Traducteur: TheCounterspell
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« La fin d’un lâche ? ! » La classe a explosé d’exclamations de choc et d’indignation. Tout le monde savait ce que c’était, mais personne ne l’avait réellement utilisé depuis des années, au point qu’il était considéré comme un simple mythe.
« Comme c’est méprisable ! » La chef de meute tentait désespérément de chercher une issue, c’était la première fois qu’elle se retrouvait dos au mur.
« Tu m’as fait dire ces choses, je suis tombée dans ton piège, tout est de ta faute ! »
Lith s’est mis à rire aux éclats.
« Sérieusement ? C’est ça ton excuse ? Il m’a forcé à le faire ? Tu l’as fait toute seule, et tout ce qui s’est passé depuis que je suis entré dans la classe a été enregistré. Je doute que quelqu’un trouve une image de moi suppliant qu’on me botte les fesses. »
Elle avait réalisé l’idiotie de son plan au moment où elle l’avait dit à voix haute, alors elle décida d’une approche plus subtile.
« Ecoute, je comprends. On a commencé du mauvais pied, mais on peut encore tout arranger. »
« Mais bien sûr ! Je peux tout rapporter au directeur ou utiliser le bulletin de vote pour appeler à l’aide, de toute façon, je ne te reverrai plus jamais. »
La jeune fille devint aussi pâle qu’un fantôme, mais refusa de reculer.
« Tu n’as pas honte ? Incapable de faire quoi que ce soit par toi-même, tu te caches derrière une béquille faite pour les estropiés et les faibles ? Ce n’est pas étonnant que vous, les roturiers, n’ayez aucun respect ici, vous ne le méritez pas ! »
Lith a ri encore plus fort.
« Tu joues la carte de la fierté ? Peut-être que si j’étais un enfant de cinq ans, ça pourrait même marcher. Mais tu sais quoi ? C’est riche d’entendre un discours sur la honte et l’incapacité de ta part. C’est l’hôpital qui se fout de la charité.
Tu as trois ans de plus que moi, et avec tes amis, tu te ligues contre moi. Pour aggraver les choses, la seule raison pour laquelle vous avez fait cela était de tourmenter quelqu’un que vous considérez comme un être inférieur, juste parce que vous pensez que vous êtes intouchable.
Vous pouvez me traiter de lâche pour avoir utilisé un bulletin de vote, mais alors quelle est votre excuse ? Vous n’êtes rien d’autre que trois petites filles pathétiques, habituées à se cacher derrière leurs parents, qui se recroquevillent de peur lorsqu’elles doivent faire face aux conséquences de leurs actions stupides.
Ce n’est pas être courageux ou fort, quand la seule raison pour laquelle vous êtes si arrogante est votre nom de famille. « C’est de la triche ? » Si vous pensez vraiment que ce que vous faites est juste, vous devriez m’attaquer, Bulletin ou pas Bulletin, sans vous soucier des conséquences.
Après tout, « le directeur n’est qu’une marionnette », vos paroles. Si le Griffon Blanc est vraiment entre vos mains, qu’avez-vous à craindre ? Mais si vous ne faites pas un geste, c’est que vous savez que vous avez tort, et que vous n’etes qu’une bande hypocrite ! »
Elle voulait tuer ce petit bâtard, lui enfoncer toutes ses paroles dans la gorge, mais elle ne pouvait pas, et ses amis non plus. Ils risquaient déjà d’être expulsés, la seule option qui leur restait était de limiter les dégâts.
Le directeur avait émis une politique de tolérance zéro contre les brimades, et tout le monde à la Cour savait que la main de la Reine tirait ses ficelles.
Son père, le Duc Hertia, avait été très clair avec elle.
“Fais ce que tu veux, je te couvre tant que tu ne te fais pas prendre la main dans le sac. Je me fous de la vie des roturiers ou des petits nobles, mais j’ai travaillé trop dur pour tout perdre pour une raison aussi mesquine.
Si tu es assez incompétente pour laisser des preuves, notre famille sera mise sous surveillance, nos avoirs gelés pendant toute la durée de l’enquête. Je préfère te jeter aux loups, plutôt que de mettre le nom de la famille en danger. Je peux toujours avoir une autre fille, après tout.
C’est seulement mon duché qui est irremplaçable.”
Trop de mages avaient fait défection au Royaume du Griffon après avoir été diplômés des académies, échangeant tous les secrets qu’ils avaient appris en échange de la promesse de vengeance et de richesse.
Le système avait prouvé qu’il était corrompu il y a des décennies, mais maintenant il s’écroulait sous son propre poids, faisant boule de neige de plus en plus rapidement.
Bien que les familles nobles et les lignées de magiciens se soient toujours opposées aux changements, après avoir perdu deux mages de niveau Magus à cause du traitement injuste qu’ils avaient reçu, la Reine et l’Association des Mages voulaient en découdre.
Au cours de l’année écoulée, le fils du Duc Moniar avait été reconnu coupable d’avoir poussé un jeune mage brillant à partir pour l’Empire des Gorgones, où il s’était révélé posséder un talent exceptionnel.
Le Duc avait défendu l’action de son fils jusqu’au verdict, et avait fini par purger la même peine. La reine l’avait dépouillé de son titre et de toutes ses possessions, les transmettant au plus proche parent.
Il s’est suicidé le lendemain, incapable d’accepter cette perte.
L’immobilité entre Lith et les filles a duré jusqu’à ce que le professeur Trasque entre dans la pièce. Lith s’est approché de lui, le bulletin de vote toujours en main.
– ‘S’il vous plaît, ne faites pas l’imbécile. Ma journée vient à peine de commencer mais il y a encore beaucoup de temps pour passer de la poêle à frire au feu. S’il vous plaît, ne soyez pas un crétin !’- Il a souhaité aussi fort qu’il le pouvait.
Quand Lith a retrouvé son calme, il a remarqué que le professeur Trasque était assez jeune. Il était plutôt beau, une trentaine d’années, un mètre quatre-vingt-deux centimètres de haut et avec la carrure d’un athlète.
Ses cheveux châtain foncé avaient une coupe militaire, pourtant il avait une barbe, pas de robe et les manches de sa chemise étaient retroussées jusqu’aux coudes, révélant ses bras musclés.
– ‘Il semble être plus un aventurier qu’un universitaire. Quoi qu’il en soit, à en juger par son âge, il devrait être l’un des professeurs que le directeur a triés sur le volet. J’ai besoin de cette putain de chance !’- Réfléchit-il
Lith s’inclina profondément devant lui avant de prendre la parole.
« Professeur Trasque, s’il vous plaît, je dois me présenter devant le directeur. Mon nom est Lith de Lustria et… »
Une lumière étrange a brillé dans les yeux de Trasque à ces mots.
« Le petit insolent ! Je savais que j’avais déjà vu ton visage quelque part. Mec, tu as vraiment réussi à t’attirer des ennuis avant même la première période ? Cette académie est bien plus merdique que je ne le pensais. Qui est l’ordure cette fois ? »
Encore étourdi par la méchanceté du professeur, Lith réussit à désigner les trois filles.
« Hmm. Je n’ai aucune idée de qui elles sont. C’est ma première année aussi, voit-tu. Mais je suis sûr qu’avec le Lâche… je veux dire le Bulletin, on va tout résoudre en un clin d’œil. Va le chercher, mon tigre. J’attendrai ton retour pour commencer la leçon. »
Après avoir presque noyé Lith sous ses paroles, le bavard tapa du pied gauche, ouvrant une marche Warp directement vers le bureau du directeur. Dès que Lith eut franchi le seuil, celui-ci se referma derrière lui.
Lith salua le directeur d’une petite révérence, trop déprimé pour respecter l’étiquette, lui tendant le bulletin de culpabilité sans dire un mot.
« Déjà ? » Linjos était encore plus choqué que Lith.
« Oui. Je ne connais pas la portée de ce truc, mais ils ont appelé ça ‘un accueil correct’. Autant pour un environnement sûr. »
Linjos a pris le Ballot, le plaçant sur un petit trépied. Il a projeté un hologramme 3D de l’enregistrement, à partir du moment où Lith l’avait sorti des menottes.
Contrairement aux attentes de Lith, même cette phrase était parfaitement audible en réglant les paramètres audio.
A la fin, Linjos se cachait le visage entre ses mains, plein de honte et de gêne.
« Je suis vraiment désolé, je ne savais pas que la situation était si grave. Un directeur qui n’a aucune connaissance ou contrôle de sa propre académie, je dois passer pour un idiot à vos yeux. »
– ‘C’est un euphémisme.’ pensa Lith, mais comme toute sa carrière académique reposait sur les épaules de Linjos, il décida de lui accorder le bénéfice du doute. –
« Directeur, je ne veux pas être impoli, vraiment, mais c’était la fille d’un Duc. Pour l’instant, ce qui me préoccupe vraiment, c’est ce qui va lui arriver, ce qui va m’arriver, et surtout, ce que vous pouvez faire pour garantir la sécurité de ma famille. »
Lith était sérieusement inquiet des conséquences de cet affrontement, mais il ne pouvait pas reculer encore et encore par peur. Même pardonner ne valait pas la peine de voir son amour-propre et son corps brisé chaque fois qu’un gosse de riche voulait s’amuser à ses dépens.
Linjos ne manqua pas de remarquer à quel point Lith était déprimé et abattu, et cela le blessait encore plus que sa fierté. Il avait échoué avec un autre de ses précieux élèves.
« Ne t’inquiète pas pour ça. Elles seront toutes les trois punis selon les règles. Comme je vous l’ai dit le jour de notre rencontre, je ne fais pas de favoritisme. Vous êtes la victime, il ne vous arrivera rien.
Et votre famille est en sécurité, en tant qu’étudiant, chacun d’entre eux est sous la protection de l’Association des Mages, pas même un Duc n’oserait défier leur volonté.”
-‘Ouais, c’est ça.’- S’est moqué Lith. « Comme j’aurais dû être en sécurité ici, les nobles ne devraient pas abuser de leur statut, et ainsi de suite. Encore une fois, je ne veux pas vous manquer de respect, Monsieur le Directeur, mais la réalité se moque des “devrait” et “pourrait”.
Les gens font des choses simplement parce qu’ils le peuvent, surtout quand ils savent qu’ils resteront impunis. Que pensez-vous qu’il serait arrivé si je n’avais pas eu le Bulletin de vote ? Vous seriez probablement en train de ramasser mes restes sur le sol avec une cuillère.
Officiellement, mon seul soutien est le Comte Lark, et pour aggraver les choses, un Duc est un titre encore plus élevé qu’une Marquise. Je ne pense pas que le Duc Hestia serait très impressionné par un morceau de papier qui dit ‘S’il te plaît, non. Sois un homme bon. »
A ces mots, Linjos eut une expression hébétée, puis il secoua la tête et prit une profonde inspiration.
« Je suis désolé, Lith, j’ai oublié que vous ne connaissiez rien à ces questions. Après tout, vous êtes juste… »
– ‘Va-t-il vraiment ajouter l’insulte à la blessure ?’ pensa Lith. –
Mais Linjos s’est arrêté à temps, réussissant à se corriger de justesse.
« … sans savoir à quel point ce genre de choses est considéré comme sérieux. Vous voyez, chaque magicien, mais surtout les étudiants qui n’ont pas encore révélé leur vrai potentiel, sont tous considérés comme des propriétés de la Couronne.
C’est pourquoi les uniformes de toutes les académies sont si voyants au point d’être presque vulgaires. C’est un avertissement, comme pour les animaux venimeux. Blesser l’un d’entre vous, ou utiliser vos familles comme monnaie d’échange, est considéré comme un acte de trahison envers le Royaume.
La trahison est le pire crime que l’on puisse commettre, elle équivaut à nuire au Roi lui-même, et est punie par la torture et le meurtre non seulement du responsable, mais aussi de sa lignée jusqu’à la troisième génération, sans exception.
C’est un secret de polichinelle à la Cour, qu’une fois qu’une personne est admise dans une académie, une équipe complète d’espions royaux surveillent ses proches 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Cela a pour but de les protéger des ennemis internes et externes.
Sans ces précautions, les envoyés de l’Empire des Gorgones ou toute autre influence puissante, pourraient contraindre nos étudiants à trahir leur pays. Personne ne serait assez stupide pour laisser une mine d’or sans protection.
Même si cela m’attriste de le dire, dans toute l’histoire des académies, les tentatives réussies se comptent sur les doigts d’une main. Le vrai problème est ce qui se passe entre les murs de l’académie. »
– ‘Les dossiers peuvent être falsifiés, et les espions peuvent être soudoyés.’ pensa Lith. –
« Vous êtes sûr qu’il n’est pas mieux pour moi de laisser tomber l’académie et de prendre des leçons privées ? Le pouvoir et le prestige n’ont pas de sens pour moi si je n’ai qu’un seul à retourner… »
« Sur mon cadavre ! » Le directeur a bondi de sa chaise, c’était la première fois que Lith le voyait en colère.
« Je ne vous l’ai pas dit plus tôt pour ne pas vous mettre la pression, mais nos laboratoires ont fini d’analyser le poison que vous avez extrait. Quand ils ont su que vous aviez également postulé pour une spécialisation de Maître guérisseur, eh bien, disons que le département Lumière a les papillons dans l’estomac à l’idée de vous avoir dans ses rangs.
Vous avez déjà été marqué comme un étudiant de rang A. En tant que telle, la sécurité de votre famille est composée uniquement de membres des unités personnelles de la Reine. Voulez-vous que je renforce encore plus la sécurité ? »
« Oui, s’il vous plaît. » Le directeur a quitté la pièce pour donner les instructions adéquates, et Lith en a profité pour contacter la Marquise, lui expliquer la situation et lui demander de l’aide.
« Duc Hertia, je le connais bien. » A-t-elle dit « C’est un serpent venimeux, mais il est très gourmand. Il préfère exterminer toute sa famille plutôt que de perdre un pouce d’autorité ou de prestige. Si Linjos a dit qu’il s’en occuperait, vous pouvez le croire.
J’ai fait une vérification complète de ses antécédents, il est vraiment le bon gars qu’il semble être. »
« Vous avez toujours votre autorité extraordinaire ? » demanda Lith.
« Oui, pourquoi ? »
« Si c’était votre famille, que feriez-vous ? »
« Tout ce que je peux, je l’obtiens. Je vais m’assurer que l’Association fait bien son travail, et mettre des gardes supplémentaires à Lutia. Si quelque chose arrive, je vous le ferai savoir. »
Après l’avoir remerciée abondamment, Lith a interrompu la communication.
– ‘Un grade, hein ? Jusqu’ici tout va bien.’ Lith réfléchissait, mais il ne ressentait aucune joie pour son exploit.
‘Je me suis mis dans cette cage dorée, il est temps de mettre ses barreaux à l’épreuve. Je me fous des ducs, des reines et de la politique. Si quelque chose arrive à ma famille, je mettrai tout ce que j’ai pour rayer le Royaume du Griffon des cartes !’ –