Traducteur: TheCounterspell
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Le comte a tenu parole et la nouvelle de ce qui s’était passé à l’académie du Griffon foudroyant s’est répandue comme une traînée de poudre dans le comté de Lustria.
Les villageois de Lutia et de sa périphérie étaient tout simplement outrés. La vie était déjà dure comme elle l’était, l’idée qu’un roturier, même talentueux, doive souffrir de jeux politiques était une gifle au visage de tous leurs espoirs et rêves.
Malgré son attitude, Nana était une sauveuse pour la plupart d’entre eux, au point de la considérer comme faisant partie de leur propre famille. D’innombrables personnes ne savaient que trop bien que sans elle, trop de bébés n’auraient jamais été mis au monde en toute sécurité.
Voir leur bienfaitrice traitée comme la peste, souillant tout ce qu’elle touchait, était trop dur à supporter. Il en allait de même pour les quelques familles nobles qu’elle fréquentait pour ses affaires personnelles.
Des centaines de lettres étaient envoyées au comte Lark, qui les transmettait à son tour à la Cour du Roi. Maintenant qu’il avait retrouvé son sang-froid, il réalisait à quel point son comté et son financement avaient peu d’importance pour une institution aussi importante qu’une académie.
Même si elle était accompagnée d’autant de lettres, sa plainte officielle contre la directrice qui violait les règles pour poursuivre son agenda politique, ne susciterait que peu ou pas d’intérêt à la Cour.
Il l’envoya quand même, s’abandonner au destin sans même essayer de se battre était quelque chose qu’il aurait regretté toute sa vie.
La famille de Lith était aussi furieuse qu’impuissante, maudissant l’académie pour son injustice et eux-mêmes pour leur impuissance. Lith était le moins déçu de la tournure des événements.
D’une manière ou d’une autre, son plan avait fonctionné, et c’était bien. D’un autre côté, ce voyage à l’académie lui avait ouvert les yeux sur son ignorance du nouveau monde et de la façon dont la fausse magie s’était développée au cours des siècles.
Solus lui avait confirmé que si la secrétaire impolie avait un noyau de mana d’un cyan profond, la directrice en avait un d’un bleu très développé. Lith s’était toujours senti si fier d’être l’un des deux seuls détenteurs d’un noyau cyan de la Comté, mais plus maintenant.
Il commençait à regretter de ne pas avoir la possibilité de conaitre les autres élèves et le personnel de l’académie, ne serait-ce que pour recueillir des données sur le niveau de puissance moyen dans le monde extérieur.
Maintenant qu’il était obligé de suivre son plan original, il avait découvert tant de failles inattendues dans celui-ci. La première et la plus ennuyeuse était d’être obligé de croupir pendant quatre années supplémentaires dans le comté de Lustria, où son talent était condamné à stagner.
Sur le chemin du retour, le comte lui avait avoué que plutôt que de vouloir acheter des livres de niveau cinq, c’était en fait impossible pour lui. Ce n’était pas seulement une question de prix, qui serait de toute façon énorme, mais il n’avait pas les relations nécessaires pour les obtenir.
Il avait déjà acquis tous les livres qu’il pouvait, y compris ceux que l’Association des Mages était prête à partager avec le grand public. Pour en obtenir davantage, il lui faudrait soit un coup de chance, soit que l’Association change ses règles.
Les deux événements étaient hautement improbables. Cela signifiait qu’il était coincé avec des sorts de niveau quatre qu’il avait appris sans comprendre leur but.
C’était frustrant pour lui, comme mémoriser une équation mathématique juste pour réussir un examen de calcul, mais en sachant que vous n’aviez pas été capable d’en comprendre le sens sous-jacent.
Et pendant toutes ces années d’ennui, tous les autres magiciens du monde continuaient leurs études, enlevant quatre années de pratique magique à l’avantage qu’il détenait.
Lith était tout de même meilleur que ses pairs car alors qu’ils commençaient leurs études à six ans ou plus, lui avait déjà commencé en tant que nouveau-né. Mais bientôt, tout son travail, ses sacrifices, sa faim, ne seraient plus qu’un vain mot.
Le deuxième défaut était qu’il avait complètement sous-estimé l’importance et la distribution des objets magiques. Il n’en avait pas vu beaucoup, mais c’était suffisant pour lui donner une démangeaison dans sa tête qu’il ne pouvait pas gratter.
S’il était possible de créer des objets aussi utiles avec de la fausse magie, alors avec de la vraie magie, il serait probablement capable de manier et de créer des versions supérieures de ces objets, obtenant ainsi un avantage sur les autres magiciens.
Maintenant, au lieu de cela, il n’avait aucune idée de comment ils fonctionnaient ou comment les acquérir. Avec suffisamment de connaissances, il pourrait même être possible d’aider Solus à retrouver ses pouvoirs plus rapidement, peut-être même la reforger ou quelque chose comme ça.
‘Putain, je ne suis pas seulement une grenouille dans un puits. Je suis une grenouille dans un puits au milieu de nulle part.
Considérant tout ce que j’ai vu en moins d’une heure, il n’est pas surprenant du tout que la vraie magie soit encore un secret.
Un faux mage complètement équipé en magie pourrait probablement se battre avec moi sur un pied d’égalité. Je n’ai aucune idée de l’étendue et de la disponibilité des objets magiques.
Même si, d’une manière ou d’une autre, je parviens à étendre mes connaissances, mes futurs voyages seront certainement beaucoup plus difficiles que je ne l’avais prévu.
La seule lueur d’espoir est qu’en dehors des grandes familles, ils ne devraient pas être trop courants, et que j’ai réussi à éviter cinq années entières à être un simple roturié intimidé.
Mais avant de me dire chanceux, j’ai besoin de plus d’informations. Je commence à soupçonner que j’ai beaucoup sous-estimé ma situation. Nana et Lark ont beaucoup d’explications à donner.’
Lith pris son envol et se dirigea vers la maison de Nana. Le comte n’était qu’un passionné de magie, après tout, alors qu’elle avait effectivement fréquenté l’une des six grandes académies, elle était donc forcément bien plus renseignée sur l’intérieur.
A son arrivée, il découvrit que le Comte Lark était là aussi, et avait envoyé des villageois à la recherche de Lith. Ses deux mécènes voulaient lui parler.
Comme la salle d’attente était remplie de patients, Lith aida Nana et Tista à faire la queue pour que Nana puisse laisser Tista s’en occuper et faire une pause pour leur entretien.
Une fois dans la maison de Nana, ils se sont assis tous les trois autour de la table de la cuisine.
« Tout d’abord, Lith, permets-moi de m’excuser. Je ne m’attendais pas à ce que cette vieille sorcière de Linnea soit prête à faire passer notre inimitié au niveau supérieur. Te faire payer pour mes erreurs, qu’elles soient vraies ou supposées, est plus qu’injuste.
Mais à part ça, d’après ce que j’entends de Tista, tu prends cette situation trop bien. Tu ne comprends toujours pas à quel point tu as été lésé, et c’est aussi ma faute. J’ai bêtement respecté les règles de l’académie et gardé ses secrets fermées.
Mais puisqu’ils jouent mal et que Lark est toujours prêt à se soumettre pour postuler à ta place pour les cinq grandes académies restantes, je dois jouer mal aussi et violer mon serment.
Si tu veux avoir ne serait-ce qu’1% de chance d’être admis, tu devra te donner à 100%, si ce n’est plus. Ça suffit avec ton attitude merdique de “peu importe”. Il y a beaucoup d’enjeux, et il faut que tu prennes ça plus au sérieux. »
Lith fronca les sourcils.
« Quel serment ? Quels secrets ? De quoi tu parles ? J’ai lu ce stupide pamphlet de l’académie un nombre incalculable de fois. Bien sûr, à moins d’un miracle, je ne pourrai pas étudier les sorts de niveau 5, mais c’est tout. Je peux toujours devenir un membre de l’Association des Mages.
Pour être honnête, l’idée de passer cinq ans enfermé avec des enfants riches et arrogants qui essaient de me poignarder dans le dos est loin d’être séduisante. Je peux facilement imaginer ce qu’ils me feraient endurer, jour après jour.
Donc, si cela se résume à quelques livres, alors merci mais non merci. »
Nana a secoué la tête.
« C’est bien plus que des livres. Tu vois, tu as raison pour le mépris et les brimades quotidiennes. Le problème, c’est que tu as tort pour tout le reste. Dans ton cas, tout comme moi, tu n’aurais pas besoin de cinq ans, juste deux. »
« Comment ça ? » Deux ans, c’était encore long, mais beaucoup plus facile à gérer que cinq, il devait le lui concéder.
« Les trois premières années couvrent les bases de la magie. Elles enseignent des choses comme l’importance de la précision des signes de la main, des accents, ce genre de choses.
Contrairement à toi, de nombreux enfants doivent apprendre l’étiquette, l’histoire, la géographie, toutes sortes de sujets, et pas seulement comment lire et écrire.
Sinon, ils seraient une source d’embarras pour leurs parents. Dans la vie à la Cour, ils doivent aussi apprendre à monter à cheval, à manier l’épée, à jouer d’un instrument, tout ce dont leurs parents ont besoin pour se vanter lors des événements sociaux. »
Lith acquiesça.
« Cela prend bien sûr du temps. Du temps qu’ils ne peuvent pas consacrer aux arts magiques, d’où la nécessité d’étudier les bases des bases, même la magie de corvée. Tu ne t’attendait pas à ce qu’un jeune duc fasse des corvées, n’est-ce pas ?
Ceux comme nous, au contraire, n’ont besoin d’aller à l’Académie que pour les deux dernières années, et les avantages sans fin qu’elle apporte ! »
Aux mots “avantages sans fin”, Lith avait l’eau à la bouche, son esprit commençait à douter de ses décisions jusqu’à présent.
« Quel genre d’avantages ? »
« T’es-tu déjà demandé pourquoi même les riches et les nobles y envoient leurs enfants ? S’il ne s’agissait que de livres, de nombreux étudiants préféreraient éviter toute la compétition, tout comme toi, et étudier dans la sécurité de leur maison.
Ce qui rend l’entrée dans l’une des six grandes académies si attrayante, ce sont les trois avantages qu’elles sont les seules à pouvoir accorder :
l’accès à toutes sortes de livres de sorts, la possibilité de suivre un ou plusieurs cours de spécialisation et, plus important encore, l’accès gratuit aux objets magiques ! »
La bouche de Lith est restée bouche bée sous le choc. Nana profita de son silence inhabituel pour battre le fer tandis qu’il était encore chaud.
« Quel que soit le niveau, il existe d’innombrables sorts. Ceux que tu as étudiés ici et chez Lark sont simplement ceux que l’Association des Mages juge si communs qu’ils peuvent être divulgués au public.
Tous les meilleurs sorts, en particulier ceux des niveaux quatre et cinq, sont strictement contrôlés, et mettre la main sur ne serait-ce qu’une parcelle de connaissance est incroyablement difficile.
Il n’y a que dans une grande académie que tu peux avoir un accès libre sur chaque sujet, sans restriction, ce qui te permet de construire un grand grimoire avant même de mettre le pied dehors.
Si tu est admis en quatrième année, tout ce qui est de niveau 4 ou inférieur sera à ta disposition. »
« Et les spécialisations ? »
« Hmmm. C’est complexe à expliquer, laissez-moi te donner un exemple simple. Tu est un guérisseur, n’est-ce pas ?
Si tu choisi de devenir un maître guérisseur, non seulement tu apprendra des sorts qui permettront même de faire repousser des membres perdus, mais surtout, tu apprendra les secrets pour créer plus facilement tes propres sorts de lumière. Il en va de même pour chaque spécialisation. »
« Quelle est ta spécialisation ? » demanda Lith.
« Je suis une mage de guerre ! » Nana a gonflé sa poitrine avec fierté. « On m’a enseigné les secrets de la magie de l’air, et à l’époque, j’aurais pu anéantir des bataillons entiers à moi toute seule.
La foudre n’a pas beaucoup d’applications, mais quand il s’agit de destruction, elle n’a pas son pareil.
Mais passons maintenant à la partie juteuse, celle que je regrette encore le plus.
La possibilité d’avoir accès à une myriade d’objets magiques. »
