The angel next door spoils me rotten : chapitre 07-volume 02

Le White Day

Traducteur: linkfet
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Amane était toujours sérieux dans ses études, ce qui lui permit de passer ses examens finaux sans difficulté particulière.

                En comparant ses résultats avec Mahiru, il constata qu’il avait obtenu les mêmes notes habituelles. Amane était un élève assidu qui n’avait jamais eu à s’inquiéter de redoubler une année.

                Itsuki avait aussi obtenu de bonnes notes, et même Chitose semblait avoir évité tout risque d’échec, ce qui signifiait que tous ses proches s’en étaient bien sortis.

                Il ne restait plus que la cérémonie de remise des diplômes pour les élèves de terminale, qui ne les concernait pas directement, puis la cérémonie de clôture de l’année. Entre ces deux événements, cependant, une date bien plus importante approchait.

                « Que vais-je lui offrir ? »

                Tous ceux qui avaient reçu des chocolats à la Saint-Valentin devaient rendre la pareille pour le White Day qui arrivait à grands pas. Mahiru et Chitose lui avaient toutes deux offert des chocolats, et Amane prévoyait de leur offrir un cadeau en retour. Mais il ne savait toujours pas quoi offrir à Mahiru.

                Pour Chitose, c’était simple : il comptait lui acheter un gâteau dans la pâtisserie où elle avait acheté leur bûche de Noël, accompagné de quelques goodies basés sur ses personnages préférés. Sachant que Chitose préférait les douceurs aux histoires d’amour, Amane était certain qu’elle apprécierait.

                Mais pour Mahiru, c’était un véritable casse-tête.

                Amane était convaincu qu’elle accepterait tout cadeau avec gratitude, car elle accordait plus d’importance à l’intention qu’au cadeau lui-même. Mais il voulait trouver quelque chose qui la rendrait vraiment heureuse. Le problème, c’était qu’il ne connaissait pas grand-chose à ses goûts. Il savait qu’elle aimait les sucreries et adorait les choses mignonnes, comme beaucoup de filles, mais cela s’arrêtait là.

                Il se souvenait qu’elle avait mentionné vouloir une nouvelle pierre à aiguiser, mais cela ne semblait ni très charmant ni adapté à l’occasion, et ce genre d’objet dépassait de toute façon son budget. Il préférait lui offrir quelque chose de plaisant plutôt que de purement pratique.

                Amane commença par examiner les étalages de White Day dans un grand magasin, mais aucun des articles ne semblait pouvoir vraiment ravir Mahiru. Il espérait provoquer une réaction similaire à celle qu’elle avait eue en recevant l’ours en peluche, mais offrir un autre animal en peluche semblait manquer d’originalité.

                Il pensa alors aux produits cosmétiques ou aux accessoires de mode, mais il n’y connaissait rien en cosmétiques et ne se sentait pas assez sûr de leur relation pour choisir un accessoire sans hésitation. Il ne pensait pas qu’elle trouverait cela déplacé, mais il doutait que cela l’impressionne.

                Amane errait nerveusement dans la section cadeaux, se demandant s’il n’avait pas l’air suspect. Malgré ses efforts pour s’habiller correctement, il se sentait mal à l’aise à l’idée qu’un homme seul traîne près des articles mignons.

                Tandis qu’il grommelait face à ses options, une voix s’éleva derrière lui : « Cherchez-vous quelque chose en particulier ? »

                En se retournant, il vit une jeune femme portant un tablier de magasin, souriante. Elle avait sans doute remarqué son désarroi.

                « Eh bien… Je ne sais pas quoi offrir pour le White Day. »

                « Rien dans cette section ne vous plaît ? Nous avons d’autres articles en stock qui sont populaires pour cette occasion. Je peux vous montrer. »

                « Non, ce n’est pas ça… C’est compliqué. Notre relation est… difficile à définir, et je ne sais pas quoi lui offrir sans que ce ne soit… trop. »

                « Que voulez-vous dire ? »

                « Disons qu’elle n’est pas ma petite amie, mais on est assez proches. Par exemple, est-ce qu’un accessoire plairait à une fille qui ne me voit pas… de cette façon ? »

                En entendant son dilemme, la vendeuse laissa échapper un petit rire, visiblement amusée par ses préoccupations.

                « Beaucoup d’hommes viennent ici avec les mêmes inquiétudes. »

                « Et qu’ont-ils fait, au final ? »

                « Ils étaient nerveux, mais la plupart ont fini par acheter quelque chose. Si vous êtes proche de cette fille, elle appréciera sûrement votre geste. »

                Ces mots le rassurèrent un peu, bien qu’il reste toujours inquiet à l’idée de choisir un accessoire pour Mahiru.

                Elle avait un goût très raffiné, et les quelques détails qu’il avait pu observer sur ses tenues témoignaient d’une grande élégance. Il doutait de pouvoir trouver quelque chose à la hauteur.

                « Puis-je vous montrer une sélection d’articles populaires auprès de nos clientes ? »

                « Oui, s’il vous plaît. » Répondit Amane en se redressant.

***

« Alors, tu as acheté quelque chose ? »

                Quand Amane raconta ses péripéties à Itsuki, ce dernier éclata de rire, tout comme la vendeuse la veille.

                Les deux amis déjeunaient à la cafétéria, et, au fil de la conversation, le sujet du White Day était venu sur la table.

                « Eh, baisse d’un ton ! » Protesta Amane. « J’avais peur qu’un accessoire soit mal perçu, vu qu’on ne sort pas ensemble. »

                « Tu es vraiment un lâche ! Un homme devrait avoir plus de cran, plus d’audace ! Et puis, j’ai l’impression qu’elle serait heureuse avec n’importe quoi, tant que ça vient de toi, tu sais ? »

                « … Je suppose, mais… »

                Mahiru était le genre de fille qui acceptait gracieusement tous les cadeaux, mais Amane voulait lui offrir un présent qu’elle apprécierait vraiment et qu’elle aurait envie d’utiliser. Il s’était donc torturé l’esprit pour choisir quelque chose de bien.

                « Alors, qu’est-ce que tu as fini par acheter ? »

                « … Un bracelet en or rose avec un motif floral. »

                Il avait pensé que la douce chaleur de l’or rose conviendrait mieux à Mahiru que l’aspect froid de l’argent ou l’extravagance de l’or jaune. Bien sûr, étant encore au lycée, il n’avait pas les moyens de s’offrir de véritables métaux précieux, donc c’était simplement plaqué or. Mais il avait pris soin de sélectionner un design qui semblait correspondre au style de Mahiru.

                « Vraiment ? Ça a l’air d’être exactement le genre de chose qu’elle aimera. »

                « … Tu crois qu’elle ne trouvera pas ça bizarre ? »

                « Pas du tout, tu te fais trop de soucis. Pourquoi es-tu toujours si négatif avec ce genre de choses ? »

                « C’est la seule fille à qui j’ai jamais sérieusement pensé offrir un cadeau. »

                Sa mère ne comptait pas, et il ne pensait pas non plus à Chitose. D’ailleurs, il ne lui avait offert qu’une gourmandise qu’il savait déjà qu’elle aimait, donc ce cadeau-là était à un tout autre niveau.

                « T’as vraiment zéro confiance en toi pour ce genre de trucs, hein… ? »

                « Et pourquoi j’en aurais ? Je veux dire… c’est Mahiru ! »

                « Elle était contente de l’ours en peluche, non ? »

                « Eh bien, c’est vrai, mais… »

                « Amane, c’est une question de sentiment, mec, de sentiment. T’as déjà dépensé l’argent et choisi le cadeau, alors tout ce qui reste, c’est d’y mettre un peu d’émotion. » Itsuki disait ça comme si c’était si simple.

                « Si c’était aussi facile, j’aurais eu aucun problème. » Grommela Amane.

                Il se passa une main sur le front. Il semblait qu’il puisse rester comme ça, rongé par le doute par rapport à son choix, jusqu’à la journée du White Day.

***

Quand le jour fatidique arriva, Amane attendait Mahiru dans son appartement, arborant une expression inhabituellement nerveuse. L’ambiance à l’école lui avait rappelé la Saint-Valentin. Les garçons qui avaient été gâtés un mois plus tôt étaient anxieux à l’idée de donner leurs cadeaux en retour, tandis que les filles les attendaient avec une excitation à peine contenue.

                D’ailleurs, Yuuta avait fidèlement rendu chaque cadeau qu’il avait reçu, les remboursant tous avec une boîte de friandises identique. Amane avait les yeux dans le vide en imaginant que même ce minimum avait dû coûter à Yuuta des dizaines de milliers de yens.

                Quoi qu’il en soit, il n’était pas question qu’Amane donne son cadeau à Mahiru à l’école, alors il attendait qu’elle arrive chez lui.

                Il s’était précipité chez lui après les cours pour essayer de se calmer, mais, malgré tous ses efforts, il n’était vraiment pas habitué à offrir des cadeaux. Ses nerfs menaçaient de prendre le dessus.

                Cette fois, il n’avait pas mis son habituelle tenue de survêtement et T-shirt. Il portait un pull gris à col en V par-dessus une chemise blanche, avec un pantalon chino. Il avait essayé d’avoir l’air un peu moins négligé que d’habitude, mais il n’était pas sûr de la manière dont ce nouveau look serait perçu.

                Amane était encore en train d’essayer de se calmer quand il entendit le bruit de la porte d’entrée qui se déverrouillait. Il se redressa d’un bond, surpris.

                C’était Mahiru, qui utilisait son double des clés, comme d’habitude. Lorsqu’elle entra dans le salon et regarda Amane et s’immobilisa.

                « Ah, p-pourquoi ta coiffure est comme ça ? »

                « Eh bien, euh, c’est la White Day, tu sais, alors j’ai voulu m’habiller un peu, donc j’ai pensé qu’il valait mieux faire un effort aujourd’hui… Si ça te dérange, je peux aller me changer. »

                Il avait visiblement réussi à surprendre Mahiru, et elle ne semblait pas trop bien prendre la chose. Mais quand il se leva, elle agita une main devant elle.

                « C-ce n’est pas ce que je voulais dire. J’ai juste été surprise, c’est tout. »

                « Je vois. »

                Amane pouvait dire qu’il y avait quelque chose qui clochait avec Mahiru. Il commençait à se demander s’il n’aurait pas mieux fait de rester fidèle à son look habituel.

                Mahiru, mal à l’aise, s’assit à côté de lui.

                « … Tu sembles encore perturbée. Je devrais me changer ? »

                « N-non, c’est bon, c’est juste… ça fait beaucoup. »

                « Qu’est-ce que tu veux dire ? »

                « E-enfin, d’habitude, tu es tellement simple. Ça me met à l’aise quand tu es comme ça. Mais… quand tu es tout apprêté comme ça, c’est difficile de rester calme. »

                « Dans ce cas, je vais enlever ça. »

                Mahiru agrippa fermement sa manche. « … J’ai dit que c’était bon. »

                Quand elle leva les yeux vers lui avec des joues rouges et un regard humide, Amane sentit son cœur bondir dans sa poitrine. Il savait qu’elle ne le faisait pas exprès, mais elle rendait vraiment difficile pour lui de garder son calme. Cela n’arrangeait rien qu’elle soit assez proche pour qu’il sente son parfum doux.

                Amane était incroyablement conscient de la façon dont elle bougeait nerveusement et de la manière dont elle s’agrippait à lui. Maintenant, ils rougissaient tous les deux, ce qui rendait la situation encore plus gênante.

                Les yeux d’Amane se mirent à errer dans la pièce. « Eh bien, euh, d’accord. » Balbutia-t-il. Puis, dans un effort maladroit pour rompre le moment gênant, il lui tendit un sac en papier. « Tiens. C’est ton cadeau. N’en attends pas trop. »

                « … Merci. Puis-je l’ouvrir ? »

                « Oui. »

                Ce serait embarrassant qu’elle l’ouvre juste devant lui, mais il n’allait pas lui refuser. Amane avait acheté une petite boîte tapissée de velours pour contenir le bracelet, mais maintenant, il se demandait si ce n’était pas exagéré pour le cadeau qu’il avait choisi.

                Les doigts fins et blancs de Mahiru ouvrirent doucement la boîte bleu foncé. À l’intérieur, se trouvait le bracelet en or rose qu’il avait acheté l’autre jour, ainsi qu’un petit mot plié qu’il avait ajouté en supplément.

                Mahiru n’était pas attirée par les accessoires voyants, alors il avait mis l’accent sur l’élégance et la simplicité en choisissant ce bracelet fleuri.

                Ici et là, de petits cristaux scintillants captaient la lumière et brillaient. Le design était à la fois mignon et raffiné.

                Les yeux couleur caramel de Mahiru fixèrent longuement l’éclat du bracelet en or rose dans la boîte.

                « Tu n’aimes pas… ? »

                « Non, je le trouve magnifique. »

                « Ça me rassure. J’ai choisi ça parce que je pensais que ça t’irait bien. »

                « … Merci beaucoup. »

                Les yeux de Mahiru étaient baissés, comme si elle était gênée par ce qu’il venait de dire. En la regardant, Amane sentit sa respiration se bloquer dans sa gorge.

                « Et ça ? » Demanda Mahiru en remarquant le papier qu’il avait glissé dans la boîte.

                Amane voulait détourner le regard, mais il ne pouvait pas quitter Mahiru des yeux.

                « Ah, ça ? » Amane se gratta la joue, visiblement embarrassé. « Eh bien, je me suis dit que le bracelet, c’était un peu insuffisant… Alors… comme tu prends toujours soin de moi, je voulais pouvoir répondre à n’importe quelle demande que tu pourrais avoir… »

                Le papier qu’il avait mis dans la boîte était un carnet de tickets Je ferai tout ce que tu veux, comme ceux qu’un enfant pourrait fabriquer. Le lot comprenait trois tickets et comportait un dessin d’ours, fait à la main. Amane pensait que, pour ses compétences, c’était plutôt réussi.

                Puisque Mahiru s’occupait toujours de lui, il voulait pouvoir lui rendre la pareille dès qu’elle en aurait besoin.

                C’était l’idée derrière les coupons, mais Mahiru semblait plus intéressée par l’ours dessiné. Ses épaules tremblaient de rire.

                « Pfft-ha-ha, tu as dessiné ça toi-même, Amane ? »

                « Oh, ça va, hein. » Répondit Amane d’un ton boudeur. « Je ne suis pas un artiste, et alors ? »

                « Non, je trouve ça génial. Tu l’as fait avec une intention. » Le sourire innocent de Mahiru montrait clairement qu’elle n’avait pas l’intention de le critiquer. « … Donc, je peux les utiliser tout de suite ? »

                « Pour quoi ? »

                Amane ne s’était pas attendu à ce qu’elle veuille exercer ce privilège aussi vite, mais si Mahiru avait une faveur à lui demander, il comptait y répondre du mieux qu’il pourrait.

                Mahiru tourna doucement la boîte contenant le bracelet vers lui.

                « … Amane, aide-moi à le mettre, s’il te plaît. »

                « Oh, allez, pas besoin d’un ticket pour me demander ça. » Dit-il avec un sourire un peu gêné en écoutant sa modeste requête. « Maintenant, si mademoiselle veut bien se laisser faire… »

                Mahiru lui tendit la boîte, et son expression s’adoucit en voyant combien elle avait l’air adorable. Il prit la boîte, la posa sur ses genoux et sortit le bracelet, notant le bruit délicat de la chaîne glissant sur le velours. Avec précaution, il ouvrit le fermoir et passa doucement la chaîne autour de son poignet avant de le refermer soigneusement. L’or rose chaud scintillait sur le poignet délicat de Mahiru.

                Je ne me suis pas trompé, cette couleur va parfaitement avec la peau claire de Mahiru.

                Puisqu’elle possédait une beauté raffinée, Amane avait supposé qu’un style sobre et élégant lui irait mieux qu’un bijou voyant. Il ressentit une bouffée de fierté en réalisant qu’il avait fait le bon choix.

                « Oui, ça te va très bien. »

                « … Merci. »

                Estimant qu’il ne serait pas approprié de tenir sa main trop longtemps, il la lâcha, et Mahiru porta le bras orné du bracelet contre sa poitrine, le tenant doucement, tout en souriant tendrement.

                Ce sourire doux, sans retenue, la forme délicate de ses lèvres, la légère rougeur sur ses joues innocentes… C’était à la fois enfantin et féminin, naturel et raffiné. Amane découvrit qu’il ne pouvait détourner les yeux d’elle, peu importe ses efforts.

                … C’est trop…

                Savoir qu’il était la raison de ce sourire rendait la chose presque insupportable. Amane essaya de détourner les yeux et de calmer son cœur qui battait à tout rompre, mais, au final, il continua de la fixer jusqu’à ce qu’elle s’en rende compte et cache son visage dans un coussin.

***

« Alors, comment s’est passé le White Day ? »

                Le lendemain, Itsuki lui demanda un compte-rendu. Amane fit de son mieux pour lui lancer un regard noir, sans grand effet.

                Itsuki avait été assez prévenant pour ne pas poser la question à l’école, mais, sur le chemin du retour, ils s’étaient arrêtés dans un fast-food, et dès qu’ils s’étaient assis, il avait commencé à creuser les détails avec un sourire taquin.

                Amane n’était venu que pour manger des frites, car il avait envie de quelque chose de salé.

                Il pensa alors qu’il aurait probablement mieux fait de ne pas venir, s’il devait subir ce genre de questions.

                « Qu’est-ce que tu veux que je te dise… ? Je lui ai juste donné le bracelet normalement. »

                « Et elle était contente ? »

                « … Plus ou moins. » Répondit Amane avec la voix la plus calme possible.

                C’est vrai, il n’avait pas obtenu exactement la réaction qu’il attendait, mais à en juger par son sourire sincère, il était certain qu’elle avait été heureuse de recevoir ce cadeau.

                Amane se sentit un peu gêné en se remémorant ce sourire doux et magnifique. Il tenta de contenir la chaleur qui montait sur son visage.

                « Mais oui, mais oui. » Itsuki croisa les bras et hocha la tête d’un air entendu. « Je vois à ta réaction que ça s’est super bien passé. Elle était sûrement contente de recevoir ton cadeau, et elle t’a fait un joli sourire, non ? »

                « Je veux dire— » Amane se mordit la lèvre.

                « Écoute, mec. Tu construis une vraie connexion, pas vrai ? »

                Plutôt que de le taquiner, Itsuki parlait avec sérieux. En tant que meilleur ami d’Amane, il savait quelles zones éviter, mais, à part cela, il avait un don pour mettre le doigt sur la vérité, parfois, ça mettait Amane mal à l’aise. Il était difficile de lui tenir tête —leur amitié était trop solide pour qu’Amane trouve un autre sujet de discussion.

                Amane s’étrangla avec ses mots, et Itsuki le regarda avec un sourire calme. Ce regard, à la fois chaleureux et taquin, agaça Amane.

                Voyant qu’il n’avait aucune chance de se défendre, Amane attrapa une frite et détourna obstinément le regard.

                Itsuki le regarda en riant. « Je suis content pour toi, mec. Enfin, mon petit Amane commence à vivre son printemps de jeunesse ! »

                « Ce n’est pas ce qui se passe. »

                « Mais tu ne sais pas vraiment ce qu’elle ressent, si ? »

                « … Même si c’était le cas, je suis sûr que ce n’est pas ça. »

                Amane savait que Mahiru lui faisait profondément confiance. Il voulait être la personne en qui elle avait le plus confiance, et parmi toutes les personnes qu’elle connaissait, il croyait qu’elle était la plus honnête avec lui.

                Mais cela ne signifiait pas qu’ils étaient amoureux.

                Certes, parfois, lorsqu’ils se touchaient, il ressentait quelque chose d’intense… Mais ce genre de sensation pouvait arriver entre amis de sexes opposés. Et oui, Mahiru faisait beaucoup pour lui, mais il était convaincu que cela ne signifiait pas qu’elle avait des sentiments romantiques.

                Et même s’il avait récemment fait un peu plus d’efforts sur son apparence, il restait le même gars maladroit qu’il avait toujours été. Une fille comme Mahiru ne tomberait jamais amoureuse de quelqu’un comme lui.

                « Tu sais, Amane, tu peux être vraiment pathétique parfois. Sérieusement, t’es le genre de gars qui agit comme si personne ne pourrait jamais l’aimer. »

                « Tu crois vraiment qu’avec juste un peu d’effort, un gars comme moi pourrait avoir une petite amie aussi incroyable ? J’aurais plus de chances en attendant un miracle, franchement… »

                « Si toutes les filles magnifiques finissaient avec des jeunes hommes beaux et charmants, les autres gars risqueraient de mal tourner, tu sais. »

                Amane n’était pas sûr qu’Itsuki ait le droit de commenter, étant lui-même dans la première catégorie.

                Itsuki poursuivit : « De toute façon, si tu insistes, on laisse ça de côté… Mais en tant que ton meilleur ami, je vais faire une prédiction. »

                « À propos de quoi ? »

                « Tôt ou tard, tu vas changer. Je vois déjà les signes avant-coureurs. Tout ce qu’il reste à faire, c’est que tu franchisses le premier pas vers ton avenir. »

                « … Arrête de parler comme un pseudo-gourou. » Grogna Amane.

                « Ha-ha-ha ! On est amis depuis combien de temps ? »

                « Même pas un an. » Répliqua Amane froidement.

                « Ah ouais, c’est vrai ! » Itsuki éclata de rire.

                Ils ne se connaissaient que depuis le début du lycée, mais Itsuki comprenait Amane bien mieux que les camarades qu’il avait eus à l’école primaire et au collège. Amane était heureux qu’ils s’entendent si facilement.

                « Bref… » Itsuki reprit.

                « Hmm ? »

                « Tu passes ton temps à dire que tu ne la mérites pas, mais ton attitude et la façon dont tu parles d’elle prouvent que tu l’aimes bien. »

                « Je te jure que je vais te mettre cette frite dans le nez. » Menaça Amane.

                « Désolé. » S’excusa immédiatement Itsuki.

                Amane était presque impressionné par la justesse de ce qu’Itsuki venait de dire, jusqu’à ce qu’il gâche tout avec cette remarque absurde.

***

« T’es en retard, aujourd’hui. »

                Quand Amane rentra chez lui environ une heure plus tard que d’habitude, Mahiru vint l’accueillir, portant un tablier. Après sa conversation avec Itsuki, Amane ne pouvait s’empêcher de penser qu’elle ressemblait à une jeune mariée. Il se répéta qu’il ne voyait pas Mahiru de cette façon et tenta de chasser cette idée de son esprit.

                « Hmm, j’ai mangé des frites avec Itsuki. »

                « … Juste avant le dîner ? »

                « Ne t’inquiète pas, je vais finir mon assiette. »

                Il avait toujours de la place pour la cuisine de Mahiru et n’avait pris qu’une petite portion de frites. Il n’aurait donc aucun mal à manger la portion habituelle qu’elle lui servirait.

                « Pendant une seconde, j’ai eu peur que tu prennes du poids… » Murmura Mahiru. « Mais tu es tellement mince que tu pourrais prendre un peu de formes. »

                « T’es bien placée pour parler. Je m’inquiète toujours que tu finisses par te casser en deux. »

                « Je ne suis pas si fragile, tu sais. »

                « Oh, vraiment ? Regarde comme tu es fine. »

                Mahiru avait une silhouette très mince et féminine. Elle faisait aussi du sport, alors elle était tonique et souple. Pourtant, elle avait un air délicat, et, pour tester, Amane attrapa son poignet, réussissant facilement à en faire le tour avec ses doigts. Il se rappela les conseils de son père : toujours traiter une femme avec douceur et respect.

                Elle semblait si frêle et fine, pensa-t-il, en glissant ses doigts le long des siens, sentant les os délicats sous sa peau.

                Mahiru se tortilla, mal à l’aise. Elle regardait sa main dans la sienne, les joues légèrement rougies, et Amane se rendit compte, bien trop tard, qu’il la touchait sans sa permission.

                Pris de panique, il lâcha immédiatement sa main.

                « Désolé. J’aurais dû savoir que ça te mettrait mal à l’aise. »

                « Ce n’est… Eh bien… Je n’aime pas ça, mais pas quand c’est toi… »

                Amane fixa Mahiru, choqué. Il avait du mal à croire ce qu’il venait d’entendre. Mahiru sembla aussi réaliser ce qu’elle venait de dire. Elle releva soudainement les yeux, ses joues plus rouges que jamais, et ses yeux se remplirent de larmes. Amane sentit qu’il ne pourrait pas supporter cette gêne une seconde de plus.

                « Ça ne veut pas dire que je veux que tu me touches ou quoi que ce soit, d’accord ? » Expliqua Mahiru. « C’est juste que je déteste quand les autres garçons me touchent. Tu comprends ? »

                « O-oui. » Répondit faiblement Amane.

                Cependant, son cœur battait toujours à tout rompre. La manière particulière dont elle avait formulé sa réponse laissait beaucoup de place à l’interprétation. Il avait l’impression qu’il devait changer de sujet.

                « … Oh, euh, j’ai remarqué… » Marmonna-t-il. « Tu ne portes pas le bracelet que je t’ai offert hier. Je veux dire, évidemment, tu n’es pas obligée de le porter si tu ne veux pas… »

                Mahiru baissa les yeux vers son poignet et, du doigt, traça doucement l’endroit où Amane l’avait saisi.

                « … Si je le porte pendant que je fais le ménage, ça me gêne, et il risque de s’abîmer plus vite… Je veux le garder en bon état, alors je le porterai pendant mes jours de repos. »

                « … Je vois. »

                Amane ne pouvait imaginer de réponse plus parfaite. Elle lui avait dit qu’elle allait chérir le cadeau et qu’elle avait l’intention de le porter régulièrement. Ses jambes semblaient prêtes à céder sous son propre poids, et sa poitrine semblait prête à exploser sous toutes les émotions qui bouillonnaient en lui. Sur le moment, il était sûr qu’aucun homme vivant ne ressentirait ça différemment.

                Dans cet état un peu vertigineux, Amane se rendit compte à quel point son cœur battait fort. Il prit plusieurs respirations longues et lentes pour essayer de se calmer.

                « … Tant que ça te plaît, ça me rend heureux. »

                « Ça me plaît, et je vais en prendre soin. Comme je le fais pour tous mes cadeaux : l’ours en peluche, le porte-clé, et le bracelet. Je vais utiliser la crème pour les mains sans hésiter, par contre. » Mahiru sourit légèrement, un peu gênée.

                Amane ne put plus supporter l’instant. Il ôta rapidement ses chaussures et se précipita dans le couloir.

                « … Je vais me changer. »

                « O-okay. À tout à l’heure, Amane. »

                Bien qu’il soit rentré chez lui, dans son propre appartement, Amane avait l’impression d’être renvoyé par sa nouvelle femme. Son cœur recommença à battre violemment, et il se précipita dans sa chambre avant de s’effondrer sur le sol.

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