Traducteur: TheCounterspell
——-
L’académie du Griffon blanc n’est pas restée fermée longtemps, juste quelques semaines.
Pendant cette période, Lith a fait tout ce qu’il pouvait pour aider les trois filles à se rétablir. Malgré les événements traumatisants que leurs filles avaient vécus, le couple Ernas avait un devoir à remplir. Ils étaient rarement à la maison, le plus souvent pour les repas et pour la nuit.
Parfois, l’un d’entre eux ou les deux étaient obligés de s’absenter pendant un jour ou plus. Ils étaient les seuls témoins survivants à n’avoir aucune relation avec la politique de l’académie et aussi ceux qui avaient mis fin à la menace de Nalear.
Ils devaient rédiger de multiples rapports, s’entretenir avec les Royaux, le Conseil des Directeurs et tous les échelons supérieurs impliqués dans l’administration du Pays. Les anciennes et les nouvelles familles nobles voulaient un coupable.
Des têtes allaient tomber avant que la tempête ne passe. Jirni et Orion étaient les clés de voûte de nombreux procès importants en cours, non seulement en tant que témoins, mais aussi en tant que gendarme royal et membre de la garde des chevaliers, respectivement.
Alors que le corps de la reine s’occupait de toutes les menaces liées à la magie, la garde des chevaliers avait un rôle défensif à l’intérieur du royaume des griffons. Ils étaient chargés de protéger et d’assister les gendarmes royaux lors de leurs enquêtes.
C’était un corps composé uniquement de maîtres de forge et de chevaliers mages. Seuls quelques-uns, comme Orion, possédaient les deux, ce qui faisait d’eux la crème de la crème. Il faut dire qu’une académie n’était pas le seul moyen d’apprendre une spécialisation.
L’armée avait les moyens et les connaissances nécessaires pour former ses membres. Contrairement à une académie, le processus pouvait prendre bien plus de deux ans, en fonction du talent et du nombre de missions qu’un garde devait effectuer.
De plus, le candidat devait prouver sa valeur avant que la formation ne commence. La plupart des membres de la Garde des Chevaliers commençaient avec une seule spécialisation et apprenaient l’autre au fil des ans.
Pendant leur absence, Lith s’occupait des trois filles du mieux qu’il pouvait et avec l’aide de sa famille. Hélas, il ne pouvait pas faire grand-chose. Aucun mot ne pouvait apaiser leur souffrance, aucun geste simple ne pouvait faire disparaître leur traumatisme.
Il ne pouvait que rester à leurs côtés, sans les laisser se terrer dans leur chambre. Seul le temps peut les aider. Lith était un expert du deuil et de l’affrontement de la douleur, mais ses méthodes ne pouvaient pas être partagées.
Lith n’avait pas l’empathie nécessaire pour se rapprocher de Phloria ou de Friya. Tuer les élèves contrôlés par l’esprit ne le dérangeait pas le moins du monde. Il ne connaissait qu’une seule façon de traiter ses ennemis et ne s’intéressait pas à la raison pour laquelle ils l’attaquaient.
Quant à la mort de Yurial, Lith regrettait d’avoir manqué l’occasion de mieux le connaître, d’avoir enfin un ami. Yurial lui manquait, mais c’était tout.
‘Si j’avais dû choisir entre maman, une de mes sœurs, ou même Phloria et lui, j’aurais fait la même chose. Je ne suis pas hypocrite. Je suis conscient que je ne connaissais pas assez Yurial pour m’intéresser à lui et que maintenant je ne le ferai jamais.’ pensa Lith.
Solus a joué un grand rôle dans son rétablissement, en lui rappelant toujours toute l’affection dont il avait été comblé.
Lith a laissé Elina et Rena s’occuper de Quylla. Elles étaient les meilleures mamans qu’il connaissait. Dans son esprit, si elles n’étaient pas capables de lui apporter le réconfort et la compassion dont elle avait besoin, alors personne ne le pouvait.
Phloria et Friya étaient plus faciles à gérer. Il leur a fait suivre la routine que son propre conseiller avait donnée à Lith après la mort de Carl. Il les réveillait à des heures régulières, les forçait à manger et à passer du temps avec ceux qu’elles aimaient.
Tout pour leur montrer que la douleur fait partie de la vie. Que peu importe la noirceur de leur vie, ils n’étaient pas seuls.
‘Ce truc n’a jamais marché pour moi, mais ça vaut le coup d’essayer’. se dit-il.
Le pire moment pour chacun d’entre eux a été la nuit. Seules dans le noir, les filles ne pouvaient empêcher leur esprit d’être assailli par les mauvais souvenirs, les regrets et les retours en arrière.
Lith était toujours aux côtés de Phloria, s’assurant que chaque fois qu’elle se réveillait brusquement à cause des cauchemars, elle le trouvait toujours à côté d’elle.
Lorsque l’académie a repris, Quylla n’était pas en état de bouger. Comme beaucoup d’autres élèves, elle a reçu la permission de rester chez elle et de se rétablir. Elle retournerait à l’académie l’année suivante ou dès qu’elle serait prête.
Lith, Friya et Phloria reprirent leur vie, se noyant dans le travail pour tenir leur anxiété à distance. Les professeurs pouvaient désormais passer d’un étage à l’autre. Il n’y avait pas eu assez de temps pour trouver des remplaçants à ceux qui étaient tombés, alors Ironhelm enseignait maintenant la maîtrise de la forge à la fois à la quatrième et à la cinquième année.
Linjos parti, après la dernière tragédie, le directeur Marth décida de revenir aux examens écrits et de lancer des sorts à l’intérieur de l’académie, comme par le passé. Les élèves avaient acquis suffisamment d’expérience de la vie réelle au cours des deux dernières années.
Ils avaient maintenant besoin de calme et de tranquillité. La guerre civile n’était plus un problème, le traître était Parti, et quand l’anniversaire est arrivé, Balkor n’a pas envoyé de mot. Personne ne pouvait croire à une telle chance, alors ils ont tous fait rentrer leurs enfants à la maison et se sont cachés pendant les trois jours suivants.
Balkor n’a pas envoyé un seul mort-vivant, donnant au royaume du griffon la première bonne nouvelle après tant de souffrances. Lith, Friya et Phloria étaient inséparables pendant leurs journées à l’académie.
Les filles le laissaient rarement seul, étudiant et mangeant ensemble. Phloria ne le quittait pas, même la nuit. Même si tout était propre comme si rien de grave n’était arrivé, voir ces couloirs et tous les espaces communs lui transperçait encore le cœur.
Cela lui rappelait Yurial, tout le sang versé. La chaleur et l’affection de Lith étaient les seules lignes de défense qu’elle avait contre le désespoir qui s’emparerait de son esprit si elle restait seule.
La cinquième année passa rapidement. Lith ne sortait jamais de l’académie, si ce n’est pour rendre visite à Quylla, à ses rendez-vous avec Phloria, et pour retourner chez sa famille. Il devait d’abord mettre au monde sa nièce, Leria, puis son petit frère, Aran.
Les examens finaux ont été faciles pour Lith. Grâce à Soluspedia, les examens écrits ont été une promenade de santé. Lancer des sorts dans une salle de classe fermée devant les professeurs ne lui causait aucun stress comparé aux méthodes d’enseignement de Linjos.
Avant la publication des résultats, Lith fut à nouveau convoquée dans le bureau du directeur. Cette fois, il n’y avait personne d’autre que Marth qui l’attendait. Il semblait mort de fatigue, mais comme c’était sa première année en tant que directeur, c’était compréhensible.
La pression qu’il subissait n’était rien comparée à celle de Linjos. Les anciens foyers nobles n’étaient pas aussi autoritaires que par le passé, Balkor avait disparu et aucun accident ne s’était produit.
Pourtant, le directeur Marth apprenait encore les ficelles du métier et, jusqu’à ce que toutes les enquêtes et tous les procès soient terminés, il était de son seul devoir de s’occuper du noyau de pouvoir de l’académie.
Lith s’assit en face de lui, s’attendant à l’habituel lot de mauvaises nouvelles. La seule fois où il était entré dans le bureau d’un directeur sans se mettre royalement en colère, c’était lorsque la marquise Distar l’avait présenté à Linjos.
