Traducteur : Ych
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Lumian regarda Aurore dans les yeux pendant un moment avant de demander lentement : “Combien de jours avant le Carême ?”
Il soupçonnait sa sœur d’essayer de lui faire une farce, mais il ne l’avait jamais connue désinvolte sur les sujets importants. Il s’agissait d’un moment crucial qui aurait un impact sur tout le village, et peut-être même sur leur survie.
Aurore le jaugea et plaisanta : “Tu n’as pas fait de sieste ? Tu n’es pas encore tout à fait réveillé ? Nous sommes le 29 mars 1358. Il nous reste encore quelques jours avant le Carême.”
Le 29 mars… Lumian rumina un instant la date et se demanda s’il ne rêvait pas.
Il avait vivement vécu le Carême, une période de réjouissances qui s’était terminée dans un bain de sang. Il avait vu le berger Pierre Berry découper la tête d’Ava à la hache et le sang gicler partout…
Rêvait-il maintenant, ou son expérience passée était-elle un rêve ? Quoi qu’il en soit, les deux semblaient trop réels. Lumian ne pouvait déceler aucun signe de tromperie sur le visage de sa sœur.
Certes, Aurore pouvait être une excellente actrice, mais Lumian pensait qu’elle n’était pas ce genre de personne.
Ils avaient passé cinq ans ensemble, et il connaissait chaque détail de sa personnalité. Elle n’aurait jamais pu le tromper !
Lumian resta perplexe en envisageant les possibilités que sa sœur Aurore lui ait menti à propos du rendez-vous.
Soit elle était contrôlée par le padre ou une entité secrète, soit tout avait été résolu et elle se moquait de lui.
Si aucune de ces options n’était vraie, alors il était probable qu’Aurore disait la vérité.
Le temps était revenu au 29 mars, quelques jours avant le Carême.
Avec la compréhension qu’avait Lumian du monde, cela était clairement impossible et n’aurait pas dû se produire. Cependant, l’attitude de sa sœur le laissait perplexe.
Il faut que je trouve un moyen de le confirmer… Lumian essaya de se remémorer tout ce qui s’était passé durant cette période et se rendit compte qu’il se souvenait facilement de la plupart des détails -Aurore portait une robe bleu clair en ce jour du 29 mars correspondant à la célébration “réussie” du Carême. Il se souvenait également d’avoir rencontré Leah, Ryan et Valentine cette nuit-là avant de les emmener à la cathédrale pour prendre le padre en flagrant délit.
“Qu’est-ce qui ne va pas ? “Aurore tendit la main droite et l’agita devant son frère stupéfait.
Lumian reprit rapidement ses esprits et dit : “Aurore, je viens de me rappeler quelque chose. Il faut que je sorte un peu. Je reviens vite !”
Lumian réalisa que la seule façon de confirmer que le temps était bien revenu au 29 mars était de retrouver Ava.
Si elle était encore en vie, il devrait se faire à l’idée de cet incroyable changement.
Il n’attendit pas la réponse d’Aurore et se précipita vers la porte, la contournant.
” Appelle-moi Grande Soeur ! Ne sois pas en retard pour le dîner !” lui cria Aurore.
Alors qu’il courait vers la maison d’Ava Lizier, Lumian craignait d’être pris dans un cauchemar indescriptible et d’être complètement dévoré s’il était plus lent d’une seconde.
En chemin, plusieurs villageois ont remarqué Lumian, mais ils craignaient qu’il ne s’agisse d’une farce de sa part et ne se sont pas arrêtés pour lui demander des explications.
Enfin, Lumian arriva à destination.
Guillaume Lizier, le père d’Ava, était un cordonnier réputé dans le village de Cordu et les montagnes environnantes. Bien qu’ils ne soient pas particulièrement riches, ils ne sont pas trop mal lotis non plus. Ils vivaient dans un bâtiment souterrain gris-bleu de deux étages avec un espace vide à l’arrière où s’entassaient l’herbe et le bois de chauffage, et où une oisellerie était réparée.
Il était presque l’heure du dîner lorsque Lumian arriva, et plusieurs personnes s’affairaient dans la cuisine de la maison des Liziers.
Lumian passa la porte ouverte et vit immédiatement Ava.
Cette jeune fille aux cheveux bruns et aux yeux bleus d’eau portait une robe gris-blanc et préparait le dîner pour sa mère. Ses mains et ses pieds étaient agiles, et ses yeux étaient vifs. Lumian pouvait dire, rien qu’en la regardant, qu’elle était vivante.
Elle n’est vraiment pas morte… se dit Lumian en regardant le cou d’Ava, essayant de trouver des traces de points de suture.
Dans l’un des romans d’horreur d’Aurore, il y avait une scène où un cadavre était recousu pour agir comme une personne vivante.
Mais le cou d’Ava était long et lisse, sans la moindre cicatrice.
Guillaume Lizier, le cordonnier, remarqua Lumian dans l’embrasure de la porte et lui demanda : “Lumian, qu’est-ce qu’il y a ?”.
Il se leva de sa chaise de cuisine et fit face à Lumian, ses cheveux bruns ébouriffés et un tablier blanc brun légèrement gras pendant devant lui.
Ava, qui était occupée dans la cuisine, se retourna avec surprise et regarda Lumian.
Elle vit Lumian debout, hébété.
“Qu’est-ce qu’il y a ?” demanda-t-elle.
Lumian fut momentanément abasourdi mais reprit rapidement son sang-froid et se prépara à inventer une raison aléatoire pour expliquer sa visite.
Cependant, Guillaume Lizier lui inspira une question.
Il réfléchit un instant et demanda : “Monsieur, Pierre de Berry a-t-il commandé une paire de chaussures en cuir chez vous ?”.
Il se souvient que Reimund et lui devaient rencontrer le berger Pierre Berry le lendemain matin et qu’ils avaient été surpris de le voir abandonner son troupeau pour rentrer précipitamment afin de participer à la célébration du Carême, malgré les dangers d’un voyage long et difficile.
À ce moment-là, Pierre Berry avait déjà enfilé une nouvelle paire de chaussures en cuir souple.
A moins de se rendre dans un magasin de chaussures de Dariège qui vend des produits finis, la fabrication d’une paire de chaussures en cuir prendrait du temps. Pierre Berry était donc de retour au village depuis au moins deux ou trois jours !
Guillaume Lizier, surpris par la question de Lumian, répondit : ” Pierre Berry est revenu il y a quelques jours, mais peu de gens au village sont au courant. Il m’a aussi dit de ne rien dire à personne d’autre.”
Comme prévu… Lumian invente une raison et dit : “J’ai vu quelqu’un qui lui ressemblait beaucoup et j’ai cru que j’avais des hallucinations.
“Comme l’homme portait des chaussures en cuir neuves, je suis venu le confirmer avec vous.”
“C’est bien lui.” Guillaume Lizier répond par l’affirmative. “Il gardait encore trois ou quatre moutons qu’il prétendait que son employeur lui avait donnés.”
Ne laisse-t-on pas revenir les brebis au village seulement début mai pour les tondre et les traire ? Comment les pâturages seront-ils exploités si quelques moutons sont ramenés maintenant ? Le pâturage dans les hauts plateaux est toujours interdit… Plus Lumian y réfléchissait, plus il trouvait que le comportement du berger Pierre Berry était extrêmement anormal.
Et sa prestation à la fin de la fête confirmait le jugement de Lumian.
Cependant, il n’avait aucune idée de ce que lui, le padre et les autres voulaient faire, ni de ce qu’ils avaient déjà fait.
Lumian sourit à Guillaume Lizier et à Ava et dit : ” Je suis soulagé que ce soit vraiment lui. Je pensais que j’avais des problèmes avec mon cerveau et mes yeux parce que je buvais trop.”
Il salue ensuite les Lizier et dit : “Au revoir.”
Lorsque Lumian quitta la maison des Liziers, le sourire qu’il arborait disparut rapidement.
Il était désormais persuadé que cette journée était bel et bien le 29 mars.
Ai-je remonté le temps ou ai-je fait un rêve précognitif ? Les rêves ne peuvent pas être aussi réels. Ils sont si réels que chaque détail est présent… Lumian réfléchissait tout en marchant.
Quoi qu’il en soit, c’était quelque chose qu’il n’avait lu que dans les romans d’Aurore et qu’il n’avait jamais imaginé se produire dans la réalité.
Sur le chemin du retour, Lumian contourna la place et arriva sur le côté de la cathédrale de l’Eternel Soleil Flamboyant.
Le vitrail, qui aurait dû être complètement brisé, était parfaitement encastré dans le mur, et l’illustration du missionnaire Saint Sith sur la surface brillait sous le soleil couchant.
Lumian observait cette scène avec des sentiments mitigés. De nombreuses pensées menaçaient d’émettre de la fumée à cause de toutes les frictions qui se produisaient dans son esprit.
En revenant sur la place, Lumian vit une silhouette familière sortir de l’entrée principale de la cathédrale.
Il s’agissait du padre Guillaume Bénet, au nez légèrement crochu et à l’aura digne, vêtu d’une robe blanche aux fils d’or.
Le cœur de Lumian se serra et il se cambra légèrement, se préparant à l’attaque ou à la fuite.
Guillaume Bénet lui jeta un coup d’œil et hocha la tête sans expression.
” Reviens demain pour les prières. ”
Euh… C’est vrai. Il ne s’est pas fait prendre la main dans le sac par moi en début de soirée du 29 mars. Il ne s’est pas brouillé avec moi, et il ne craint pas que son complot secret soit sur le point d’être dévoilé… C’est dans cette optique que Lumian a réagi instinctivement.
Il se redressa et écarta les bras.
“Louez le Soleil !”
“Louez le Soleil !” Guillaume Bénet lui répondit par la même pose.
Après avoir quitté la place du village, Lumian se remémore habituellement ce qui vient de se passer.
Soudain, il découvrit un point qu’il avait négligé auparavant parce qu’il était choqué par le “retournement de temps”.
Il avait toujours ses super-pouvoirs !
Il était toujours un Chasseur !
Il n’avait pas eu besoin de reprendre son souffle après avoir couru jusqu’aux Liziers, et il avait immédiatement adopté la meilleure posture face au padre. Cela signifiait que son physique et sa condition physique étaient bien supérieurs à ce qu’ils étaient avant qu’il ne consomme la potion.
Lumian en conclut que l’expérience précédente n’était pas un rêve précognitif, et qu’il était déjà un Beyonder de la Séquence 9 !
Je vais essayer d’entrer dans ce rêve spécial la nuit pour voir si je peux encore y entrer et s’il y a des changements… Lumian passa rapidement à l’étape suivante de son plan.
De retour chez lui, Lumian fit comme si de rien n’était et dîna avec sa sœur Aurore.
Comme il agissait souvent ainsi parce qu’il ne voulait pas qu’elle l’aide à nettoyer le désordre à chaque fois qu’il avait des ennuis, Aurore ne demanda rien de plus, même si elle sentait que quelque chose n’allait pas.
Après avoir lavé les couverts et nettoyé la cuisine, Lumian informa sa sœur et se rendit directement à la Taverne d’Ol.
Il voulait vérifier si les étrangers qui n’étaient pas originaires de Cordu allaient se présenter.
Après être entré dans la taverne, Lumian s’assit au comptoir du bar et salua le patron et barman, Maurice Bénet, et l’homme mince d’âge moyen, Pierre Guillaume.
“Un verre de Whiskey Sour”, dit-il avec une grande familiarité.
Le Whiskey Sour est un alcool de mauvaise qualité fabriqué à partir de pommes. Il n’était que plus cher que certaines bières dans les tavernes. Les gens en vendent souvent dans les rues de la ville.
Maurice Bénet le harcèle : “Petit radin, tu n’aimes pas la douleur de l’absinthe ?”.
Lumian prononça les mots familiers : “C’est offert par la maison ?”
Cela lui donna l’impression d’être un peu à la dérive.
Maurice Bénet cessa immédiatement de parler et versa un verre de Whiskey Sour à Lumian.
Lumian sirota son verre en attendant.
Peu de temps après, il entendit des tintements.
Il se retourna pour apercevoir Ryan, coiffé d’un chapeau melon sombre et rugueux, vêtu d’un duffel-coat terne et chaussé d’escarpins jaune pâle.
Leah attira l’attention de presque tous les hommes de la Ol’ Tavern avec sa robe blanche plissée en cachemire, son manteau blanc cassé, ses bottes marseillaises et ses petites clochettes argentées attachées à ses bottes et à son voile.
De même, Valentin portait un gilet blanc, une veste en tweed bleu et un pantalon noir, ses cheveux blonds étant recouverts d’un peu de poudre.
Ils se dirigèrent tous les trois vers le comptoir du bar sous les regards de tous et s’assirent à côté de Lumian.
Lumian ne leva pas les yeux tandis qu’il pensait, Un verre de vin rouge de Dariège, un verre de bière de seigle, et un verre de Cœur Épicé…
Ryan enleva son chapeau haut de forme et le mit de côté. Puis a dit à Maurice Bénet : “Un verre de vin rouge de Dariège, un verre de bière de seigle et un verre de Cœur Épicé”.
Lumian poussa un long soupir et Ryan demanda : “Qu’est-ce qui ne va pas ?”
Lumian prit une gorgée de son Whiskey Sour et dit d’une voix grave : “Je suis un moins que rien, je n’ai pas le temps de remarquer l’éclat du soleil…”
Merci pour le chapitre, la condition pour revenir dans le passé doit être la mort, il revient aproximativement 2 jours dans le passé ou juste avant le nœud du problème…
T’as certainement raison au début j’étais dans l’incompréhension je pensais qu’il était revenu au début de la journée
Peut être alors que ma théorie sur le nom du Circle of Inevitability serait vraie !
J’avoue que le nom peut faire référence a une boucle dont temporel
Merci pour le chap
Punaise le titre du Livre il prend tout son sens maintenant