Traducteur : Ych
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La mage ne s’est pas contentée de fissurer la force vitale et le noyau de mana de Khalia, elle les a déchirés sans ménagement tandis que la merfolk hurlait à pleins poumons, se tordant avec tant de force que la table d’opération tremblait malgré le fait qu’elle soit boulonnée au sol.
La mage kolgane continua jusqu’à ce que tout ce qui faisait de Khalia une personne disparaisse presque. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’elle s’arrêta, laissant le flux d’énergie du Soleil Interdit réparer les blessures que les entraves avaient infligées à la merfolk qui se tordait pendant la procédure.
Pour la première fois depuis qu’elle avait rencontré Lith, Solus était heureuse de ne pas avoir de corps. Ou plutôt, elle l’aurait été si elle avait encore eu la présence d’esprit de remarquer qu’elle criait aussi fort que Khalia.
Ce dont Solus venait d’être témoin n’était pas tant une intervention chirurgicale qu’une lobotomie magique. Les yeux de Khalia étaient maintenant vides comme ceux d’une poupée tandis que sa bouche restait ouverte et bavait sans réfléchir.
Solus pleurait le cadavre vivant qui se trouvait devant elle. Elle avait espéré jusqu’au dernier moment qu’après avoir récupéré les Mains de Ménadion, en prenant le contrôle du Soleil Interdit, il aurait été possible de réparer les dégâts.
Pourtant, ce qui se trouvait devant elle n’était plus une personne. Juste un amas de chair et de mana maintenu ensemble par le Soleil Interdit.
“C’est terminé ?” demanda un mage après que les réseaux eurent été vidés de leur énergie et que la femme Kolgan eut ouvert les portes.
“Bien sûr. Emmenez-la au centre de reproduction et amenez ici l’un des sujets les plus âgés pour la procédure d’extraction. Le spécimen est jeune et en bonne santé. Elle devrait fournir à Kolga une récolte abondante.” dit-elle.
Solus était tellement choquée qu’elle a à peine remarqué que son lien avec Lith était intact. Elle voulait crier, mais elle n’avait pas de bouche. Elle avait mal au ventre même si elle n’en avait pas. Son corps de pierre brûlait d’une douleur inconnue, mais elle s’en fichait.
Dans d’autres circonstances, Solus se serait inquiétée de l’absence de Lith pour protéger sa force vitale et des conséquences que pourraient avoir les effets du Soleil Interdit sur eux deux pendant qu’ils étaient séparés.
Aujourd’hui, cependant, elle ne pensait qu’à la façon dont les habitants de Kolga avaient abusé de l’héritage de sa mère pendant des siècles. Rien de ce qui était arrivé à Khalia et à beaucoup d’autres avant elle n’aurait été possible sans les mains de Menadion.
Solus utilisa ses capacités de métamorphose pour se fondre dans son environnement pendant qu’elle explorait ce qui s’était passé à l’intérieur de la torche de lumière. Comme elle se trouvait déjà dans l’aile chirurgicale, il lui suffisait de suivre les cris.
Quelques couloirs plus loin, elle a trouvé deux femmes Kolgans qui partageaient la même salle d’accouchement. Le Soleil Interdit a boosté le métabolisme des mères, faisant durer le travail à peine quelques minutes.
Les deux mères se sont regardées avec peur et compassion jusqu’à ce que leurs bébés sortent. Elles supplièrent les guérisseurs de les laisser tenir leur enfant au moins une fois après que le cordon ombilical ait été coupé, mais les mages ne prirent même pas la peine de répondre.
Ils ont nettoyé les bébés avec un sort d’eau et les ont enveloppés d’un tissu qui les a temporairement protégés des effets du Soleil interdit.
“Nous n’avons pas le temps pour cela. Si nous tardons ne serait-ce qu’une seconde, vos deux enfants mourront.” Les infirmières ont dit tout en poussant les lits hors de la salle d’accouchement et en amenant les mères dans deux pièces différentes.
Tout comme Khalia, leurs membres avaient été attachés au cadre métallique pour les empêcher de perturber la procédure.
Solus suivit les guérisseurs qui amenaient les bébés dans une autre salle d’opération remplie de réseaux. Au centre de la chambre se trouvaient un berceau parfaitement normal et ce qui ressemblait à un cercueil en verre de la taille d’un adulte rempli d’un liquide violet translucide.
“Pair ou impair ?” dit l’un des guérisseurs après avoir sorti un dé de ses poches.
“Impair”.
Le guérisseur fit un trois et mit le bébé qu’il portait dans le cercueil de verre, où le nourrisson commença à respirer par les branchies, tandis que l’autre guérisseur mettait le bébé restant dans le berceau.
Une fois de plus, les portes se sont refermées et plusieurs réseaux se sont allumés pendant que les guérisseurs psalmodiaient leur sort respectif. Le mage près du berceau rendit d’abord visible le fil reliant le bébé au Soleil Interdit, puis il le manipula pour qu’il s’infiltre doucement dans le bébé sans lui infliger de dommages permanents.
Le mage près du cercueil, quant à lui, a fait appel à la puissance des réseaux et du geyser de mana pour séparer en toute sécurité l’élément ténèbres de son homologue lumière.
‘Bonté divine ! Maman, qu’est-ce qui t’a pris de créer un objet capable d’invoquer la magie du chaos ?’ pense Solus.
Pourtant, le guérisseur abattit le Chaos dans le sol et conserva la lumière non naturelle. Solus regarda avec horreur le Chaos s’écouler à travers le réseau à l’intérieur de Mogar avant d’être retiré avec une signature énergétique qu’elle ne connaissait que trop bien.
‘Mon Dieu, qu’est-ce que c’est que cette chose ?’ Solus n’avait aucune idée que l’autre côté du Chaos était la Décroissance.
Alors que la magie du Chaos brise tous les liens, transformant la matière en atomes et épuisant toutes les formes d’énergie, la magie de la Décroissance fait avancer l’horloge. Utilisée contre une pierre, elle la transformait en tristesse.
Utilisée contre une mare boueuse, en présence de suffisamment de nutriments, elle relancerait la vie au point qu’en quelques minutes, les formes de vie évolueraient d’organismes unicellulaires en têtards.
Pourtant, il n’existe aucun moyen de fournir une telle quantité de nutriments, de sorte que le seul résultat serait la mort. Même si c’était possible, la décomposition ne pouvait générer que des formes de vie corrompues avec un métabolisme si rapide que leur durée de vie ne durerait que quelques secondes.
Tout ce qui naîtrait d’une telle magie s’évanouirait avant même qu’on puisse se rendre compte qu’il a existé.
Sans leur contrepartie, tous les éléments ne peuvent que détruire. Tout comme le Chaos, la Décroissance ne pouvait pas être contrôlée, elle ne pouvait être libérée qu’après avoir été créée.
Le guérisseur déposa l’étincelle de décomposition dans le cercueil de verre où le bébé reposait, immergé dans des nutriments, le faisant grandir et vieillir à une vitesse visible à l’œil nu. Il a fallu une seconde au bébé pour passer de l’état de nourrisson à celui d’adulte.
Un adulte squelettique parce qu’il n’a pas eu le temps d’absorber correctement la nourriture, aux muscles flasques parce qu’il n’a jamais bougé le petit doigt, avec l’esprit d’un enfant qui n’a connu que la douleur pendant toute sa courte vie.
Pourtant, rien de tout cela n’importait à la magie interdite, car sa force vitale était parfaite et prête à être utilisée. Le guérisseur a programmé son sort à la perfection, frappant au moment où son spécimen atteignait son apogée.
En conjurant la puissance du geyser de mana, il décomposa la malheureuse en ses contreparties de lumière et d’obscurité, la tuant sur le champ. La force vitale s’est déplacée dans le berceau, accordant à l’autre enfant une durée de vie doublée, tandis que l’élément de lumière et le noyau de mana sont devenus partie intégrante du Soleil Interdit, renouvelant sa puissance.
Les ténèbres, au contraire, plongèrent dans Mogar et suivirent le chemin souterrain que le Chaos avait emprunté plus tôt. Les ténèbres se déplaçaient beaucoup plus lentement que le Chaos, ce qui permit à Solus de confirmer la présence de la signature énergétique familière.
‘C’est le même type d’énergie des ténèbres que nous avons vu sortir de la faille de Kogaluga pendant le séjour de Lith en tant que Ranger. C’est de là que vient l’énergie qui alimente les morts-vivants.’ pense Solus.
Merci pour le chapitre !