Traducteur: TheCounterspell
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“Ça chatouille ?” Fit écho Lith à ses mots.
“Tu veux dire que tu peux vraiment sentir mon toucher ?”
Solus s’est figé pendant une seconde, la prise de conscience soudaine l’a submergé.
“Je le peux ! Par mon créateur, je peux le sentir. Je ne suis pas juste un morceau de roche !”
Elle commença à se déplacer dans toute la pièce en passant par les murs, le plafond et les meubles des pièces, allant même à l’extérieur avant de revenir vers Lith.
“C’est bizarre. Je ne ressens rien en touchant quelque chose à l’intérieur de la tour ni les objets extérieurs, ça ne semble fonctionner qu’avec toi.”
“C’est peut-être parce que ta nouvelle forme est encore trop faible. N’oublie pas que nous partageons un lien entre le corps et l’esprit qui rend notre interaction unique.”
Le feu follet s’est déplacé devant Lith et a touché son front.
“Tu as raison.” Dit-elle.
“C’est un peu faible, mais d’après tes souvenirs, cela doit être la sensation des peaux qui se touchent. Je peux aussi sentir ta chaleur. Et toi ?”
Il a fallu un moment à Lith pour réaliser que, bien que petit, le feu follet émettait une faible chaleur.
“Pareil. Solus, tu peux te baisser un peu ?”
Elle venait de se mettre à la hauteur de sa poitrine quand Lith l’a prise dans ses bras.
“Comment te sens-tu maintenant ?”
“Comme si c’était le plus beau jour de ma vie.” Sa voix était vacillante et même si elle n’avait pas de larmes à pleurer pour une fois, Solus n’en avait cure. Aussi petite soit-elle, elle chérirait ces sensations aussi longtemps qu’elle le pourrait.
Ils sont restés ainsi pendant plusieurs minutes. C’était la première fois que Lith ressentait du bonheur au contact de quelqu’un qui n’était pas membre de sa famille. C’était étrange mais naturel à la fois.
Il pouvait également percevoir toute la tension qui pesait sur son esprit se relâcher peu à peu.
“Tu ne serais pas dans des eaux troubles avec tes amis si tu étais aussi prévenant avec eux. Quand on touche le fond, même le plus petit geste fait toute la différence.”
Bien que ses paroles soient vraies, Solus avait gâché le moment pour Lith, mais elle s’en rendit compte trop tard.
Lith l’a laissé partir et est descendu vers le laboratoire de Forge. Son commentaire l’avait ramené à la réalité, rappelant à Lith le peu de temps qu’ils avaient à disposition.
“Notre plus gros problème avec la Forge est que c’est une discipline complexe et profonde. Une fois que j’ai compris comment un faux sort fonctionne, je peux le transformer en vraie magie et l’améliorer autant que je peux l’imaginer.
Il n’en va pas de même pour la Forge. Jusqu’à présent, je n’ai réussi qu’à obtenir avec la vraie magie les mêmes effets que les objets enchantés avec la fausse magie ont déjà. Nous devons trouver un moyen de faire passer notre art de la Forge au niveau supérieur, sinon la spécialisation sera inutile.
Si je ne peux pas obtenir un avantage sur les faux mages en forgeant mon propre équipement, je peux aussi bien abandonner cette discipline, acheter ce dont j’ai besoin et investir mon temps dans des domaines où la vraie magie fait vraiment une différence.”
Lith et Solus révisèrent ensemble plusieurs papiers qu’il avait copiés de la bibliothèque de l’académie sur les tentatives ratées de dépasser les limites de la Forge. Ils avaient moins de dix jours, ils devaient donc choisir les plus prometteurs et espérer que la vraie magie réussisse.
“Comme Isaac Newton l’a dit : Si j’ai vu plus loin, c’est en me tenant sur les épaules des Géants. Je ne suis peut-être pas un génie mais je peux quand même utiliser leur travail comme une échelle pour passer cet obstacle.”
Après de nombreuses discussions, ils choisirent deux méthodes à la fois simples et brillantes, permettant même à un novice comme Lith de les comprendre facilement.
La première était le principe de Heisen. Il stipulait que le travail d’un Forgeron affectait la matière, donc plus le matériau à enchanter était dur, plus le processus était difficile. Heisen a suggéré que l’enchantement d’un objet pendant les dernières étapes de sa forge rendrait l’effet plus fort malgré la consommation de la même quantité de mana.
“C’est logique.” Solus a réfléchi.
“Nous avons vu comment l’enchantement d’un objet nécessite la création d’un pseudo-noyau et la sculpture avec la magie des chemins runiques nécessaires pour garder le noyau stable et empêcher son énergie stockée de fuir.
En travaillant sur un objet proche de son point de fusion, il devrait offrir moins de résistance au flux magique.”
“Ouais, c’est ce que Heisen a dit et a tenté plusieurs fois avant d’abandonner.” fit remarquer Lith.
“D’après ces papiers, ses expériences ont réussi à produire un petit nombre d’objets améliorés, mais il n’a jamais compris pourquoi tous les autres lui explosaient au visage. Après avoir perdu ses bras pour la cinquième fois, Heisen a déclaré que le processus était un échec.
Avons-nous une pièce sûre ? J’aime mes bras comme ils sont.”
Le feu follet représentant la conscience de Solus a vacillé quelques fois tandis que la tour tremblait légèrement.
“Maintenant nous en avons une.” Une nouvelle porte est apparue dans le laboratoire dédié à la Forge.
Pour ne pas gaspiller de matériaux précieux, Lith a décidé une fois de plus d’utiliser de petites roches de taille et de composition différentes comme échantillons. Il devait d’abord trouver la température à laquelle l’échantillon montrerait les premiers signes d’arrondissement dus à la fonte.
Ensuite il arrêtait de chauffer la roche et procédait à son enchantement pendant que Solus maintenait le cercle magique actif et rempli de mana. Grâce à sa nouvelle sensibilité au mana, Lith pouvait voir les chemins de mana se former plus facilement et plus grands que d’habitude.
Le processus d’enchantement fut un succès, mais lorsqu’il vérifia le résultat final avec Invigoration, il découvrit que c’était en fait un échec.
“Merde ! La température élevée a rendu les choses plus faciles mais plus instables. Les voies et le pseudo noyau sont déformés par les changements qui se sont produits pendant la période de refroidissement.” Soupira Lith.
“Peut-être que c’est en fait un succès. Laisse-moi essayer.”
Solus lança la pierre enchantée dans la salle sécurisée, faisant disparaître la porte avant de l’activer avec son empreinte de mana.
Le boum qui suivit fit trembler les murs.
“Ou pas.” Rétorqua Lith avec un regard sévère.
“Pas étonnant que Heisen ait abandonné cette méthode et que plus personne ne la recherche. Eh bien, nous devons encore essayer de nombreuses variantes possibles de cette expérience, peut-être qu’une réussira ou au moins nous donnera de l’inspiration.”
***
Pendant ce temps, au manoir d’Ernas, Phloria était outrée.
“Je le savais !” Elle relisait la vérification des antécédents de Lith.
“Sur la tête de ses deux frères, c’est riche. L’un d’eux s’est fait renier tandis que l’autre a quitté la famille dès qu’il a pu. Il est plus probable que j’épouse un gobelin que Lith aime ses frères. Comment peut-on être sans vergogne, Lucky ?”
Lucky a fait ouf et remué la queue, espérant que c’était déjà l’heure de jouer. Elle lui lança une balle tout en marchant à pas comptés vers les quartiers des tailleurs.
– “Ce n’est pas entièrement sa faute, cependant. Comment ai-je pu être aussi stupide pour répondre à l’appel alors que j’étais à moitié endormie ? C’est tellement humiliant ! Assez avec les jupes et les chemises de nuit, il me faut quelque chose avec un pantalon même pour dormir.
D’habitude, maman aurait une crise en entendant une telle demande, mais récemment elle semble plus calme. Je suppose qu’il vaut mieux battre le fer tant qu’il est chaud”, pensa-t-elle.
Phloria avait en effet raison. En toute autre circonstance, Jirni Ernas aurait interdit aux tailleurs de suivre l’ordre de sa fille. Le personnel du manoir était bien informé des normes de Jirni en matière d’éducation et de la facilité avec laquelle il était possible de se faire renvoyer sans référence au cas où quelqu’un la mettrait en colère.
La menace d’Orion résonnait toujours dans son esprit, laissant Jirni dans une impasse. Son mari était un homme de parole, alors quand elle l’a entendu parler de divorce, elle a failli s’étouffer en mangeant.
Leur mariage avait été arrangé, pour unir deux des familles les plus loyales à la Couronne et leur permettre à tous deux d’améliorer leur statut dans la noblesse.
Son cœur de jeune fille s’était rapidement épris du jeune chevalier, d’abord pour sa large poitrine et ses bras aussi épais que sa tête qui pouvaient littéralement la faire tomber à la renverse. Puis pour son cœur d’or et son caractère enjoué.
Ils étaient toujours profondément amoureux l’un de l’autre ; elle ne pouvait donc pas comprendre pourquoi ses enfants ne lui faisaient pas confiance pour trouver un partenaire adéquat comme les parents de Jirni l’avaient fait pour elle. Jirni était trop effrayée à l’idée de perdre son mari pour se chamailler pour de petites choses, donnant à Phloria ce qu’elle voulait.
“Je ne sais pas ce qui ne va pas avec les enfants de nos jours.” Elle s’est plainte à Rose, sa dame de compagnie.
“Faire tant d’histoires pour une chose aussi insignifiante qu’un meurtre, lui donner des proportions démesurées. J’ai tué mon premier homme à six ans, maîtrisé l’art de la torture à douze ans et pourtant j’ai grandi comme une dame raffinée et délicate. N’est-ce pas, Rose ?”
“Bien sûr, Madame.” Rose a avalé un morceau de salive. Elle ne savait que trop bien comment sa maîtresse pouvait massacrer une famille entière sans que ça lui coupe l’appétit pour le dîner. Il y avait beaucoup de mots qu’elle pouvait utiliser pour la décrire, mais délicat n’en faisait pas partie.
***
Après cinq jours, les expériences de Lith n’avaient pas encore porté leurs fruits. Pour éviter les déformations du pseudo-noyau ou des voies du mana, il avait essayé de refroidir rapidement les échantillons dès que le processus d’enchantement était terminé.
Le produit final était bien meilleur que la normale, mais aussi extrêmement volatile, tuant presque Lith dans l’explosion qui en résultait.
Il avait ensuite essayé de travailler avec des températures plus élevées, découvrant que l’échantillon rejetait sa magie, gaspillant tout son temps et ses efforts. A des températures plus basses, il obtenait simplement des objets de qualité standard.
Même en travaillant sur les matériaux que Zekell lui fournissait, les résultats étaient toujours les mêmes. La qualité de l’échantillon n’avait aucune importance pour le processus de Forge, du moins au niveau de compréhension de Lith.
– “Merde, le principe de Heisen est un fiasco total.” En conclu t-il.
“Utiliser la vraie magie pour maintenir le processus d’enchantement jusqu’à ce que l’échantillon refroidisse n’a donné qu’une poignée de poussière. Quelle que soit sa qualité, la matière inanimée ne semble pas capable de résister à autant d’énergie magique pendant une longue période.”
“Au moins, ça n’a pas explosé comme toutes les autres expériences”. Solus soupira. –
Ils n’avaient plus beaucoup de temps et étaient toujours à la case départ.
Grâce aux Marches Warp, Lith pouvait maintenant aller et venir de sa maison sans perdre de temps. Malgré l’utilisation constante d’Invigoration, lui et Solus étaient à bout de souffle.
La Forge demandait des quantités massives de mana, même pour les enchantements normaux, Lith n’aurait jamais pu continuer à expérimenter aussi longtemps sans l’aide de Solus.
Ils avaient tous les deux besoin de repos.
Lith était vraiment surpris de trouver un étranger qui l’attendait dans sa propre maison.
“Bienvenue à la maison, mon chéri.” Sa mère Elina épousseta sa poitrine et ses épaules des restes de ses derniers échecs, car il était généralement trop fatigué pour les remarquer.
“Cet homme dit qu’il est Orion Ernas, le père de tes camarades de classe.” Orion lui fit une révérence polie, son visage exprimait l’inquiétude.
“Il dit qu’il a besoin de ton aide.”
