Supreme Magus Chapitre 24

Vraie et fausse magies

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Traducteur: TheCounterspell
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« Qu’est-ce que tu veux dire par “vraie magie” ? » Se questionnait Lith.

« A ce stade, il est encore trop tôt pour le dire. Bien sûr, si tu es curieux, tu peux toujours regarder mon esprit en ce moment, mais je ne sais pas à quel point cela serait utile. »

Lith fusionna son esprit avec Solus, découvrant qu’elle n’exagérait pas du tout. Son esprit était plein de “si” et de “mais”, examinant constamment les faits, revisitant les souvenirs, et faisant une spéculation après l’autre avant de les rejeter.

« Que puis-je faire pour t’aider ? » Lui demanda Lith.

« J’ai besoin de deux choses. Premièrement, tous les livres sur l’histoire de la magie que tu peux trouver. Ensuite, nous devons sortir d’ici et faire quelques expériences. Je t’expliquerai tout plus tard. »

Lith alla voir Nana, lui demandant de l’aide.

« Bien sûr, j’ai un livre sur l’histoire de la magie. Mais ce n’est pas un sujet si intéressant, alors je n’en ai acheté qu’un couvrant les deux cents dernières années. Est-ce que ça te suffit ? »

Lith a secoué la tête.

« Pouvez-vous contacter le comte Lark et lui demander si je peux lui en emprunter d’autres ? »

« Tu es vraiment un drôle d’oiseau. D’abord tu me supplies de t’apprendre la magie… »

« Je n’ai jamais supplié. C’est toi qui m’as proposé de m’apprendre et j’ai accepté. »
Nana fit semblant de n’avoir rien entendu et a continué.

« … et maintenant que tu as l’occasion de pratiquer la vraie magie, tu veux t’enterrer dans les livres d’histoire ? »

« Après avoir réfléchi à ce que tu m’as dit et à ce que le Magus Lochra a écrit, j’ai compris que je devais comprendre le passé pour appréhender le présent et planifier l’avenir. » Improvisa Lith, en déterrant une vieille devise familiale.

« C’est logique, en quelque sorte. » Lui concéda Nana. « Je vais contacter Lark via l’amulette de communication et voir ce que je peux faire. »

« Le comte en a une aussi ? » Demanda Lith avec surprise.

« Ce n’est pas une sorte de secret ou autre. Nobles, marchands, soldats, peu importe ton origine, tant que tu peux en payer le prix, tu peux t’en procurer une. »

Lith la remercia avant de retourner dans la salle d’étude. Le livre était très détaillé, consignant à la fois les tournants historiques et les savoir-faires.

Lith ne savait pas exactement ce qu’ils cherchaient, alors il lu attentivement, ne passant que les parties concernant les conflits entre pays ou les associations magiques. Il se concentra plutôt sur l’étude de la vie des mages, archimages et mages influents.

Après avoir passé quelques heures à faire des recherches sur le passé, il avait déjà trouvé un schéma récurrent dans l’ascension des Mages. Certains étaient reconnus comme des génies dès leur plus jeune âge.

La plupart d’entre eux, cependant, avaient commencé à être considérés comme médiocres au mieux, n’obtenant jamais de résultats notables jusqu’à ce qu’à un moment donné leur talent monte en flèche.

Cela se produisait généralement entre les trente et quarante ans des mages, bien après leur âge supposé et lorsque la communauté magique les avait pratiquement oubliés.

Bien sûr, l’auteur n’avait aucune idée de ce qui avait pu se passer pour provoquer un changement aussi radical, il s’est donc contenté de présenter les théories les plus populaires de l’époque. Dommage que ces paragraphes ressemblaient plus à une œuvre de fiction qu’à un rapport historique.

Selon certaines rumeurs, le Magus Elista aurait épousé le dieu de la magie en secret, tandis que d’autres prétendaient qu’elle avait trouvé une amulette mystique provenant d’une civilisation perdue et capable de lui accorder un mana illimité.

La même chose serait arrivée aux mages Morgania et Frejik. Des débuts obscurs, suivis d’une montée soudaine en puissance et en gloire, sans explication plausible en dehors des contes de fées et des rencontres divines.

« Serait-ce ce que Solus recherchait ? Peut-être que ce qui les a changés n’était pas un coup de chance insensé, mais la découverte de la “vraie magie” dont Solus parlait tout à l’heure. »

Lith était sur le point de fermer le livre, ayant épuisé tous les mages, quand Solus l’a arrêté.

« Tourne la page, s’il te plaît. » Lith ne savait pas pourquoi, mais il suivi les instructions. En lisant rapidement la page, il remarqua qu’il s’agissait de conflits dans un endroit lointain, au cours desquels plusieurs mages de bas rang étaient morts.

Solus lui fit feuilleter chaque page jusqu’à la fin du livre.

C’était déjà l’heure du déjeuner, alors Lith se prepara à rentrer chez lui.

« Tu as trouvé quelque chose d’important ? », a-t-il demandé.

« Oui, je crois. J’ai juste besoin que nous fassions quelques expériences pour mettre ma théorie à l’épreuve.

Si j’ai raison, une fois que tu auras expérimenté la différence entre la fausse et la vraie magie, tu pourras comprendre mon raisonnement.

J’espère qu’une fois que tu l’auras fait, tu pourras m’aider à combler les trous que je n’arrive pas à expliquer. »

L’esprit et le cœur de Lith étaient en ébullition, la route semblait s’étendre à l’infini devant lui. Même lorsqu’il était assis autour de la table avec sa famille, il était incapable de cacher ses sentiments désagréables.

« Merde ! Merde à toutes ces conneries ! D’abord ma véritable origine, puis la magie spirituelle, la magie de fusion, et maintenant ça ? Combien de secrets dois-je garder pour me protéger de ce monde, pour protéger ma famille de moi-même ?

Je ne pourrais pas simplement trouver un marteau magique ou quelque chose qui me donnerait des pouvoirs divins ? Ou peut-être être choisi par un ancien magicien pour devenir le champion de l’ordre en prononçant un seul mot ? Pourquoi tout doit-il être si compliqué ?

J’aime vraiment ma famille, sauf Trion, mais je ne peux pas être honnête avec eux.

À ce rythme, je n’aurai jamais d’amis, d’amant, ni rien d’autre. Je vais être obligée de passer ma vie seule avec mes secrets. »

« Non. Pas seule. » La voix de Solus résonnait dans son esprit, pleine de bonté et d’affection. Le noyau de la tour autour du cou de Lith a pulsé, libérant de douces vagues de mana qui ont enveloppé son corps comme une étreinte chaleureuse.

L’humeur de Lith d’éclaircie quelque peu, ce qui lui permis de prendre un repas agréable et de discuter avec sa famille, racontant leurs journées de travail respectives.

Après avoir fait la vaisselle, il pu enfin quitter la maison et se rendre dans les bois de Trawn. Il avait sa propre clairière spéciale, au fond des bois. Un endroit assez spacieux pour entraîner ses compétences magiques sans mettre en danger les arbres ou la faune, loin des regards indiscrets.

Lith et Solus vérifièrent les alentours pour voir s’il y avait des intrus ou des bêtes magiques. N’en trouvant aucun, Lith put enfin sortir son grimoire de la dimension de poche et commencer à mémoriser le plus simple des sorts de niveau 1 qu’il avait trouvé dans le livre de Nana.

« Nous n’avons pas besoin de quelque chose de puissant ou de complexe pour nos expériences. Seulement quelque chose à comparer avec tes propres sorts. Plus vite tu le maîtriseras, plus vite nous aurons nos réponses. » Lui a expliqué Solus.

Le sort qu’il choisi était Piercing Ice, une version édulcorée du sort Lance de glace que Lith utilisait contre des adversaires énormes comme les Ry ou les sangliers. Son mot magique était “Joruna Lituh”, avec des accents sur le u pour Joruna et le i pour Lituh.

Les signes de la main nécessaires pour le lancer commençaient par les index qui se touchaient à leur extrémité, avant de les écarter et de dessiner un sept en l’air avec l’index droit tandis que le doigt gauche devait exécuter un mouvement miroir au même moment.

Ensuite, la main gauche devait s’arrêter, tandis que l’index droit devait pivoter, traçant un cercle complet avant de pointer la cible.

Le résultat attendu était de conjurer et de tirer un éclat de glace géant contre un ennemi.

« Comment cette chose peut-elle être considérée comme un simple sort ? Tant d’efforts pour si peu de retour. »

À son premier essai, Lith parvint à conjurer une sorte de fourche géante qui se déplaça en avant sur quelques mètres avant de s’écraser sur le sol.

« Tu n’as pas aspiré le h. » Fit remarquer Solus.

Puis il s’est transformé en boomerang qui a failli lui couper la tête.

« C’est Lìtuh, pas Litùh ! »

Après une série d’échecs qui n’ont pas mis sa vie en danger, Lith dû admettre qu’il n’était pas capable d’apprendre à la fois la prononciation du mot magique et les signes de la main. Il a donc dû s’asseoir et réciter le sort jusqu’à ce qu’il l’ait bien compris.

Après cela, il dû faire face à sa mauvaise coordination main-œil.

« Ce n’est pas un sept, plutôt un un. Fais la deuxième ligne plus raide ! »

« Tu es censé dessiner un cercle, pas un œuf ! »

« Tu peux arrêter ta main gauche pendant le dernier mouvement, s’il te plaît ? Sinon on n’en verra jamais la fin. »

Échec après échec, Solus ne cessait de harceler l’esprit de Lith, corrigeant les nombreuses erreurs qu’il faisait à chaque tentative.

« Si tu es si doué, pourquoi ne le fais-tu pas toi-même ? » répliqua Lith, débordant de frustration.

« Désolé, je n’ai pas de corps. Sans compter que je ne peux pas lancer de sort à moins que tu ne sache comment le faire et que tu ne m’en donne l’autorisation. »

L’après-midi fut long pour Lith, plein de jurons, de sueurs et de lancers de sorts, pas nécessairement dans cet ordre, avant qu’il ne parvienne enfin à matérialiser un sort à peu près potable.

Il répéta le sort jusqu’à ce qu’il devienne une seconde nature pour lui.

« Je n’arrive pas à croire que j’ai dû travailler si dur pour le plus simple des sorts. Il me reste à peine une heure avant le coucher du soleil. Hé, Solus, est-ce que c’est assez de temps, ou est-ce qu’on arrête là pour aujourd’hui et on rentre à la maison ? »

« C’est plus qu’assez. Dis-moi, ça fait quoi d’utiliser la magie comme ça ? »

« Pour être honnête, je ne le ressens pas du tout. Je suis tellement concentré sur toutes ces conneries que je peux à peine respirer. »

Solus a mentalement hoché la tête.

« Parfait. Maintenant lance ton sort Lances de Glace, en tirant une seule lance. »

Lith était si fatigué qu’il avait besoin de prononcer le mot magique à haute voix.

“Jorun !” D’un geste du poignet, Lith fit apparaître un javelot de glace fin et tranchant qui frappa l’arbre le plus proche plus vite et plus fort que la glace perçante.

« Maintenant, concentre-toi, comment as-tu fait ça ? »

Lith ne comprenait pas toutes ces questions apparemment stupides, mais il faisait assez confiance à Solus pour savoir qu’elle n’essayait pas juste de l’énerver.

« Comme d’habitude. D’abord, j’ai visualisé mentalement l’effet de mon sort, des choses comme la forme de la lance, la trajectoire, et cetera.

Puis j’ai utilisé mon noyau de mana pour générer assez de mana pour soutenir mon sort, en prenant en compte la taille de la lance que je voulais conjurer et la force avec laquelle je voulais qu’elle frappe.

Enfin, j’ai projeté mon mana à l’extérieur, en le mélangeant avec l’énergie du monde pour avoir accès à l’élément eau et voilà ! La commande est prête. »

« Ok, maintenant utilise “Piercing Ice”, encore. Cette fois-ci fais-le lentement, essaie de sentir comment ton mana s’écoule selon le sort. »

Lith eut besoin de quelques essais avant de réussir la tâche que Solus lui avait confiée, le résultat était étonnant.

« Mais qu’est-ce qui se passe ? Dès que je commence avec les signes de la main, une partie de mon mana quitte mon corps. Et ce n’est pas tout. Le mot magique détermine comment mon mana interagit avec l’énergie du monde, dans ce cas l’élément eau, tout en donnant au sort sa forme et sa taille. »

Lith pouvait dire que si Solus avait un visage, elle aurait eu un sourire suffisant d’une oreille à l’autre.

« Tu es presque à la ligne d’arrivée. Recréer une lance de glace, mais essaie de rendre l’éclat de glace plus gros. »

« Je ne peux pas. » Lith était sidéré. « Si j’essaie d’ajouter plus de mana, le sort devient instable et se dissipe. »

Solus lui demanda d’essayer de générer un deuxième tesson de glace, puis de rendre l’unique tesson plus rapide et enfin de modifier sa trajectoire juste après sa matérialisation. La réponse de Lith était toujours la même.

« Je ne peux pas. Le sort est gravé dans la pierre. Une fois que j’ai appris les signes et la prononciation appropriés, je ne suis plus qu’une source de mana et un système de ciblage. Mon noyau de mana et mon imagination ne jouent aucun rôle dans ce type d’incantation. »

Lith eu soudainement la révélation.

« Et c’est pour ça que tu considères que c’est de la fausse magie ! »

« Appeler ça de la fausse magie est un peu extrême, mais pour simplifier, appelons ça comme ça. »
Lith pouvait sentir Solus débordant de fierté.

« Maintenant je peux enfin partager ma théorie avec toi. Tout d’abord, j’aimerais que tu réfléchisses à toutes les étapes nécessaires pour utiliser la vraie magie. »

Solus s’arrêta un moment, laissant à Lith le temps de réfléchir.

« Où veux-tu en venir ? »

« Ce que je veux dire, c’est que ce que tu considères avec désinvolture comme ‘habituel’, est en fait un exploit très complexe, bien plus difficile que la fausse magie. »

« Hmmm. Désolé, je ne peux toujours pas te suivre. »

Solus renifla mentalement de frustration.

« La vraie magie n’est pas aussi simple que tu le dis. Elle exige que tu sois conscient de ton propre noyau de mana et que tu sois capable de générer la bonne quantité de mana pour chaque sort. Trop de mana et le sort se retournera contre toi, pas assez et il n’aboutira pas.

Il faut également être capable de projeter son mana vers l’extérieur, d’atteindre l’énergie du monde par soi-même. Je doute que même Nana soit capable de le faire. »

Lith trouva cette dernière partie difficile à croire.

« Quand tu le dis comme ça, bien sûr, ce n’est pas un exploit facile. Mais c’est ce que tout le monde fait avec la magie de corvée. Quelle est la différence entre la vraie magie et la magie des corvées ? Pourquoi personne d’autre ne l’utilise ?

 La différence est dans la quantité de mana nécessaire. La magie de corvée nécessite peu de mana, donc tu peux l’utiliser même sans activer ton noyau de mana, alors que la vraie magie peut nécessiter de grandes quantités de mana, selon ce que tu essaies d’accomplir. »

Voyant que Lith se débattait, Solus a commencé à utiliser un ton monotone et magistral.

« La magie de corvée est la base même de la magie, elle t’enseigne tout ce dont tu as besoin sauf comment activer le noyau de mana. La fausse magie est comme une béquille, une méthode de lancement de sorts infaillible, de type ‘magie pour les nuls’.

Il suffit d’apprendre quelques mots et gestes et tant que tu as assez de mana, elle fait tout par elle-même. Mon hypothèse est que la fausse et la magie de corvée sont enseignées dans cet ordre comme une formation vers la vraie magie.

Mais seuls quelques-uns, comme les Mages, comprennent que la fausse magie n’est pas une question de mouvements de doigts et de mots magiques, mais qu’il s’agit de percevoir le flux de mana et d’apprendre à le contrôler.

Tes exercices de respiration sont également une béquille, mais une bonne, puisqu’ils t’ont aidé à accéder au noyau de mana et t’ont fait prendre conscience du flux de mana. La fausse magie, au contraire, est une mauvaise béquille, car elle rend ses utilisateurs trop dépendants de son pouvoir.

La plupart des utilisateurs de fausse magie sont tellement obsédés par des détails comme les signes de la main et la prononciation, qu’ils vivent toute leur vie sans remarquer ce qui se trouve au-delà. Les faux mages, surtout ceux qui ont un grand talent, deviennent tellement satisfaits de pouvoir faire ce que personne d’autre ne peut faire, qu’ils ne s’arrêtent jamais un instant pour se demander pourquoi. C’est assez ironique. »

Lith était étonné. Tout était parfaitement logique.

« Si tu avais tout compris, pourquoi tu ne m’as rien dit ? Quels sont les trous dans ta théorie dont tu parlais tout à l’heure ? »

Solus était gênée, mais elle a tout de même répondu.

« Parce que je ne peux pas répondre à certains points clés de ma propre théorie. Si j’ai raison, pourquoi la fausse magie est-elle la seule disponible pour tout le monde ? Pourquoi les vrais mages tuent-ils ceux qui tentent de la répandre dans le monde entier ? »

« Qu’est-ce que tu dis ? »

Solus a fusionné leurs esprits, montrant à Lith toutes les choses qu’elle avait remarquées en lisant le livre d’histoire. Comment tant de théoriciens et de mages en devenir étaient tous morts dans des accidents ou des circonstances mystérieuses, souvent juste après avoir annoncé à la communauté magique une découverte révolutionnaire.

D’autres, au contraire, étaient considérés comme des fraudeurs, avant de devenir fous et de disparaître.

Lith ne pouvait que rire à gorge déployée.

« Oh, mon Dieu. Solus, tu es si intelligent et pourtant si naïf dans le monde des hommes. La réponse est très simple. Sais-tu pourquoi, sur Terre, nous avions des embouteillages ? Parce que tout le monde pouvait avoir une voiture.

Veux tu vraiment laisser un fou ou un idiot naïf mettre la main sur ce genre de pouvoir ? La fausse magie est un moyen de contrôler les masses, ce n’est pas l’épreuve finale comme tu le pensez.
Après avoir découvert la vraie magie, le test final consiste à démontrer que l’on est assez intelligent pour rejoindre silencieusement le club et en récolter les bénéfices. Et si tu n’aime pas les règles du club, la seule issue est la mort. »


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