Traducteur: Ych
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La seule autre information pertinente qu’il trouva concernait la disparition soudaine de Menadion juste après avoir partagé avec la communauté magique l’ensemble des artefacts portant son nom.
Les historiens ont également rapporté que c’était elle, avec Silverwing, qui avait construit et projeté les fondations de toutes les grandes académies. Aussi, même si c’est l’héritage de Silverwing qui avait permis à la magie de se développer dans les disciplines aujourd’hui appelées spécialisations, Menadion était universellement reconnue comme l’inventrice du Forgemastering.
‘Pauvre femme.’ pensa Lith. ‘Elle était le Salieri du Mozart de Silverwing. Le fait qu’elle soit restée recluse et qu’elle n’ait pas laissé d’héritage n’a pas aidé non plus. Son histoire te dit quelque chose, Solus ?’
‘Malheureusement, non.’ Elle soupire. Je n’arrive pas à croire qu’il y ait autant d’histoires, entre vérité et fiction, sur Silverwing et si peu sur maître Menadion. C’est injuste ! C’est la mère du Forgemastering, après tout.’
‘Ce n’est pas comme si les autres mages étaient mieux lotis. À part Silverwing, connaissons-nous le nom du mage qui a créé la magie de guérison moderne ? Ou toute autre spécialisation ? Non, tous les professeurs citent toujours les écrits de Silverwing.’ répond Lith.
Solus dut admettre qu’il avait raison, mais cela ne la rassura pas pour autant.
Du moins jusqu’à ce que Lith se rende dans le bureau d’Orion et lui pose des questions sur Menadion.
“Comment connais-tu ce nom ?” Orion était très curieux. À part les puissants artisans, très peu se donnaient la peine de se souvenir du nom du premier maître royal de la Forge, la souveraine des flammes qui avait été la première à dompter tous les métaux avec sa Fureur flamboyante.
“Je vais être honnête avec toi.” Lith dit, commençant son discours par un mensonge flagrant qui fit rire Solus aux éclats. “Je fouinais dans ta bibliothèque, dans l’espoir de trouver quelque chose sur les runes, quand j’ai découvert son existence.
“Ça m’énerve que rien ne soit consigné à son sujet, alors je voulais te demander, à toi, un collègue maître de la Forge, s’il y a un tome que je pourrais consulter sur sa vie.”
“Il n’existe pas de biographie officielle sur Ripha Menadion. La plupart de ses œuvres sont encore un secret d’État, mais si tu te contentes d’un peu de lore, je peux partager avec toi toutes les informations accessibles au public.”
Lith fit un signe de tête pour qu’Orion continue et ce dernier lui proposa de s’asseoir.
“D’après ce que je sais, elle est née à Derios. À l’époque, la ville n’était qu’un petit village, mais grâce à son choix de construire deux académies près de sa ville natale, elle s’est rapidement développée jusqu’à devenir la capitale de toute la région.
“On disait qu’elle possédait une étonnante tour de mage, qu’elle était capable de réarranger à sa guise. Menadion pouvait transformer une chambre à coucher en cuisine ou un placard à balais en un laboratoire de forge parfaitement équipé en un claquement de doigts.
“Certains disent même que sa tour était vivante, capable de pensées et de mouvements indépendants.”
“Cela veut-il dire qu’elle s’adonnait à la magie interdite ?” demanda Lith, ce qui faillit faire voler Orion en éclats d’indignation.
“C’est une perversion de la magie ! Aucun maître de la Forge n’oserait jamais faire une chose pareille. Maître Menadion était aussi l’un des briseurs de sorts fondateurs, elle a abattu d’innombrables ordures qui ont osé porter atteinte à son héritage.
“Ce que je voulais dire, c’est simplement qu’il s’apparentait à un être vivant, comme une académie. Chacune de ses pierres était enchantée, son maître pouvait la remodeler à volonté et elle était capable de s’auto-réparer.
“C’est uniquement grâce à sa tour que Menadion a réussi à fabriquer de telles merveilles. Après sa mort, d’innombrables mages, humains, morts-vivants et même des bêtes ont parcouru tout le royaume à la recherche de sa tour, mais en vain.
“La légende dit que la disparition de Menadion est due à un démon, qui lui a volé sa Fureur. Sans elle, Menadion était comme estropiée, alors elle l’a recherchée jusqu’à la fin de sa vie.”
“Un démon ?” Lith ricana. À part lui, il n’avait encore rien vu qui y ressemblait.
“Oui.” Orion ricane lui aussi. Il croyait aux démons comme il croyait aux repas gratuits. “C’est probablement un mage rival qui a réussi à la séduire en premier et qui a ensuite trahi sa confiance pour lui voler ses secrets.
” Ça ou l’un de ses disciples. Tu sais ce qu’on dit . Garde tes amis près de toi…”
“Et tes ennemis plus près.” Lith acquiesce.
‘Y a-t-il une chance que tu sois le démon, Solus ? Peut-être que tu as volé sa tour et qu’elle t’a fusionné avec elle en guise de punition.’ pensa Lith.
‘Quoi ? Non ! Je ne pourrais jamais faire une chose pareille, du moins d’après ce que je suis maintenant et le peu dont je me souviens.’ Elle répondit, même si elle ne voyait pas d’autre raison pour laquelle une personne aussi gentille que son maître aurait pu la condamner à une éternité de misère.
“Y a-t-il un musée sur elle ? Quelque chose ? J’aimerais lui présenter mes respects.” dit Lith.
“Il n’y en a pas, Lith.” Orion secoue la tête. “Mais sache ceci . Chaque fois que tu travailles dans ta Forge, tu lui accordes déjà le plus grand honneur qu’elle aurait pu souhaiter.
“Chaque objet enchanté que tu fabriques, tu le façonnes à partir de ses enseignements. Chaque fois que tu crées une babiole, même la plus insignifiante, tu suis les traces de la Première Forgeuse.
“Le deuxième plus grand honneur que Menadion puisse demander, c’est que tu prennes un disciple. Seuls ceux qui ont appris ses leçons et les enseignent à leur tour, faisant en sorte qu’une innovation unique puisse devenir une base pour tous, peuvent dire qu’ils ont vraiment hérité de son esprit.
“Je ne te mentirai pas, il y a des lignées anciennes et des Bêtes Empereurs qui ont leur propre héritage, mais aucune n’est supérieure à celle de Menadion.
“Même s’ils vivent plus longtemps que nous, ils sont trop peu nombreux, alors que les maîtres de forge royaux partagent et améliorent ses enseignements chaque jour, comme ils l’ont fait depuis qu’elle nous a fait don de son savoir.
“Si tu te considères vraiment comme un Maître de la Forge, tu devrais penser à laisser un héritage qui représente plus que des montagnes de cadavres et des bâtiments brisés. Tes exploits ne prendront peut-être un jour qu’une page dans les livres d’histoire, alors que tes enseignements pourraient remplir des livres et, plus important encore, façonner des vies.”
“Merci, Orion. Après t’avoir rencontré, toi et Yondra, j’envisage l’idée de devenir maître de forge royal.” dit Lith en souriant. Les paroles d’Orion étaient presque les mêmes que celles que Lith avait dites à Morok.
En plus de cela, quoi que l’Hydre puisse lui enseigner, ce serait l’héritage d’une seule lignée et il en irait de même pour tous les Éveillés. Un maître pouvait enseigner à ses disciples, mais le travail d’une seule personne, aussi douée soit-elle, pouvait-il se comparer au travail constant de milliers de personnes ?
D’autant plus qu’il existe des gens comme Manohar et Balkor. Un seul non Éveillé pouvait faire progresser la Runesmithing à pas de géant, permettant à des gens comme Vastor ou Marth de trouver encore plus d’applications.
Les éveillés, au contraire, étaient limités par leur petit nombre et il était peu probable qu’ils partagent leurs connaissances.
‘Au moins en théorie.’ pensa Lith. ‘Qui sait si les Éveillés ont leur propre Silverwing ou si ce soi-disant Conseil fournit à ses membres une quantité de connaissances de base. J’ai vraiment hâte de rencontrer Faluel l’Hydre.’
‘Elle m’aidera à déterminer la marche à suivre après avoir quitté l’armée. Ou peut-être qu’elle essaiera de me manger tout cru.’
Lith et Orion sont allés dîner ensemble, parlant encore de toutes les anecdotes dont Orion se souvenait à propos de Menadion. Lith avait sans doute déjà sa tour, la Fureur de Menadion, le marteau de forgeron si prisé, aurait été un bel ajout à sa collection.