the beginning after the end Chapitre 501

Traducteur : Ych
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Le festin se poursuivit pendant un bon moment. La conversation finit par se détourner des alliances, des mariages, et même de l’apparence et de la lignée de Chul. La politique fut abandonnée au profit de récits entraînants sur l’histoire et les légendes. Tout au long de la longue table, les phénix riaient avec les léviathans et les basilics avec les dragons.

Mais je n’arrivais pas à relâcher la tension qui m’habitait.

Nous devons faire avancer le monde entier vers le futur nécessaire, en soulageant la pression sur le royaume éthéré et en satisfaisant l’entité éthérée appelée Destin. Il faut empêcher Dicathen de devenir la prochaine civilisation qui tombera sous les coups de Kezess. Epheotus doit être stabilisé et préparé à l’inévitable dissolution du royaume éthéré. Maintenant, nous devons nous inquiéter de l’effondrement d’Alacrya dans une sorte de vortex de mana.

‘Ouais, ça résume à peu près tout’, dit Régis, de nouveau allongé devant la cheminée rugissante, les sens tournés vers les conversations qui se déroulent autour de la table. ‘C’est simple comme bonjour.’

Sylvie, qui avait été entraînée dans une conversation avec Myre, m’a jeté un rapide coup d’œil du coin de l’œil. ‘Au moins, on sait ce qu’on a à faire et ce qui nous attend. En grande partie.

En grande partie…

J’ai laissé mon esprit dériver jusqu’à la clé de voûte, mais sans le Gambit du roi actif, je ne pouvais pas me concentrer efficacement sur ces souvenirs. Seul un embrouillamini flou, provoquant des maux de tête, occupait mon cerveau, comme une pelote de ficelle que seul la godrune pouvait trier.

Une tape sur mon épaule m’a fait sortir de ma tête. J’ai levé les yeux pour voir un jeune homme, visuellement proche de mon âge. Il avait les cheveux noirs, les yeux rouges et les cornes d’un basilic, mais contrairement aux Vritra, il avait aussi un sourire facile et des manières agréables.

« Certains d’entre nous avaient l’intention de se retirer du dîner et de converser davantage », dit-il, la voix tendue par les nerfs. » Nous espérions que tu pourrais te joindre à nous ? Il ne faut pas que les grands seigneurs accaparent tout ton temps pour eux seuls, n’est-ce pas ?” Après coup, il ajoute : « Dame Sylvie, Dame Éléonore, Seigneur Chul, vous seriez les bienvenus aussi, bien sûr. »

‘Encore du foie coupé,’ pensa Regis.

Selon les critères asuran, je n’étais moi-même qu’un jeune homme, et rencontrer des asuras plus jeunes était quelque chose que j’espérais faire. Et la compagnie décontractée offerte par les jeunes seigneurs et dames serait un baume pour mon esprit sous pression. Malgré tout, n’étant pas sûre de la bienséance, j’ai regardé Veruhn. Il s’est contenté de sourire et de faire un petit signe de tête, comme s’il s’endormait.

Je me suis excusé et mes compagnons et moi avons suivi le jeune basilic plus profondément dans la forteresse. Il avait l’air de bien s’y connaître, ce qui laissait supposer qu’il avait passé pas mal de temps avec les phénix.

« Riven, au fait », dit-il en me serrant la main pendant que nous marchions. « Riven du clan Kothan, fils aîné survivant du seigneur Rai Kothan. »

« Survivant ? » Ellie a demandé, s’agitant et regardant nerveusement dans tous les coins.

« J’avais un frère et une sœur aînés. Ils sont tous les deux morts en combattant le clan Vritra », annonça-t-il fièrement.

» Une cause digne de donner leur vie à son service », dit Chul d’un ton solennel.

Nous sommes arrivés dans un salon richement aménagé où plusieurs autres jeunes asuras discutaient et riaient déjà autour de verres de liquide rouge foncé ou doré. Assis sur des canapés en peluche ou de profonds fauteuils de salon verts, dorés et jaunes, les asuras se sont tous levés d’un bond lorsque je suis entré derrière Riven.

J’ai été surpris de voir que Zelyna était déjà là. Elle s’entretenait avec Vireah, la fille du noble dragon, Preah. Contrairement à tous les autres, qui portaient de beaux vêtements adaptés à un banquet royal, Zelyna était vêtue de cuirs serrés qui lui donnaient plutôt l’air de se préparer au combat. Ce qui, d’une certaine manière, était probablement le cas.

Les présentations se succédèrent à un rythme effréné. Naesia, la fille du seigneur Avignis, se présenta pour la deuxième fois, et je rencontrai également deux de ses sœurs. Il s’est avéré que Riven avait également deux sœurs. Chul est brièvement devenu le centre d’intérêt de tout le monde lorsque Vireah a fait un commentaire sur ses yeux. Les phénix en particulier étaient fascinés à l’idée de tout savoir sur lui, et j’ai été obligée de réorienter la conversation. Heureusement, ils étaient tout aussi impatients de parler d’eux. L’interrogatoire de Chul fut heureusement bref, et personne ne sembla remarquer les incohérences de nos récits.

Affichant un demi-sourire amusé, Zelyna déclara : « Nous étions en train de discuter d’un sujet assez pertinent par rapport à ton arrivée, Arthur. » J’ai remarqué que, parmi ses pairs, elle se comportait plus jeune qu’auparavant. Au lieu de se montrer maussade par rapport à leur excitation, elle avait l’air presque incitative. « Ce n’est pas tous les jours qu’autant de léviathans, de dragons, de phénix et de basilics peuvent se réunir.

» Zelyna des Eccleiahs vient de nous défier pour une grande chasse entre clans », poursuit Naesia en se mordant la lèvre supérieure. Ses joues étaient rouges, et des étincelles semblaient jaillir derrière ses yeux.

Les yeux de Chul brûlaient d’une lumière interne et il m’adressa un sourire sinistre. « Une grande chasse sur les terres de mes ancêtres ? Un excellent moyen de prouver la puissance de mon… hum, de notre clan ! »

Je me mordis la langue, guettant toute réaction à son quasi glissement. Lorsque personne ne sembla le remarquer, je laissai échapper un soupir de soulagement et déclarai : « Ce serait le cas, Chul, si seulement nous le pouvions. Je crains que ce genre de choses ne doive attendre plus tard. Peut-être lors de la prochaine grande chasse. »

« Oh, mais tu dois participer ! » dit Riven en me tapant sur l’épaule. « Chasser aux côtés de quatre autres grands clans ? Ce n’est pas une chance qui se présente souvent ! Et… » Il marqua une pause, souriant d’un air penaud. « Eh bien, nous avons tous souhaité voir ce dont tu es capable. Un inférieur parmi les asuras, une nouvelle race ! Tu peux sûrement comprendre. »

Naesia sourit en posant ses pieds sur une longue table basse et en reposant ses mains derrière sa tête. « C’est aussi l’occasion de sortir de sous le bec de ces vieux seigneurs et dames étouffants pendant quelques jours. »

Vireah arracha pensivement une mèche de ses longs cheveux roses. » Tu sais, puisque Dame Myre est ici, nous pourrons peut-être même obtenir la promesse d’un bienfait de la part du Seigneur Indrath pour le vainqueur. C’est une occasion rare, comme l’a dit Riven. »

Il y a eu beaucoup de bavardages et d’acclamations à ce sujet, et Riven est rapidement allé chercher une poignée de chopes et de verres pour mes compagnons et moi.

‘Un bienfait ?’ dit Sylvie directement dans mon esprit. ‘Cela pourrait être utile, si on y réfléchit bien.’

‘Peut-être, mais quelle faveur pouvons-nous vraiment gagner en frappant quelques bébés asuras ?’ répond Regis depuis sa place près de mon noyau.

Il est peu probable que cette faveur change les choses, mais en tant que grand seigneur moi-même…

La pensée s’est interrompue alors que je considérais les implications potentielles, sachant que mes deux compagnons avaient également raison dans leur raisonnement.

Ellie, qui avait pris place dans un coin, à l’écart, sourit au basilic lorsqu’il lui tendit un verre, mais dès qu’il se détourna, son visage se décomposa. Elle a plongé son regard dans la tasse avec un froncement de sourcils distant. Quand elle m’a vu la regarder, elle s’est illuminée. Ma question a dû se lire sur mon visage, parce qu’elle a dit : « Boo est grincheux parce qu’il a été résigné à une sorte d’étable à l’extérieur. Il ne fait pas confiance à toutes ces nouvelles odeurs. »

Des cris l’ont immédiatement interrompue, et notre attention a été attirée par un soudain combat de catch qui avait éclaté entre deux des basilics. Vireah a sauvé son verre de justesse lorsqu’une table basse a été renversée sous les éclats de rire.

« Viens, mon frère ! » Chul a explosé, emporté par l’énergie et l’excitation. Conjurant son arme et la levant au-dessus de sa tête, il a pratiquement crié : « Nous ne pouvons pas refuser un tel défi ! »

Il y eut une nouvelle salve d’acclamations et d’applaudissements.

» Ton pupille a raison, Arthur. La tradition veut que vous, en tant que clan le plus jeune, ne puissiez pas décliner un défi direct », dit Zelyna en se levant et en brandissant son verre comme une épée. « Le clan Eccleiah exige que tu honores ta place parmi nous. Refuser reviendrait à diminuer nos deux clans. » Ses yeux brillent de la lumière de la victoire.

Qu’est-ce que tu prépares, Zelyna ? me demandai-je.

Une pensée s’est mise en place, reliant tout ensemble, et j’ai fait tourner l’anneau de dimension à mon doigt, considérant ce qu’il contenait. « Il semble que je n’ai pas d’autre choix que d’accepter, alors ».

La salle se mit à applaudir et les jeunes asuras se dépêchèrent de parler les uns aux autres en commençant à expliquer les règles.

***

Bien que le soleil brille chaudement, l’air raréfié de la montagne était suffisamment froid pour que mon souffle devienne visible à chaque expiration.

J’ai grimpé à l’arrière de notre groupe de chasseurs. Nous étions haut dans les montagnes, déjà à plusieurs kilomètres de l’Aerie Featherwalk, et nous avions escaladé une paroi rocheuse presque verticale pendant la moitié de la journée. Le vent hurlait, me tiraillait constamment, comme une bête qui attendait que ma prise cède pour m’entraîner dans sa chute. À l’exception d’un souffle occasionnel, le groupe de chasseurs grimpait en silence.

L’une des nombreuses règles de la chasse voulait que l’ascension se fasse sans le pouvoir de voler, du moins « en compagnie mixte », comme l’avait expliqué Riven. Si les phénix ne s’étaient défiés qu’entre eux, ils auraient rôdé dans le ciel avec leurs corps transformés, mais en présence de dragons, de léviathans et de basilics – et d’archontes, me rappelai-je – ils se sont mesurés à la montagne comme l’auraient fait leurs plus lointains ancêtres.

Riven, Naesia et les autres n’avaient pas perdu de temps pour organiser l’aventure. Les autres grands seigneurs avaient été amusés par la tournure des événements, mais avaient tout de même sanctifié la chasse.

« Parmi vous se trouve l’avenir de vos clans, de vos races et de tout Epheotus », avait déclaré Myre en menant le cortège hors de la ville, les seigneurs Avignis, Kothan et Ecclieah avec elle. De nombreux autres membres des clans suivaient derrière, bien que cette procession ait été presque sombre comparée à la foule enjouée qui avait salué notre arrivée.

Je comprenais pourquoi.

Une chasse asuran n’est pas un événement sportif décontracté. Tout comme le peuple d’Epheotus, les bêtes étaient extrêmement puissantes. Lorsqu’un aventurier s’enfonçait dans un donjon de la Clairière des Bêtes, il savait qu’il risquait sa vie. Une chasse asuran n’est pas différente.

Les jeunes nobles asurans marchèrent solennellement dans le sillage de leurs seigneurs pendant que Myre parlait. « Cinq de nos neuf grands clans sont représentés ici par l’amitié et la confiance. Cependant, les asuras ont toujours encouragé une saine compétition entre nous. Les défis que nous avons relevés renforcent notre force et notre coopération. Alors qu’Epheotus est de plus en plus apprivoisé, des chasses comme celle-ci garantissent que les longues traditions de notre peuple – à la fois nombreux et uni – continuent à renforcer cette force.

« Mettez-vous à l’épreuve les uns les autres, mais surtout poussez-vous. En l’honneur de votre voyage, le clan victorieux pourra demander une faveur au seigneur Indrath et à moi-même, mais plus encore, j’espère que vous vous battrez tous pour la fierté d’avoir remporté un tel défi face à de si nobles concurrents. »

Son regard s’était attardé sur moi un instant de plus que tous les autres.

Notre ascension avait commencé à quelques kilomètres de la ville. Là, les phénix, entourés de feux de signalisation cérémoniels flamboyants, avaient à nouveau entonné un long sans paroles. Nous avons attendu en silence pendant que le chant s’amplifiait, devenant de plus en plus féroce et rauque. Les autres équipes avaient pris vie dans l’étreinte de ce chant, débordant d’énergie, de lumière et de soif de gloire.

« Que le plus grand de ces grands clans porte le coup fatal ! » Myre avait appelé, sa voix résonnant à travers le flanc de la montagne et enveloppant le chant du phénix.

Dans un chœur de cris de guerre, les chasseurs asurans s’étaient élancés à une vitesse incroyable sur la falaise abrupte.

À présent, nous avancions plus lentement, une montée régulière au lieu d’une escalade sauvage.

Devant moi, Ellie utilisait efficacement son mana, habillant ses mains et ses pieds, puis poussant le mana dans les fissures et les plis de la roche, se fixant fermement. Elle rayonnait de l’intérieur, son mana étant plus puissant et plus sensible à sa volonté que ce que j’avais vu auparavant.

Sylvie a grimpé juste devant Ellie, traçant le chemin et lui montrant où placer ses mains et ses pieds. Chul était derrière moi, l’image même de la concentration.

Chaque clan a besoin de quatre chasseurs. La question de savoir si Regis était considéré comme un individu à part entière ou comme une manifestation de mon pouvoir n’était pas tranchée. Finalement, Vireah et Naesia avaient décidé qu’il était un peu comme les bêtes gardiennes des titans, une partie de moi, et qu’en tant que tel, il ne comptait pas dans le nombre de mon clan.

Au lieu de cela, ma sœur était forcément le quatrième membre du groupe de chasseurs du clan Leywin.

« Tu es sûr ? » avait-elle demandé lorsque je lui avais fait part de mes intentions pour la première fois. « Tu vas juste passer tout ton temps à me surveiller… et si on perdait à cause de ça ? ». Elle avait soufflé et s’était agitée en guise de réponse. « J’aimerais juste pouvoir, tu sais, t’aider. Tu as fait tellement de choses – tu m’as donné tellement d’occasions de m’entraîner et de devenir plus forte, mais je ne suis toujours que cette chose que tu dois protéger. »

« ‘Gagner’ signifie survivre, alors concentre-toi sur ça. Tu as gagné ta place ici, et je veux que ces asuras voient à quel point tes techniques de mana sont uniques. » Mon expression s’est adoucie. « Et peut-être qu’ils pourront t’aider à devenir encore plus forte d’une manière que je ne peux pas. »

« Tu réalises que tu es probablement l’un des mages les plus forts de ton âge dans tout Dicathen ? » avait ajouté Sylvie en prenant le bras d’Ellie.

« Ce qui fait quand même de moi la personne la plus faible d’Epheotus », avait répondu Ellie d’un air maussade. Elle s’était donné une claque sur les joues et s’était fixé une expression déterminée. « Mais je n’essaie pas de m’apitoyer sur mon sort. Vous avez raison. Je ferai de mon mieux. »

Pourtant, même avec nos mots d’encouragement, Ellie avait fixé la perle scintillante de pouvoir condensé dans sa main pendant plusieurs longs moments avant de finalement la faire sauter dans sa bouche. Ses yeux étaient presque sortis de sa tête quelques instants plus tard lorsque les effets de l’élixir l’ont frappée.

C’est le souvenir de l’élixir de Windsom, celui qui avait fini par sauver la vie de Tessia de la corruption du gardien d’elderwood, qui m’avait poussé à chercher Novis. Le seigneur phénix s’était montré bienveillant et s’était empressé de me procurer un élixir capable de répondre à mes besoins.

À Dicathen, les mages fortunés utilisaient régulièrement des élixirs pour accélérer la purification de leurs noyaux sur une longue période de temps et de pratique. Cet élixir ne ferait pas grand-chose pour accélérer la clarification de son noyau, mais il l’avait rempli d’une énorme quantité de mana hautement purifié qui lui donnerait un grand coup de pouce, au moins jusqu’à ce que tout le mana soit épuisé. Combiné à sa capacité à condenser et à stocker le mana dans des poches semblables à des noyaux dans tout son corps, il a agi comme un tampon temporaire pour aider à combler le fossé entre elle et le reste des chasseurs.

Naesia et ses sœurs ont pris la tête de l’ascension. La tradition voulait que le clan qui accueillait la chasse – en l’occurrence, les Avignis, puisque la montagne était leur territoire – occupe la position la plus honorable et la plus dangereuse. Vireah, fille de Preah du clan Inthirah, suivait avec trois Indraths autour d’elle. Riven avait emmené l’une de ses sœurs et ses deux amis les plus proches. Zelyna et les Eccleiahs ont grimpé juste devant notre propre groupe.

« Plus que quatre ou cinq heures à ce rythme ! » Naesia appelle depuis sa position à l’avant. « Nous allons dresser le camp dans le vallon au-dessus ! »

J’ai essayé de voir où les plis et les crêtes de la falaise laissaient place à ce vallon dont elle parlait, par la pierre grise semblait grimper à l’infini.

« Seulement…quatre…heures de plus… » dit Ellie entre deux respirations concentrées.

Presque comme en réponse au cri de Naesia, la montagne a gémi sous nos pieds. Il y eut une charge soudaine dans l’air, comme si un éclair était sur le point de frapper le ciel bleu clair. La tension s’empara des asuras.

« Bougez ! » cria Zelyna.

La montagne rugit en réponse.

Un poing griffu de roche nue sortit du flanc de la montagne et saisit la cheville de Vireah. La griffe déchira la chair asurane, envoyant des gouttes de sang brillant pleuvoir d’en haut, puis le jeune dragon fut arraché à la paroi de la falaise.

L’un des Indraths l’attrapa, la faisant basculer vers la falaise et dans les bras d’un autre.

L’acier jaillit, et l’appendice de pierre explosa dans une grêle de roches et de poussière qui tomba en cascade sur le reste d’entre nous.

« Des golems de montagne ! » s’écria un phénix.

À ma droite, une tête, des épaules et un long bras sortaient de la roche. Le golem n’avait ni yeux, ni nez, ni bouche, mais chacun de ses mouvements produisait un grincement hostile. Le bras s’est dirigé vers moi comme une massue. Alors que je tendais la main pour attraper le coup sur mon avant-bras, les écailles sombres de mon armure relique se mirent à frôler ma peau.

Une lame éthérée se condensa à mes côtés et s’élança vers le haut, traversant le membre de pierre avant de s’abattre sur le cou du golem. La figure s’est brisée, ses parties disparates tombant dans la brume en contrebas.

Je fléchis ma main, qui me piqua à cause de la force de l’impact. » Restez vigilants ! Ces choses frappent fort. »

Des golems apparaissaient de partout, parfois ce n’était que des membres, d’autres fois c’étaient des figures humanoïdes de pierre brouillonnes qui s’agrippaient aux asuras et tentaient de les arracher au flanc de la montagne.

Au-dessus, le torse d’un golem s’agrippait à un léviathan, les libérant de leurs prises. Ils s’élancèrent en arrière, loin de la paroi, et plongèrent comme un météore vers la vallée, des kilomètres plus bas.

Sylvie luttait contre un poing de pierre qui lui enserrait la gorge. Elle enroula sa main autour du poignet du golem et une lumière blanche et brillante jaillit d’elle. Le bras se brisa, mais pas avant d’avoir laissé de profondes entailles de chaque côté de son cou.

La falaise se rompit tandis qu’une cascade jaillissait des fissures. L’eau s’étendit et s’enroula autour du léviathan qui tombait. Plusieurs fléchettes volèrent – je n’ai pas vu d’où – et le golem grappin éclata. La chute d’eau renvoya le léviathan contre le mur et, comme un seul homme, le clan Eccleiah commença à grimper encore plus vite, dépassant les Kothans.

À côté de moi, le regard d’Ellie s’est assombri tandis qu’elle activait sa volonté de bête. « Je peux les sentir bouger à travers la roche ! » Elle hésita, puis s’écarta lorsqu’un bras en forme de massue se détacha de la paroi rocheuse et s’abattit sur elle.

Posant ses deux pieds sur la courbe de l’épaule exposée du golem, elle bondit dans les airs et s’empara d’une meilleure prise plus haut. Deux orbes de mana restèrent dans son sillage. Leur explosion a creusé des trous dans la pierre, mais n’a pas réussi à détruire le membre attaquant.

L’instant d’après, l’arme de Chul s’écrasa contre le flanc de la montagne, détruisant le bras et la moitié du rocher d’où il sortait, envoyant une chute de pierres le long du flanc de la montagne. Un corps de pierre à moitié écrasé se détacha de la falaise et tomba sur lui, donnant des coups de pied et frappant avec les membres qu’il lui restait.

Une flèche de lumière dorée frappa Chul, amortissant les attaques de la créature. L’instant d’après, une lame d’un violet éclatant balaya le golem, qui tomba en morceaux en dégringolant hors de vue.

J’ai levé les yeux pour croiser le regard de ma sœur, mais son attention s’était déjà portée sur la pierre, tandis qu’elle suivait les mouvements cachés des golems. Au-dessus d’elle, les asuras commençaient à nous dépasser.

Conscient que mon inquiétude pour Ellie me détournait de la bataille, j’ai envoyé un ordre mental rapide à Regis.

Il a quitté mon noyau pour s’imprégner de l’armure relique. Comme nous l’avions fait pour contenir le pouvoir de Sylvie lors de son premier voyage dans les Relictombs, j’ai rejeté l’armure avec Regis à l’intérieur. Il a commencé à s’éloigner de moi, remorquant l’armure incorporelle – coincée entre l’éther atmosphérique brut et le monde physique – vers ma sœur.

Cela n’a pris que quelques secondes, mais chaque instant a été un frein douloureux à ma conscience.

Ellie a poussé un cri étouffé lorsque l’armure s’est fusionnée autour d’elle, manquant de peu de perdre son emprise sur le mur. Sylvie s’est empressée de tendre une main de soutien dans son dos.

Ma sœur s’est regardée avec surprise. Les écailles noires de l’armure n’étaient pas brisées par les incrustations d’or ou les saillies blanches des os. Elle était plus élégante, plus gracieuse. Le casque se forma pour couvrir entièrement sa tête, ne laissant que son visage à découvert. Quatre cornes sombres partaient des tempes.

« Peut-être un petit avertissement la prochaine fois ! » cria-t-elle avant de reprendre son ascension. Au fur et à mesure qu’elle grimpait, elle criait des avertissements chaque fois qu’elle sentait un golem s’approcher à travers la pierre, et nous sommes tombés dans un rythme, nous déplaçant et combattant tous les quatre comme une équipe.

Je n’avais plus beaucoup de temps pour me concentrer sur les asuras au-dessus de moi, car ils continuaient à s’éloigner. Leur magie s’écrasait et tonnait sur la paroi rocheuse, et nous avons grimpé à travers un déluge constant de gravats brisés. Au moins une personne était traînée mollement par les autres, mais je ne pouvais pas dire qui.

« Je crois qu’on a presque fini ! » La voix de Naesia a résonné jusqu’à nous quelque temps plus tard.

Aux mots de Naesia, je sentis Ellie puiser dans une autre de ses réserves d’énergie et redoubler d’efforts pour continuer à grimper. Elle hésitait, cherchant la prochaine prise, quand la montagne sous ses mains a explosé.

Un poing assez large pour l’écraser s’extirpa de la roche qui s’effritait. Ellie s’était déjà écartée, volant en arrière pour éviter le pire de l’attaque. L’explosion de mana pur de Sylvie rencontra le marteau de Chul et ma propre lame éthérée, et nous frappâmes tous simultanément le poing, le brisant proprement en deux.

L’éther inonda God Step tandis que je cherchais les chemins entre ma sœur et moi, mais une explosion sourde de mana pur la repoussa vers la falaise, et elle se rattrapa à Chul, ses bras s’enroulant autour de son cou. Ils affichaient tous les deux un large sourire.

Je leur lançai un regard noir, effaçant les sourires de leurs visages alors que le flanc de la montagne commençait à se fendre tout autour de nous.

Une traînée de bleu et de vert a jailli parmi nous lorsque Zelyna est tombée d’en haut, se rattrapant dans le cratère laissé par le poing. Je pouvais déjà voir la forme d’un bras d’un bras qui se détachait du flanc de la montagne. Loin sur ma droite, un deuxième bras fendait la falaise, envoyant d’énormes rochers plonger dans les nuages.

« La montagne elle-même bouge pour nous tester ! » Zelyna a crié, s’accrochant aux rochers qui se balançaient aussi facilement que je pourrais grimper à une échelle. « Nous devons nous libérer ou elle nous jettera tous à terre ! »

J’ai croisé le regard de Sylvie et de Chul. Tous deux ont hoché la tête avec férocité.

« Accroche-toi », dit Chul. Ellie s’agrippa fermement à son cou, et nous avons commencé à nous jeter en haut de la montagne alors même qu’elle s’animait autour de nous.

« Attention ! » Ellie a crié en signe d’avertissement. De notre droite, une autre main énorme s’est abattue sur nous, le vent de son passage attisant un coup de vent qui menaçait de nous arracher à la falaise.

Sylvie, maintenant !

Enfonçant mes pieds dans la roche, j’ai rassemblé l’éther dans chacun de mes muscles, tendons et articulations. Le soleil s’est évanoui au fur et à mesure que la main géante l’obscurcissait. Le sort d’éther de Sylvie prit effet et le monde devint gris, le temps s’arrêtant presque.

La pierre craqua sous mes pieds tandis que je m’éloignais de la falaise d’un pas vif. Une lame d’éther s’est formée dans ma main et a explosé en direction de ma cible tandis que j’enchaînais avec un Burst Strike.

Le monde s’est dissous en une image floue. Il n’y avait pas de son, pas de chaleur ni de froid, seulement la synchronisation parfaite de mon éther et de mon corps. J’étais en plein ciel, bleu au-dessus, gris en dessous, puis le vent est revenu, ainsi que le bruit d’avalanche des rochers qui se brisent. En me retournant dans les airs, j’ai regardé la paroi de la falaise.

Le moignon d’un bras gargantuesque s’agitait, la main s’envolant dans une onde de choc d’éboulis à l’endroit où je l’avais frappée. Le poignet s’est effondré et des fissures ont parcouru le bras.

Je pouvais voir les autres asuras, bien au-dessus de nous, sauter, ramper et se battre autour de la tête du golem géant comme autant de fourmis, leurs sorts et leurs armes l’ébréchant petit à petit.

La voix de ma sœur me parvint à nouveau de là où elle s’accrochait au torse du golem avec les autres. « Art ! »

Le géant s’effrite. Bientôt, il se détacherait entièrement de la montagne, et il emporterait tout le monde avec lui.

Les voies éthérées, éclairées par le God Step, me replièrent dans leur étreinte. J’ai réapparu avec mon clan, mes mains enveloppées d’éclairs éthériques qui s’efforçaient de trouver une prise solide.

Zelyna me regardait fixement, les yeux écarquillés et pleins de doutes. J’ai croisé son regard. « Cette chose est sur le point de tomber. »

Elle n’a pas eu besoin de le répéter deux fois. Le guerrier léviathan a donné le ton, volant presque le long du corps en forme de falaise. Bien qu’il n’y ait plus de petits golems qui attaquent, des pans entiers de roche commencent à céder sous nos mains et nos pieds. Rapidement, nous avons sauté d’un bloc de pierre à l’autre, nous efforçant de trouver une main ou un point d’appui solide.

Nous n’allions pas y arriver.

La scène s’est mise à trembler, s’assombrissant à nouveau alors que l’art de l’éther de Sylvie se resserrait comme un poing autour du temps. Elle transpirait abondamment et ses yeux avaient perdu leur concentration.

Zelyna, prise dans le sortilège avec nous, regardait autour d’elle avec confusion et consternation.

« Vas-y ! » J’ai crié, j’ai passé le bras de Sylvie autour de mon épaule et je l’ai hissée en haut de la falaise en sautant de prise en prise, Chul sur mes talons.

Ce n’est que lorsque je me suis agrippé à une crête qui ne bougeait pas que j’ai réalisé que nous avions dépassé le corps du golem. Au même instant, la lumière est revenue, ainsi que le son dans toute sa puissance. Le bruit était catastrophique,

le choc et le fracas de la pierre sur la pierre suffisaient à me faire bourdonner les oreilles. L’air était étouffé par la poussière.

Sylvie était pâle, ses yeux s’écarquillaient, ses pensées avaient du mal à s’accorder avec notre soudaine sécurité relative.

Même le sourire de Chul s’est estompé. « N’est-ce pas la grande bête que nous sommes venus chasser ? » Il a dû crier pour se faire entendre au-dessus de l’éboulement colossal.

Zelyna se moque. » Venez, il semble que les autres aient trouvé un endroit où reposer nos mains. Cette chasse ne fait que commencer. »

Nous l’avons suivie, ainsi que les autres, jusqu’à une étroite tablette de roche juste assez large pour que nous puissions tous nous asseoir ou nous allonger. Les autres asuras nous ont applaudis lorsque nous avons grimpé sur le bord. Ellie s’est laissée tomber du dos de Chul et s’est allongée en haletant. Elle avait plusieurs lacérations peu profondes sur le visage et, selon Régis, le bout de ses doigts saignait, mais sinon, elle semblait aller assez bien.

« Ce serait peut-être le bon moment pour commencer à repenser la tradition », ai-je dit à personne en particulier. « Tout d’abord, la règle de l’interdiction de voler pendant l’ascension du flanc de la montagne. »

Riven se tenait debout, une main contre la paroi de la falaise, fixant la mer infinie de nuages et de brume. « La tradition nous permet de savoir qui nous sommes, d’où nous venons. Dans ce cas, le défi est le but. La montagne elle-même est d’accord avec moi. Elle nous a mis à l’épreuve, et nous avons réussi. »

» Et vous êtes prêts à mourir pour cela ? » demandai-je, sincèrement curieux.

C’est l’un des amis de Riven qui a répondu. « La mort est toujours une tragédie, mais jamais une chose à craindre ». Il avait le dos appuyé contre le mur, le visage pâle et les dents serrées. L’une des sœurs de Naesia s’est agenouillée devant le basilic, les mains luisantes de chaleur. Ce n’est qu’à ce moment-là que j’ai réalisé que le bras gauche du jeune guerrier basilic avait été arraché au niveau du coude. Le phénix était en train de brûler la blessure pour la refermer. « Jusqu’où irait l’un d’entre nous s’il restait chez lui, entouré de murs épais et de gardes nerveux, terrifié par la mort à chaque tournant ? »

« Ton propre chemin vers la force n’a sûrement pas été parcouru en toute sécurité ? » demanda Zelyna en s’adossant à la falaise, un genou replié sur sa poitrine, les bras enroulés autour. Elle jeta un coup d’œil au basilic blessé, mais son regard n’exprimait aucune pitié. « Tu t’es toi-même élevé bien plus loin que quiconque ici, alors que tu as commencé si bas. Tu ne l’as pas fait sans un défi désespéré. »

J’ai regardé par-dessus le bord, me souvenant d’un moment, il y a très longtemps maintenant, où j’étais tombée. « Non. Ma vie a rarement été sans danger. Mais les défis que j’ai relevés étaient tout aussi rarement facultatifs. »

« C’est ce que tu te dis », dit Zelyna. Elle a replié ses jambes sous elle et s’est penchée en avant. « Je ne connais peut-être pas toute ton histoire, Arthur Leywin, mais j’en sais assez. Aucun combat ne vient à nous sans que nous choisissions de nous y engager, tout comme nous avons choisi de suivre les anciennes voies du phénix et d’escalader cette montagne à la main. Des vies de facilité et de vide pourraient être les nôtres avec le murmure d’un mot, mais alors comment l’un d’entre nous serait-il prêt à diriger ses clans le moment venu ? »

« Nous deviendrions mous et lents, et stupides, nous régalant des difficultés des autres tout en ne donnant rien en retour », dit Vireah. Elle retira l’attache de ses cheveux, laissant les vagues roses se répandre autour de ses épaules en les secouant. L’un des Indraths a soigné sa cheville blessée. « En temps de paix, sans guerres à mener ni bêtes colossales à abattre, c’est à nous de forger notre propre force. »

« Est-ce que… ce n’était pas une bête colossale ? » demande Ellie.

Les asuras se mirent à rire, même le basilic manchot, et Riven lui tendit une peau pleine d’un certain liquide riche en mana. Elle fit une grimace en y buvant, puis ses yeux s’écarquillèrent et elle but beaucoup plus longuement.

Riven rit à nouveau. « Pas trop, ou tu vas tomber du haut de la montagne ».

Un silence facile s’installa dans le groupe de chasseurs. Comme un seul homme, nous regardions l’étendue infinie, chacun perdu dans ses propres pensées.