Supreme Magus Chapitre 58

L’importance du statut

Traducteur: TheCounterspell

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Le professeur Vastor a tenu parole, il les a amenés dans l’unité de soins intensifs (USI) de l’hôpital, et leur a demandé à tour de rôle de diagnostiquer la nature de l’état des patients.

Vastor prenait des notes sur leurs réponses, pour les confronter aux dossiers. Il n’était pas autorisé à leur donner des notes le premier jour, mais il n’hésitait pas à réprimander sévèrement ceux qui manquaient le moindre détail, les humiliant devant la classe.

En raison de la nature de la tâche, la classe a été divisée en deux groupes, juste après que chacun d’entre eux ait examiné son premier patient. Les tours suivants ont permis à Vastor de diviser davantage les groupes en fonction du degré d’expertise des étudiants.

Dans le premier groupe, se trouvaient ceux qui avaient choisi la spécialisation de Maître guérisseur, attirés par le prestige que le titre impliquait. Pourtant, ils n’avaient ni l’expérience de la pratique de la guérison ni les ressources nécessaires pour avoir un tuteur adéquat pour compenser.

Vastor a pu les repérer immédiatement, car ils ne savaient utiliser que Vinire Rad Tu, l’omniprésent sort de diagnostic de niveau 1.

Dans le second groupe, au contraire, il y avait face snob, face énervée, jeune miss, Yurial et tous ceux qui avaient à leur disposition un sort de diagnostic personnel ou même plus d’un.

À sa grande surprise, le fils de l’archimage, Yurial, était égalé en talent et en précision par la fille au visage snob, tandis que la jeune fille et le gamin au visage agité leur tournaient autour, se distinguant comme des faucons parmi les corbeaux.

En particulier, le visage agité s’est avéré capable de trouver des détails mineurs, que même les maîtres guérisseurs de l’académie ont manqués dans leur diagnostic. Ce n’était rien d’important, mais il était également capable de suggérer des moyens d’améliorer leur pronostic, accélérant le processus de guérison.

Vastor n’était pas arrivé à son âge et à son rang social en laissant quelque chose d’insignifiant, comme ses préjugés ou ses préférences personnelles, se mettre en travers de ses meilleurs intérêts.

– ‘Roturiers ou pas, ces deux-là sentent le succès. Même cette gamine au visage morveux est sacrément bonne, si elle est capable de tenir tête à un sang-pur comme Yurial. J’ai toujours été fier de mon aptitude à reconnaître les vrais talents.

Je ne me soucie pas de savoir si le projecteur est sur moi ou sur quelqu’un d’autre. Tant que je peux maintenir mon statut et ma position, tout est permis. Je dois m’attirer leurs bonnes grâces avant tout le monde.

Quand ils seront célèbres, je ne serai plus personne. Pour l’instant, je suis tout leur monde. Il est temps de noter quelques noms et de s’en souvenir correctement.’-

« Je dirais que nous avons des gagnants. » En parlant aux quatre premiers élèves, la voix de Vastor avait perdu toute trace de sarcasme et de manque de respect. Il parlait avec un ton doux et aimable, comme un grand-père parlant à ses petits-enfants adorés.

« Cela vous dérangerait-il de vous présenter correctement à la classe ? Cela les motiverait à travailler assez dur pour rivaliser avec vous tous. »

– ‘S’ils sont assez délirants pour croire qu’ils ont ne serait-ce qu’une lueur d’espoir, bien sûr.’ Ricana –il intérieurement. –

Dans son esprit, Vastor avait déjà séparé la crème du lait, et le lait du cul. Il était simplement poli.

« Mon nom est Friya Solivar. » Comme tout le monde, elle portait un pantalon et non une jupe, donc en faisant la révérence, elle tenait sa robe à la place.

« Ma mère est la Duchesse Solivar, j’espère que vous avez entendu parler d’elle. »

Le sourcil de Vastor s’est levé, alors qu’il se creusait la tête pour essayer de se souvenir.

« Ah, oui. Je n’ai entendu que des éloges sur la façon dont elle a réussi à arrêter la terrible inondation de l’année dernière. Une femme aussi ingénieuse ne pouvait qu’avoir une fille douée. Je suis sûr que tu as un brillant avenir devant toi. »

Il sauta Yurial, il doutait que même ces crétins aient pu manquer l’étalage de son statut d’héritier de l’archimage Deirus.

Après avoir fait quelques gestes à l’un de ses assistants, Vastor se tenait devant la petite fille, souriant gentiment.

« Je m’appelle Quylla, je viens de Cerea. J’ai douze ans. » Quylla ne connaissait pas l’étiquette ou la manière de se présenter, elle se contenta donc de faire une profonde révérence tout en partageant ce qu’elle jugeait pertinent.

« Si jeune et pourtant si douée ! Tu es vraiment un diamant brut. » Vastor reçut de son accompagnateur une bouteille contenant un liquide violet, qu’il offrit à Quylla avec une petite révérence.

« Tiens, c’est l’un des meilleurs toniques que nos maîtres alchimistes puissent préparer. Bois-en un verre chaque soir avant de te coucher, et tu grandiras comme un champignon. Je suis sûr que tu deviendras une belle femme. »

Quylla a mordu à l’hameçon, rougissant jusqu’aux oreilles pour les compliments. Elle n’avait jamais rien reçu d’aussi précieux de sa vie, aussi tenait-elle la bouteille comme un bébé, bégayant ses remerciements.

Contrairement à ce qu’il pensait, le visage anxieux avait sorti son carnet, notant littéralement ce que les autres avaient dit. Il a fait le geste brillant d’utiliser la magie de l’eau pour écrire au lieu d’un stylo.

– ‘Parfaite magie de l’eau silencieuse. Mon instinct ne me trompe jamais.’ – Le sourire de Vastor s’élargit, il était sûr d’avoir trouvé une mine d’or.

« Montrer du respect à ses concurrents est toujours une bonne idée, jeune homme. »

Suivant les livres d’étiquette qu’il avait stockés dans Soluspedia, Lith fit un pas en arrière, en signe de respect envers le professeur Vastor, avant de faire une profonde révérence.

« Je note toujours tout ce qui est important, pour mieux m’en souvenir. Ces trois-là sont les seuls à mériter l’attention, après tout. »

Après la piètre figure qu’il avait faite pendant le cours du professeur Nalear, Lith débordait de confiance. Grâce à Revigoration, il était certain d’avoir fait mieux que les autres.

Pour la première fois de sa vie, il ne se sentait plus comme une grenouille dans un puits. Il avait enfin trouvé quelque chose dans lequel il était vraiment le meilleur.

Après la façon dont ses camarades de classe l’avaient traité, Lith n’avait plus besoin de sauver les apparences. Il était déjà un paria, quelqu’un sur qui on jetait des ordures sans se soucier. Il n’avait plus rien à perdre.

Lith les traiterait comme ils l’ont fait avec lui, avec rancune et sans pitié.

« Je m’appelle Lith, je viens de Lutia. J’ai aussi douze ans. »

« Douze ans ? ! Lith ? »  Lith était déjà plus grand que lui, (note : Lith mesure 1m60) donc Vastor n’avait pas réussi à le reconnaître.

« J’ai entendu tellement de choses sur toi. Comme tout le monde ici. Les gars… » Il s’adressait prétendument à toute la classe, mais il ne regardait que les trois autres, pour s’assurer de leur attention.

« …Lith, ici présent, est celui qui a percé la soi-disant ‘malédiction’, un poison unique qui avait échappé même aux meilleurs d’entre nous. Vous en avez entendu parler ? » Friya et Yurial ont acquiescé, tandis que Quylla et beaucoup d’autres ont secoué la tête.

Le cœur de Vastor saignait à l’idée de gaspiller autant de papier, mais il ne pouvait pas faire une seule copie du rapport juste pour Quylla. Les autres élèves se seraient plaints d’une discrimination aussi flagrante.

Pendant que son assistant remettait les rapports, il continuait à s’occuper de sa mine d’or.

« Un hexacaste de douze ans, avec un grand talent en magie légère en plus, c’est comme ça qu’il a été admis. »

Entre sa carrure, sa taille et tout ce qu’ils avaient appris au cours de la dernière minute, les camarades de classe de Lith le regardaient d’un œil nouveau, avec même un soupçon de respect. Friya et Yurial regrettaient ce qu’ils avaient fait plus tôt.

Si au lieu de lui jeter des ordures, ils avaient réussi à marquer des bons points, peut-être aurait-il pu leur apprendre tant de choses. Pendant une seconde, Friya a pensé qu’elle était la seule à avoir une autre chance.

Après ce qui s’était passé plus tôt, ce Lith était clairement sensible aux charmes féminins, et elle était plutôt jolie. Mais quand elle lui a souri, ouvrant la bouche pour commencer à discuter, il lui a envoyé un regard froid qui la fit frissoner.

Ses yeux étaient vides, comme ceux d’un prédateur qui s’apprête à déchiqueter sa proie. Friya ravala ses espoirs et fit comme si rien ne s’était passé.

« Lith, mon garçon, tu devrais sourire plus souvent. Si tu continues à regarder fixement tout le monde, comment pourraient-ils remarquer à quel point tu es beau ? » Vastor lui tapota l’épaule.

– ‘Moi ? Beau ? Quel lèche-bottes ! Comment peut-il penser que je n’ai pas remarqué son changement d’attitude à 180° ?’ Réfléchit Lith.

« Je pense qu’il sait que tu l’as remarqué, il espère juste que tu ne t’en soucies pas. » répondit Solus. « Quant au beau gosse, oui, tu n’es pas au niveau de Trasque, mais peut-être que si tu laissais tomber le look de tueur en série adolescent…. »-

Quylla aussi regrettait ce qui s’était passé plus tôt, mais pour des raisons totalement différentes. Elle n’avait rien fait contre Lith, mais elle ne l’avait pas aidé non plus. Comme les autres, elle avait toujours gardé ses distances.

Avec le recul, elle aurait peut-être aidé un autre roturier de son âge. Mais il était grand et effrayant, alors elle l’avait pris pour un noble. Sans compter que sa classe sociale l’effrayait encore plus.

« Bon, assez avec les rondes, j’ai déjà ce dont j’ai besoin. Laissez-moi vous montrer à tous où la vraie magie se passe. »

Vastor les a fait traverser quelques couloirs et est entré dans une autre salle. La plaque au-dessus de la porte était auto-explicative “Membres manquants”.

« Comme vous l’avez compris, c’est ici que nous déplaçons les patients qui ont perdu un ou plusieurs membres, après avoir stabilisé leur état. Nous pouvons en fait les faire repousser à partir de zéro, mais c’est un sort long et difficile. Suivez-moi. »

Le service était presque vide, seuls quelques lits étaient occupés. Contrairement à l’USI (unité de soins intensifs), elle était remplie de fleurs et de peintures magiques, rendant l’atmosphère apaisante et relaxante. Les murs étaient des fresques magiques, représentant des bois ensoleillés, si vivantes qu’elles semblaient vraies.

Le professeur Vastor les a amenés autour du lit d’un homme blond de vingt et quelques années, auquel il manquait le bras droit. Il ne restait qu’un petit moignon.

« Élèves, permettez-moi de vous présenter le capitaine Zarran. Il a perdu son bras lors d’une escarmouche contre l’empire des Gorgones, alors qu’il défendait les frontières nord de votre royaume. »

L’homme était clairement embarrassé. Contrairement à la plupart des patients de l’unité de soins intensifs, il était réveillé et avait l’esprit clair. Bien qu’ils l’aient salué poliment, il ne pouvait s’empêcher de se sentir comme un cheval au marché, prêt à être sondé et examiné sans pitié.

Soudain, les doubles portes de la salle s’ouvrent à nouveau. L’homme qui est entré a attiré l’attention de tout le personnel et de presque tous les étudiants. D’après leurs cris d’admiration, Lith a pu déduire qu’il s’agissait du professeur Marth ou de Manohar.

– « Noyau de mana bleu vif. » Fit remarquer Solus. « Je parie que c’est Marth. »

« Je ne prends pas le pari. » Répondit Lith. –

« Professeur Marth, quel plaisir de vous voir. » L’accueilli Vastor avec un sourire s’étalant d’une oreille à l’autre.

« J’étais sur le point d’expliquer aux élèves de quatrième année  la procédure de repousse. Voulez-vous faire les honneurs ? »


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