Traducteur : Ych
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L’homme soupçonné d’être Bouvard Pont-Péro fit un pas en avant et retrouva enfin un peu de rationalité.
Il ajusta le nœud papillon sombre sous son cou, et trois figures indistinctes se matérialisèrent au-dessus de sa tête et de ses épaules.
Ces silhouettes n’étaient pas grandes, elles ressemblaient à des nouveau-nés à la peau blanc pâle et bleutée, avec des expressions sinistres sur leurs visages ronds et déformés.
Des diablotins apprivoisés !
Les trois diablotins translucides et indistincts s’enfoncèrent vers la poitrine de Bouvard Pont-Péro, trouvèrent chacun leur place et se mirent à téter de manière frénétique.
Soudain, leurs silhouettes sont devenues beaucoup plus claires. Elles quittèrent son corps, tournoyèrent autour de lui et volèrent à une vitesse extrêmement rapide vers différents endroits du 20 rue de la Terrasse.
Sans forme corporelle, ils traversaient sans effort les murs et les portes. En peu de temps, ils ont traversé l’armoire, le bureau, le vestiaire et les toilettes de la chambre principale, ne laissant aucune place à un assaillant pour se cacher.
Un diablotin à l’allure sinistre et au visage blanc bleuté a même fait le tour des ombres de la pièce, s’assurant ainsi qu’aucun Beyonder ne pouvait compter sur des pouvoirs surnaturels pour se cacher dans cet environnement particulier.
Voyant le regard perplexe et larmoyant de Paulina lorsqu’elle ouvrit les yeux, Bouvard Pont-Péro expliqua inconsciemment : ” Ma prémonition de danger me dit qu’il y a quelque chose d’anormal ici. Ces derniers temps, je dois être extrêmement prudent et éviter de faire des erreurs. Après avoir éliminé le danger caché et confirmé ma sécurité, je profiterai de ma soirée avec toi.”
Pour une raison inexplicable, le ton de Bouvard était plus doux et plus désireux d’expliquer qu’auparavant face à Paulina. C’était comme si sa tenue et son comportement ce soir avaient touché son cœur, le rendant irrésistiblement attiré et désireux de lui plaire.
Alors que Bouvard Pont-Péro finissait de parler, l’un des diablotins quitta la chambre principale et entra dans la pièce adjacente.
Avec sa peau d’un blanc bleuté, il atteignit le bout du couloir, traversa l’armoire et entra.
L’instant d’après, il aperçoit une silhouette ligotée et bâillonnée.
Elle portait une chemise de nuit d’un blanc pâle et ses vêtements étaient décousus, laissant apparaître une grande partie de sa peau. Elle était belle, élégante, et avait un corps dodu comme un fruit mûr. C’était une autre Paulina !
Le diablotin au visage contorsionné poussa un cri strident et se précipita à nouveau dans les bras de Bouvard Pont-Péro. Tout en se rapprochant de sa poitrine, en tétant, il relaya la scène dont il avait été témoin à son nourrisseur.
L’expression de Bouvard Pont-Péro changea, réalisant qu’il était tombé dans un piège et une embuscade.
Heureusement, il avait été assez prudent pour détecter à l’avance les dangers cachés !
Le lien des Pécheurs s’assombrit et se confondit avec son ombre, se glissant dans les ombres du mur comme un serpent.
La capacité de son enterrement d’ombre n’était pas comme celle de nombreux Beyonders. Ils s’appuyaient sur la pénombre des ombres pour se cacher, alors que lui se transformait en ombre, devenant véritablement une partie des ténèbres. Tout comme les créatures spéciales qui habitent de tels environnements, il pouvait s’égarer dans des espaces alternatifs reliés à certaines régions d’ombre.
À cet instant, Bouvard Pont-Péro eut l’impression de plonger dans une mer sans lumière. Son corps s’étendit et se confondit avec les gouttelettes d’encre.
Rapidement, il s’élança vers la pièce située au bout du couloir.
Sa mission : sauver Paulina et s’échapper de la rue de la Terrasse avec elle.
Il nourrit une possessivité extraordinaire pour cette beauté condimentaire.
Alors que Bouvard se déplaçait dans l’ombre, il entendit soudain un craquement croustillant.
La lampe murale à gaz jaune s’enflamma, remplissant de flammes chaque centimètre du couvercle de verre.
Les lampes à gaz du couloir se transformèrent en soleils miniatures, chassant les ombres.
Seule une ombre humanoïde serpentine resta sur le sol.
Jenna, qui s’était transformée en servante de la dame à l’aide de Lie, sortit d’une pièce annexe, projetant une flamme noire sur l’ombre de Bouvard Pont-Péro.
L’agent de liaison des pécheurs a immédiatement ressenti une douleur et une faiblesse provenant des profondeurs de son âme.
Sans hésiter, il a utilisé la substitution d’ombre.
Au 20 rue de la Terrasse, le majordome et les domestiques de Paulina étaient déjà devenus des adeptes de l’Inévitabilité. Ils se sont soumis à l’envoyé, Bouvard Pont-Péro, et leurs ombres ont été offertes en échange !
Dans la chambre de la servante de Paulina, l’ombre humaine s’est soudain tortillée et transformée.
L’ombre noire s’est redressée, devenant plus ronde, ressemblant à Bouvard Pont-Péro.
Les ombres du couloir se sont rapidement dissipées sous les flammes noires. La servante de la chambre tressaillit plusieurs fois, et des flammes noires suintèrent de ses narines, de ses oreilles, de sa bouche et de ses yeux. Puis, elle s’est tue et a cessé de respirer.
Bouvard Pont-Péro profita du moment où la Substitution d’ombre prenait effet pour activer une autre capacité contractée.
Il s’élança, laissant derrière lui des dizaines, voire des centaines de fantômes.
Son corps vacille au milieu des fantômes, changeant de position pour que Jenna ne puisse pas le repérer ou le distinguer.
En un clin d’œil, Bouvard Pont-Péro, accompagné d’un groupe de silhouettes, entra dans la pièce où Paulina était attachée et ouvrit l’armoire correspondante.
Les yeux de Paulina étaient remplis de surprise, de désir et d’espoir lorsqu’elle vit la main droite de Bouvard, qui brillait d’un éclat métallique, devenir incroyablement tranchante.
En un instant, l’agent de liaison des Pécheurs coupa la corde et tenta d’échapper à l’encerclement avec Paulina.
Il possédait un total de huit capacités contractées, dont l’une n’avait jamais été utilisée auparavant.
À ce moment-là, alors que la corde se détendait, Paulina ne put s’empêcher de se rappeler ses expériences traumatisantes d’abus aux mains de Bouvard, la douleur gravée au plus profond de son esprit.
Une haine incontrôlable a surgi dans son cœur. Elle souhaitait ardemment que celui qui lui avait fait du mal soit traduit en justice.
Elle lève soudain la main droite.
La sonnette d’alarme retentit dans l’esprit de Bouvard, qui ressentit une intense prémonition de danger.
Pourtant, à cette distance, personne ne pouvait réagir plus vite par rapport à un Arc électrique.
Un éclair blanc argenté jaillit de la paume de Paulina et frappa le corps de Bouvard. Son corps s’engourdit, et même ses pensées semblèrent être englouties par la foudre, le rendant temporairement impuissant.
Franca, déguisée en Paulina, s’était déjà rapprochée à cinq mètres, en visant l’anneau de punition qu’elle portait.
Des éclairs scintillèrent dans ses yeux, et le corps de Bouvard trembla, comme si son âme était déchirée, dans une douleur atroce qui l’empêchait de penser correctement.
Perforation psychique !
Smack !
Jenna, qui s’était élancée aux côtés de sa cible, serra le poing et frappa derrière l’oreille de Bouvard avant qu’il ne puisse compter sur son endurance ascétique pour récupérer.
L’agent de liaison des pécheurs a sombré dans l’inconscience.
Avant que Bouvard ne perde connaissance, il entrevit une paire de chaussures en cuir noir et entendit une voix railleuse.
“Je n’ai même pas besoin de lever le petit doigt quand j’ai affaire à toi”.
…
Bouvard se dégagea brusquement de l’obscurité et reprit conscience.
La première chose qu’il vit fut une jambe droite posée sur le genou gauche et cette paire de chaussures en cuir noir. Puis, il vit un jeune homme adossé à un fauteuil, les mains appuyées sur les accoudoirs.
Bouvard voulut instinctivement utiliser ses capacités, mais toutes ses pensées semblaient s’enfoncer dans un bourbier, sans réaction.
L’instant d’après, il remarqua que ses pieds s’étaient transformés en sabots de vache, et qu’il était enveloppé d’une couche de peau de vache brune.
Sort de création d’animaux… Bouvard comprit instantanément sa situation. Il regarda le jeune homme aux cheveux dorés et noirs feuilleter tranquillement le sac en tissu gris-bleu qu’il avait caché dans sa poche.
Bouvard retint instinctivement son souffle, espérant que son interlocuteur sortirait l’objet en question.
Bientôt, le jeune homme récupéra une pièce d’or d’une valeur de 5 verl d’or avec un relief d’oiseau soleil dans un sac de tissu gris-bleu.
Oui ! C’est ça ! Bouvard anticipe la suite des événements.
Simultanément, il se concentra sur l’observation de la chance de son interlocuteur.
C’était l’une des rares capacités qui n’étaient pas limitées par le sort de création d’animaux.
Le visage de Bouvard, qui avait pris un air honnête, s’est soudain figé.
Il voyait la chance de son ennemi sous toutes ses formes, et il voyait des couches de couleurs qui changeaient constamment !
Une douleur aiguë transperça le cerveau de Bouvard, qui ferma instinctivement les yeux. Il sentit un liquide collant, chaud et sanguinolent couler lentement de ses globes oculaires.
Alors que la douleur de Bouvard s’atténue, comme s’il avait vu quelque chose qu’il n’aurait pas dû, il entend le jeune homme dire en souriant : “Tu espérais que je te confisque cette pièce d’or d’infortune et que je fasse changer ma chance de manière passive, te permettant ainsi d’échapper à ta situation fâcheuse ?”
Il connaît le sortilège de transfert de chance… Il connaît aussi le sortilège de création d’animaux… Appartient-il à une autre organisation qui croit en l’Inévitabilité ou… Un nom a soudain traversé l’esprit de Bouvard Pont-Péro : Lumian Lee ?
Lumian sembla percevoir les pensées de Bouvard et sourit sans humour.
“Je croyais que tu étais toujours sur tes gardes contre moi”.
Le cœur de Bouvard sombra et il abandonna tout espoir de chance. Il utilisa immédiatement sa spiritualité pour brasser l’air à l’intérieur de la peau de vache et récita indistinctement le nom honorifique de l’individu.
Cependant, il réalisa rapidement que sa spiritualité était sur le point de se tarir, et que son esprit était extrêmement faible. Il ne pouvait même pas faire une telle chose.
“Si tu comprends ta situation, tu pourras répondre à mes questions”, dit Lumian en souriant.
Bouvard ouvrit inconsciemment la bouche et meugla.
Il avait envie de communiquer avec son interlocuteur, mais il ne pouvait laisser échapper qu’un meuglement de vache.
Jenna, habillée en mercenaire, a apporté une machine à écrire mécanique en laiton et l’a placée devant Bouvard….
C’était une suggestion de Franca : Il n’y a pas lieu de craindre que Bouvard Pont-Péro ne puisse pas répondre aux questions après avoir été transformé en taureau par le sortilège de création d’animaux. Tant qu’il n’était pas analphabète et qu’il avait un certain niveau d’intelligence, il pouvait composer des réponses en tapant sur le clavier. Le seul inconvénient était que sa vitesse ne serait pas trop rapide.
Voyant le veau s’asseoir sur ses pattes arrière et poser avec difficulté ses sabots avant sur le bouton de la machine à écrire mécanique, Franca, qui était invisible et pouvait à tout moment empêcher son interlocuteur de faire n’importe quel acte irrationnel, marmonna silencieusement : Maintenant, personne ne peut dire si la personne qui tape au clavier est un humain ou un taureau….
Lumian jeta un coup d’œil à Bouvard et demanda sans ambages : ” Où sont les Sanson ? ”
Merci pour le chapitre