Lord of Mysteries 2 Chapitre 54

Traducteur : Ych
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Lumian roula avant de se remettre debout.

Le cri soudain et sa fin abrupte lui procurèrent un sentiment de soulagement.

Pourtant, il restait vigilant. Fusil en bandoulière et hache à la main, il s’approcha prudemment du bâtiment effondré.

La poussière tourbillonnait dans l’air à l’endroit où se trouvaient les briques et les poutres de bois, s’attardant sur les lieux.

À l’extérieur, Lumian n’aperçut pas le cadavre du monstre. Il devait être enterré sous les décombres. Son odorat était compromis par l’environnement poussiéreux. Il leva une main pour protéger son nez des irritants.

Vu la situation, Lumian recula de plusieurs pas, gardant une distance de sécurité en attendant patiemment que la poussière se dissipe.

Tout en restant sur ses gardes, il scrutait son environnement, à l’affût de tout signe subtil de mouvement ou d’odeur.

Enfin, l’air s’éclaircit et il retrouva la vue.

Lumian s’approcha à nouveau de l’épave, traquant l’odeur du sang pour trouver le monstre écrasé sous de lourdes pierres.

Ne voulant pas se précipiter, il utilisa son expertise de chasseur pour retirer méthodiquement les pierres, évitant ainsi tout effondrement secondaire.

En même temps, il restait sur ses gardes pour éviter que le monstre ne soit encore en vie et n’attende une occasion pour frapper.

Il retira une autre pierre massive, révélant la créature tordue, dont le cou n’était plus qu’un tourbillon mutilé.

Sa gueule était tournée vers le ciel, écrasée en une bouillie sanglante. Sa poitrine était aplatie, et sa bouche acérée empalée sur un pilier de pierre déchiqueté. Plusieurs tentacules sombres et charnus s’étaient brisés.

Sans ses traits distinctifs, Lumian n’aurait pas reconnu la masse semi-solide comme sa cible.

Le piège avait fonctionné mieux qu’il ne l’avait prévu !

Après avoir confirmé la mort du monstre, Lumian remarqua les trois marques noires sur sa poitrine, toujours bien visibles malgré le carnage.

C’est tellement étrange… Ça ne peut pas être courant, même dans le mysticisme, n’est-ce pas ? Malgré le cours accéléré de sa sœur, Lumian avait encore beaucoup à apprendre. Il s’en remettait à son intuition pour juger.

Il avait prévu d’utiliser son couteau pour retirer la peau portant la marque noire, mais la poitrine de la créature était trop mutilée pour qu’il soit possible de sauver quoi que ce soit.

Après avoir réfléchi un moment, il déchira un morceau de tissu de sa chemise en lin, l’utilisant comme papier improvisé.

Il enroula ensuite une autre bande autour de son doigt, qu’il tacha du sang du monstre. Il ne savait pas s’il s’agissait d’une contamination ou d’un poison suffisamment isolé. Si quelque chose se produisait, il devrait quitter le rêve rapidement, afin de minimiser les dommages causés dans la réalité. Il devrait se rétablir en quelques heures ou en une demi-journée.

Utilisant le sang comme encre, Lumian recopia les trois marques noires.

Alors qu’il dessinait, il fut pris de vertiges et une douleur enflante son front.

Lumian déduisit des enseignements de sa sœur que sa spiritualité était presque épuisée.

Le simple fait de copier ces marques m’a presque entièrement vidé ?

Il était stupéfait par ces marques bizarres et par la maigre capacité spirituelle d’un Chasseur, qu’il soupçonnait d’être à peine supérieure à celle d’une personne dotée d’un don spirituel.

Après s’être reposé brièvement, Lumian continua à copier. Il lui fallut trois tentatives intermittentes avant d’arriver au bout, la tête lui battant la chamade.

Dans son état actuel, il était impossible de poursuivre l’exploration. Il empocha le tissu, brandit sa hache et reprit sa route à travers les terres sauvages, en direction de sa maison.

En émergeant des ruines, il ressentit un sentiment d’accomplissement, comme s’il avait absorbé une part importante de la potion du chasseur.

On dirait que la chasse a été couronnée de succès, songea Lumian.

Ses expériences non triées remontèrent à la surface.

Rester calme est essentiel… Lorsque tu es confronté à une proie inattendue et que tu n’as pas le temps de te préparer, le calme est encore plus vital.

Il faut toujours observer son environnement et exploiter les opportunités.

Les idées en ébullition, Lumian rentra chez lui, monta au deuxième étage et pénétra dans la chambre à coucher.

Il se força à mémoriser les marques pendant un moment avant de s’effondrer sur le lit, épuisé.

……

Le lendemain matin, lorsque Lumian se réveilla, ses tempes palpitaient encore un peu. C’était le signe que sa spiritualité avait été drainée dans les ruines du rêve.

Il secoua la tête et quitta la chambre pour aller se laver le visage dans la salle de bain.

Lorsqu’il descendit, il se rendit compte que sa sœur avait déjà préparé le petit déjeuner – des toasts avec de la confiture, des tranches de saucisses et du café noir bien corsé.

“Si tôt ?” s’étonna Lumian.

Sa sœur se levait rarement tôt.

Aurore répondit d’un air renfrogné : ” Quand on sait qu’on est coincé dans une boucle temporelle et que les gens qui nous entourent sont de plus en plus bizarres et inquiétants, comment peux-tu bien dormir ? En tout cas, pas moi.”

“Je n’ai pas le choix.” Lumian réconforta sa sœur. “Au moins, tu peux vraiment dormir. Moi, j’ai des choses à faire dans mes rêves.”

“C’est vrai.” Aurore prit le café agrémenté d’un demi-paquet de sucre et en but une gorgée.

Après que son frère se soit assis et ait englouti la majeure partie des toasts et des saucisses, elle demanda : “Qu’est-ce que tu as retiré de l’exploration des ruines des rêves ?”

Lumian raconta sa rencontre avec le monstre et dit : “Aurore, euh, Grande Soeur, aide-moi à comprendre ce que signifient ces trois marques noires. A la fin du carême, le padre avait quelque chose de semblable sur lui, mais en plus grand.”

Aurore acquiesça et sortit d’une poche cachée dans sa robe beige un stylo plume et un billet.

Lumian commença à dessiner, mais il ne parvenait pas à reproduire fidèlement les marques noires.

Bientôt, il tendit la note à sa sœur et la ” présenta ” : ” Je ne l’ai mémorisée que quelques fois. Je ne suis pas sûr que certaines choses soient justes ou fausses, mais certaines doivent l’être. Ici, ici et ici, c’est parfait.”

Le simple fait de reproduire une partie de la marque avait drainé une grande partie de sa spiritualité.

Aurore posa la note sur la table à manger devant elle et se concentra dessus pendant un moment.

“Ces mots ne sont pas ceux que je connais. Les symboles qui les accompagnent sont aussi plus déformés que ceux que l’on voit couramment dans le mysticisme.”

Lumian fut un peu déçu quand Aurore ajouta : ” À en juger par l’influence des mots et symboles transcendants sur l’environnement et l’effet de levier des marques sur le pouvoir naturel, je soupçonne qu’il s’agit de la manifestation extérieure d’un contrat spécial. ”

Tout en parlant, elle tapota la note avec son index.

“Un contrat ?” demanda Lumian.

Aurore acquiesça.

“Associée à la bataille que tu as menée contre ce monstre, chaque marque noire devrait représenter un contrat spécial.

“L’effet de ce contrat est probablement de l’aider à acquérir un superpouvoir auprès de certaines créatures du monde des esprits, de créatures d’autres dimensions ou de créatures extraterrestres. Ainsi, la marque noire sur sa poitrine gauche émet de la lumière et lui confère l’invisibilité. Celle qui se trouve sous son cou correspond à une voix qui rend les gens frustrés, rancuniers et qui leur fait perdre la tête. Celle qui se trouve sur sa poitrine droite n’a rien montré. Je pense que c’est lié à l’orifice buccal, aux tentacules ou à la digestion.”

“Pas étonnant…” Lumian comprit immédiatement certains détails de la bataille précédente.

Il rit alors et dit : ” Le padre a signé plus de dix contrats avec des créatures différentes ?”

“Qu’est-ce que ça veut dire ? Tout le monde peut être son “daddy” !”

“Quelle étrange façon de dire les choses”, marmonna Aurore. “D’après ce que j’ai vu, le padre qui t’a combattu à la fin du Carême n’a même pas montré un dixième de sa force. Il n’a probablement utilisé qu’une seule capacité obtenue grâce au contrat. Son corps et son esprit se sont déréglés sans raison, et il était à ta merci.”

Lumian ignorait les deux cycles précédents, mais il savait clairement que c’était de la chance à l’époque.

Il demanda avec impatience : ” Puis-je copier le contrat obtenu du monstre et contacter la créature correspondante ? ”

Il était très envieux de cette capacité d'”invisibilité”.

“Un contrat est un contrat, et un rituel est un rituel. Sais-tu comment mener un rituel ?” Aurore a refroidi son enthousiasme. “Même si tu maîtrises le rituel, sais-tu quel est le prix d’un contrat aussi spécial ? Le padre n’a pu le mener à bien qu’avec la bénédiction d’une existence cachée…”

Aurore s’arrêta un instant et murmura pour elle-même : ” Pourquoi le monstre de la ruine de ton rêve porte-t-il une telle marque noire… A-t-il également reçu la bénédiction de cette entité ? ”

Tout en parlant, Aurore posa son regard sur la poitrine gauche de Lumian.

“Cela pourrait-il être lié au symbole de l’épine noire qui scelle ton cœur ?

” Le padre en avait un aussi. Hmm… Peut-être que le symbole de l’épine représente une existence cachée qui a créé la ruine des rêves. La clé pour briser le cycle est peut-être cachée là. Ou alors, la réalité ne peut résoudre le problème qu’en faisant quelque chose simultanément avec la ruine de rêve…”

“C’est possible”, pensa Lumian, réalisant que cela pouvait expliquer pourquoi le monstre avait une marque noire et pourquoi la mystérieuse dame voulait qu’il explore les ruines de rêve.

Il poussa un soupir ému.

“Aurore, euh, Grande Soeur, ton imagination est en effet bien plus riche que la mienne.”

“C’est ainsi qu’un auteur doit être”, répondit Aurore en souriant.

Après le petit déjeuner, Aurore emmena Lumian dans le bureau pour lui apprendre l’Hermès.

Ils terminèrent la leçon vers trois ou quatre heures de l’après-midi, ne s’arrêtant que pour manger un morceau.

“Bon, tu peux aller boire un verre avec Pierre Berry maintenant”, dit Aurore, réalisant qu’il était temps et que personne ne les soupçonnerait.

Lumian reconnut brièvement son instruction et exprima son inquiétude.

“Il faut faire attention.”

Aurore allait prendre le risque d’entrer en contact avec les trois moutons pour recueillir des informations.

……

Lumian arriva à la maison délabrée de deux étages où vivait le berger Pierre Berry et regarda autour de lui avant de demander à la vieille femme : “Où est Pierre ?”.

La vieille femme, Martie, la mère de Pierre Berry, semblait avoir une cinquantaine d’années mais avait de nombreuses rides dues au surmenage au travail. Sa peau était parsemée de taches de rousseur et ses cheveux noirs étaient devenus gris. Elle semblait presque aussi vieille que Naroka.

“Il est allé à la cathédrale “, répondit Martie.

Lumian s’inquiéta. Il est encore allé à la cathédrale ?