Traducteur: TheCounterspell
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La simple réponse de Lith fit fondre en larmes le paysan. Au cours des siècles passés, l’homme avait fait tout ce qu’il pouvait imaginer pour échapper au cauchemar qu’était sa vie. Il avait tenté de creuser sous la barrière, de la briser, et s’était tué de toutes les manières qu’il avait pu concevoir et mettre en pratique.
Mais le seul résultat était de se réveiller le jour où le Haut Seigneur serait activé, qu’il meure à cause de la pluie noire ou de ses propres mains. Au début, il avait placé ses espoirs dans les clercs du Grand Soleil.
Ils étaient les mages les plus puissants de toute la nation de Belamd, dont Kaduria était la capitale. Ils avaient pardonné au Grand Seigneur de protéger le royaume contre les forces d’invasion venues du nord.
Ils avaient créé le problème, ils étaient censés le résoudre. Le temps était la seule chose dont les Kaduriens ne manquaient pas. Ce n’est que quelques années plus tard que les clercs ont avoué avoir perdu leurs pouvoirs magiques.
Cette révélation a conduit à l’ère de la folie. Elle dura des décennies et se termina non pas parce que les gens avaient retrouvé l’espoir dans leur cœur, mais parce que rien de ce qu’ils faisaient ne collait. Leurs actions, bonnes ou mauvaises, n’avaient aucune importance.
Tout serait remis à zéro au prochain cycle. L’impossibilité de changer le moindre détail de leur vie leur faisait perdre toute envie d’agir.
Ensuite, le fermier avait mis sa foi dans les mystérieux étrangers qui venaient de temps en temps, mais cela aussi s’est avéré être une chimère. Les étrangers ne pouvaient ou ne voulaient pas communiquer et leurs actions étaient toujours violentes.
Ils ignoraient le fermier ou le tuaient sur place sans dire un mot. En discutant avec d’autres personnes, l’homme avait appris que les étrangers se livraient à des massacres pendant plusieurs cycles avant de partir.
Certains Kaduriens considéraient les étrangers comme des démons, qui venaient semer le trouble et tenter de voler le Grand Seigneur. D’autres les considéraient comme la seule preuve qu’ils étaient encore en vie et qu’ils n’étaient pas prisonniers d’un cauchemar éternel.
Pour certains, comme le fermier en pleurs, ils étaient la dernière lueur d’espoir qui leur restait. Les étrangers avaient encore leur magie, leurs visages et leur langage changeaient toujours. Ils étaient la seule variable qui restait dans une vie par ailleurs immuable.
Les paroles de Lith touchèrent le fermier parce que c’était la première conversation qu’il avait depuis plus de 700 ans avec quelqu’un du monde extérieur. Quelqu’un dont l’homme n’avait aucune idée de l’identité ou des réponses qu’il pouvait apporter.
Même si ce n’était que pour une seconde, le fermier avait l’impression que la roue du temps s’était remise à tourner pour lui.
“Vous allez bien ?” Lith fut surpris par les cris de joie soudains. Il s’apprêtait à utiliser Invigoration pour vérifier l’état de santé du Kadurien lorsqu’il se souvint des paroles de Kamila concernant la magie de guérison qui était mortelle pour les citoyens de la cité perdue.
“Oui, je vais très bien, merci.” L’homme essuya ses larmes. Il ne voulait pas perdre une seule seconde du miracle qui s’offrait à lui.
“Êtes-vous ici pour nous aider ? Pouvez-vous faire tomber la barrière et nous libérer ?” demanda-t-il d’une voix tremblante.
“Même si je voulais vous aider, je ne sais pas comment”. La capacité à comprendre le kadurien ouvrait de nouvelles possibilités, mais Lith ne savait pas si cela valait la peine de les explorer plutôt que d’en finir et de reprendre son voyage.
“Quant à la barrière, elle n’est pas là pour vous garder prisonniers mais pour empêcher l’Étoile Noire de répandre son fléau. Je suis désolé.” Lith s’attendait à ce que l’homme devienne furieux ou se remette à pleurer.
“C’est logique.” Soupira l’homme. “Le Grand Seigneur, ou l’Étoile Noire comme vous l’appelez, a été conçu pour préserver la vie des Kaduriens à tout prix et pour déchaîner la fureur du Grand Soleil, notre dieu, sur nos ennemis.
“Je me demande encore si quelque chose a mal fonctionné ou si ces clercs idiots n’ont pas pris la peine d’enseigner à cette maudite chose la différence entre ami et ennemi. Ses plans sont remplis de puissantes capacités, mais je ne me souviens pas d’une seule ligne expliquant comment les contrôler.”
Lith ne savait pas s’il devait être plus surpris par le sang froid de l’homme ou par ses connaissances sur l’Étoile Noire.
“Je suis désolé, vous venez de dire que vous avez travaillé sur l’Étoile Noire ? Quel était votre rôle exactement ?”
Le fermier rit à gorge déployée pour la première fois depuis plus de 300 ans.
“Est-ce que j’ai l’air d’un ecclésiastique ? Bien sûr, je n’ai pas participé à sa création. J’ai simplement lu tout ce qu’il y avait à lire pour passer le temps. Il n’y a plus de secrets à Kaduria. Personne ne se soucie de les protéger. Ce serait une folie, comme tout le reste.”
“Je ne peux rien vous promettre, mais si vous m’expliquez comment fonctionne l’artefact, je pourrai peut-être faire quelque chose pour vous.” Lith sentait que la chance tournait enfin. Il avait trouvé une mine d’or.
Il allait apprendre des informations précieuses qu’il pourrait échanger à sa guise avec le Royaume du Griffon et se rapprocher d’une solution à son problème de réincarnation. D’une pierre deux coups.
“Je suis désolé. Je les ai étudiés il y a des décennies et sans pouvoir pratiquer la magie, j’ai presque tout oublié. ” Se désola le fermier. “Je peux vous montrer les plans, cependant. Ils sont faciles à trouver, si vous savez où chercher. Je m’appelle Redan.”
Redan joignit les paumes de ses mains et fit une petite révérence à Lith.
“Je m’appelle Linjos.” Répondit Lith sans hésiter.
‘Je ne sais pas si ce type agit vraiment de son plein gré ou s’il est contrôlé par l’objet maudit. Si j’utilise mon vrai nom, je laisse une trace derrière moi. Quelqu’un d’autre pourrait faire ce que j’ai fait et parler à Redan.’
‘Puisque je suis obligé de laisser des traces, dans le pire des cas, mon défunt directeur ne pourras pas en essuyer les pots cassés.’
“Où sont les plans ?”
“Dans les quartiers personnels du grand clerc Meru, à l’intérieur du château.”
‘Ne t’inquiètes pas.’ dit Solus en sentant la réticence de Lith à s’approcher de l’artefact en colère.
‘Même d’aussi près, je ne vois pas de lien de mana entre Redan et l’Étoile noire. L’objet maudit est à son plus faible niveau en ce moment. Le cycle de lumière vient de commencer et à cause de notre interférence, la barrière est bien plus forte qu’avant.’
‘Elle bloque la majeure partie de l’énergie du geyser de mana. Si l’Étoile noire se concentre sur nous au lieu de collecter de l’énergie, sa prochaine attaque sera trop faible pour entamer la barrière. Dans ce cas, il faudra des années à l’objet maudit pour retrouver sa force.’
‘C’est bon à savoir. Si Redan dit la vérité, j’obtiendrai des connaissances inestimables. S’il ment, une simple Marche Warp me permettra de retourner à la barrière et l’Étoile Noire sera tellement affaiblie qu’il ne sera plus nécessaire de retourner dans cet enfer. Je n’ai pas grand-chose à perdre.’ Raisonna Lith.
“Allons-y. Nous n’avons pas de temps à perdre.” dit-il.
“On ne peut pas entrer dans la ville habillé comme ça”. Lui fit remarquer Redan. “Il y a encore beaucoup de fanatiques qui considèrent les étrangers comme des ennemis. Laissez-moi vous prêter des vêtements.”
