Supreme Magus Chapitre 179

Traducteur: TheCounterspell
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Manoir d’Ernas, la veille

L’Archimage Deirus et Orion commençaient à s’inquiéter sérieusement. La moitié de la pause de l’académie était presque terminée, mais Friya et Yurial ne faisaient qu’empirer. Yurial sortait rarement de sa chambre et refusait presque de manger.

Avant chaque repas, Yurial devait prendre un sédatif fade, sinon il vomissait immédiatement. Il avait besoin d’une potion pour dormir, d’une autre pour se réveiller et de beaucoup d’autres pour ne pas sursauter à chaque bruit qu’il entendait.

Friya, d’un autre côté, était agitée. Elle dormait à peine, concentrant toute son énergie sur l’entraînement sans se soucier de son propre corps. Friya fronçait constamment les sourcils et pendant ses séances d’entrainement, elle blessait souvent ses partenaires en lançant chaque attaque comme si sa vie était en jeu.

Elle tombait facilement dans la frénésie et seul Orion pouvait l’empêcher de faire quelque chose qu’elle aurait regretté plus tard. Le pire, c’est qu’elle ne montrait aucun remords après coup, reprochant à son adversaire d’être faible.

“S’ils ne sont même pas capables d’égaler un jeune de quinze ans, ils devraient arrêter de s’appeler praticiens de l’épée et consacrer leur vie au tricot.” C’était ce qu’elle disait à chaque fois, rendant Jirni fier et Orion frustré.

Après avoir changé de tenue de nuit, Phloria avait récupéré très rapidement, mais dès que quelqu’un lui demandait pourquoi et comment, elle devenait rouge comme la braise et refusait de répondre. Dans son cas, la nouvelle honte avait chassé l’ancienne.

Quylla s’était complètement remise toute seule, mais elle était profondément inquiète pour Friya, qui était en train de se transformer en quelqu’un que Quylla avait du mal à reconnaître comme la fille gentille et attentionnée qu’elle aimait tant.

“Connard de Linjos et ses idées idiotes.” Velan Deirus envisageait de suivre l’exemple d’Orion et de provoquer le directeur en duel.

“Il a transformé mon pauvre fils en larve et pour ajouter l’insulte à la blessure, son groupe était le seul à faire face à cette épreuve. Si seulement ils avaient atteint la sortie en deuxième, c’aurait été le problème de quelqu’un d’autre.” Soupira t-il.

“C’est en partie ma faute aussi. Après que tous ses frères et sœurs aient grandi comme des enfants gâtés prodigues, j’avais tellement peur d’être à nouveau blessé que j’ai toujours gardé mes distances. Toutes ces années, j’ai été tellement occupé par mes intrigues et mes expériences que je n’ai jamais établi une véritable relation père-fils avec lui, plutôt maître-apprenti.

Maintenant, il ne me voit pas comme un parent inquiet, mais comme un professeur déçu, et mes paroles ne peuvent donc pas l’atteindre.

Si Yurial ne parvient pas à s’en sortir, sa carrière sera pratiquement terminée.”

Orion versa une liqueur ambrée dans deux verres, puis en offrit un à son compagnon d’infortune. C’est l’équivalent du whisky dans le nouveau monde.

“J’ai le même problème que toi. J’ai réussi à prendre Friya au dépourvu juste après l’examen et elle s’est ouverte. Mais maintenant, elle refuse de m’écouter, c’est comme si je parlait à un mur. Si je la renvoie à l’académie, elle sera certainement expulsée à cause de son comportement violent.

Elle ne me fait pas assez confiance pour partager son fardeau avec moi et je ne peux pas lui en vouloir pour cela. J’étais tellement occupée par mon devoir que même les rares fois où j’étais à la maison, j’ai juste vérifié que Jirni ne dépassait pas les bornes et je suis partie sans même dire au revoir.

Avec le recul, laisser autant d’espace personnel à mes nouvelles filles était une erreur. C’est devenu un fossé que je ne sais pas comment franchir. C’est pourquoi je pensais demander de l’aide à leurs amis.”

“Quel ami ? Tu parles du liche ?” Velan a retroussé sa lèvre supérieure avec dégoût.

“Quelle liche ?” Orion a presque sauté de sa chaise en entendant ce mot. Les liches étaient les Rois et Empereurs des morts-vivants. Des mages qui avaient sacrifié leur humanité en échange d’une vie infinie, leur permettant d’amasser un savoir et un pouvoir infinis.

“Tu devrais vraiment travailler moins et assister davantage aux événements sociaux. C’est ainsi que le petit Lith de Lutia est connu parmi la noblesse.” Velan a expliqué avec un regard inquiet.

“Il est apparu de nulle part, avec un bagage de connaissances et d’expériences ridicule pour quelqu’un de son âge. Certains de mes amis qui ont travaillé avec lui pendant la peste, ont rapporté qu’il est un tueur impitoyable capable d’intimider même les vétérans et a fait preuve d’une maîtrise terrifiante de la magie noire, d’où son surnom.

Je pense que votre femme pourrait se prendre d’affection pour lui.” Cette simple pensée a donné un frisson à Orion.

“J’ai vérifié ses antécédents, mais il n’a jamais signalé quelque chose d’aussi extrême. Néanmoins, je sais par expérience que les soldats traumatisés ont plus de facilité à s’ouvrir à leurs compagnons. Peut-être qu’ils l’écouteront.”

N’ayant plus d’autre option, Orion utilisa son laissez-passer royal pour accéder depuis la Porte personnelle de la maison Ernas à la branche de l’Association des Mages située à Derios, la capitale du Marquisat où vivait Lith.

Ne connaissant pas la région, il était obligé de voler et de demander des indications de temps en temps. Quand il est arrivé à la maison de Lith, Orion a été agréablement surpris par celle-ci. C’était un chalet plus petit que celui qu’il avait attribué à ses jardiniers, mais il était en bien meilleur état.

La maison avait clairement été rénovée plusieurs fois au cours des années, elle ne ressemblait pas à la maison d’un fermier, mais plutôt au nid d’amour confortable d’un petit noble. Les murs étaient entièrement faits de pierre au lieu de bois, et le toit en pente était couvert de tuiles de haute qualité.

– ” Le garçon a dû dépenser pas mal pour les matériaux et la main d’œuvre. Quelqu’un qui prend soin de sa famille comme ça ne peut pas être aussi mauvais que Velan l’a dit. Sauf si c’est Jirni.”

Orion rit de sa propre blague, attirant l’attention d’Elina.

“Mon bon monsieur, êtes-vous perdu ? Il n’y a rien ici pour un noble comme vous.”

La femme en face de lui était éblouissante. Elle devait avoir une vingtaine d’années, mesurait environ 1 mètre 62 et avait de longs cheveux en omoplates d’un beau brun clair dont les nuances rousses dansaient sous le soleil couchant comme un feu de forêt.

Elle avait des proportions si fines et un sourire si aimable qu’un homme de moindre importance aurait été tenté de flirter avec elle malgré les circonstances désastreuses.

– “Si je n’étais pas déjà marié à la femme la plus belle et la plus aimante du royaume et si ma fille n’avait pas besoin d’aide, j’aurais peut-être courtisé la sœur de Lith… Attends, c’est quoi ça ?”.

Le contraste entre la voix douce d’Elina et le long bâton noir qu’elle tenait rendait la chose encore plus sinistre. A en juger par le nombre de runes jaunes gravées sur sa surface et son bourdonnement, Orion a déterminé qu’il devait s’agir d’une sorte d’arme lumineuse.

– La conception est si grossière et amateur qu’elle laisse l’élément de surprise, mais je parie qu’elle a un sacré punch et à cette distance, l’esquive n’est pas une option. Si Lith a fait cette chose, Velan pourrait avoir raison…

“Il n’y a pas besoin de violence, madame. Je ne veux pas faire de mal.”

Elina a émis le plus mignon des gloussements en couvrant sa bouche de sa main, mais n’a jamais baissé le bâton de son invité inattendu.

“Je suis désolée, mais je ne fais confiance à un noble que dans la mesure où je peux le lancer. Que faites-vous ici ?”

“Je suis Orion Ernas, le père des camarades de classe de Lith. J’ai besoin de son aide pour le bien d’une de mes filles.”

“Avez-vous des preuves de ce que vous dites ?” Sa main tremble un peu.

“Je suis désolé ?” Orion était sidéré.

“Mon fils est assez célèbre par ici. Tout le monde sait qu’il va à l’académie, donc tout le monde peut dire qu’il le connaît. Si vous ne pouvez pas prouver votre affirmation, je dois vous demander de partir.”

“Votre fils ? Vous n’êtes pas sa soeur ?”

Le sourire d’Elina a disparu.

“La flatterie ne vous donnera pas ma confiance. Je ne veux pas utiliser cette chose mais je suis prête à le faire !”

Ses tremblements se sont intensifiés, mais Orion connaissait ce regard. Elle ne bluffait pas. Heureusement que Phloria lui avait parlé de sa rencontre avec les parents de Lith, il n’avait qu’à appeler sa fille pour qu’elle se porte garante de lui.

“Désolé pour tout à l’heure.” Après avoir parlé avec Phloria, Elina est redevenue normale.

“Mais après qu’un noble ait essayé de tuer mon fils, je ne fais plus confiance aux étrangers, quel que soit leur statut social. Lith devrait être de retour dans un moment.”

La maison était un petit miracle de magie, ce qui ne faisait que renforcer les craintes d’Orion. L’air n’avait pas l’humidité et la chaleur de l’été.

La cheminée était vide, pourtant la pièce était parfaitement éclairée par quelques petits récipients en verre émettant une lumière chaude et aucun insecte ou moustique ne le harcelait une fois qu’il avait mis les pieds à l’intérieur.

Lith avait utilisé la Forge pour recréer des climatiseurs, des ampoules et des insecticides en concevant de petites pierres élémentaires respectivement d’attribut eau, lumière et obscurité. Il s’agissait d’une version réduite des anneaux magiques, qui ne pouvaient stocker que les premiers sorts et devaient être rechargés souvent.

Orion et Elina parlaient de leurs enfants respectifs, partageant anecdotes et souvenirs heureux jusqu’à l’arrivée de Lith. Le jeune homme ressemblait à un mineur abattu ayant échappé de justesse à l’effondrement d’un tunnel, il était entièrement recouvert de poussière et de débris.

Après qu’Elina ait présenté Orion, Lith s’est immédiatement nettoyé avec un sort avant de lui faire une profonde révérence.

“Duc Ernas, j’ai beaucoup entendu parler de vous. C’est un plaisir de faire enfin votre connaissance.” Tant le choix de ses mots que son étiquette étaient irréprochables, transformant ses craintes en horreur.

– “Je le savais, il m’a semblé familier dès qu’il a franchi la porte. Il est exactement comme ma femme quand elle avait son âge ! Si Jirni le voit, elle ne me laissera jamais en entendre parler. Je ne veux pas qu’une de mes filles subisse ce que j’ai dû subir avant de réussir à la raisonner.

“En quoi puis-je vous aider ?” Ils se sont assis à la table pendant qu’Elina se rendait à la cuisine.

Orion se ressaisit, se rappelant pourquoi il était là.

“Eh bien, comme tu le sais sûrement, Friya et Yurial sont en mauvaise posture après le deuxième examen. L’épreuve finale leur a fait payer un lourd tribut…”

Orion vit les yeux de Lith s’écarquiller, désignant rapidement sa mère, puis pressant l’index sur ses lèvres.

“Oui, je sais.” Lith a coupé court à Orion.

“Se débarrasser de tant de parasites était un sale boulot. Je suis désolé qu’ils aient eu le mauvais rôle.”

“Ils ont perdu la plupart de leur confiance et sont dans une mauvaise passe.” Orion a saisi la dérive de Lith et est resté vague pour éviter qu’Elina ne découvre la vraie nature de l’examen.

“J’aimerais que tu essayes de leur parler. Ils ont besoin de toute l’aide qu’ils peuvent obtenir.”

“Je ne pense pas que ce soit une bonne idée.” Lith a baissé le regard en signe d’embarras.

“Je ne suis pas très doué avec les gens. De plus, j’ai l’impression de les avoir déçus en ne remarquant pas leur détresse avant qu’il ne soit trop tard. Je crains qu’ils ne soient très en colère contre moi. Tout ce que je dis risque de se retourner contre eux plutôt que de les aider.”

Grâce à ses années passées avec Jirni, Orion était capable de voir au-delà des masques et des charades, remarquant que les paroles de Lith étaient sincères, tout comme son inquiétude.

– “Si tu te sens vraiment coupable, tu devrais y aller.” Dit Solus. “Si tu leur fais face maintenant, tu peux encore te réconcilier avec eux. Abandonne-les encore une fois et ils ne te pardonneront jamais.”

“Ce n’est pas vrai, mon cheri.” Elina est intervenue.

“Tu as toujours fait un travail formidable avec tes patients. Tous les fermiers t’aiment et te respectent. Tes amis t’ont sauvé la vie, quoi qu’ils traversent, tu dois les aider au mieux de tes capacités.

Je ne me souviens pas avoir élevé un fils ingrat.”

Se trouvant entre le marteau et l’enclume et sa mère, Lith a accepté.