Traducteur: TheCounterspell
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Presque quatre ans étaient passés, et avec le temps, beaucoup de choses avaient changés.
Il y a deux ans, alors que Lith avait encore dix ans, Rena avait atteint l’âge adulte. Elle avait alors participé au concours de la jeune fille du printemps et l’avait remporté haut la main.
Entre les vêtements du comte, le maquillage de Keyla et le traitement de beauté de Lith, elle n’avait pratiquement aucune concurrence.
Elle a rapidement commencé à fréquenter plusieurs jeunes célibataires prometteurs, avant de trouver le bon. Il s’appelait Senton, et était le fils du forgeron de Lutia.
Après s’être fréquentés pendant presque une année entière, ils étaient prêts à se marier.
Cette même année, Tista eu sa poussée de croissance à l’âge de douze ans. Elle était officiellement guérie de sa maladie congénitale et avait commencé à pratiquer la fausse magie sous la direction de Lith et de Nana.
Son noyau de mana était devenu d’un vert profond, et selon Solus, il y avait encore de la place pour qu’il grandisse au moins jusqu’au vert vif. Tista était enfin capable de sortir de la maison sans surveillance, et commençait à se faire des amis parmi les enfants des voisins.
Il était trop tard pour qu’elle essaie de s’inscrire à une Académie de magie, elle connaissait à peine les bases de la magie de corvée, mais cela ne la dérangeait pas. Après avoir été prisonnière de son propre corps pendant tant d’années, elle n’avait aucun intérêt pour les défis perpétuels.
La seule chose qu’elle voulait vraiment était de profiter de sa nouvelle vie, en essayant toutes les choses qui lui avaient été interdites auparavant. Devenir une magicienne et hériter un jour de l’entreprise de Nana était déjà au-delà de toutes ses espérances.
Même le foyer de Lith s’était profondément transformé. Entre sa magie, l’aide du comte et tout l’argent qu’il avait pu gagner, les murs étaient maintenant entièrement en pierre, seuls le sol et le toit étaient encore en bois.
Il s’était également construit une nouvelle chambre à coucher qui servait également de bureau. Lith était devenu trop vieux pour continuer à dormir avec ses sœurs et n’avait pas l’intention de s’installer avec Trion.
Il exigeait son espace personnel et son intimité, et comme c’était lui qui payait, personne ne pouvait y faire objection.
Quant à Lith lui-même, il avait profondément changé, du moins physiquement. Bien qu’il n’ait pas encore atteint l’âge de douze ans, il mesurait déjà un mètre soixante. Sa carrure fine et maigre n’était plus qu’un souvenir.
Maintenant, il avait de larges épaules, ses muscles étaient bien développés mais pas déchirés, plutôt habilement ciselés. Il ne voulait pas se faire remarquer ni porter un poids inutile, Lith n’avait pas l’intention de devenir un soldat, après tout.
Il se contentait d’une carrure loin d’être moyenne et d’un corps capable de réagir instantanément, selon sa volonté. Son noyau de mana était encore cyan, mais n’était plus si sombre, il était à mi-chemin du cyan clair qui précéderait la prochaine évolution.
Un noyau de mana à l’extrémité forte du spectre s’était avéré être beaucoup plus fort que les précédents, mais en même temps, il avait mis une charge beaucoup plus forte sur le corps de Lith. Il avait atteint un goulot d’étranglement qui ne pouvait pas être surmonté par l’entraînement ou l’étude.
Ce n’est qu’après avoir atteint sa poussée de croissance que son corps deviendrait assez fort pour lui permettre de raffiner davantage le noyau de mana. Avant cet événement, l’utilisation de l’Accumulation ne lui apporterait que de la douleur et aucun bénéfice.
(note : L’Accumulation est la technique de respiration qui permet à Lith d’absorber le mana ambient dans son noyau, le rendant plus fort à travers des cycles d’expansion et de contraction, le noyau de mana devenant plus clair à chaque cycle).
De plus, comme tous ses vêtements portaient l’écusson de la maison de l’alouette, sur l’épaule ou sur la poche de poitrine, il avait fait pleinement usage de sa nouvelle autorité en protégeant le village en l’absence de Nana. Contre rémunération, bien sûr.
Les seuls criminels qu’il éliminait gratuitement étaient ceux qui avaient une belle prime “mort ou vif” sur leur tête. Lith les livrait strictement les pieds devant.
Maintenant qu’il avait presque douze ans, le nombre de sorts et le niveau de compétence qu’il pouvait révéler avaient augmenté de façon exponentielle, puisqu’il avait officiellement plus de six ans d’entraînement magique.
Le voir voler ou chasser pour des peaux ou des primes était devenu un événement courant dans le village de Lutia. En ayant trois guérisseurs et deux protecteurs, le village ne cessait de croître en renommée, en taille et en population.
C’était seulement grâce à lui que Rena et Senton avait pu sortir ensemble. Auparavant, l’idée que le fils d’un artisan épouse la fille d’un humble fermier aurait été grotesque.
À l’intérieur, cependant, Lith avait très peu changé. Il était toujours l’homme brisé, cynique et méfiant qu’il avait toujours été, sans véritable ami ou être aimé en dehors de sa famille et de Solus.
Le fait d’avoir affaire à des criminels, de chasser les garçons prodigues qui molestaient ses sœurs et d’interagir avec les nobles, avait ancré dans son esprit l’idée que l’humanité, même dans le nouveau monde, était un fléau qu’il devait éviter.
Son seul véritable confident était Solus, et malgré toutes ses tentatives, elle n’avait pas réussi à le faire changer d’avis, même un peu.
Il était également de très mauvaise humeur.
‘Bon sang, les sorts de niveau 4 sont vraiment difficiles. J’arrive à les reproduire avec de la vraie magie, mais j’ai quand même l’impression qu’ils manquent un peu. Que je les lance avec de la vraie ou de la fausse magie, il y a toujours quelque chose qui cloche.’
« Ouais. » L’esprit de Solus hocha la tête. « Peut-être que ce n’est que mon impression, mais ce genre de sorts est censé contenir un concept profond que nous ne sommes pas capables de saisir. Peut-être que si nous avions accès à des livres de niveau 5… »
« Les “si” et les “mais” ne sont qu’une perte de temps. Qui aurait pu penser que le Comte Lark ne les achèterait pas ? Il est toujours prêt à m’envoyer à l’académie du Griffon de la Foudre, peu importe le nombre de fois où j’ai répété que je préférais être scolarisé à domicile. »
« Eh bien, tu sais combien le comte peut être têtu. De plus, de son point de vue, ne pas acheter les livres fait d’une pierre deux coups. Il économise une montagne d’or et te force à aller à l’académie en même temps. »
Pendant ces quatre années, Lith avait essayé sans relâche de convaincre le Comte qu’une Académie n’était pas bonne pour lui, allant même jusqu’à utiliser le besoin de protéger sa famille et le village comme levier.
Mais le comte était inébranlable.
« Cher Lith, tu as un besoin urgent de l’Académie, et je dis cela uniquement dans ton intérêt. Je ne peux pas insister sur l’importance d’apprendre à interagir correctement avec tes pairs et d’établir les bonnes relations.
Sans parler du fait que tu n’as aucun ami de ton âge ! Tu as besoin de te socialiser, de tomber amoureux, même. Sinon, tu deviendras un homme grincheux et cynique. »
« Je suis passé par là, je l’ai déjà dit. » Gloussa Solus
« Ne t’inquiète pas non plus pour ta famille. Dès que tu t’inscriras, ils obtiendront un nouveau statut, et jusqu’à l’obtention de ton diplôme, l’Association magique s’occupera personnellement d’eux. À ce moment-là, même le fou le plus téméraire ne tentera pas quelque chose de drôle. »
Lith était à court d’excuses, et ne pouvait pas lui dire la vérité.
Il en avait assez d’être méprisé par les nobles et les marchands étrangers, et même le recours à la violence ou à l’intimidation après un certain temps avait perdu beaucoup de son lustre.
Lith voulait simplement qu’on le laisse en paix et qu’on le traite avec respect, comme tout être humain normal.
Il ne savait pas combien de temps il pourrait subir le mépris et les abus de ses soi-disant “pairs” à l’Académie, avant de leur enfoncer leur attitude hautaine dans la gorge, après avoir fait un détour par leurs culs.
L’idée de ne pas pouvoir pratiquer la vraie magie, la magie spirituelle et la magie de fusion suffisait à lui donner un gros mal de tête. Dans une Académie, il serait estropié, perdant tous ses avantages pour ne pas griller sa couverture.
C’était une situation perdant-perdant.
L’humeur de Lith était encore plus mauvaise à l’idée que Rena quitte la maison. Après ce qui était arrivé à Carl, il avait développé un besoin obsessionnel-compulsif de savoir où chacun se trouvait à tout moment.
Il avait besoin de sentir que tout était sous son contrôle pour être en paix avec lui-même.
« Si tu les aimes vraiment, tu dois les laisser partir. » A essayé de le consoler Solus.
« Après tout, Académie ou pas, quand tu atteindras seize ans et que tu quitteras la maison, que feras-tu ? Les empailler et les stocker dans la dimension de poche ? Il faut que tu apprennes à lâcher prise et à te concentrer sur ce qui est vraiment important pour toi.
Si tu voulais vraiment en faire tes marionnettes, tu n’aurais pas guéri Tista. Sa maladie était la laisse parfaite, mais tu a choisi de la libérer. Ils ne sont pas Carl. Le monde entier n’est pas rempli d’ordures comme celui qui l’a tué. »
L’esprit de Lith reconnu la vérité dans ses mots, mais son cœur refusait de l’admettre. Il continuait à crier intérieurement “J’emmerde le monde ! Ils sont à moi ! A moi ! A moi !”
« C’est ce que ressent un père quand ses enfants quittent le nid ? »
Il ne put s’empêcher de remarquer que même Raaz, malgré tous les sourires et le bonheur qu’il affichait, était en fait assez déprimé de perdre sa fille aînée.
« Si je suis comme ça avec les adultes, j’ai peur de découvrir ce que je deviendrais si des enfants étaient impliqués. Il semble que je sois destiné à être célibataire pour la vie. »
Maintenant que Lith avait onze ans et demi, il avait atteint l’âge minimum requis pour postuler à une bourse d’études à l’académie du Griffon de l’Éclair.
Le comte Lark l’attendait dans son manoir, d’où ils se rendraient à destination en diligence. Selon le comte, il était strictement interdit de voler à proximité de tout bâtiment appartenant à l’Association des Mages.
Même pour se rendre à proximité, il fallait un laissez-passer spécial et avoir pris rendez-vous par les voies appropriées.
L’académie n’était pas si loin, mais utiliser une diligence impliquait plusieurs heures d’ennui. En regardant par la fenêtre, Lith ne pouvait qu’espérer que toutes ces années de préparation et d’auto-sabotage porteraient leurs fruits.
Être accepté dans une telle institution, loin de chez lui, serait le début de son pire cauchemar.
Mais nous on veut te voir à lacadémie.:》