Traducteur: linkfet
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Même s’il était maintenant dans la même classe que Mahiru, le train-train quotidien d’Amane n’avait pratiquement pas changé. Il allait en cours assidûment comme un élève modèle, déjeunait avec Itsuki à la cafétéria et rentrait chez lui après, puisqu’il ne faisait partie d’aucun club. Il interagissait à peine avec Mahiru. Tout était comme il se devait d’être.
Ce qui avait légèrement changé, en revanche, c’était qu’il parlait un peu plus avec Yuuta qu’au cours de leur première année.
Cela dit, ce n’était pas de son propre chef. C’était plutôt Yuuta qui venait souvent lui parler, et Amane faisait de son mieux pour gérer cette attention, bien que cela le déroute encore un peu.
Le jour de la cérémonie d’ouverture, il avait eu un bref instant de doute, craignant que le passé ne se répète, ce qui l’avait naturellement mis sur ses gardes. Mais Yuuta était clairement différent de son ancien ami.
Amane restait légèrement méfiant, mais il n’avait pas envie pour autant de garder Yuuta à distance de manière maladroite. Petit à petit, il s’était rendu compte que celui-ci était un garçon sincère, honnête et bienveillant. Surtout, il avait l’aval d’Itsuki, et Amane ne voyait donc pas de raison de le suspecter.
Au fil de cette première semaine de cours en tant qu’élève de deuxième année, il avait même réalisé que la douleur qu’il portait depuis si longtemps commençait doucement à s’estomper.
***
« Hé, ça te va, comme ça ? »
Assis en face d’Amane, Itsuki posa soudainement cette question, comme s’il venait d’y repenser.
Ils déjeunaient à la cafétéria, comme à leur habitude, depuis leur première année.
Parfois, Chitose se joignait à eux, mais aujourd’hui, elle mangeait avec Mahiru. Amane se réjouissait de voir qu’elles s’entendaient bien, même en public.
« De quoi tu parles ? »
« Je veux dire… Garder les choses telles quelles avec tu-sais-qui. »
« Je n’ai aucune raison de lui parler à l’école. »
Ce que je veux dire, c’est que si je lui adressais la parole en public, tout le monde se mettrait à me fixer en se demandant d’où je tirais cette audace.
Ce ne serait pas bien vu qu’un garçon aussi effacé et peu stylé qu’Amane se mette à parler à Mahiru.
« Mec, elle a trop envie de te parler, et ça se voit. »
« … Ouais, j’ai remarqué. »
Mahiru faisait de son mieux pour l’ignorer, mais de temps en temps, elle laissait échapper un regard triste vers lui.
Jusqu’à présent, elle ne le faisait que lorsque personne ne regardait, mais Chitose avait pris l’initiative de lancer à Amane des regards noirs en son nom, ce qui rendait la situation de plus en plus difficile à gérer.
« Tu devrais te transformer. Il n’y a pas d’autre solution. »
« Pas question. M’habiller comme ça, c’est une corvée, et tu sais très bien que je déteste attirer l’attention. »
Même si les rumeurs s’étaient calmées, certains élèves l’avaient vu traîner avec Mahiru, sans pour autant le reconnaître. Si quelqu’un venait à faire le lien et à comprendre qu’Amane était ce mystérieux inconnu, cela risquait de chambouler toute sa scolarité.
« Pourquoi t’es comme ça… ? Sérieusement, tu pourrais être super populaire. »
« Ça n’a aucun sens. »
Amane ne comprenait pas en quoi changer légèrement son apparence le rendrait soudainement populaire, mais Itsuki, lui, en était convaincu.
« Je pense que t’as la personnalité que les filles recherchent chez un copain. T’as un côté un peu cynique, mais tu es sincère, et surtout, tu les traites bien. »
« … C’est pas juste normal, ça ? »
« Beaucoup de mecs n’en sont même pas capables. Tu es du genre à comprendre ce dont une fille a besoin et à agir en conséquence, sans faire tout un plat. »
« … Tu sembles drôlement sûr de toi. »
« Si t’étais pas comme ça, tu crois vraiment qu’une fille aussi prudente, qui cache toujours ses émotions derrière un sourire de façade, aurait fini par s’attacher à toi ? »
Présenté sous cet angle, Amane ne pouvait que reconnaître que son ami avait peut-être raison.
Il mordilla sa lèvre en y réfléchissant, tandis qu’Itsuki riait doucement.
« … Au fait, je peux te dire un truc ? » Poursuivit ce dernier.
« Quoi ? »
« Si tu n’étais pas attiré par elle, tu ne la traiterais pas aussi bien. »
« La ferme. C’est si mal d’être gentil avec quelqu’un ? »
Itsuki le cernait trop bien, il n’y avait plus moyen de cacher quoi que ce soit. Amane détourna le regard et se mit à aspirer ses nouilles avec une moue boudeuse.
Plutôt que de continuer à le taquiner, Itsuki hocha la tête d’un air entendu.
« Franchement, tu devrais en être heureux. C’est beau, de trouver quelqu’un à chérir. »
« Oh, monsieur l’expert parle ? »
« Je sais de quoi je parle. »
« … Je me fiche de savoir si on finit ensemble ou pas, tout ce qui m’importe, c’est qu’elle soit heureuse,. »
Si Mahiru trouvait quelqu’un d’autre et était vraiment heureuse avec lui, Amane n’aurait aucune raison de s’y opposer. Elle méritait le bonheur plus que quiconque. Bien sûr, il aurait aimé être celui qui le lui offrirait, mais si ce rôle revenait à un autre, il l’accepterait.
« … T’es vraiment une poule mouillée. »
« Et toi, un abruti… Écoute, j’ai envie de la rendre heureuse, mais… »
« Alors dis-le-lui. »
« Je peux pas lui balancer ça comme ça, idiot ! »
Comment pourrais-je lui avouer mes sentiments alors que moi-même, je ne les ai pas encore complètement compris ?
Mahiru était si prudente en matière de relations qu’Amane était certain qu’il n’y avait aucune chance qu’elle accepte de sortir avec quelqu’un juste pour s’amuser ou pour essayer. C’était tout ou rien.
En plus, étant donné tout ce qui concerne ses parents, il est peu probable qu’elle accepte de sortir avec quelqu’un si facilement.
« … Tu es vraiment un grand retardataire. »
« La ferme. C’est bon, je vais la faire tomber amoureuse de moi à ma façon. »
« … Eh bien, en tant qu’observateur objectif, je pense qu’il vaudrait mieux que tu lui dises tout directement, mais— »
« Mais quoi ? »
« … Rien. » Marmonna Itsuki. « … Bon, bonne chance. Je suis avec toi. »
Amane fronça les sourcils, mais il était en réalité très reconnaissant pour les encouragements, certes un peu exaspérés, de son ami.
***
« Oh, Fujimiya, je ne te vois pas souvent ici. »
Amane s’était arrêté à la salle d’arcade locale après l’école. Il était en train d’insérer un billet dans la machine à monnaie quand il entendit une voix familière.
Il rangea sa monnaie dans son portefeuille et se retourna pour voir Yuuta debout derrière lui, son propre portefeuille à la main.
« Kadowaki ? Toi, c’est encore plus rare. Qu’est-il arrivé au club d’athlétisme ? »
« On a une pause aujourd’hui. Ce n’est pas bon de trop solliciter son corps jour après jour. »
« Ah. »
Même la star de l’athlétisme du lycée prend des vacances de temps en temps, hein ?
Amane recula de la machine, et Yuuta inséra ses billets, attendant sa monnaie. Une fois qu’il eut récupéré environ deux mille yens en pièces et les eut rangées dans son portefeuille, Yuuta remarqua qu’Amane le fixait et sourit.
« Je suis surpris de te voir dans un endroit comme celui-ci, Fujimiya. Tu n’as pas l’air d’aimer le bruit. »
« Je vais dans les salles d’arcade comme tout le monde. Je n’aime juste pas gaspiller de l’argent, donc je n’y vais pas souvent. »
« Hmm. Alors, qu’est-ce qui t’amène aujourd’hui ? »
« Je voulais jeter un œil aux machines à pinces. J’ai reçu une commande pour récupérer une peluche. »
En réalité, Chitose lui avait montré la page des NOUVEAUTÉS du site de la salle d’arcade et lui avait indiqué celles qui pourraient plaire à Mahiru. Comme elle semblait un peu déprimée dernièrement, il avait décidé de lui en prendre une en cadeau.
De plus, comme il l’avait vu sur la fameuse photo que Chitose lui avait envoyée, l’appartement de Mahiru était assez vide. Il espérait donc gagner un petit compagnon mignon pour l’ours en peluche qu’il lui avait déjà offert.
« Tu penses pouvoir gagner une peluche ? »
« C’est un peu ma spécialité. »
Les pinces de cette salle d’arcade étaient plus solides que la moyenne, ce qui facilitait la prise des jouets. Tant qu’il tenait compte de l’équilibre et de la position des peluches en manipulant la pince, il était étonnamment facile de décrocher un prix.
C’était en fait sa mère qui lui avait appris comment s’y prendre, bien des années auparavant, à l’école primaire. « Celle-ci, tu vois ? Si tu descends la pince juste ici, tu peux l’attraper sans problème. Et celle-là est bien aussi, il suffit d’accrocher l’étiquette avec la pince. » C’était l’un de ces nombreux talents inutiles qui lui étaient restés.
Yuuta lui lançait un regard incrédule, alors Amane entraîna son camarade vers le coin rempli de machines à pinces. Il décida de tenter sa chance sur une machine de la section nouveautés, remplie de lapins en peluche.
Amane inséra une pièce dans la fente. En jugeant l’emplacement des peluches et la taille de la pince, une seule pièce devrait suffire. Certains prix coûtaient cher, mais l’un de ces lapins en peluche —un personnage qu’Amane ne reconnaissait pas— ne devrait pas poser de problème.
Il visa l’endroit où la tête et le corps du lapin se rejoignaient et guida habilement la pince en évitant le corps. Lorsqu’elle remonta, elle emporta la peluche avec elle, bien accrochée par la tête. Quand il lâcha le levier, le lapin en peluche tomba avec un bruit mat dans la trappe à prix.
Amane le sortit tranquillement et se tourna pour le montrer à Yuuta, qui avait l’air impressionné.
« Waouh ! »
« Les pinces de cette salle d’arcade sont solides, et le personnel est sympa. Si tu es bloqué, ils t’expliquent comment gagner. C’est un bon endroit pour les débutants aussi. »
« C’est donc pour ça qu’Itsuki et les autres disaient que cet endroit était bien ? Je vois maintenant. » Yuuta hocha la tête. « Au fait, c’est un cadeau pour quelqu’un en particulier ? »
« Oui. Pour quelqu’un qui prend bien soin de moi. Je veux lui montrer ma reconnaissance. »
En soit, ce n’est pas un mensonge.
Je me suis simplement abstenu de préciser que je parlais de Mahiru. C’est vrai qu’elle s’occupe bien de moi, et je lui suis reconnaissant pour tout ce qu’elle fait chaque jour.
Il pensait aussi, tout simplement, que Mahiru serait adorable entourée de peluches, donc son choix de cadeau n’était pas entièrement innocent.
« Tu es vraiment un gars attentionné, Fujimiya. Mais ça, je le savais déjà. »
« Qu’est-ce que tu veux dire par là ? »
« Eh bien, tu es à l’écoute, et tu agis toujours comme un gentleman. En plus, tu aides les autres sans en faire toute une histoire. »
« Parfois, je suppose. »
« Même si ce n’est que parfois, tu m’as aidé. Comme avec les sacs, ça m’a vraiment rendu service. » Yuuta le remercia à nouveau avec un grand sourire, et Amane se sentit légèrement gêné.
Ce n’était vraiment pas grand-chose, mais apparemment, Yuuta s’en souvenait encore.
Amane avait toujours des sacs de courses sur lui de toute façon, et il n’avait pas cherché à ce que Yuuta se sente redevable envers lui.
« … Au fait, tu as mangé tout ce chocolat de la Saint-Valentin, Kadowaki ? »
Yuuta prit une expression embêtée. « Ah… Tu peux garder un secret ? Je n’ai mangé que ceux achetés en magasin. »
« Tu n’as pas mangé les chocolats faits maison ? »
« … Les chocolats faits maison sont… Comment dire ? Je suis sûr que certaines filles les font très bien, mais— »
« Ils sont mauvais ? »
« Non, c’est juste que… Parfois, il y a des cheveux dedans ou d’autres trucs qui ne devraient clairement pas y être. »
« On parle toujours de chocolat, là… ? »
Découvrir qu’une chose pareille s’était retrouvée accidentellement mélangée aurait déjà été assez grave, mais en entendant sa voix, Amane soupçonnait que Yuuta avait découvert à plusieurs reprises des altérations intentionnelles.
Il se souvenait avoir lu quelque part qu’autrefois, certaines personnes croyaient que mélanger une partie de leur corps dans la nourriture de quelqu’un pouvait agir comme un charme magique pour le faire tomber amoureux. La personne qui consommait cet ingrédient secret était censée être incapable de résister à ses effets.
« J’accepte les cadeaux, même s’ils ont… des trucs dedans, mais… Ça arrivait souvent avant, et j’ai encore peur que ça se reproduise, alors je préviens tout le monde à l’avance que je ne mangerai aucun chocolat fait maison. Celles qui m’en donnent quand même… Eh bien, j’apprécie l’intention derrière le cadeau, et je rends toujours chaque présent. Malheureusement, certaines essaient de le faire passer pour du chocolat acheté en magasin, mais… que peux-tu y faire ? Et bien sûr, si ça arrive plus d’une fois, je n’accepte plus jamais de chocolat de cette fille, donc… » Yuuta s’interrompit, l’air triste et perdu. Amane ne put s’empêcher de se sentir désolé pour lui.
« … J’imagine que même les gars populaires ont leurs problèmes. »
« Pendant ce temps, tout le monde est tellement jaloux de moi que j’ai l’impression de ne pas pouvoir me plaindre, mais… ce n’est pas comme si je voulais être populaire. Honnêtement, c’est pénible. J’abandonnerais tout si je le pouvais. »
« Ça a l’air sérieux. » Amane hocha la tête.
« Oui, c’est perturbant. Les filles me donnent des sucreries ou de la nourriture avec des trucs bizarres cachés dedans, tout en souriant. »
Il était naturel d’être méfiant.
D’ordinaire, la plupart des garçons chériraient la nourriture faite maison par une fille, mais pour Yuuta, c’était une menace potentielle. Vivre une expérience aussi horrible tant de fois devait être éprouvant.
« Parfois, je me dis que ce serait plus simple si je sortais avec quelqu’un, pour que les autres filles arrêtent de me draguer… Mais j’ai peur que celle que je choisirais finisse par se faire harceler. »
« … La jalousie, c’est effrayant. »
« Ouais… »
Les épaules de Yuuta s’affaissèrent, comme s’il était complètement à bout. Il semblait épuisé.
Amane gagna un grand sachet de bâtonnets de pommes de terre dans une machine à proximité et l’offrit au garçon triste devant lui.
« Mange ça, tu te sentiras mieux. » Dit-il. « Et tu sais, si jamais tu veux parler ou quoi que ce soit, tu peux venir voir Itsuki ou moi. »
« Parfois, c’est juste difficile… Alors j’apprécie. »
Voyant Yuuta aussi accablé, Amane se rendit compte que la popularité ne rendait pas forcément la vie plus facile ou meilleure.
***
Quand Amane rentra chez lui, Mahiru l’entendit entrer et vint à sa rencontre.
Elle portait son tablier et avait attaché ses cheveux en chignon. Elle les attachait toujours quand elle cuisinait, mais cette fois, elle avait ajouté une tresse en guise de touche mignonne qui accentuait son côté pratique.
Mahiru sourit, un peu soulagée qu’Amane soit rentré. Apparemment, elle avait déjà fini de préparer le dîner.
Après avoir quitté l’arcade, Amane était allé dans un café avec Yuuta pour l’écouter se plaindre autour d’un café. Il avait prévenu Mahiru qu’il rentrerait tard, mais manifestement, elle s’était quand même inquiétée.
« Bienvenue à la maison, Amane… Qu’est-ce qu’il y a dans ce sac ? »
« Je suis passé à l’arcade et j’ai gagné quelques prix. »
Le grand sac était bourré de tout ce qu’il avait remporté, y compris le lapin en peluche. Rien qu’en le regardant, on voyait qu’il contenait beaucoup de choses.
« … C’est une sacrée récolte. »
« Et je n’ai utilisé que l’équivalent de deux jours de déjeuner. »
« Wow, qu’est-ce que tu as gagné ? »
« Peut-être qu’on peut voir ça plus tard ? Je meurs de faim. »
Amane voulait trouver le bon moment pour lui offrir le lapin. Sa surprise en vaudrait la peine.
De plus, son estomac gargouillait. Il ne mentait pas en disant qu’il voulait savourer la délicieuse cuisine de Mahiru.
« Dans ce cas, va te changer et lave-toi les mains… et n’oublie pas de te gargariser. Pendant ce temps, je vais mettre la table. »
« Compris, chef. »
Il n’avait pas vraiment besoin de ces rappels, mais cela le rendait heureux d’entendre qu’elle se souciait de lui. Elle avait peut-être même un côté un peu maternel, mais il ne le dit pas à voix haute et se dirigea vers la salle de bain comme demandé.
***
« … Alors, qu’est-ce que tu as ramené qui nécessitait un sac aussi grand ? »
Les prix semblaient intriguer Mahiru. Après le dîner, elle jeta un regard au sac posé à côté du canapé et posa la question à nouveau.
« Hmm ? Des peluches. »
Amane n’avait pas l’intention de cacher quoi que ce soit, alors il prit le sac sur ses genoux et en retira le ruban adhésif qui le scellait.
« Des peluches ? »
« Tu les aimes, non, Mahiru ? »
« O—Oui, j’aime bien, mais… »
« J’en ai vu quelques-unes qui, je pense, pourraient te plaire, alors je te les ai prises. Tiens. »
Le meilleur prix de la journée était sans doute le lapin en peluche, de taille similaire à l’ours qu’il lui avait offert auparavant. Il était plutôt grand, et Amane l’avait gagné avec une seule pièce, alors il se permit d’en être un peu fier.
Il sortit le lapin et le posa sur les genoux de Mahiru, afin qu’elle puisse bien voir sa fourrure blanche et ses grands yeux ronds.
Il ne connaissait rien en particulier sur cette mascotte. Il l’avait simplement choisie parce qu’un lapin lui semblait être quelque chose qui plairait à Mahiru.
Elle fixa le lapin en peluche posé sur ses genoux.
« Tu… n’aimes pas les lapins ? »
« … Il est mignon. »
« Je suis content. »
Mahiru enroula ses bras autour du lapin en peluche et le serra contre sa joue, comme elle le faisait toujours avec son coussin préféré. Un instant, Amane pensa sortir son téléphone pour prendre une photo, mais il renonça finalement à l’idée.
Elle souriait doucement, alors il captura cette scène dans sa mémoire et sortit une autre peluche du sac rempli.
« Il y en a d’autres. J’ai des chats, des chiens et— »
Grâce aux pinces mécaniques de la salle de jeux, qui étaient relativement fortes, Amane avait pu gagner la plupart des prix pour très peu d’argent. Il avait donc attrapé jouet après jouet, prenant tout ce qu’il pensait que Mahiru aimerait.
Alors qu’il ajoutait un chat en peluche beige et blanc qui correspondait au style de Mahiru et un chien Shiba Inu en peluche, elle le regarda, perplexe.
« Euh, hum, tout ça… ? »
« Je… J’espère que ça ne prendra pas trop de place… »
« Non, pas du tout ! Je n’ai aucune décoration dans mon appartement, et elles sont vraiment mignonnes. Je suis contente. »
« C’est génial. »
Comme il l’avait imaginé, Mahiru était adorable entourée d’un petit troupeau de peluches.
Elle serrait toujours le lapin, mais elle regardait sans cesse le chat et le chien, se demandant lequel elle allait câliner ensuite. Amane ne put s’empêcher de sourire, et Mahiru dut avoir remarqué qu’il la regardait, car son visage devint rouge vif et elle tenta de se cacher derrière le lapin en peluche.
Le contraste entre la fourrure blanche du lapin et ses joues rougies était frappant.
Les yeux de Mahiru, qui émergeaient entre les oreilles du lapin, étaient légèrement embués, ce qui la rendait encore plus adorable. Enfin, submergée par la gêne, elle se pencha en avant et enfouit son visage dans l’épaule d’Amane.
« … Ne souris pas comme ça. »
« Je ne souriais pas. »
« Si, tu souriais. Tu te moquais de moi parce que je suis enfantine. »
« Ce n’est pas pour ça que je souriais. C’est parce que tu es mignonne. »
« … Donc tu souriais quand même, non ? »
« Tu m’as eu. » Dit-il en souriant encore plus. Cette fois, Mahiru lui donna un coup sur la cuisse, alors il lui frotta la tête pour essayer de la calmer pour le moment.
Mahiru sembla se détendre, et lorsqu’il lui sourit à nouveau, il fit de son mieux pour qu’elle ne remarque pas.
« … J’ai l’impression que tout ça est un piège ou quelque chose comme ça. »
« Ce n’est que ton imagination. »
« … Bon, juste pour aujourd’hui, je jouerai le jeu. » Murmura Mahiru d’un ton désapprobateur. Amane choisit de ne pas souligner qu’elle souriait toujours.
En regardant le chat qui était dans les bras de Mahiru et le lapin qu’elle tenait, il pensa qu’elle lui rappelait un peu ces deux animaux pendant qu’il continuait de lui caresser les cheveux.
Soudainement, Mahiru se redressa. Ses joues étaient encore rouges, mais Amane pouvait voir une nouvelle teinte de protestation dans ses yeux.
« … C’est toujours moi qui reçois. »
Apparemment, tous les cadeaux la mettaient mal à l’aise.
« Je fais juste ce que je veux faire, alors ne t’inquiète pas. »
« Mais… je reçois toujours des choses de ta part. Tu me donnes des cadeaux, tu es tellement attentionné, et tu passes tellement de temps avec moi… Tout. »
« Mais ce sont toutes des choses que je veux te donner, alors il n’y a rien à craindre. »
Ce n’est pas comme si je m’attendais à être payé ou quoi que ce soit. C’est juste parce que je veux la rendre heureuse. Peut-être que ça donne l’impression que son bonheur est ma compensation ou quelque chose comme ça, mais en vérité, c’est tout pour mon propre plaisir. Ça me fait plaisir de la rendre heureuse, alors je le fais. C’est tout.
Mais apparemment, Mahiru se sentait coupable. Cela semblait absurde pour Amane, vu tout le mal qu’elle se donnait pour lui, plus toute l’attention et les soins qu’elle lui prodiguait. Il ne pensait honnêtement pas être près d’équilibrer la balance.
Mais il semblait que Mahiru ressentait l’inverse.
« Je veux rendre quelque chose. » Insista-t-elle.
« Tu es vraiment têtue… » Dit-il en la taquinant. « Mais… je suppose que si tu tiens tellement à ça, il y a peut-être une chose que je voudrais. »
« Si c’est quelque chose que je peux donner, dis-le. »
Elle avait vraiment l’air prête à faire ce qu’il lui demandait. Bien sûr, il n’allait pas la mettre dans l’embarras avec une demande folle. Mais il devait faire une demande quelconque, sinon Mahiru se sentirait encore plus mal.
« Je veux un pudding. »
Ainsi, Amane demanda joyeusement quelque chose qu’il savait que Mahiru pouvait réaliser.
« … Un pudding ? »
« Un avec plein d’œufs. Je veux manger ta version maison. »
« … Tu ne veux pas dire un de ceux du magasin, n’est-ce pas ? Ce n’est pas suffisant pour te rembourser. »
« Bien sûr que non. Je ne serai satisfait que si tu le fais toi-même. »
Amane n’était pas friand de la plupart des sucreries, mais le pudding était une autre histoire.
Il aimait les choux à la crème faits avec seulement du pudding ou de la crème pâtissière, et il savait que si Mahiru faisait le pudding elle-même, il serait sûrement délicieux. Un dessert sucré habilement préparé par une fille qu’il aimait… Il ne pouvait rien imaginer de mieux.
Il fit sa demande très sérieusement, et Mahiru le regarda en silence pendant un moment avant de hocher la tête avec détermination.
« … D’accord, je ferai ça ce week-end. Un pudding ferme avec beaucoup d’œufs, c’est ça ? »
« Mm-hmm. »
« Je vais faire de mon mieux pour faire quelque chose de délicieux ! »
« D’accord, d’accord, tu n’as pas à t’énerver autant… »
« Si je dois le faire, je le fais bien. »
« C’est comme ça, donc ? »
Mahiru semblait prendre ça très au sérieux pour une raison quelconque. Amane pensa qu’elle n’avait peut-être pas besoin de se donner autant de mal, mais comme il allait obtenir un pudding délicieux, il ne pouvait pas se plaindre.
Il lui caressa encore la tête pour lui montrer son soutien, et Mahiru sembla légèrement gênée et enfouit la partie inférieure de son visage dans le dos de la tête du lapin.
***
Les puddings doux avec une abondance de crème épaisse étaient délicieux, bien sûr, mais pour Amane, le meilleur pudding était un pudding ferme avec beaucoup d’œufs, du genre qui garde sa forme même à la cuillère.
Le pudding que Mahiru fit mettait clairement en valeur le goût des jaunes d’œufs tout en équilibrant soigneusement la richesse de la crème épaisse. Il avait une saveur nette et distincte, et la touche d’amertume du sucre brûlé du caramel empêchait le tout d’être trop sucré.
Amane se retrouva à porter à sa bouche chaque cuillère, comme dans une sorte de transe. Avant même de s’en rendre compte, le pudding de Mahiru avait complètement disparu de son assiette.
« Haaa, c’était vraiment trop bon. »
« Je suis vraiment flattée d’entendre ça. »
Elle avait apporté le pudding après le dîner, et Amane s’en était débarrassé en un rien de temps. Une seule portion n’avait pas suffi, alors il avait demandé une seconde.
Pour un lycéen, Amane n’avait pas un appétit énorme, mais quand il s’agissait des desserts faits maison de Mahiru, il n’était pas surpris de constater qu’il avait toujours de la place.
Se sentant encore plus satisfait que prévu pour avoir mangé autant, Amane se sentit complètement comblé. Il se frotta le ventre qui avait bien gonflé.
« Tu sais vraiment faire n’importe quoi, hein ? »
« Eh bien, j’ai eu une éducation… assez exigeante. » Répondit Mahiru. Elle ne se vantait pas du tout, mais il était vrai que son répertoire culinaire était impressionnant. Parfois, elle préparait même des plats qu’Amane n’avait jamais vus auparavant. Ils étaient toujours délicieux, et il ne se lassait jamais de sa cuisine. Avoir quelqu’un comme Mahiru autour de lui pour lui préparer de bons repas faisait partie des plus grandes joies d’Amane.
« Eh bien, je ne sais pas quoi dire d’autre, sauf merci. Je suis vraiment heureux. »
« … Heureux ? »
« Bien sûr. Je veux dire, qui pourrait être insatisfait de la vie quand on peut manger des choses délicieuses comme ça jour après jour ? J’attends toujours ça avec impatience. »
La cuisine de Mahiru était pratiquement ce qu’il attendait le plus chaque jour. Tant qu’il pouvait profiter d’un repas avec elle à la fin de la journée, il pouvait oublier tous ses soucis et ses tracas.
Rien que le fait qu’elle cuisinait pour lui tout le temps était une source de joie, et il était submergé de bonheur à chaque bouchée, mais Mahiru ne semblait pas vraiment comprendre la valeur de ses propres plats.
Une fois, Amane avait dit que la cuisine de Mahiru avait le goût du bonheur, mais elle ne semblait pas comprendre. Si Amane ne lui prodiguait pas de grands compliments, elle ne reconnaîtrait probablement jamais sa valeur.
En plus, c’était une bonne manière de complimenter le cuisinier quand ses plats étaient exceptionnels, et il comptait bien s’y tenir.
« … Tu penses vraiment ça ? »
Les joues de Mahiru rougirent légèrement sous ses éloges, et elle se contracta un peu.
« … Ça me rend heureuse quand tu dis des choses comme ça, Amane. »
« Eh bien, si ça ne te dérange pas que ce soit moi qui les dise, je te donnerai autant de compliments que tu veux. Peut-être que tu préfères que je sois plus précis, au lieu de dire que tout est bon ? Je peux faire ça, pas de problème. »
Les ruptures dans les couples commencent souvent par l’oubli de se dire merci, après tout.
Pas qu’il soit en couple avec Mahiru ou quoi que ce soit. Mais elle lui faisait à peu près tous ses repas, et il pensait qu’il était important d’exprimer souvent sa gratitude. Et en plus, recevoir des retours positifs devait probablement la motiver, alors s’il le fallait, il était prêt à lui donner des remarques détaillées.
Mais Mahiru secoua la tête, rejetant directement cette idée.
« P—Pitié, ne fais pas ça… Je mourrais si tu le faisais. »
« C’est un peu extrême, non ? »
« Je suis sérieuse. Ce que tu fais maintenant est déjà parfait. »
« Vraiment ? Mais tu vas continuer à me faire à manger, alors je veux te montrer ma reconnaissance correctement. Merci pour tout. »
Honnêtement, ces jours-ci, le régime d’Amane dépendait entièrement de la cuisine de Mahiru, donc il sentait qu’il lui devait beaucoup et voulait faire ce qu’il pouvait pour elle. Elle était tellement importante pour lui. Quand Mahiru n’était pas là, Amane retombait rapidement dans ses anciennes habitudes sans espoir, alors il espérait qu’elle resterait à ses côtés longtemps.
Il sourit avec reconnaissance, et Mahiru trembla comme un téléphone en mode vibreur, puis se leva rapidement.
« … Idiot d’Amane… » Dit-elle d’une voix mignonne. Puis elle emporta les assiettes jusqu’à l’évier. Amane la suivit, ses propres assiettes en main.
Elle s’était levée brusquement, alors Amane voulut attirer son attention pour lui dire qu’il s’occuperait du nettoyage et qu’elle n’avait rien à faire d’autres. Au moment où il attrapa légèrement le bras de Mahiru, elle se retourna brusquement vers lui.
Elle le regarda avec un visage bien plus rouge qu’auparavant. Elle semblait vraiment ne pas pouvoir supporter d’être là une seconde de plus.
« … Je… Je vais m’occuper du nettoyage. Tu peux aller traîner sur le canapé. D’accord ? »
Il lui ébouriffa les cheveux une fois et la chassa de la cuisine. En grommelant doucement, Mahiru se précipita vers le canapé et s’y affaissa. Amane fut pris de court par sa soudaine perte de contenance.
Pendant qu’il faisait la vaisselle, Amane ne pouvait s’empêcher de repenser à son expression gênée. Il tourna le robinet sur l’eau froide, espérant se rafraîchir un peu.
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source : traduction anglaise officielle par Yen Press
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