. Dans le cas de Lith, au contraire, elles se sont rapprochées.’
‘J’ai déjà vu cela dans le passé. Cela peut signifier soit que les deux forces vitales vont s’affronter pour dominer, et dans ce cas, la vie de Lith sera en danger, soit qu’elles essaient de fusionner. Dans ce dernier cas, Mogar a raison et il serait vraiment en train de devenir sa propre espèce.
‘De plus, le noyau de Lith n’est pas un noyau déchu. Au contraire, il présente une affinité extraordinaire envers les éléments du feu et des ténèbres. Il n’y a aucun signe de déséquilibre, l’élément lumière circule également dans son corps, empêchant l’énergie du Chaos de se former et de nuire à son corps.’
‘Quant à la femme sur l’anneau, elle est vraiment unique. Elle ne possède qu’une seule force vitale, mais je peux sentir qu’elle a deux corps et deux noyaux. Le noyau de la tour fait partie de son corps, tout comme son propre noyau de mana, et ils ont été liés par des moyens que je n’ai jamais vus auparavant.’
‘Pourtant, elle n’est pas un objet maudit. Elle n’a pas été sacrifiée pour donner vie à la tour et elle n’est pas non plus asservie par elle. C’est un véritable hybride humain-artefact et la seule raison pour laquelle elle n’a pas deux forces vitales comme Lith, c’est que les objets n’ont pas de force vitale.
‘Sa condition lui permet de contrôler l’artefact de Menadion d’une manière que même le premier maître de forge royal n’aurait pu faire. Elle et la tour ne font qu’un, ce qui rend la jeune fille plus qu’humaine et moins à la fois.’
“Quylla Ernas est la seule guérisseuse de ma génération que je reconnaisse comme mon égale, et la famille Ernas m’a très bien traitée chaque fois que j’ai eu besoin d’aide.” dit Lith, appréciant la chaleur apaisante que dégageait la peau de Tyris.
La regarder dans les yeux, c’était presque comme regarder un lac placide pendant un printemps matinal. Cela le faisait se sentir en paix et le berçait presque en fixant le reflet doré du soleil sur ses iris.
Presque.
“Les Ernas sont vraiment l’un des piliers fondateurs du royaume.” Dit-elle en se retournant et en faisant une profonde révérence aux maîtres de maison. “La Couronne vous est profondément redevable et pour votre loyauté sans faille, vous avez toute notre gratitude.”
Voir un spasme nerveux involontaire sur le visage de Jirni était quelque chose d’inédit, peu importe si cela avait duré à peine une fraction de seconde. De toute évidence, la situation était aussi étrange pour eux que pour Lith.
Pourtant, pour Tyris, elle n’était pas étrange, juste nostalgique. Orion et Jirni étaient issus de deux des plus anciennes lignées, qui s’étaient établies en même temps que le royaume du griffon. Leurs ancêtres avaient été des membres fondateurs du Corps de la Reine à l’époque où Tyris était encore reine et amie chère de Valeron.
Juria Ernas et Oghrom Myrok se détestaient tellement que leurs familles avaient mis des siècles à considérer leur serment de ne jamais mélanger leurs sangs comme une simple légende, ce qui avait conduit au mariage d’Orion et de Jirni.
Se trouver dans le salon de thé des Ernas était pour elle un voyage dans le passé. Alors que le couple Ernas rappelait à Tyris ses amis perdus depuis longtemps, Lith et ses compagnons lui faisaient penser à elle-même.
Lith n’était qu’un candidat Gardien, mais elle pouvait sentir que leur lien était profond.
