Supreme Magus chapitre 1233

La faiblesse de la chair (partie 1) |

Traducteur : Ych
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‘Non, je ne vais pas bien. Ce qui est étrange, c’est que l’utilisation d’un lien mental est censée me faire sentir plus mal, mais je me sens mieux à la place. Où est Phloria ?’ dit Lith par l’intermédiaire du lien mental.

La réponse est venue sous la forme de ce qui ressemblait à une décapotable ancienne qui a atterri juste à côté d’eux. Les commandes étaient si simples qu’il ne lui avait fallu qu’une minute pour apprendre à la conduire.

Un bouton marqué d’une flèche pointant vers le haut faisait décoller l’appareil, un autre marqué d’une flèche pointant vers le bas le faisait atterrir, et un manche permettait de se diriger et de changer d’altitude. Un levier vertical réglait la vitesse, faisant aller la voiture plus vite au fur et à mesure qu’on la tirait vers le bas.

‘Qu’est-ce qui ne va pas chez toi ?’ demande Phloria, ce qui le soulage encore plus.

‘Je n’en sais rien. J’ai l’impression qu’un courant d’électricité froide traverse mon corps et me donne des frissons.’ Il répondit.

‘Serait-ce un signe de la tribulation que tu craignais ?’

‘Quoi qu’il en soit, je n’ai jamais vécu quelque chose de semblable, même à Kulah.’ dit-il.

En temps normal, Lith aurait maudit chaque seconde que la circulation et la recherche d’une place de parking leur faisaient perdre pendant que Phloria conduisait en suivant ses indications, mais le fait de voler aggravait encore ses conditions.

Son corps semblait s’être transformé en un bloc de glace et ses yeux brûlaient tellement qu’il était obligé de cligner souvent des yeux pour voir à travers le flou qui les obscurcissait.

‘Bordel de merde !’ Lith pensa après avoir gardé les yeux ouverts aussi longtemps qu’il le pouvait. Il était maintenant en mesure de comprendre pourquoi il se sentait si mal et pourquoi le fait de monter ne faisait qu’empirer les choses.

Solus parti, la Vision de Mort était revenue plus forte et plus étrange que jamais.

Sous ses yeux, Phloria et Tista moururent plusieurs fois en l’espace de quelques secondes à cause d’un empoisonnement au mana ou parce que leur corps ne pouvait plus retenir la force vitale provenant du Soleil Interdit.

La première se manifestait en les faisant apparemment s’endormir puis reprendre leur forme humaine, la peau ternie par la pâleur de la mort. La seconde, au contraire, les remplissait de cloques qui faisaient pourrir leur chair à une vitesse visible à l’œil nu.

Et c’était la seule chose normale qu’il voyait.

La ville de Kolga était remplie de tant d’âmes mortes qu’elles faisaient pâlir le Soleil Interdit à Lith. Beaucoup d’entre elles griffaient, frappaient et mordaient la masse d’énergie pour essayer de récupérer ce qu’elles avaient perdu, mais en vain.

D’autres suivirent les vrilles qui partaient du soleil vers tous ceux qui se trouvaient à l’intérieur de Kolga, Lith et les filles comprises. La sensation de froid qu’il éprouvait était due au flux constant d’ombres qui le traversait et se nourrissait en quelque sorte de son mana.

Utiliser la magie spirituelle revenait à jeter du chewing-gum dans des eaux infestées de requins. Les ombres l’ignoraient temporairement et envahissaient la vrille de mana non protégée. La vision floue que Lith ressentait était simplement causée par le nombre d’ombres qui se déplaçaient devant ses yeux.

Malgré les lumières de la ville et le lustre de ses bâtiments modernes, Kolga était rempli de plus de morts que Lith n’en avait jamais vus. Les morts dont la force vitale se consumait, hantaient les vivants qui s’en nourrissaient comme des parasites, tandis que les autres volaient sans but, tentant d’échapper aux frontières de la ville.

‘Tant que Solus était avec moi, elle drainait le mana étranger tandis que l’énergie inondant les fissures de ma force vitale humaine supprimait la Vision de Mort. Mais sans elle, on m’injecte plus que du mana, je reçois aussi les pensées et les sentiments qu’il véhicule.

‘Faluel m’a appris que seul le mana peut canaliser la volonté et que les ombres utilisent l’empoisonnement comme un lien mental. Le problème, c’est que je n’ai aucune idée de ce qu’elles attendent de moi.’ pensa-t-il.

Les ombres qui suivaient les citoyens de Kolga les fixaient avec haine, plongeant leurs membres éthérés à l’intérieur des corps des Kolgans pour récupérer ce qui leur avait été volé, mais elles revenaient toujours bredouilles.

Ceux qui se trouvaient près de Phloria et de Tista, au contraire, les regardaient avec pitié, essayant de les protéger avec leur corps des vrilles qui sortaient du Soleil Interdit, mais en vain. Quant à Lith, il y avait tellement d’ombres qui l’entouraient qu’il avait du mal à voir ses propres mains, et encore moins à lire leurs expressions.

Le voyage au département de la torche lumineuse n’a pas duré longtemps. Les merfolk leur avaient montré les principales connexions des voies de vol pendant leur visite de la ville depuis l’extérieur de la barrière et plus Lith se rapprochait de Solus, plus leur connexion se renforçait.

La Torche lumineuse se composait d’un haut bâtiment principal rectangulaire où se trouvaient les bureaux administratifs, et de deux longues ailes rectangulaires où les mages de la ville menaient les expériences liées à la magie de la lumière.

Il aurait pu ressembler à un hôpital terrien si ce n’était que personne ne pouvait tomber malade à Kolga. L’accouchement était la seule procédure médicale nécessaire puisque personne ne naîtrait avec sa force vitale et son noyau de mana fissurés.

Lith remarqua l’angoisse sur le visage de toutes les femmes qui passaient devant le bâtiment, mais il ne se doutait pas que la moitié d’entre elles auraient effectivement un bébé tandis que les autres recevraient juste un avis de condoléances avant d’être renvoyées.

‘Solus est ici. Elle est presque à portée de notre lien mental. Je ne peux pas entendre ses pensées à moins de me concentrer très fort, mais je peux sentir qu’elle a peur.’ dit Lith via le lien mental tout en se massant les tempes pour essayer de communiquer avec elle.

Il sentait sa peur se transformer en terreur, puis en horreur. Quoi qu’il lui arrive, cela empêchait Solus de penser clairement, répondant à ses pensées par des émotions brutes.

‘Il faut que je me téléporte auprès d’elle, tout de suite !’ Ils se séparèrent tous les trois, cherchant un coin où Lith pourrait utiliser la magie dimensionnelle sans être vue des gens qui marchaient dans la rue ou de ceux qui volaient au-dessus.

Ils ont attiré beaucoup d’attention indésirable, surtout Lith. Son corps malingre appartenait à un professeur de la Fosse à feu, un autre département de l’académie, et il n’avait aucune raison d’être là.

Craignant qu’il ne soit venu perturber leurs recherches, les habitants de la Torche lumineuse gardaient les yeux rivés sur Lith, lui faisant regretter de ne pas pouvoir tout faire exploser.

***

Pendant ce temps, le mage Kolgan qui avait trouvé Solus nu et affalé sur le sol ne cessait de déplacer ses yeux d’elle au bouton d’alarme sur le mur.

‘Est-ce un ennemi ou juste un spécimen perdu ? Je ne veux pas mettre un collègue dans le pétrin pour une erreur stupide. Dieu sait à quel point ces choses sans cervelle de l’usine d’élevage parviennent facilement à s’échapper dès que tu leur tournes le dos.’

‘Ils s’enfuient par instinct, mais dès que la peur disparaît, ils redeviennent doux.’ Pensa-t-il.

Solus regarda l’hybride avec effroi et essaya de se lever, mais trop de temps s’était écoulé depuis la dernière fois où elle avait eu de vraies jambes au lieu de constructions. La volonté ne suffisait pas pour se déplacer, elle avait besoin de coordination motrice et elle en était dépourvue.

‘Pourquoi ce corps stupide est-il revenu à ce moment précis ?’ Pensait-elle, luttant même pour marcher sur quatre pattes. ‘Même si je m’échappe d’ici, il n’y a aucune chance que je passe inaperçue. Si ça continue, je risque de compromettre la vie de tout le monde.’


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