— Comment avez-vous pu les laissez prendre Mamoru ? Lequel d’entre vous avait la charge de le protéger ?
— C’est m…
Avant que la phrase ne finisse des bruits de pas se firent entendre.
— Je prends la responsabilité sir Kades.
— Non Danme-sama, c’est m…
— Arrête Selemen, tu nous as rejoint récemment, je n’aurais pas dû te donner une telle responsabilité.
Ces voix firent vibrer les tampons de Shinji, il ressentait une douleur forte au niveau de sa tête.
— On dirait qu’il se réveille, que devront nous faire à présent sir Kades ?
— Emmène-le chez Okami, Clay. Elle pourra prendre soin de lui, le temps qu’il se prépare.
— A vos ordres, qu’en est-il de la lame ?
Après cette question, un moment de silence intense suivit.
— Prend la aussi et laisse à son chevet devant leur porte. Okami tout comme moi sait qu’elle lui revient… elle comprendra.
Avant qu’il ait pu ouvrir les yeux, Shinji sentit une odeur qui le fit valser avant de l’endormir.
La douleur qu’il ressentait était toujours là à son réveil. Le froid rongeait sa peau malgré la couverture posée sur lui. Le tissu de celle-ci ne couvrait qu’à moitié son corps frêle et le bois du lit sur lequel il s’était fait allongé grinçait à chaque souffle.
Il finit par ouvrir ses yeux, la première chose qu’il vit fut un plafond fissuré. Une lumière douce atterrit sur son visage, filtrée à travers des rideaux poussiéreux se trouvant sur sa droite. L’air, les rideaux
Tout ici lui rappelait d’une manière ou d’une autre sa chambre, celle où il fit face à celui qu’il était.
Bien qu’il ne connaissait pas ce lieu, il s’y sentait… en sécurité.
— Quel est cet endroit ? murmura-t-il pour lui-même.
— Tu t’es enfin réveillé.
Ces mots vinrent d’une voix, douce et posée qui le fit sursauter. Il se redressa à moitié, paniqué. Comment pouvez-t-il ne pas l’être après tout ce qu’il avait vécu, il ne pouvait plus se permettre la moindre confiance.
Ses yeux se posèrent sur une silhouette assise à son chevet. Une jeune fille aux cheveux gris et aux traits calmes.
Toutes les personnes qu’il vit jusque-là en ce monde semblait cacher quelque chose de noir dans leur regard mais cette jeune fille ne lui inspira aucune crainte, au contraire pour la première fois il ne se sentit pas détesté.
— Une personne comme elle, dans ce monde ? murmura-t-il
— Elle doit surement cacher quelque chose, ça doit être ça. Il n’y a pas d’autre solution, ce monde et tout ceux qui s’y trouvent m’haïssent après tout.
[Activation Du Troisième Œil]
— Qu’est-ce que ?
— Ne t’inquiète pas, reprit-elle. Tu es en sécurité ici. Tu devrais éviter de bouger, réallonge-toi, certaines de tes blessures sont encore ouvertes.
Sa voix réussit malgré les soupçons de Shinji à le raisonner. Il la laissa couler en lui, rien ne le poussait à lui obéir, encore moins maintenant mais il le fit sans broncher.
[La suspecte n’a aucune mauvaise intention]
[la suspecte ne cherche pas à tuer l’hôte]
[La suspecte n’envie pas l’hôte]
— Quel est cette voix dans ma tête ?
Il se réalongea et cessa de bouger, il commença à regarder la pièce autour de lui, il remarqua le mauvais état de la pièce assez rapidement, les murs était fissurés, l’armoire se trouvant au fond à droite était aussi poussiéreuse que les rideaux, et une table se trouvait à sa gauche avec des sortes de bandages posés dessus.
Il vint à la conclusion que la pièce dans laquelle il se trouvait servait comme une sorte d’infirmerie, bien que son état lamentable pourrait malencontreusement empirer le cas de tout blessé qui finirait par s’y retrouver, comme lui d’ailleurs.
— Qu’est-ce que je fais ici ? demanda-t-il, en passant ses yeux à nouveau sur la fille.
— Tu ne te souviens pas ?
Malgré sa mauvaise expression, la dernière fois qu’il fut honnête, il hésita à tout lui révéler, son amnésie, la jeune fille, la cave, les Zephyr, les hommes en robes noires… ce rêve.
Mais il finit par ravaler ses mots, il jugea qu’il ne pouvait pas se permettre cette erreur une nouvelle fois.
— Non… désolé.
Sa voix le trahit, il n’arriva pas à la regarder dans ses yeux, elle comprit qu’il cachait quelque chose mais ne chercha pas à insister plus que ça.
— C’est dommage, pour être honnête on t’a trouvé en ouvrant les portes du refuge inconscient, allongé par terre. Tu semblais… très mal en point.
— mal en point hein ? pensa-t-il en riant intérieurement
— Il n’y sont pas allés doucement et pourquoi hein ? Pour une lame dont je n’ai aucun souvenir, une identité dont je ne garde rien d’autres que ces vêtements sale.
Il serra la couverture sans le remarquer avec ses mains.
— Il y avait quelqu’un avec moi ? demanda-t-il. Quand… vous m’avez trouvé ?
— Maintenant que tu le dis… Il y avait une personne. Une silhouette qui s’éloignait du refuge quand on est sortis. Mais trop loin pour qu’on distingue son visage.
— Je vois.
— Ah, si. Il y avait aussi…
Shinji se redressa brusquement, tout élément pouvant lui apprendre quoi que ce soit sur lui n’était pas de refus. Rien qu’un visage, une quelconque information aurait pu l’aider à s’ôter une partie de la souffrance qu’il ressentait au fond de lui.
— Fais attention ! lança-t-elle aussitôt, se précipitant pour le retenir.
—Tu es encore blessé, idiot.
— Dé… désolé.
La jeune fille prit un des bandages se trouvant sur la table et commença à l’enrouler autour d’une blessure de Shinji sur sa main gauche. Elle prit soin de le faire avec une délicatesse qui touche Shinji.
Il ressentait que ce n’était pas que sa blessure qu’elle soignait mais aussi une partie de lui qu’il ne connaissait pas.
Puis elle ajouta, une fois qu’elle s’assura que le bandage fut bien serré :
— Il y avait un chat avec toi.
Son cœur commença à battre de plus en plus vite, il revit le moment où Neko s’était fait écraser. Des gouttes de sueurs commencèrent à glisser sur son front.
— Un chat… ?
Elle pointa un coin de la pièce du doigt.
— Il vient juste de se réveiller, lui aussi.
Shinji tourna lentement la tête et il le vit, chat de la ruelle. Ce chat blanc qui fut sa première interaction en ce monde.
— Neko…
Le souffle lui manqua, il respirait de plus en plus difficilement et voulut vomir.
— Est-ce que ça va ? Tu saignes de nouveau ? demanda la jeune fille, inquiète.
Mais Shinji ne l’écoutait plus, son regard s’était arrêté sur le chat, ce chat qui n’était plus lorsqu’il s’était échappé de la cave alors qu’il n’en a jamais eu plus besoin et ce regard, le même regard que le rat, le même regard que…Neko.
C’était pour lui comme s’il venait de voir un fantôme en face de lui.
Elle s’approcha et lui prit la main pour le calmer.
— Neko, c’est ça ? Tu n’arrêtais pas de répéter ce nom dans ton sommeil. Tu disais que tu devais le sauver.
— Ce n’était donc pas qu’un cauchemar…, murmura-t-il.
Mais il savait qu’elle ne mentait pas, il avait déjà vécu cette scène, où il devait le sauver avant qu’il ne meure et le laisse seul face au monde.
— Alors comment se fait-il qu’il se retrouve ici et…moi ?
Un moment de silence passa, comme si le monde avait ralenti autour d’eux. Shinji reprenait son souffle, ses yeux toujours rivés sur le chat qui faisait sa toilette.
La voix de la jeune fille le ramena doucement à la réalité.
— Je suis désolée… j’ai oublié de te demander ton nom.
— Je… ne sais pas.
Bien qu’il la soupçonnât pour une raison qu’il n’arrivait pas à s’expliquer les mots qu’ils avaient entendu plutôt le rassurèrent.
[La suspecte n’a pas de mauvaises intentions]
— Je vois que dirais -tu de Shinji ?
— Shinji ? murmura-il.
Ce mot sonnât en lui comme une cloche. Il n’avait pas de nom, pas qui s’en souvienne et pourtant, mais ce nom sonnât si juste dans ces oreilles qu’il ne chercha pas à la contredire.
À peine eut-il eu le temps d’absorber ce nom qu’un bruit sourd retentit. Quelqu’un venait de frapper violemment à la porte et l’ouvrit aussitôt sans attendre de réponse.
— T’aurais pu faire moins de bruit, Yoru. Dit la jeune fille.
Un jeune homme apparut derrière la porte, un regard noir mais pas comme ceux qu’il vit avant, non. Ce regard, malgré sa noirceur ne semblait pas nourri par un sentiment de rancune ni de Jalousie comme ceux qu’il vit jusque-là, non.
Il y’avait quelque chose qui s’y cachait, quelque chose que Shinji n’arrivait pas à discerner.
— Tss. Alors, l’inconnu s’est enfin réveillé, hein…
Il était grand, solidement bâti, avec des épaules larges et une mâchoire serrée et de courts cheveux noirs.
Sa simple présence remit Shinji en alerte. Sa simple présence ici faisait ressentit à Shinji une envie de s’enfuir de cet endroit.
— Tu peux dégager maintenant. On n’a pas besoin d’un type comme toi ici.
Ces mots atteignirent Shinji en plein cœur, le semblant d’apaisement que lui fit ressentir la jeune fille disparut aussitôt.
[Le suspect n’a pas de mauvaises intentions]
[Le suspect ne cherche pas à tuer l’hôte]
[Le suspect envie l’hôte]
— Le suspect envie l’hôte ? pensa Shinji
— Quelqu’un m’envier moi et puis quoi encore ?
— Je ne comprends pas encore ce monde mais cette voix commence à m’agacer, comment faire pour l’arrêter ?
[Désactivation du Troisième Œil]
— Désactivation ? Qu’est ce qui m’arrive encore ?
Le garçon commença à s’approcher de plus en plus de Shinji, ses pas se firent entendre dans toute la pièce mais la jeune fille intervint.
— Calme-toi, Yoru. Il vient à peine de se réveiller.
Il l’ignora et ne lâcha pas Shinji du regard. Il finit par le saisir par le col de la même manière que le boucher l’avait fait avant que Shinji ne perde conscience au marché.
— Et toi ? Comment tu fais pour lui faire confiance, Haruka, après ce qui s’est passé ?
— Qu’est ce que je lui ai fait à lui aussi ?
Pensa Shinji avant de lever ses yeux vers la jeune fille.
— Cette jeune fille s’appelle donc Haruka… Pourquoi ce prénom me parait si familier? pensa Shinji.
Elle se plaça entre les deux et repoussa doucement Yoru.
— Ça suffit. Hurler ne nous mènera nulle part.
Suita à ça, une voix féminine mais très charismatique se fit entendre au niveau de la porte que Yoru avait failli casser un peu plutôt.
— Qu’est-ce qu’il se passe ici ?
Une femme entra dans la pièce bien plus âgé que Shinji et les deux personnes qu’ils venait de rencontre. Elle inspirait le respect et Shinji le remarqua bien assez vite.
Yoru se calma d’ailleurs dès qu’elle le lui ordonna bien qu’il ne quitta pas Shinji des yeux.
— Il s’est réveillé, répondit-il sèchement. Il peut partir maintenant.
— ça ne veut pas dire que tu dois le choquer dès son réveil, éloigne-toi de lui.
Il serra les poings, mais finit par relâcher sa prise et recula.
— Tss… Je m’excuse, souffla-t-il sans y croire.
La femme se tourna vers Shinji. Elle s’avança de quelques pas, puis s’inclina légèrement.
— Je m’appelle Okami. Je suis la doyenne de ce refuge.
— Un refuge… ? répéta Shinji à mi-voix.
Elle hocha la tête, puis posa les yeux sur Haruka.
— Peut-il se lever ?
— J’ai refait ses bandages. Il devra y aller doucement, mais oui.
— Parfait. Aide-le à se préparer, je vais lui faire visiter les lieux.
Shinji sentit son cœur se relâcher un peu. Pour la première fois depuis longtemps, on lui proposait de l’aide sans contrepartie. Pas de menace. Pas de prix. Juste… une main tendue.