The angel next door spoils me rotten : chapitre 03-volume 03

L’ange et une rencontre indésirable

Traducteur: linkfet
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Leurs camarades qualifiaient souvent Mahiru d’ange. Vu à quel point elle était douce et modeste, sa personnalité bienveillante, ses résultats excellents aussi bien à l’école que dans le sport, et sa beauté inégalée, ange semblait effectivement un surnom approprié. Il n’était donc pas surprenant qu’elle soit très populaire.

                Durant sa première année de lycée, de nombreux garçons issus de différentes classes lui avaient déclaré leur flamme, et elle disait que les repousser un par un n’était pas une fierté pour elle, mais une gêne. Elle n’aimait pas que des inconnus l’abordent pour lui proposer un rendez-vous.

                Alors, même si Mahiru était très populaire, après environ un semestre à refuser obstinément tous ses prétendants, elle avait fini par décourager la majorité des élèves. Au moment où elle rencontra Amane, bien que beaucoup de garçons soient encore sans doute intéressés par elle, les déclarations d’amour s’étaient plus ou moins calmées.

                Mais cela ne signifiait pas qu’elles avaient complètement cessé, comme Amane ne tarda pas à le constater.

***

« S’il te plaît, sors avec moi. »

                C’était après les cours, quand Mahiru s’était arrêtée à la bibliothèque pour rendre un livre avant de rentrer chez elle.

                La bibliothèque ne se trouvait pas dans le bâtiment 1, là où était leur salle de classe, mais dans le bâtiment 2, ce qui signifiait qu’elle devait passer par un couloir reliant les deux.

                Le bâtiment 2 était essentiellement composé de salles de classe, et il était désert après la fin des cours, à l’exception de quelques élèves se rendant à leur club. Il y avait donc très peu de passage, et c’était calme, si bien que la déclaration du garçon était parfaitement audible.

                Quand Amane entendit cette voix venir d’en bas alors qu’il marchait dans le couloir du deuxième étage, il essaya d’avancer sans bruit. Il n’aimait pas se mêler des histoires amoureuses des autres. Pour lui, ce genre de choses relevait de la vie privée, et il ne s’intéressait pas particulièrement aux romances des autres. Il tenta donc de passer rapidement son chemin sans faire de bruit pour ne pas écouter malgré lui.

                « Je suis vraiment désolée, mais je dois refuser. »

                Cependant, en entendant une voix qu’il connaissait très bien, son corps se figea malgré lui. C’était une voix douce et agréable, en temps normal. Mais cette fois, elle avait une fermeté inhabituelle.

                Bien qu’il sache qu’il ne devrait pas, Amane se rapprocha discrètement d’une fenêtre et jeta un coup d’œil par-dessus le rebord. En bas, au premier étage, se trouvaient Mahiru et un élève qui était peut-être un camarade de classe. Heureusement, aucun des deux ne semblait l’avoir remarqué.

                Le garçon lui tournait le dos, si bien qu’on ne voyait pas son visage, mais Mahiru le regardait calmement.

                Le visage gracieux de l’ange de la classe était empreint d’une certaine gêne, ce qui montrait clairement qu’elle n’avait aucune intention d’accepter sa proposition.

                « Pourquoi ? »

                « Je ne te connais pas. Je suis désolée, mais je ne peux pas répondre à tes sentiments. »

                « On pourrait apprendre à se connaître en sortant ensemble… »

                « Je pense que sortir avec quelqu’un est quelque chose qui doit venir après avoir construit une relation basée sur la confiance et l’affection mutuelles. Je ne suis pas intéressée par une relation commencée sur un coup de tête, une relation superficielle de ce genre ne ferait de bien à personne. »

                Mahiru n’avait jamais apprécié les démonstrations d’affection des garçons, surtout de ceux qu’elle ne connaissait pas vraiment. Et compte tenu de son environnement familial, l’idée de sortir avec un inconnu devait la mettre très mal à l’aise. Il était donc évident qu’elle n’allait pas accepter si facilement de sortir avec quiconque venait lui faire une déclaration.

                La voix de Mahiru était douce, mais son refus était ferme. Il n’y avait plus rien à ajouter, alors elle hocha une fois la tête et se retourna pour partir, mais… le prétendant lui attrapa la main.

                La jolie voix de Mahiru laissa échapper un petit cri de surprise. Elle se retourna, le visage crispé. « Excuse-moi. Ce n’est pas acceptable. » Il semblait que la poigne du garçon lui faisait mal.

                « Désolé, mais je ne peux pas abandonner comme ça. »

                « Je ne sortirai pas avec toi. Alors, s’il te plaît, lâche-moi. »

                Elle parla cette fois avec plus de fermeté, et son expression était sans équivoque : elle désapprouvait totalement. Pourtant, elle conserva jusqu’au bout son calme angélique.

                Mais le garçon insista de nouveau en tirant sur sa main. Cette fois, Mahiru semblait effrayée, inquiète de ce qu’il pourrait faire.

                Amane décida qu’il ne pouvait pas laisser faire ça. Il fronça les sourcils et se pencha par la fenêtre entrouverte. « Je crois qu’elle n’apprécie pas ta manière d’insister. » Lança-t-il assez fort pour qu’ils l’entendent tous les deux.

                Le garçon se retourna brusquement, paniqué, et Mahiru profita de la distraction pour se dégager de son emprise et reculer rapidement. Elle avait sans doute reconnu la voix d’Amane, car elle semblait soulagée par cette intervention soudaine. Bien qu’elle ait gardé une expression neutre, Amane pouvait voir que Mahiru était écœurée et effrayée par les gestes égoïstes du garçon.

                Ça doit vraiment la bouleverser…

                Amane lança un regard noir au prétendant importun, mêlant colère et dégoût.

                Le garçon, visiblement mal à l’aise, se figea. Amane prit cela comme le signe d’une conscience coupable.

                « Désolé, je ne voulais pas écouter, mais… je passais juste par là et j’ai vu que quelque chose n’allait pas. Et puis, on aurait dit que Shiina avait mal. » Il désigna Mahiru, qui se frottait la main là où le garçon l’avait saisie.

                « T—Tu as mal ? » Demanda le garçon, blêmissant davantage.

                « … Tu as été vraiment brutal en me prenant la main. Et de toute façon, il est interdit de toucher une fille sans son consentement. » Mahiru avait retrouvé son calme. Sa voix n’était pas simplement en colère, elle était glaciale.

                « Comme elle vient de le dire. » Amane hocha la tête. « Tu ferais mieux de faire attention. »

                Le garçon mordit sa lèvre avec force. Il se contenta de dire « Désolé » avant de partir précipitamment.

                Soulagé que l’autre garçon ait enfin pris la fuite, Amane se tourna vers Mahiru. Elle lui adressa un léger sourire, tout en tenant encore sa main contre sa poitrine avec une certaine prudence. Cette image lui serra le cœur, et il eut presque envie de lui tendre la main. Mais comme ils étaient encore à l’école, il ne pouvait pas se permettre un tel geste à la légère.

                Mahiru devait comprendre cela. Elle s’inclina profondément, puis tourna les talons. Elle paraissait plus fragile que d’habitude, et tout ce qu’Amane put faire fut de la regarder s’éloigner avec inquiétude.

***

« Merci pour tout à l’heure. »

                Ce furent les premiers mots que Mahiru adressa à Amane une fois rentrés chez eux. Elle arborait un sourire un peu gêné.

                Elle pensait sûrement encore à ce qui s’était passé. Elle s’installa sur le canapé à côté d’Amane, l’air un peu fatiguée, et se laissa aller contre les coussins. Normalement, Mahiru s’asseyait toujours très droite, avec beaucoup d’élégance. Elle devait être vraiment épuisée.

                « Franchement, je me demandais si je n’en avais pas trop fait. » Avoua Amane.

                « Non, tu m’as sauvée. Il ne voulait pas me lâcher, même après que je lui ai demandé. Tout le monde sait que je n’ai jamais accepté de déclaration d’amour, et la plupart des garçons comprennent quand je les rejette, alors ils abandonnent rapidement. Mais lui, c’était différent. »

                Amane ignorait combien de dizaines de garçons lui avaient déjà avoué leur amour, mais ça semblait être un sacré nombre. Et pourtant, Mahiru n’avait jamais accepté une seule proposition. Il se dit que si un jour, elle se mettait en couple avec quelqu’un, leur situation actuelle prendrait sûrement fin.

                « T’es vraiment populaire, hein ? »

                « Disons que oui. Mais ce n’est pas quelque chose qui me rend heureuse. » Typique de Mahiru de reconnaître ce fait avec franchise, tout en exprimant honnêtement ses sentiments. « J’apprécie qu’ils aient des sentiments pour moi, mais la fréquence à laquelle ça arrive est vraiment troublante… »

                Elle ajouta autre chose sur un ton un peu désolé, comme si elle ne savait pas comment gérer toutes ces attentes. Amane comprit alors qu’elle devait vivre ce genre de situation bien plus souvent qu’il ne l’imaginait.

                Il ne parlait pas beaucoup avec Mahiru à l’école. À chaque fois qu’il pensait à elle, il finissait par la regarder, alors il faisait tout pour éviter ça le plus possible. C’est aussi pour ça qu’il ignorait à quel point elle recevait autant de déclarations.

                « Et j’imagine que tu les refuses toujours poliment et franchement, hein ? »

                « Eh bien, si quelqu’un prend la peine de me parler avec sincérité, évidemment que je l’écoute avant de le repousser. Ce serait impoli de l’ignorer, après tout. Mais je ne pense pas qu’ils soient tous sincères dans leurs sentiments, tu sais ? »

                « Ah ouais ? »

                « Tout à fait. Certains garçons me font leur déclaration en sachant que je vais refuser, comme si c’était une sorte de jeu tordu. D’autres ne s’intéressent qu’à mon apparence, comme s’ils voulaient juste m’avoir comme trophée. Je n’ai évidemment aucune intention de m’abaisser à accepter une chose aussi superficielle. »

                « Je suis surpris qu’il y ait des types capables d’avouer leurs sentiments avec des raisons aussi bancales. »

                Il avait de sérieux doutes sur le premier groupe, et pour le second, Amane avait toujours pensé qu’une relation devait être quelque chose de sérieux. Si quelqu’un allait jusqu’à avouer son amour, il fallait qu’il le pense vraiment. Il ne considérait même pas ce genre de sentiments superficiels comme de « l’amour ».

                « Dans tous les cas, je les repousse tous poliment. Je ne peux pas accepter leurs propositions, c’est tout simplement impossible. » Le ton de Mahiru était redevenu froid.

                Amane se rappela de sa réaction la première fois qu’elle était venue chez lui —et qu’il avait, par erreur, abordé un sujet sensible— et il se dit qu’il valait mieux ne rien ajouter.

                Mahiru n’était clairement pas intéressée par des relations futiles. Amane non plus, et il repensa à quel point ses propos de l’époque avaient été déplacés, même s’il ne l’avait pas voulu.

                Il jeta un regard à Mahiru. Ses yeux n’étaient plus aussi froids, mais même s’il savait que l’expression agacée et méprisante qu’elle arborait n’était pas dirigée contre lui, il ne put s’empêcher de se raidir un peu.

                « Enfin bref, c’est peut-être naïf comme question, mais… Est-ce que les gens me prennent vraiment pour une fille aussi simple, qui accepterait de sortir avec quelqu’un qu’elle connaît à peine ? »

                « Non, je ne pense pas que ce soit ça… »

                « Alors pourquoi toutes ces tentatives vouées à l’échec ? C’est vraiment étrange qu’ils puissent croire que je pourrais dire oui à quelqu’un que je ne connais même pas. C’est juste effrayant de se faire aborder sans arrêt par des inconnus. » Murmura Mahiru, visiblement troublée par toutes ces confessions.

                « … Tu crois qu’ils perdent le contrôle d’eux-mêmes parce qu’ils veulent que tu les remarques ou un truc du genre ? »

                « Donc tu dis que c’est normal qu’ils me saisissent ou deviennent brusques parce qu’ils ne peuvent pas se contrôler ? » Elle semblait encore plus contrariée.

                Amane secoua vivement la tête pour dissiper tout malentendu. « Non, bien sûr que non. Il n’y a rien de mal à avoir des sentiments pour quelqu’un, mais ce n’est pas une raison pour les imposer à l’autre ou essayer de le forcer. Je n’essaie en aucun cas de justifier ce que ce gars a fait. Au contraire, ça m’a mis en colère. »

                Mahiru était très belle, et Amane comprenait qu’on puisse vouloir lui plaire. Lui-même avait des sentiments pour elle. Mais il n’aurait jamais songé à les lui imposer. Le jour où il se servirait de ses émotions comme excuse pour la mettre mal à l’aise serait le jour où il aurait dépassé les bornes.

                Cette fois, par chance, Amane s’était trouvé là pour intervenir. Mais il frissonna à l’idée qu’un autre garçon puisse l’agresser de cette façon en son absence. Même s’il savait que Mahiru n’hésiterait pas à se défendre, y compris physiquement, cela restait une pensée dérangeante.

                « … C’est vrai ? » Demanda Mahiru.

                « À cent pour cent. » Répondit Amane. « Ce qu’il a fait est inacceptable. Il a essayé de te forcer… Tu n’as pas eu peur, au moins ? »

                « J’ai eu un peu peur, si, mais s’il avait essayé de me faire du mal, je lui aurais donné un coup de pied entre les jambes de toutes mes forces. »

                Comme il s’y attendait, Mahiru n’aurait pas hésité à riposter. Si elle se sentait menacée, personne ne pourrait lui reprocher de se défendre.

                « Je pense que ça aurait réglé le problème. » Dit Amane. « Rien que d’y penser, ça me fait frissonner. »

                « Je ne te ferais jamais ça à toi, Amane. »

                « J’espère bien ne jamais te donner de raison de le faire. »

                Ses parents le renieraient s’il tentait un jour une chose pareille. Et de toute façon, cela allait à l’encontre de ses principes. Forcer une fille, c’était une honte pour tous les hommes.

                Amane pensait avoir clairement exprimé sa position, mais Mahiru le fixait d’un air un peu agacé.

                « … Évidemment que non. Pas Amane, le parfait gentleman. »

                « Pourquoi j’ai l’impression que tu m’en veux, là ? »

                « Oh non, je te fais juste un compliment. »

                « Ton regard n’a pas vraiment l’air bienveillant. »

                « Tu dois te faire des idées. »

                Sa voix et son regard étaient tout sauf amicaux. Elle avait l’air plutôt agacée. Ce qu’elle disait et la manière dont elle le disait ne collaient pas, et Amane ne comprenait pas bien ce qu’elle voulait vraiment dire. Ses yeux se mirèrent nerveusement autour de la pièce alors qu’il se tortillait sous son regard. Mahiru esquissa un petit sourire, comme si elle trouvait naturel qu’il se sente mal à l’aise.

                « En ce qui concerne le respect de l’espace d’une fille, tu es parfait, Amane, mais tu as un point faible, tu sais ? »

                « Et lequel… ? »

                « Tu es plus faible avec moi, pas vrai ? »

                Surpris par son sourire espiègle, Amane détourna les yeux, mais Mahiru ne sembla pas remarquer son trouble et se pencha légèrement contre lui.

                Elle ne sembla pas remarquer non plus que son cœur menaçait de bondir hors de sa poitrine.

                « Ça peut paraître présomptueux, mais… la popularité, c’est un vrai problème, tu sais ? » Murmura Mahiru d’une voix rauque. Elle semblait vraiment embêtée. « Je sais bien qu’au moins physiquement, je suis plus attirante que la moyenne. Du coup, ce genre de choses arrive souvent, et j’en ai marre. »

                « … Ça a l’air dur. »

                « Ça l’est. Oh, je suis sûre que certaines filles diraient que c’est une chance d’avoir ce genre de problème, mais franchement, j’aimerais bien ne pas avoir à gérer des inconnus qui me déclarent leur flamme à tout bout de champ, qui se vexent quand je les rejette, ou pire encore, qui s’accrochent ou piquent une crise. Même dans le meilleur des cas, c’est épuisant de devoir repousser autant d’avances. Et je me sens coupable à chaque fois que je dis non, tu sais. »

                Mahiru ne montrait aucune pitié envers ceux qu’elle considérait comme des ennemis. Mais en même temps, elle était fondamentalement une fille vertueuse et sensée, qui traitait généralement les autres avec gentillesse.

                « Je ne trouve pas ça drôle de se retrouver en danger juste parce que je suis moi-même. » Murmura-t-elle. « Ce n’est pas pour devenir un accessoire qu’un garçon exhibe que j’ai fait tant d’efforts pour m’améliorer. »

                Mahiru poussa un profond soupir. Elle semblait vraiment à bout et épuisée. La popularité avait bien ses propres difficultés.

                Amane tendit la main et lui caressa doucement les cheveux. Mahiru le laissa faire, acceptant passivement ce geste réconfortant.

                Cette réaction totalement différente face au contact physique trouvait sa source dans la relation de confiance mutuelle qu’ils avaient nouée. Tandis qu’il lui tapotait la tête, en prenant garde de ne pas emmêler ses doigts dans ses cheveux fins, Mahiru ferma les yeux, semblant apprécier l’instant. Elle ressemblait presque à un chat qui se laisse dorloter par quelqu’un en qui il a confiance.

                « La personne que je montre à l’école, c’est celle que j’ai choisie d’incarner, mais ça complique les choses quand les gens essaient de me connaître vraiment. Je ne laisse personne me toucher, à moins que j’en aie envie. »

                Tandis qu’elle prononçait ces mots avec une expression légèrement —non, tout à fait— contrariée, la main d’Amane s’arrêta. En ce moment, elle le laissait la toucher, mais il ne pouvait s’empêcher de se demander s’il ne profitait pas de sa vulnérabilité.

                « Pourquoi tu t’arrêtes ? »

                « Eh bien, je… » Balbutia Amane. « Je me sens tout à coup un peu mal à l’aise en repensant à toutes les fois où je t’ai touchée avant… »

                « Si ça ne me plaisait pas, je t’aurais arrêté dès la première fois, alors tu peux te détendre. »

                « D—D’accord. »

                « Tu peux même me toucher encore plus… si tu veux. »

                Elle leva les yeux vers Amane et lui sourit tendrement. Il y avait dans son regard de la confiance et une lueur d’attente.

                Amane déglutit. « C—C’est, euh… »

                « Je plaisante, voyons. » Le visage de Mahiru retrouva son expression habituelle, et elle laissa échapper un petit rire. Son regard se baissa. « Mais… s’il te plaît… continue de me tenir la main. Ce qui s’est passé aujourd’hui m’a un peu ébranlée. »

                Amane ne savait pas trop comment réagir à ses paroles calmes, ni à l’angoisse qu’il sentait poindre derrière. Il se contenta de mordre sa lèvre et de lui prendre la main.

                Les doigts de Mahiru étaient fins et délicats. Lorsqu’il passa doucement les siens dessus, il sentit leur douceur, mais aussi leur force, notamment une petite callosité là où son stylo reposait habituellement. Ce n’étaient pas des mains faibles, loin de là.

                Mais il doutait qu’elles soient assez fortes pour repousser un lycéen. Amane ne savait pas si elle n’avait pas essayé de repousser ce garçon ou si elle n’en avait tout simplement pas eu la force. Quoi qu’il en soit, elle avait visiblement été secouée par l’incident.

                Amane lui massa doucement la main, essayant d’apaiser la peur encore tapie en elle.

                Mahiru sourit, l’air un peu plus sereine. « C’est étrange, tu sais. Quand tu me touches, je me sens juste… bien. »

                « Une part de moi aimerait que tu gardes un peu de la méfiance que tu avais au début, quand on s’est rencontrés… »

                Il plongea son regard dans celui de Mahiru, comme pour lui demander silencieusement s’il était vraiment acceptable qu’il la touche ainsi, et elle lui répondit par un magnifique sourire.

                « Oh, tu n’es pas satisfait de notre relation actuelle ? »

                « C’est p—pas que je suis pas satisfait, mais… Comment dire… ? »

                « Si je n’étais pas à l’aise avec ça, je ne traînerais pas dans ton appartement, et je ne te laisserais pas me toucher. Je ne t’aurais pas non plus laissé poser ta tête sur mes genoux. »

                « T’aurais pas dû me laisser faire ça… »

                « Même si tu as adoré ? »

                Amane n’avait pas grand-chose à répliquer à ça.

                Il avait posé sa tête sur les cuisses de Mahiru et s’était endormi profondément, alors son insistance pour ne plus recommencer ne sonnait pas très crédible. Même si Mahiru avait été celle qui avait proposé l’idée, il avait accepté avec enthousiasme au final.

                Alors quand Amane détourna un peu les yeux et répondit « … Ça, c’était une chose, mais maintenant, c’en est une autre. » Il reçu un rire amusé.

                « Ha ha ! Très pratique. Je vais m’en souvenir de celle-là. Mais s’il te plaît… détends-toi, d’accord ? Je te laisserai poser ta tête sur mes genoux chaque fois que tu seras fatigué. »

                « Ah, je vais m’en abstenir… »

                Amane savait que s’il s’habituait à une chose aussi merveilleuse, il ne pourrait plus jamais revenir à la solitude. Il deviendrait complètement accro, encore plus qu’il ne l’était déjà, et serait totalement à sa merci.

                Quand il refusa poliment son offre pour préserver un peu de sa dignité, Mahiru sourit doucement. « Oh, quel dommage. » Elle ne semblait pas vraiment déçue. Amane se dit qu’elle devait sûrement se moquer de lui.

                « … Ne te moque pas de moi. »

                « Je ne me moque pas. C’est vraiment ce que je ressens. »

                Dans ce cas, c’était juste de la méchanceté gratuite.

                Amane essaya de lui serrer la main un peu plus fort pour lui faire comprendre ce qu’il ressentait, mais Mahiru éclata de rire comme s’il la chatouillait, et il dut détourner le regard en vitesse pour cacher à quel point il était gêné.

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source : traduction anglaise officielle par Yen Press

lien : https://yenpress.com

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