Supreme Magus Chapitre 255

La croisée des chemins (Partie 1)

Traducteur: TheCounterspell
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“Madame, à quoi dois-je le plaisir de cette appel ?” Lith s’inclina. Non seulement Mirim Distar était son sponsor à l’académie du Griffon Blanc, mais elle était aussi son plus puissant soutien.

“Tout d’abord, je tiens à vous féliciter. Le rang que vous avez atteint apporte un grand prestige à nos deux foyers et met un terme à tous ceux qui voulaient me poursuivre pour avoir poussé Linjos à accepter votre candidature.”

“Je suis désolée de vous avoir causé tant d’ennuis.” Lith s’inclina à nouveau, conscient du sens de ses paroles. La Marquise était une femme occupée, elle ne l’aurait jamais appelé pour échanger des politesses.

Il s’agissait d’un appel professionnel et elle rappelait à Lith combien il lui devait avant de lui demander une faveur.

“Ne le soyez pas.” Elle balaya ses excuses d’un geste de la main, surprenant quelque peu Lith.

“La politique fonctionne comme ça. Si vous ne pouvez pas attaquer les actions de quelqu’un, alors vous attaquez sa réputation. Souvenez-vous bien de cela, une fois que vous vous serez fait des ennemis puissants, ils vous critiqueront quoi que vous fassiez.”

“C’est une chose à laquelle vous devez vous habituer, si vous décidez un jour de rejoindre l’arène politique.”

“Merci de vous inquiéter, mais ce n’est pas mon intention. J’ai l’intention de consacrer ma vie à la magie et à la recherche magique. La richesse et le statut ne sont pour moi qu’un moyen de parvenir à mes fins. Je pense que le marquisat est déjà entre de bonnes mains.”

Lith avait choisi ses mots avec soin. Le jeu de la Marquise n’étant pas encore clair pour lui, il décida de préciser qu’il n’avait aucune envie de devenir l’un de ses concurrents. Une fois devenu mage, Lith recevrait un nom de famille et un titre de noblesse.

Mais s’il n’acceptait pas pour autant le rôle et les responsabilités qu’impliquait le fait de gouverner ses terres, il ne deviendrait pas un vrai noble. Son titre serait simplement nominal, lui conférant un statut et une autorité sur les nobles de moindre importance, mais pas de richesse ni de rente.

De nombreux professeurs de l’académie avaient choisi ce genre de vie, servant leur pays grâce à leur magie plutôt qu’en tant que seigneurs féodaux.

“Merci pour vos aimables paroles.” La marquise hocha la tête en signe d’approbation.

“Passons maintenant aux choses sérieuses. Si je vous ai appelé, c’est pour vous informer des progrès que nous avons faits avec la boîte scellée et le message codé que vous m’avez remis. Malheureusement, malgré d’innombrables heures d’études, mes maîtres Forgeur n’ont pas réussi à l’ouvrir. Elle a explosé, laissant derrière elle peu d’indices. Si seulement nous en avions eu plus d’une, les choses auraient pu être différentes”. Elle soupira.

“Le contenu que nous avons réussi à récupérer correspond à votre hypothèse. Il contenait de nombreux outils alchimiques qui auraient pu être utilisés pour synthétiser et transporter la toxine. Il contenait aussi des objets enchantés, mais l’explosion les a détruits, ne laissant rien que nous puissions identifier.”

‘Bon sang de bonsoir ! Je le sais déjà.’ pensa Lith. ‘Si seulement j’avais une bonne excuse pour lui fournir quelques-unes des babioles inutiles que j’ai trouvées, je pourrais comprendre la situation dans son ensemble. Dommage qu’il n’y ait aucun moyen d’expliquer mon stock de boîtes.’

“Le bon côté des choses, c’est que nous avons enfin réussi à déchiffrer le message.” Poursuivit la marquise.

“Il contenait une série d’instructions et de noms. Les instructions expliquent le moment et le dosage de la toxine, ce qui, à ce stade, n’est pas une information pertinente. Les noms, en revanche, sont très intéressants. Ils appartiennent à la fois à des membres du personnel de l’académie et à des étudiants.”

“Nous savons, grâce à l’enquête des gendarmes royaux, que seule une partie du personnel de l’académie a été impliquée dans le projet d’empoisonnement. Les autres ont simplement été approchés et jugés inaptes à être recrutés en raison de leur loyauté envers le Royaume ou simplement de leur lâcheté.”

“Le problème est que nous ne pouvons pas interroger les étudiants comme nous l’avons fait pour le personnel. Accuser de trahison les jeunes héritiers de familles nobles reviendrait à impliquer toute la lignée. C’est plus complexe qu’une toile d’araignée.”

“Un seul faux pas sans preuve tangible pourrait faire dégénérer les choses, surtout si les enfants sont en fait innocents. Le simple fait d’être soupçonné publiquement de haute trahison signifierait que les foyers perdraient leur réputation, ce qui bouleverserait l’équilibre des pouvoirs au sein de la Cour.”

“Comme je vous l’ai dit plus tôt, dans l’arène politique, il ne suffit pas d’être innocent, il faut aussi paraître innocent. Le moindre soupçon peut vous rendre persona non grata dans les bons milieux, sans parler de vos relations d’affaires avec les autres nobles ou la Couronne.”

“Il peut transformer une famille en pleine ascension en une famille en déclin. La Couronne ne peut se permettre de perdre ne serait-ce qu’un seul allié, c’est pourquoi j’ai imaginé une méthode peu orthodoxe pour poursuivre l’enquête…”

***

Maison Deirus. Après la fermeture de l’académie.

Yurial Deirus vivait les moments les plus difficiles de sa vie, à tel point qu’il se souvenait souvent avec nostalgie de l’attaque de Balkor. Au moins, à l’époque, il avait des amis et des ennemis. Une zone de sécurité et une zone de danger. Tout était parfaitement noir et blanc.

Aujourd’hui, tout son monde était en nuances de gris, si proches les unes des autres que la seule façon de distinguer la merde du chocolat, c’est à l’odeur. Ses parents et ses futurs beaux-parents l’exhibaient presque quotidiennement lors d’événements sociaux et de fêtes, obligeant Yurial à toujours garder son uniforme et le pin’s doré.

Cette situation lui causait un stress énorme, car il était obligé de passer beaucoup de temps avec Libea, sa future femme, tout en faisant semblant d’apprécier sa compagnie. Plus Yurial la connaissait, plus il se surprenait à réfléchir à la suggestion de Lith, selon laquelle il serait facile de faire en sorte qu’elle tombe accidentellement d’une fenêtre.

Aussi, chaque fois que quelqu’un le complimentait pour sa réussite, Yurial priait les dieux de le faire disparaître ou d’abréger ses souffrances, selon ce qu’ils trouvaient le plus pratique.

La ruse de Linjos avec les classements était comme un couteau empoisonné dans son cœur. À chaque cadeau et félicitation qu’il recevait pour sa position imméritée, son état s’aggravait.

En deux mois, il avait à peine eu le temps de toucher un seul livre de sorts. Yurial se sentait comme une bête exotique, personne ne s’intéressait à ce qu’il pensait ou avait à dire, seulement à l’épingle d’or en forme de griffon.

Pour éviter une nouvelle rechute dans son addiction aux tranquillisants, l’Archimage Deirus, son père, lui avait assigné un assistant personnel dont la seule tâche était de s’assurer que Yurial resterait abstinent.

Le père de Yurial avait choisi pour lui une jeune femme éblouissante, afin qu’elle ne le laisse jamais seul, même la nuit. Pourtant, les soins et l’attention qu’elle lui prodiguait ne faisaient que contribuer à donner à Yurial l’impression d’être une marionnette.

‘Ni mon père ni la famille de Libea ne me font confiance. Si c’est comme ça que je vais vivre ma vie après avoir obtenu mon diplôme, alors je préfère échouer. Je n’ai pas mon mot à dire sur ce que je fais, où je vais, ni même avec qui je passe mes nuits. À quoi bon être un mage puissant si je ne suis qu’un spectateur de ma propre vie ?’

La seule lueur d’espoir dans sa situation actuelle était que la famille Ernas assistait à la plupart des événements auxquels il était contraint de participer, ce qui lui permettait de passer un peu de temps avec ses amis.

Lith et lui s’appelaient de temps à autre grâce à l’amulette de communication. Chaque fois que Lith lui racontait sa petite vie à la campagne, Yurial ne pouvait s’empêcher de souhaiter que leurs rôles soient inversés.

À ses yeux, la vie de Lith était parfaite, avec une famille aimante, aucune responsabilité et un avenir radieux, tandis que la sienne ressemblait davantage à une forme élaborée de torture chaque jour qui passait.


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