Traducteur: TheCounterspell
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Dès qu’il eut fini de manger, Lith partit sous prétexte de devoir préparer les derniers détails de sa première leçon de l’art de la Forge. La vérité était qu’avoir une conversation avec eux, sur tout autre sujet que la magie, lui donnait envie de s’arracher les oreilles.
– ‘Merde ! Maintenant je me souviens pourquoi, sur Terre, je n’ai jamais accepté le travail de baby-sitter, sauf si j’avais désespérément besoin d’argent. Les enfants sont tellement ennuyeux, toujours inquiets de ce que les autres pensent d’eux, obsédés par les choses les plus stupides.’ –
Alors qu’il se dirigeait vers sa chambre, il a remarqué un groupe de quatre personnes, une fille et trois garçons, qui avaient coincé une autre fille dans un coin. Avant que Lith ne puisse s’éloigner, les brimades ont rapidement dégénéré en coups.
Lith ne s’est pas arrêté de marcher, il a juste jeté un regard sur eux, en retroussant sa lèvre supérieure dans une expression de dégoût.
– « On ne devrait pas l’aider ? Quatre contre un, c’est injuste. » Demanda Solus.
« La vie est injuste. » répondit Lith. « Je ne sais pas, et je ne me soucie pas d’elle. D’ailleurs, que pourrais-je faire ? Même si je la sauvais cette fois, dès que je tournerais le dos, ils la battraient deux fois plus fort pour se venger.
Si elle est assez stupide pour préférer être battue plutôt que de prendre un Bulletin, c’est son problème. Je n’ai pas l’intention d’ouvrir un refuge pour les idiots. »-
De retour dans sa chambre, Lith prit un long bain, discutant avec Solus de ce qu’ils avaient appris dans le livre et jusqu’où il était prudent de révéler son talent et sa maîtrise.
Bientôt, le premier gong résonna, indiquant qu’il restait quinze minutes avant le début de la période suivante.
Lith a volé à toute vitesse, découvrant que la leçon n’aurait pas lieu dans une salle de classe, mais à l’intérieur de la salle d’entraînement des forgerons, juste à côté de la salle d’entraînement des alchimistes.
Quand Lith a atterri, les deux portes étaient encore fermées et beaucoup de gens attendaient dehors. Les étudiants se mêlaient les uns aux autres.
D’après ce qu’il a pu comprendre, les deux cours de spécialisation se dérouleraient simultanément, permettant aux gens de se rencontrer avant et après la leçon.
– « Je suis vraiment intéressé par le cours de Maître Alchimiste. » dit Solus. « Je pense que ce serait un complément parfait a l’art de la Forge. Qui sait, peut-être pourrions-nous même les fusionner, obtenant ainsi de puissantes armes à usage unique pour quand nous n’avons plus de mana. »
L’intérêt de Lith a été piqué.
« Oui, ce serait génial. Dommage que je ne puisse pas me permettre une autre spécialisation, cela me marquerait comme un élève de rang S. Et puis, je ne peux pas être à deux endroits à la fois. »
Solus a haussé les épaules.
« Ce n’est pas un problème, puisque nous sommes deux. Je me servirai d’un des étudiants avec mes capacités de métamorphose. Nous aurons deux spécialisations pour le prix d’une. Souhaite-moi bonne chance. A plus tard ! »-
Avant que Lith ait pu bégayer une réponse de surprise, Solus avait déjà quitté son doigt. Elle s’est transformée en une tache blanche comme neige, utilisant la foule comme couverture, tandis qu’elle se glissait sous la robe d’un gamin avec le manuel de Maître Alchimiste dans sa main.
Lith était extrêmement perturbé que son esprit soit devenu complètement vide, jusqu’à ce que l’arrivé des professeurs et l’ouverture de leurs portes respectives le tire de ses pensées. Lith la suivit alors qu’il entrait à l’intérieur de la salle d’entraînement des Maitre de Forge, encore incrédule du départ soudain de Solus.
Seul le rire moqueur d’un de ses camarades de classe réussit à le sortir de sa torpeur. Heureusement, ce n’était pas Lith la cible, mais un autre élève qui se plaignait d’avoir oublié son livre.
Lith a immédiatement retrouvé sa concentration.
– ‘Reste calme, mon vieux. Ce sont des choses qui arrivent, ce n’est qu’un petit contretemps. On la récupérera dans quelques heures.’-
Grâce à leur lien mental, il était encore capable de percevoir la présence de Solus dans la pièce voisine, tout comme elle était capable de continuer à se déplacer, puisqu’ils étaient séparés de moins de cent mètres.
Mais à cause de la distance et de la nature magique du château du Griffon Blanc, ils n’étaient pas en mesure de partager leurs esprits comme d’habitude. C’était comme être dans une foule lors d’un événement de club, ils étaient encore capables de communiquer, mais cela demandait un effort.
Il pouvait percevoir que l’esprit de Solus était attentif à quelque chose, l’autre leçon semblait avoir déjà commencé.
« Bonjour, jeunes gens. Je suis la Professeur Lyca Wanemyre, et je serai votre instructeur dans le chemin vers l’art de la Forge.
Ma classe sera différente de toutes les autres que vous suivez, car notre spécialisation est différente de toute sorte de magie que vous avez déjà apprise. Vous venez de faire votre premier pas dans le septième département du Griffon Blanc, le département d’artisanat. »
La professeur Wanemyre était une femme d’une trentaine d’années, mesurant 1,65 mètre, avec de longs cheveux noirs avec des nuances de rouge retenus en chignon. Elle portait des gants de travail moulants qui mettaient en valeur ses doigts longs et agiles.
Elle ne portait pas sa robe de mage, il était donc impossible de cacher ses courbes douces et pulpeuses. Le professeur Wanemyre était mieux dotée que Nalear à tous les égards, et bien qu’elle ne portait pas de maquillage, cela faisait ressortir encore plus son visage en forme de cœur.
Son comportement était moins clinquant et jovial que celui de Nalear, son attitude calme et posée était celle d’une femme mûre, pas d’une jeune fille exubérante.
Lith pouvait compatir avec ses camarades masculins, qui n’arrêtaient pas de pouffer, tout en la regardant avec des expressions abasourdies.
– ‘J’ai de la chance.’ pensa Lith. ‘On dirait que mon cœur est trop petit pour plus d’un béguin à la fois. Je ne pourrais pas supporter d’agir comme un idiot à nouveau.’ –
Wanemyre ne prêta aucune attention aux bouches agacées et aux visages rouge vif. Ses élèves étaient à peine des adolescents, elle était habituée à leurs réactions de première rencontre.
« Tant de mages sont tellement fixés sur la magie élémentaire, qu’ils ne mentionnent jamais les arts de la Forge à leurs disciples.
Je vous félicite donc d’avoir choisi une spécialisation trop souvent vu comme peu glorieuse et sous-estimée, au lieu de faire exploser les choses avec du feu et des éclairs comme la plupart de vos pairs.
Contrairement à ce que vous avez pu entendre ou imaginer, l’art de Forger ne nécessite pas une forge, un marteau ou des ingrédients.
Bien sûr, certains objets imprégnés de magie, comme des cristaux de mana ou la fourrure d’une bête ou d’un monstre magique, peuvent améliorer les résultats, mais c’est le sujet d’une autre leçon. Commençons par les bases. Qui d’entre vous a appris cette discipline dans notre livre ? »
C’était surtout une question rhétorique, les livres avaient été livrés juste la veille, et entre les cours et l’auto-apprentissage, elle ne s’attendait pas à grand-chose. Pourtant, quelques mains se sont levées.
« L’oiseau matinal aura le ver ! Bien. Décrivez à la classe le fonctionnement d’un sort générique d’oubli. » Elle désignait un garçon de quinze ans aux cheveux roux, le seul à avoir levé la main à côté de Lith.
« Uhhh, eh bien, uhm… d’abord on doit dessiner un cercle, et… uhm. » Il avait en fait parcouru les premières pages, et avait levé la main pour faire impression sur le professeur, il ne s’attendait pas à être interrogé.
Wanemyre secoua la tête.
– ‘C’est typique des ados, ils pensent toujours avec la tête dans le pantalon en premier. Au moins cette fois, je n’ai eu que deux poseurs.’ – A-t-elle pensée.
« Vous, avec les yeux méchants, voulez-vous bien intervenir ? »
Lith a ignoré la remarque et a répondu rapidement.
« L’ art de Forger nécessite de dessiner deux cercles magiques, l’un inscrit dans l’autre, avec une série de runes magiques entre eux. Le nombre et le type de runes dépendent de la nature de l’enchantement à appliquer.
Les cercles doivent être parfaitement dessinés, sans aucune imperfection, et même leur rayon importe. Il doit être aussi proche que possible de la taille de l’objet qui va être enchanté. »
Wanemyre siffla de surprise et d’approbation.
« Très bien dit. Au fait, où est votre livre ? »
« Tout est là-dedans. » Lith se tapota la tempe avec l’index droit.
– ‘Pas question de le sortir. Tant qu’il est dans Soluspedia, je peux le citer mot à mot.’ – A t-il réfléchit.
« Vraiment ? » Le professeur a levé un sourcil d’incrédulité.
« Alors pourriez-vous dessiner pour la classe le cercle de l’amulette dimensionnelle ? Page 22, diagramme 4. » Elle a ricané.
Pendant que tout le monde feuilletait ses livres, Lith se rapprocha de Wanemyre, qui lui montra une fiole contenant un liquide à l’odeur âcre.
– ‘J’aimerais que Solus soit là. Elle rirait comme une folle, se moquant de ma façade de je-sais-tout.’ – Pour la première fois depuis tant d’années, Lith se sentait seul, et il n’aimait pas ce sentiment, pas du tout.
La pièce était si silencieuse qu’il pouvait entendre le battement régulier de son propre cœur. Il n’y avait pas de voix dans sa tête, qui l’encourageait ou essayait de le faire rire, tout semblait inutile et creux.
En une série de gestes, plusieurs gouttes du liquide s’envolèrent dans les airs grâce à la magie de l’eau, éclaboussant plusieurs points de la table en pierre blanche parfaitement lisse entre Lith et le Professeur.
Les cercles interne et externe prirent forme simultanément, une goutte se déplaçant dans le sens des aiguilles d’une montre, et l’autre dans le sens inverse.
Le cercle le plus intérieur avait un rayon de dix centimètres, tandis que l’autre avait un rayon de quinze cm, laissant environ cinq cm entre eux pour les runes.
Ce n’est qu’après avoir terminé les deux cercles et vérifié qu’il n’y avait pas d’imperfections que Lith a déplacé les gouttes restantes, formant une des treize runes à la fois, consacrant toute sa concentration à chacune d’elles.
Lorsqu’il eut terminé, la professeure Wanemyre frappa bruyamment dans ses mains, et après une seconde, la classe se joignit à elle malgré elle.
« Incroyable ! » S’est-elle exclamée. « Vous ne faisiez pas semblant, vous avez vraiment étudié. Désolée d’avoir douté de vous. Trente points pour votre performance, et dix de plus en guise d’excuses. Je suppose que j’aurais dû en attendre autant du nouvel ami de Manohar et de Marth. »
À ces mots, tous ceux qui prévoyaient de se venger ou d’humilier Lith sans encourir le Ballot, ont immédiatement pris un virage à 180°. C’était déjà difficile d’engager Manohar comme ça, si on le mettait en colère, on ne pouvait pas savoir comment il allait réagir.
Sans compter qu’en tant que guérisseur royal, il détenait une énorme quantité d’influence et de pouvoir politique, mais il ne se souciait pas de l’utiliser. Il valait mieux ne pas faire trembler sa cage.
« Si je vous le demandais, seriez-vous capable de continuer l’explication ? »
« Oui. » répondit Lith. « Mais je n’ai pas eu le temps d’aller beaucoup plus loin, de plus je ne crois pas avoir bien saisi le contenu. Mon exposé manquerait de profondeur et de véritable connaissance. » La première partie était un mensonge, juste pour ne pas trop se faire remarquer.
Lire vingt pages n’était pas grand-chose, mais le livre entier était une autre histoire. La deuxième partie, au contraire, était la vérité. Si les livres suffisaient, n’importe qui pouvait obtenir des spécialisations infinies simplement en allant à la bibliothèque de l’académie.
« Humble et honnête jusqu’à la botte, digne d’un Maitre de Forge. Encore vingt points pour toi, Lith. N’hésitez pas à vous rassembler ici, tout le monde. Puisque votre camarade nous a offert un cercle parfait, il serait dommage de ne pas l’utiliser.
Je vais vous faire une démonstration pratique de Forgeur. »