Traducteur: Ych
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La paranoïa de Lith était comme une maladie, se propageant et infectant tous ceux qui travaillaient pour ou avec lui. Même les membres du Corps de la Reine étaient à deux doigts de l’abattre avec leurs baguettes.
“Bonjour, maman. Je suis rentré.” Il ouvrit les bras pour une étreinte en franchissant le seuil de la porte.
“Lith ! Quelle merveilleuse surprise. Je ne m’attendais pas du tout à te voir.” Elina laissa tomber la plume avec laquelle elle vérifiait les comptes de la ferme et courut l’accueillir.
C’était une femme gracieuse d’une trentaine d’années, mais grâce aux traitements de Lith, elle n’avait pas l’air d’avoir dépassé la trentaine. Elle était bien dotée à tous les bons endroits, avec un corps en pleine forme, affiné par un travail acharné.
Les cheveux d’Elina, qui lui arrivaient aux épaules, étaient d’un beau brun clair, avec des nuances de rouge. La lumière du soleil provenant des fenêtres donnait l’impression que des flammes dansaient dans ses cheveux.
Elle regarda attentivement Lith, vérifiant que ses vêtements n’étaient pas troués, que ses mains n’étaient pas blessées, puis que son visage ne présentait aucun signe de malnutrition ou de perte de poids.
“Maman, je suis un adulte et le Ranger classé numéro un dans tout le royaume des Griffons. Je peux prendre soin de moi.” dit Lith.
Il avait encore les bras ouverts, ce qui lui donnait l’impression de subir une inspection corporelle plutôt qu’un accueil.
“Toute la magie de l’ensemble de Mogar ne peut pas changer le fait que je suis ta mère et que tu es mon fils. C’est mon droit et mon devoir de m’inquiéter pour toi.”
“Mais maman !” Peu importe le temps écoulé, Elina lui faisait toujours sentir qu’il était encore un enfant lorsque, pendant l’hiver, elle vérifiait ses vêtements pour s’assurer qu’il n’attraperait pas froid.
“Tais-toi et fais un câlin à ta vieille maman”. Avec son mètre soixante-cinq, Elina était petite par rapport à Lith, mais ses bras étaient pour lui l’endroit le plus sûr du monde.
“Ne dis jamais ça, maman. Tu n’es pas vieille.” Lith a posé sa tête sur son épaule.
“Je ne rajeunis pas, c’est certain. Pourtant, ni toi ni Tista ne m’avez donné de petit-enfant.” Elina voulait paraître sévère, mais elle était à deux doigts de fondre en larmes.
Elle n’avait pas vu son fils depuis des mois et la seule chose qui lui avait permis de garder la raison aussi longtemps était de vérifier constamment la rune de contact de Lith sur sa propre amulette de communication.
Tant que le petit morceau de charabia était là, Elina avait la preuve que, où qu’il soit, son fils était toujours en vie. Avec toutes les horribles nouvelles qu’elle recevait de Jirni et Tista sur ce qui se passait dans le royaume, Elina n’osait jamais appeler Lith lorsque sa rune était disponible, de peur de le déranger ou de mettre sa vie en danger.
“Tu ne peux pas faire attendre Kamila indéfiniment, tu sais ? Que dieu bénisse cette femme. Nous avons eu si peur pendant l’année écoulée, craignant toujours que tu aies été capturé ou que tu aies disparu quelque part.
“Elle a été notre roc. Sans elle, ton père et moi serions morts de peur.”
Lith voulut réprimander sa mère pour avoir gâché leurs retrouvailles avec ses tracasseries, mais ses reniflements et ses frémissements entre ses bras lui firent sentir en plein le poids de ses actes.
“Je suis désolé de t’avoir inquiétée, maman. J’aurais dû t’appeler plus souvent.” Il dit.
“Ne t’inquiète pas. C’est du passé maintenant.” Malgré ses paroles, Elina refuse de le laisser partir. “Combien de temps resteras-tu cette fois-ci ?”
“Tout le mois.” La réponse de Lith la fait tressaillir.
“Vraiment ?” Elina le repoussa juste assez pour tenir son visage entre ses mains et le regarder dans les yeux.
“Vraiment.”
“Un mois entier ?”
“Oui.”
“Vraiment ?”
“Maman, pas encore ! As-tu besoin de l’entendre de la bouche de mon commandant pour le croire ? Tu peux aussi demander à Kamila si tu veux. Elle se joindra à nous pour le déjeuner.” Lith était agacé, mais surtout contre lui-même.
La réaction d’Elina en disait long sur le peu de temps qu’il lui consacrait.
“Kamila vient ici ? Maintenant ?” Le contact d’Elina s’est transformé en prise, serrant les joues de Lith.
“Elle a aussi obtenu un mois de congé. Nous avons tout le temps de rattraper le temps perdu et…”
“Pourquoi ne me l’as-tu pas dit plus tôt ? Je n’ai rien de prêt et je n’ai pas encore invité Zinya. Oh, mon Dieu. Je n’arriverai jamais à temps.” Entre ses tremblements et son regard obsessionnel sur l’horloge, elle rappelait à Lith le lapin blanc.
“Ne t’inquiète pas, maman, ce n’est qu’un déjeuner. Et puis, c’est quoi cette délicieuse odeur qui sort de la cuisinière ?”. Lith essaie de la calmer.
“Comment peux-tu dire que ce n’est qu’un déjeuner ? C’est notre premier repas ensemble, alors c’est très important. La bouillie pour ton père et moi n’est pas une nourriture correcte, imbécile.” Elina retira la casserole de la cuisinière et la rangea à l’intérieur de son objet dimensionnel.
Ensuite, elle se dirigea vers le garde-manger et sélectionna les meilleurs ingrédients pour le meilleur repas qu’elle pouvait préparer avec le temps qu’il lui restait.
“Je peux t’aider, maman. Ce sera comme au bon vieux temps, quand on cuisinait ensemble pour toute la famille.” Lith avait mangé beaucoup de choses au cours de sa jeune vie, juste pour calmer sa faim, mais rien de ce qu’Elina lui avait jamais donné à manger ne pouvait être qualifié de bouillie.
Avant qu’il ne commence à chasser, leur maison était pauvre et ils n’avaient pas grand-chose à manger. Leurs repas manquaient de qualité et de quantité, mais la faim et tout le soin qu’Elina mettait dans sa cuisine les avaient rendus délicieux.
“C’est insensé. Tu es fatigué et tu as besoin de te reposer. Prends un siège, nous allons parler pendant que je cuisine.” Elina fixa ses cheveux en queue de cheval à l’aide d’une pince à cheveux après avoir enfilé un tablier.
“Tu crois vraiment que cuisiner peut être fatigant pour moi ? Tu sais que je vais utiliser la magie.”
“Dans ce cas, j’accepte ta proposition.” Elle le serra à nouveau dans ses bras. Une petite larme coula sur sa joue tandis que les souvenirs de tout le temps qu’elle avait passé dans la cuisine avec son fils défilaient devant ses yeux.
Quand Elina le lâcha, Lith se retrouva avec un tablier et sa mère sortit d’autres aliments du garde-manger.
“Comment diable as-tu fait ça et qu’est-ce que c’est que tout ça ?” Lith a essayé d’enlever le tablier, mais le nœud était trop serré.
“C’est un secret de fabrication. Pour ce qui est du déjeuner, avec ton aide, nous pouvons viser beaucoup plus haut. Coupe et épluche ces légumes, s’il te plaît. Je vais assaisonner la viande et préparer la farine.” dit Elina.
Soudain, Lith n’était plus très sûr que faire une surprise à sa mère avait été une bonne idée. Il passa l’heure suivante à ne parler que pour recevoir et donner des instructions pendant qu’ils préparaient l’équivalent d’un repas de remerciement.
“Pourquoi n’embauches-tu pas une femme de ménage pour ce genre de choses ?” demanda Lith une fois qu’ils eurent terminé les préparatifs et qu’il ne restait plus qu’à attendre.
“Tu veux dire faire la cuisine ?” Elina fait claquer sa langue. “Maintenant que toi et tes sœurs avez grandi et déménagé, je n’ai plus qu’à m’occuper d’Aran et de ton père. Je suis peut-être plus âgée, mais cuisiner pour trois n’est rien comparé à le faire pour sept…”
Elina se trouva dans l’incapacité de continuer. Orpal était une vieille blessure jamais refermée tandis qu’elle n’arrivait toujours pas à croire que Trion avait abandonné sa famille à cause de son sentiment de rivalité avec Lith.
La pièce tomba dans un silence affligé, seulement rompu par les gargouillis qui provenaient des marmites. Elina s’espaça, les yeux voilés par trop de questions auxquelles elle ne trouverait jamais de réponse.
Ses frères manquaient à Lith autant que lui manquait un trou dans sa tête, mais il restait silencieux par respect pour la souffrance de sa mère….
